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FR3 Histoire d'une blessure.

 
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Annick



Inscrit le: 15 Aoû 2005
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MessagePosté le: 08-04-2007 19:32    Sujet du message: FR3 Histoire d'une blessure. Répondre en citant

J'ai regardé hier soir sur la 3, le dernier volet (après avoir vu les deux autres) d'un documentaire en trois parties, intitulé : "Les Pieds-noirs, histoire d'une blessure".

C'était remarquable et poignant.

Bien loin de l'intox que nous avons subie en métropole par les médias, les politiques, les intellectuels.

Après 45 années de silence, enfin la véritable histoire des rapatriés d'Algérie.

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priska



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MessagePosté le: 08-04-2007 19:55    Sujet du message: Répondre en citant

Tu as raison, Annick. Moi, j'ai vécu entourée de Pieds-Noirs et mon fils est un Pied-Noir de la deuxième génération (un seul Pied, quoi) donc je connais bien la question... Même à l'époque, on pouvait savoir la vérité... peut-être pas par les médias officiels, bien sûr, mais il y avait des sources d'information... mais il y avait beaucoup de gens en France qui ne voulaient pas regarder les choses en face !
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campanule



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MessagePosté le: 08-04-2007 20:16    Sujet du message: Répondre en citant

Annick et Priska, je n'ai pas regardé l'émission mais j'ai des amis pieds noirs qui ont très mal vécu leur retour en métropole.
Annick pourrais tu nous en dire plus ?
Merci
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Annick



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MessagePosté le: 08-04-2007 21:07    Sujet du message: Répondre en citant

Je vais préparer cela Campanule.
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musika



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MessagePosté le: 08-04-2007 21:44    Sujet du message: Répondre en citant

je n ai regardé que d un oeil.......
mon mari, mes filles, mon fils, sont des férus d'histoire......
parfois j en peux plus............ Embarassed Embarassed Embarassed
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poete_musika..4 mains
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Annick



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MessagePosté le: 09-04-2007 08:31    Sujet du message: Répondre en citant

Voilà, je vous mets un résumé de ce documentaire.
Il ne s'agit pas des enjeux de la guerre d'Algérie, mais de la vérité sur qui étaient les Pieds-noirs chassés de leur terre natale ( la valise ou le cercueil ) et non désirés sur le sol de métropole.

Ce documentaire exceptionnel, réalisé par Gilles Pérez, est disponible en DVD à la FNAC à compter du 12 avril.
Je me le suis commandé.


Qui sont les Pieds-Noirs ?

Au niveau lexical, les explications se bousculent : fonctionnaires français arrivant en 1830 chaussés de bottines noires ; pionniers défrichant, les pieds dans la fange noirâtre des marécages ; viticulteurs écrasant les grappes de raisin noir à pieds nus... Sont-ils des colonisateurs ? Et de quelle culpabilité les a-t-on chargés au point qu’ils taisent, parfois à leurs propres enfants, leurs origines ?

Comme beaucoup d’entre eux, pendant très longtemps, Gilles Perez ne parlait pas volontiers de son appartenance aux « Pieds-Noirs », évoquant plus volontiers ses racines andalouses que le passage de ses ancêtres en Algérie : « Au mot « Pieds-Noirs », sont attachées une honte et une culpabilité. Idéologiquement, à l’école, puis dans les milieux tant professionnels que politiques où j’ai évolué ensuite, il fallait être du côté du persécuté et, dans cette histoire, le persécuté, c’était communément l’Algérien. Je reste du côté du persécuté. Je garde la justice chevillée à l’âme. Je suis pour l’indépendance des peuples et le respect de l’être humain. Et les années de reportage m’ont appris que les histoires humaines racontent mieux que n’importe quelle analyse politique un conflit, une crise. On n’avait jamais donné la parole aux Pieds-Noirs, si ce n’est pour les stigmatiser.
Jusque là, j’acceptais qu’ils aient souffert au moment du rapatriement, mais je ne voulais surtout pas savoir comment ils avaient vécu là-bas, parce que je m’attendais à découvrir des comportements de « salauds » parmi mes ancêtres ».

En remontant l’histoire familiale et collective, Gilles Perez découvre un petit peuple essentiellement issu de la classe ouvrière dont il a toujours défendu les valeurs et les droits.

