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Alger...Mars 1944 (1)

 
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Sostène 101



Inscrit le: 02 Fév 2007
Messages: 308
Localisation: Var

MessagePosté le: 09-03-2007 12:38    Sujet du message: Alger...Mars 1944 (1) Répondre en citant

Bonjour,
Cette histoire, scindée en deux parties, a été placée dans ce forum après accord avec Musika,
Je précise tout de suite que je n’ai aucune prétention littéraire.

Première partie :

Au début de 1944, ayant bénéficié d’une permission, je quittai Kasba-Tadla (Maroc) et je partis pour un centre d'accueil d'Alger. En fait ce que je voulais c'était aller en Corse, dans un village où j'avais encore de la famille. Ce département était libéré depuis septembre 1943 mais il n'existait pas encore de document officiel permettant la venue en Corse des permissionnaires.

J'arrivai à Alger le 1er mars. Je pris d'abord contact avec le centre d'accueil puis, aussitôt après, je montai à El Biar. C'était un quartier, situé sur les hauteurs d'Alger, où siégeait le commandement de l'armée de l'air en AFN. Cet organisme était dénommé "Air Supérieur".
Je pénétrai dans les jardins d' "Air Sup" et, décidé à frapper à la bonne porte, je demandai à un passant où se trouvait le général X. Mon interlocuteur me désigna celui-ci conversant avec un groupe d'officiers.

J'attendis que l'entretien soit terminé et dès que le général se dirigea vers son bureau je me précipitai. Je désirais lui parler à l'extérieur, plutôt qu'à l'intérieur, car on disait des choses sur le général. Ragots auxquels, bien sûr, je ne prêtais pas attention, mais je préférais m'en tenir au principe de précaution. Indépendamment de cela, personne, parmi le personnel extérieur à Air Sup, n'avait l'idée de monter à El Biar demander une faveur au général puisque, en principe, la voie hiérarchique était obligatoire. Sans doute à cause de la rareté de telles requêtes, le général ne sembla pas faire cas de cette entorse au règlement et me dit d'aller voir, de sa part, le capitaine Martineau au service administratif.

Le capitaine parut très embarrassé lorsque je lui présentai ma requête. Cependant il alla compulser des dossiers et revint avec le sourire : " Vous avez de la chance ! Une note de service vient de sortir, autorisant les permissionnaires à aller en Corse, mais elle n'a pas encore été diffusée dans les unités. Donnez-moi votre permission , je vais en modifier la destination et je préviendrai K.Tadla ". Je descendis vers Alger, le cœur léger, très heureux du résultat de ma visite à Air Sup.

Pour être embarqué il fallait, en premier lieu, se faire enregistrer au " bastion XV". C'était un bâtiment qui était, peut être, contemporain de la construction des quais du port d'Alger. Il était incorporé dans une série d'entrepôts, bordant et surplombant les quais. Au-dessus passait le boulevard du front de mer. Il y avait, au bastion XV, des militaires de toutes les armes. Ils étaient en instance de départ pour la Corse ou pour le front d'Italie. Par mesure de sécurité personne ne connaissait la date et l'heure de départ des convois.
Nous étions logés et nourris sur place. Nous pouvions sortir en ville mais nous devions revenir toutes les deux ou trois heures car les départs n'étaient annoncés que peu de temps à l'avance.

Par suite des opérations militaires, en cours ou à venir, les rues d'Alger regorgeaient de soldats de toutes nationalités. Peut-être même y avait-il plus de militaires que de civils.
Un après-midi il me fut donné d'assister, réfugié sous un porche, à une bataille rangée suscitée par un incident entre soldats corses et prisonniers italiens. Ces derniers, détenus dans des camps américains, étaient autorisés à sortir en ville. Ils étaient vêtus de tenues américaines et portaient, comme signe distinctif, une petite botte en tissu rouge cousue sur une manche de leur veste. A l'opposé, les Corses, mobilisés après la libération de leur département, portaient les anciennes tenues de l'armée française, en gros drap, avec ceinturon et bandes molletières. Par suite, ils supportaient mal de voir les prisonniers italiens bénéficier des libéralités de l'armée américaine.

Une bagarre se déclencha, entre Corses et Italiens, dans une petite rue qui reliait la rue d'Isly –rue principale d'Alger – au boulevard du front de mer. Des noirs américains, qui passaient par-là, intervinrent à leur tour et se mirent à taper à tour de bras sur les belligérants. Survinrent alors de nouveaux participants. Il s'agissait, en majorité, de matelots de différentes nationalités. La rue devint bientôt un champ de bataille.
Alors je vis arriver une patrouille de tirailleurs accompagnée par un élégant petit sous- lieutenant. Elle entra, en vue de rétablir l'ordre, dans la foule des combattants, mais fut absorbée par elle. Peu de temps après je vis le petit sous-lieutenant surnager au-dessus des têtes, porté par quelques bras, puis sombrer à nouveau dans la mêlée…..Cela ressemblait plus à une émeute qu'à une bagarre entre ivrognes.

Sur ces entrefaites survint la Military Police, à bord de quatre ou cinq jeeps suivies d'une ambulance. Les nouveaux venus, sortant leurs matraques, se mirent à cogner comme des sourds sur tout ce qui se présentait à eux…….En une minute, comme par miracle, la rue se vida de ses occupants……Seuls restèrent sur le sol quelques ivrognes, blessés ou matraqués, qui furent embarqués sans ménagement.
Le calme revenu je sortis de ma cachette et je vis que la rue était jonchée de coiffures militaires : bérets, casquettes, calots. Parmi elles, le képi du petit sous-lieutenant….

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Sostène 101



Inscrit le: 02 Fév 2007
Messages: 308
Localisation: Var

MessagePosté le: 09-03-2007 13:02    Sujet du message: Alger...Mars 1944. (2) Répondre en citant

Deuxième partie :

. Au bastion XV je lisais dans les journaux d'Alger que telle ou telle personnalité s'était rendu en Corse par les lignes militaires françaises (ex Air France). J'ai alors pensé que la méthode qui m'avait si bien réussi à Air Sup pouvait peut être fonctionner encore dans d'autres circonstances.

Je me rendis donc, un matin, dans les locaux ou siégeaient les organismes officiels, dont l'un, celui des transports aériens, était sous le contrôle d'un homme politique nommé André Le Troquer. Je demandai une entrevue avec lui. Elle me fut accordée et je reçus un numéro d'ordre. Après une longue attente je fus enfin introduit dans le bureau d'A. Le Troquer. Je lui exposai le motif de ma visite et mon souhait de partir en Corse par les Lignes Aériennes Françaises. Pendant que je lui parlais il opinait du bonnet, ce qui m'incitait à penser qu'il allait me donner satisfaction. Lorsque j'eus terminé il appela un de ses adjoints, un lieutenant, qui était vraisemblablement chargé des transports aériens vers la Corse.

Je pensais, stupidement, que Le Troquer allait lui donner des ordres. …mais, à ma grande surprise, c'est le lieutenant qui lui dit, sans même m'accorder un regard : " Il ne m'est pas possible de créer un précédent en embarquant du personnel subalterne à bord des avions. Je m'y refuse absolument ! ". Alors Le Troquer se tourna vers moi et me dit d'un air désolé : " Vous voyez ! Je ne peux rien faire pour vous ".
Je repartis, tête basse, en fulminant contre les hommes politiques et leurs lieutenants.

A quelques temps de là de nouvelles rumeurs parvinrent jusqu'à moi, selon lesquelles l'Air Transport Command US assurait des liaisons avec la Corse et prenait à bord de ses avions tous les militaires qui se présentaient, quelle que soit leur nationalité. Je me résolu à aller à la base de Maison-Blanche pour y tenter ma chance. En somme il s'agissait de faire une sorte d'avion-stop.

Un matin je fis donc du stop (auto) à la sortie d'Alger. Une fille de l'armée de l'air vint bientôt se joindre à moi. Elle montait à Maison-Blanche pour y faire des photos d'identité. Un GMC de l'armée américaine nous prit à son bord. La jeune fille et moi étions assis face à face, contre la ridelle arrière du camion.
En arrivant près de Maison-Blanche le conducteur arrêta son véhicule à une intersection. A ce moment arriva derrière nous un autre GMC dont le conducteur vit trop tard que nous étions à l'arrêt. Il ne parvint pas à s'arrêter à temps et percuta l'arrière de notre camion. Celui-ci fit un bond en avant. Comme nous étions, la jeune fille et moi, en appui contre la ridelle arrière, nous fûmes, après une pirouette, projetés sur la route, devant le camion tamponneur, - enfin arrêté -. Je me retrouvai allongé à terre, sans dommages, tandis que la jeune fille avait le visage en sang.

Les conducteurs nous emmenèrent à un poste de secours ou le responsable nous fit examiner. Un infirmier soigna la jeune fille. Celle-ci, ayant le visage couvert de mercuro-chrome, renonça à ses photographies. L'un des conducteurs m'emmena à Maison-Blanche.

En arrivant je constatai qu'une centaine de militaires américains faisaient la queue devant un bureau qui, semblait-il, délivrait des laissez-passer. Pendant que je patientais je vis un Dakota, prêt à décoller, débarquer deux personnes qui furent ramenés aux hangars. Il s'agissait de deux Français. Ils furent priés de quitter les lieux.
Une fois encore je rentrais bredouille à Alger. Je n'avais plus qu'à faire comme tout le monde : attendre le bateau.

Enfin, le 12 mars l'embarquement eu lieu sur le paquebot "El Biar". Nous avons navigué en convoi, accompagnés par des escorteurs.
J'étais logé dans une cabine d'équipage. Celle-ci, située à l'arrière du navire, non loin des hélices et au niveau de la ligne de flottaison, ne possédait pas, et pour cause, de hublot. Il y avait une couchette, appuyée directement contre la coque du bateau. Le temps était mauvais avec des creux de huit mètres ou plus. La traversée fut interminable.

Naviguant, compte tenu de l'état de la mer, face aux vagues, le navire était animé d'un mouvement de tangage de grande amplitude. L'arrière se levait dans un mouvement lent d'ascenseur. Je me demandais si cette montée allait enfin s'arrêter….. A ce moment là les hélices émergeaient et, tournant à vide, communiquaient à la coque des vibrations qui se transmettaient à ma couchette. Au même instant la proue du navire entrait comme un coin dans la lame suivante, avec un bruit de tonnerre…. Les vibrations venant de l'avant se mêlaient à celles venant de l'arrière….J'avais du mal à rester en place sur ma couchette…..Après cela commençait un mouvement lent de descente qui, lui aussi, me semblait ne jamais devoir finir….
Du 12 jusqu'au 15 mars le bateau ne cessa pas de faire ce mouvement de balancier. Enfin le 15 nous étions en vue d'Ajaccio.

Le retour de Corse eu lieu à la mi-avril. A mon arrivée au dépôt qui, à Ajaccio, avait la charge de l'embarquement des militaires, les choses allèrent très vite. On nous informa que le croiseur "Gloire" qui était ancré dans la rade, allait nous prendre à son bord.
Il faisait un temps magnifique. Le navire quitta la rade et prit sa vitesse de croisière. Le lendemain nous étions à Mers-el-Kébir. Quelques jours après j'étais de retour à Kasba-Tadla.

Merci de m’avoir lu. Bien amicalement.

Coulé par les Allemands le 20 avril 1944.
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Papy Lulu



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Messages: 313
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MessagePosté le: 09-03-2007 13:09    Sujet du message: Répondre en citant

Le général en question aimait les grands ..blonds...etc...chacun sa chose..pourquoi pas...!!!!!Il avait de quoi faire et il faisait!!!
_________________
Lorsque tu ne vois pas bien ce qu'il y a au loin..rien ne t'oblige à aller voir de pres (conseil d'un sage Berbère)
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Sostène 101



Inscrit le: 02 Fév 2007
Messages: 308
Localisation: Var

MessagePosté le: 09-03-2007 14:30    Sujet du message: Répondre en citant

Bonjour Papy Lulu,
Grand, je l'étais. Blond, non. Mais le général avait le choix, la haut, à El Biar, parmi tous ceux qui travaillaient dans les bureaux de l'état-major.
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Jan Goure



Inscrit le: 18 Juil 2006
Messages: 1865

MessagePosté le: 09-03-2007 16:16    Sujet du message: Répondre en citant

Sostène,
Algérois, ou presque puisque résident en face de la baie d'Alger, en mars 44, Compagnon de France, je terminais mon stage de dix mois à l'école de cavalerie et d'arme blindée d'Hussein Dey, et j'ai vécu des perms dans la ville, l'YMCA sous l'oeil 'bieveillant' de la MP... A Alger, tous les militaires Français, ceux partis et ceux restés avaient touché les tenues Américaines avec les leggins, et je n'ai jamais vu nos rétrogrades bandes molletières...
Il y avait un camp de prisonniers Italiens côté mer, face à l'école : ceux là étaient ceux qui étaient restés mussolinistes, et avaient gardé leurs oripeaux... Mais tu le sais une partie de l'Italie s'était tournée contre les fascistes, et les Italiens que tu as croisé étaient ceux qui avaient demandé
à servir jusqu'à la fin de la guerre dans les troupes Alliées...Mais cette bagarre, ne m'étonne pas du tout ! Difficile de croire à un tel changement
une fois prisonniers ? et Corses et Italiens, pourtant plus frères que Cousins ne s'aimaient pas beaucoup !!
Je vais lire la suite
Amicalement
Jan
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Sostène 101



Inscrit le: 02 Fév 2007
Messages: 308
Localisation: Var

MessagePosté le: 09-03-2007 18:14    Sujet du message: Répondre en citant

Bonsoir Jan,

Etant moi-même d’origine corse, côté paternel, j’ai eu l’occasion de fréquenter des Corses durant mon séjour à Alger. Peut être avait-ils été habillés à Ajaccio avant d’être envoyés à Alger, mais ils portaient les anciennes tenues françaises. Sans doute momentanément.

Au Maroc nous n’étions pas, de ce point de vue, très gâtés, tout au moins en ce qui concernait les mécanos de l’école de pilotage de Kasba-Tadla. N’étant pas, en principe, destinés à être envoyés en opération, ce que d’ailleurs nous déplorions, nous portions les anciennes tenues de l’armée de l’air. Néanmoins une certaine disparité était tolérée. J’avais une tenue américaine….que je m’étais procurée, à mes frais, sur un marché de fortune installé sur la Place de France à Casablanca. Il y avait là, outre des tenues, toutes sortes de produits provenant frauduleusement de l’armée US. Le marché était cependant toléré.
Bien amicalement.
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Jan Goure



Inscrit le: 18 Juil 2006
Messages: 1865

MessagePosté le: 10-03-2007 11:30    Sujet du message: Répondre en citant

Sostène

Ouais, c'était "Le grand cirque" et pas celui de Closterman...
Ou que nous nous tournions, il y avait à boire et à manger
moi, je n'étais que prémilitaire et en école nous avions droit
à tout (?) tirs au garant, à la thomson, jeeps, half track,
charman et élève radio, nous avions toute la série des
SCR américains...
N'ayant pas 17 ans pour m'engager, je suis entré aux RRA
(réseaux radioélectriques d'Algérie ) comme civil dans les
trans de l'armée... et direction le Sahara, pour emplacer un
sous off parti en Italie derechef !
ça ne nous rajeunit pas ? je vais aller lire ton séjour à Béchar
moi, ce fut Ghaerdaïa, Ouargla, Biskra : centre et est...
Bon w end et amitiés
Jan
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musika



Inscrit le: 23 Mar 2005
Messages: 18472

MessagePosté le: 11-03-2007 17:59    Sujet du message: Répondre en citant

il y a beaucoup de choses que je ne connais pas.
en lisant vos écrits, j ai l impression de rien connaitre,
je vous remercie tous les deux...

_________________
poete_musika..4 mains
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