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Vent de panique.

 
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Sostène 101



Inscrit le: 02 Fév 2007
Messages: 308
Localisation: Var

MessagePosté le: 13-03-2007 00:06    Sujet du message: Vent de panique. Répondre en citant

Bonjour à tous,

Je veux m’excuser auprès des lecteurs qui viennent sur ce forum pour y parler littérature et qui tombent sur mes écrits qui, il faut bien le dire, n’ont qu’un lointain rapport avec le sujet de base. Cependant je souhaiterais faire encore quelques récits avant d’abandonner la place.
En voici un. Je ne sais pas si vous l’apprécierez ?

Durant l'automne 1940, à la base de Toulouse-Francazal, parut une note réclamant du personnel pour le Liban. Je me fis porter sur la liste des volontaires. Au mois d'octobre je fus, avec quelques copains, dirigé sur Marseille en vue d'un embarquement.

Cet embarquement eu lieu sur un cargo moutonnier. Inutile de dire que les conditions de confort et de salubrité à bord n'avaient rien à voir avec celles du feuilleton "La croisière s'amuse". De plus, dès le départ une chose m'intrigua : alors que le bateau aurait dû gagner la haute mer il suivait toujours la côte à notre droite. Nous vîmes ainsi défiler la côte française puis la côte espagnole. Au matin du troisième jour de voyage nous arrivâmes devant une ville blanche. Celle-ci était dominée par une colline, au sommet de laquelle était édifiée une église. Je demandais alors ou nous étions à un matelot du bord.
Celui-ci me répondit : " ici t'es à Oran mon gars ! L’église c'est Santa Cruz !".

Un moment après nous étions sur les quais d'Oran. Adieu le Liban. Un peu plus tard des camions vinrent nous chercher pour nous amener à la base de La Sénia, distante d'environ 10 km.
Je fus affecté au groupe de chasse 1/3 qui était équipé de Dewoitine 520 (1). Il y avait sur la base deux autres groupes. L’un était une unité de reconnaissance, tandis que l’autre était un groupe de bombardement.

La base d’Oran-La Sénia était relativement importante. Elle comportait une longue lignée de hangars à l'extrémité de laquelle se trouvait le Poste de Commandement.
La piste était une grande surface dégagée et sans aucune végétation. Elle était bordée, vers le sud, d'un important lac salé, la Sebkra (ou Sebkha), qui nous séparait de la base de Tafaraoui occupée par l'aéronavale.
En regardant au loin, au delà de la Sebkra, on voyait les contreforts bleutés des monts du Tessala.

Le matin du dimanche 3 janvier 41 fut marqué, en Oranie, par les signes avant-coureurs d'une forte perturbation atmosphérique. Le vent se leva et commença à souffler en rafales. Il devint urgent de mettre à l'abri, dans les hangars, les avions qui avaient été laissés sur la piste.
L'officier de jour fit sonner le clairon afin de rassembler les hommes de service ainsi que le piquet d'incendie.

La force du vent augmentait sans discontinuer N'étant pas de service je me rendis, en simple observateur, jusqu'aux hangars. La plupart des avions en état de marche y avaient été abrités. Indépendamment de cela il existait, à l'une des extrémités de la base, un lieu dénommé " Le cimetière d'avions " où l'on remisait, pêle-mêle, les appareils réformés pour causes d'accident, vétusté, etc. Il y avait là, entre autres, des Popo 25 (Potez 25). En ce même lieu étaient également entreposés des dizaines de fûts de 200 litres, vides.

Le vent se mit à souffler en tempête. Je m'étais abrité contre un hangar. Des tôles de la toiture commencèrent à s'arracher et passèrent en sifflant au-dessus de ma tête. Je vis que quelque chose bougeait du côté du cimetière d'avions. En regardant plus attentivement je remarquai que certains des Popo25 s'étaient, sous la poussée du vent, libérés de leurs entraves et, reprenant vie, s'élançaient sur la piste……

Immédiatement ordre fut donné aux hommes de service d'arrêter ces avions qui, traversant le terrain, risquaient de venir s'écraser sur les hangars d'Air France. La violence de la tempête s'étant encore accrue le vent devait atteindre maintenant, en rafales, 150 à 200 Km/h.
Les hommes s'élancèrent sur la piste……mais hors des hangars il n'y avait point de salut. Ils furent renversés et roulés. Finalement ils s'aplatirent sur le sol. Certains, cependant, purent se maintenir debout en s'inclinant à 45 degrés par rapport à la position verticale. Toutefois, au fur et à mesure de leur progression, ils étaient déportés loin de la direction qu'ils se proposaient de suivre….

Les Popo 25 continuaient inexorablement leur course à travers la piste….. les hommes qui luttaient contre le vent pour tenter de les intercepter devaient maintenant faire face à un autre danger : les fûts de 200 litres s'étaient, eux aussi, libérés et traversaient le terrain à grande vitesse. Afin de les éviter les hommes se livraient à un gymkhana effréné : sautant, tournoyant, roulant sur le sol.
Néanmoins quelques-uns d'entre eux purent, contre toute attente, accrocher au passage l'aile d'un avion. Ce dernier fit alors un « cheval de bois » de 360 degrés et repartit dans sa direction initiale en plantant là, déconcertés, les importuns qui prétendaient arrêter sa course.

Bien que mes souvenirs ne soient pas très précis, il me semble que, finalement, l'un des avions s'écrasa sur les hangars d'Air France tandis qu'un autre, traversant successivement les jardins de la compagnie puis la route d'Oran, acheva son périple dans les vignes jouxtant la base. Les autres s'égaillèrent dans la nature.

Quelques instant après, alors que je regagnais péniblement les casernements, je vis un spectacle courtelinesque. Sous l'effet du vent la guérite d'un soldat de garde s'était renversée, emprisonnant son locataire sous elle. Ce dernier, un bras passé par le trou en losange d'un des côtés essayait, en agitant frénétiquement un mouchoir, d'attirer l'attention de ses camarades. Mais ceux-ci avaient trop à faire pour eux-mêmes et ne tentèrent rien pour libérer leur collègue.
On ne sait pas s'il adressa une prière à Dieu mais, quelques temps après, le vent s'apaisa et tout porte à croire que le malheureux fut enfin tiré de sa mauvaise posture.

(1) Dewoitine 520 : Chasseur, année 1940, moteur Hispano-Suiza refroidi par liquide, puissance: environ 900 ch. Vitesse max. 530 km/h à 6000 m. Plafond : 11.000 m.

Cordialement.


Photo de G : Santa Cruz. Photo de D : le GC 1/3 à La Sénia.


Les résultats de la tempête.
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musika



Inscrit le: 23 Mar 2005
Messages: 18472

MessagePosté le: 13-03-2007 12:36    Sujet du message: Répondre en citant

bonjour SOSTENE,
bien dit donc quelle tempête....et ce jeune homme coincé dans sa
cabine......... Rolling Eyes

donc le vent arrive violemment en ALGERIE, et repart comme il est
venu
tu en as des souvenirs dans ta tête, c est bien de nous les faire partager
je te remercie....

_________________
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Marie



Inscrit le: 30 Juin 2005
Messages: 11840

MessagePosté le: 13-03-2007 15:02    Sujet du message: littérature Répondre en citant

trés interressant tes récits et c'est avec plaisir que je les lis, j'aime aussi les photos qui accompagnent, merci ,amicalement Very Happy Very Happy
_________________


un sourire éclaire votre journée
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Sostène 101



Inscrit le: 02 Fév 2007
Messages: 308
Localisation: Var

MessagePosté le: 13-03-2007 15:38    Sujet du message: Répondre en citant

Bonjour Musika,
Je ne pense pas qu'en Algérie les tempêtes soient plus fréquentes qu'ailleurs. Je n'ai vu que celle-là durant mon séjour en Afrique du Nord, d'octobre 40 à octobre 45.
En général c'était plutôt des "tempêtes de ciel bleu".
Bien amicalement.
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musika



Inscrit le: 23 Mar 2005
Messages: 18472

MessagePosté le: 13-03-2007 17:15    Sujet du message: Répondre en citant

SOSTENE, tu dis souvent, que tu es seul, sur litterature,
mais as tu vu le nombre de personne qui te lit......
regarde Wink
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