Selon l’historienne Germaine Tillon, les Pieds-Noirs étaient à 97% une population de petites gens, pour la plupart immigrés économiques ou politiques du pourtour méditerranéen, ou déportés et « racolés » par la France afin de peupler cette nouvelle terre.

« Grâce aux films de famille que les Pieds-Noirs nous ont prêtés et qui illustrent ce documentaire, on voit bien à qui l’on a à faire. Des pique-niques dans les bois, des parties de pétanque mémorables, des gamins qui jouent dans la rue, des Européens et des Algériens qui partagent un repas...
Il est bien question de petites gens et de petits plaisirs, comme la Métropole en connaissait dans ces années 50, la mixité ethnique en moins. Et puis, on a découvert, au travers des témoignages, qu’une grande majorité d’entre eux souhaitait rester en Algérie malgré l’Indépendance.
Ce qui montre bien leur attachement à cette terre.

Par ailleurs, le film met également en lumière des faits historiques volontairement tus par les autorités françaises, à savoir les trois mille Européens d’Algérie disparus et officiellement recensés, les massacres d’Européens commis le 5 juillet 1962 à Oran, les tirs de l’Armée française contre des civils européens le 26 mars 1962 à Alger, entre autres. »

A l’analyse politique et aux passions qui l’accompagnent, le film de Gilles Pérez apporte un élément supplémentaire : l’élément humain ! Celui qui donne une place aux hommes et aux femmes qui ont vécu cette histoire. « Il leur aura fallu le temps du deuil. Il aura fallu qu’ils mettent enfin de côté leur obsession de « l’après 1962 », c’est-à-dire cette volonté forcenée de s’intégrer, de se fondre dans la masse. 45 ans après, le temps est venu pour eux de parler, parce qu’ils sont à l’aube de la retraite ou y sont entrés…

Moment privilégié pour opérer un retour en arrière, un retour sur leur vie, leur comportement, l’histoire de leur famille, leur généalogie, un regard enfin débarrassé des scories passionnelles de l’époque. Il s’agit bien de la dernière génération de Pieds-Noirs. Il ne fallait pas manquer ce moment-là. » Malgré les interventions d’historiens dans le film et le travail de recherche historique, pour Gilles Perez il ne s’agit pas d’un film historique mais d’un film humain, d’un film de mémoire : « C’est aux historiens maintenant d’utiliser ces mémoires comme matériau vivant et de les confronter, avec d’autres matériaux, aux faits historiques, pour pouvoir écrire sereinement l’histoire de l’Algérie et de la présence européenne en Algérie. » Avec un autre souhait, celui que son prochain film, « revienne sur cette même page d’histoire, mais cette fois-ci racontée par les « Chibanis », les vieux Algériens. »

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priska



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MessagePosté le: 09-04-2007 10:38    Sujet du message: Répondre en citant

Merci Annick.

Moi, je sais tout ça depuis longtemps, car dans ma région, il y a autant de Pieds-Noirs que de gens d'ici !
Depuis leur retour, été 62, j'ai eu tout le temps de les connaître et de les apprécier... Je n'ai jamais compris l'hostilité que beaucoup de métropolitains leur ont manifesté... Pour moi, ces gens étaient bien plus proches de nous que les Français du Nord ou de l'Est (contre qui je n'ai rien ! je précise !)

Mais ici, leur image a pâti certainement de l'effet du nombre, car bien entendu outre Paris, c'est entre Marseille et Nice qu'on a absorbé la plus grande partie des rapatriés... avec les difficultés que ça implique : augmentation du coût de la vie, difficulté de trouver des appartements, des places dans les écoles, etc...

Moi, je les adorais ces gens qui étaient si gentils et souvent si gais (malgré l'épreuve qu'ils venaient de vivre) et dont je comprenais parfaitement les idées et le mode de vie. Ils ne nous étaient en rien "étrangers"...Vingt ans plus tard, dans les années 80, qui pouvait encore distinguer un Pied-Noir d'une autre personne ? (sauf ceux qui ont gardé l'accent ! ) Si cela a pu se faire, c'est évidemment parce qu'il n'y avait rien à "intégrer". Ils étaient absolument comme nous et on pouvait facilement se mettre à leur place. J'ai encore les larmes aux yeux en pensant à des récits que certains m'ont fait... Je n'ai pas regardé ce documentaire. J'ai trop de chagrin et de honte pour la France quand on parle des Pieds-Noirs.

Que faut-il dire de plus ? Que c'est la faute à la guerre ? Qui en doute ? Moi aussi Annick, j'étais du côté des opprimés. Dans ma famille, on aurait souhaité une Algérie où chacun aurait eu sa place et s'il le fallait, bien avant De Gaulle, l'Algérie aux Algériens. Mais une Algérie où les Pieds-Noirs auraient pu continuer leur vie, eux dont l'arrière-grand-père, parfois était enterré là-bas (j'en connais). Etait-ce possible ? Je ne sais pas. Peut-être bien avant la guerre de 40, si on avait appliqué là-bas une tout autre politique... Après... Après les massacres de Sétif en 45, il aurait fallu un miracle... un véritable homme providentiel pour redresser la barre, donner aux Arabes leur place dans leur propre pays et permettre ainsi aux deux pays de s'apporter mutuellement leurs richesses.
Au lieu de ça....
Je ne vais pas refaire le monde... pas tout de suite... Very Happy

Dans ce fil consacré aux Pieds-Noirs, je voudrais aussi que nous ayons une pensée pour ces autres victimes de la même guerre : les harkis. Eux s'en sont moins bien sortis, contraints qu'ils ont été de s'intégrer dans un pays qui ne voulait pas d'eux, dont la culture et la religion étaient différentes et qu'on a préféré oublier...

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Annick



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MessagePosté le: 09-04-2007 11:53    Sujet du message: Répondre en citant

Je vois que tu connais bien le sujet, Priska. Very Happy

Je le connais aussi, je n'ai pas voulu m'étendre sur mes pensées personnelles, ne souhaitant offusquer personne.

Mais je te rejoins tout à fait.
On s'est bien gardé de nous dire la vérité.
Ils ont été lâchés par l'état, non protégés dans leur fuite.

Moi aussi Priska, j'ai eu un grand sentiment de honte en regardant ce documentaire très émouvant .
J'en connais aussi de plus âgés qui ont laissé même leurs parents dans cette terre qu'ils aimaient temps.

Oui, il faudra bien un jour en parler des Harkis ,désarmés par l'armée française et qui, ne comprenant pas ce qu'il leur arrivait, courraient derrière les camions des militaires qui se retiraient.
Certains officiers, devinant ce qu'il allait advenir d'eux et bravant toutes les interdictions, en ont ramenés avec eux.
Nous savons ce qu'il est advenu de ceux qui n'ont pu s'enfuir !
Et beaucoup en arrivant en France ont été remis sur un bateau, pour un voyage sans retour.

J'espère que la vérité sortira des archives, quelle honte pour la France.

Oui, les choses auraient pu se passer autrement, sans tous ces morts de part et d'autre.

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campanule



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MessagePosté le: 09-04-2007 16:16    Sujet du message: Répondre en citant

Je vous ai lu avec beaucoup d'attention et j'espère que je ne serais pas la seule.
Priska et Annick, c'est vrai que nous ne sortons pas franchement "grandis" par ces évennements.
Quant aux harkis, quelle honte, c'est franchement abject.
J'ai travaillé longtemps avec une PN de Tunisie, elle pleurait lorqu'elle me racontait qu'elle avait du laisser sa maison, ses meubles et qu'elle s'était retrouvée dans un appart de 60 m2 avec mari et enfant.
Cela n'est pas le seul exemple, le meilleur ami de mon mari est né à Oran ainsi que nos anciens voisins.
Merci pour ces témoignages.
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Jan Goure



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MessagePosté le: 10-04-2007 14:11    Sujet du message: Répondre en citant

Annick, Priska, Campanule,

Je suis un de ceux là. j'ai eu la chance d'être fonctionnaire muté, moi !
Rien à ajouter sur "là bas" vous n'auriez pas la patience de tout lire
comme dit dans les débuts de mon livre : "Le Défi permanent" voila dans quelles conditions mes familles maternelle puis paternelle y sont arrivées :
" Avant de passer aux défis suivants, il faut que je décrive ce petit Monde qui était le mien : Mon Père, d’abord Jean Jomet :
Un ