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Vacances en Vendée, années 30 (2)

 
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Sostène 101



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MessagePosté le: 03-02-2007 12:41    Sujet du message: Vacances en Vendée, années 30 (2) Répondre en citant

Bonjour à tous,

Nous étions donc logés chez mes grands-parents, Théophile, surnommé Tlemcen (surnom lié au fait qu’un de ses oncles avait fait son service en Algérie, dans cette ville,) et Angeline.

Les premiers jours de vacances étaient réservés aux visites à la famille. Ma mère avait, à l'Aiguillon-sur-Mer et à La Faute-sur-Mer, village contigu, sept oncles et tantes et dix huit cousins germains. Quant aux petits cousins ils étaient innombrables. Nous ne chômions pas.

Grand père Tlemcen était un homme grand et fort, moustachu, au teint coloré. Grand mère Angéline était une femme plutôt effacée mais très active. Tlemcen et Angéline tenaient une "buvette" au fond de la cour, derrière leur maison. Attenants à la buvette il y avait d'un côté un hangar où étaient remisés charrette et char à bancs et, de l'autre côté, un cellier, des WC biplaces et l'écurie où résidait Coquette, la jument.

Appuyée à la maison principale était la petite maison, de construction plus ancienne. Celle ci était parfois occupée par notre arrière grand père maternel qui, étant veuf depuis 1928, habitait alternativement chez chacune de ses filles. Ce pauvre homme mourut en 1930. Il avait l'habitude de s'entailler un doigt de pied, quand il le jugeait nécessaire, pour se "purger" disait il. Cette fois la gangrène s'y est mise et il en est mort

La buvette de mes grands parents était meublée de grandes tables et de bancs. Elle était fréquentée par des boucholeurs (éleveurs de moules, ou mytiliculteurs), des pêcheurs et des cultivateurs. De plus, les dimanches d'été, il y avait la clientèle venant du bocage, par le "Petit train", pour passer la journée à la mer. Le service était assuré par grand-mère. Les consommateurs jouaient à "la belotte ou à "la manille". Le bruit était assourdissant.

Ces consommateurs avaient la fâcheuse habitude d’aller vider le trop plein de leur vessie dans la cour. Pour éviter cela notre grand père avait installé une gouttière, horizontalement et à une hauteur convenable, permettant l’évacuation de ces fluides corporels vers une fosse à purin. En été, les effluves dégagés par cette installation étaient particulièrement plaisants.

Grand mère Angéline tenait aussi un commerce de gibier. Elle recevait les chasseurs dans un local contigu à la cuisine. Ceux ci lui apportaient leur chasse de la journée. Elle rangeait soigneusement les cailles, perdrix, lièvres ou lapins dans un panier en osier qui était immédiatement expédié vers Nantes ou Bordeaux. Les chasseurs engageaient une discussion animée sur les qualités respectives de leurs chiens, de leurs armes, etc. La conversation s'éternisait ...

En fin de soirée des enfants venaient chercher leurs pères, qu'ils soient chasseurs, buveurs ou bien les deux à la fois.

Bien amicalement.
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Sostène 101



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MessagePosté le: 03-02-2007 22:06    Sujet du message: Vacances en Vendée, années 30. Répondre en citant

Bonsoir à tous,

Dans mon premier message je n’ai pas voulu alourdir mon texte mais j’aurais pu dire un mot, par exemple, des coiffes des paysannes qui voyageaient sur le « petit train ». Dans cette partie de la Vendée il existait deux coiffes : la Kichenotte et la Cabanière.

La Kichenotte tire son nom ( kiss not) du fait qu’elle est constituée de façon à empêcher le baiser et donc, par suite, les entreprises des soldats, aux temps reculés de l’occupation anglaise. Elle couvre la tête mais est prolongée, vers l’avant, par une sorte de longue visière rigide et enveloppante.

La Cabanière a pour origine le mot « cabane ». C’était le nom que l’on donnait, il y a plusieurs siècles, aux premières fermes qui ont été construite sur cette partie du marais poitevin après son assèchement. Le terme est resté, on appelle toujours les fermes des « cabanes » et les fermiers des « cabaniers ».

Lorsqu’on regarde une carte de la région on trouve, entre la Vendée et la Charente maritime, une anse qui porte le nom d’anse de l’Aiguillon. Du côté vendéen il y a le village de L’Aiguillon et du côté charentais le village de Charron. Les activité principales sont l’agriculture et l’élevage des moules ( sur des « bouchots »).

A l’époque gallo-romaine l’anse de l’Aiguillon était en fait un véritable golfe qui s’étendait jusqu’à Luçon, Fontenay le Comte et Niort. La population gauloise qui vivait dans la région portait le nom de « Pictons ». C’est de là que viennent les noms Poitiers et Poitevin.

Depuis cette époque le golfe des Pictons a été progressivement comblé et mis en culture. Les populations qui sont venues habiter là ont gagné du terrain sur la mer (des polders) en construisant des digues en terre, ou levées de terre appelées « bots » ou « booths », des canaux, etc. Les cultures principales sont le blé, le maïs et le tournesol.
La partie nord du marais poitevin s’appelle le marais « desséché » ( c’est le mot qui était utilisé, autrefois, pour « asséché »). La partie sud est le marais « mouillé » ou, pour les touristes, « La Venise Verte ».

Je terminerai avec une anecdote amusante. Durant la révolution un nom a été recherché pour le département. Les communes de La Faute et de l’Aiguillon sont séparées par la rivière le Lay. Celle-ci comporte, plus haut en Vendée, un affluent : le Petit Lay. L’assemblée avait donc envisagé de choisir le nom « Les Deux-Lay » mais elle y renonça parce que les représentants du département étaient particulièrement laids. Elle choisi alors le nom de la rivière Vendée qui coule au sud du département, dans le marais "mouillé".

Cordialement
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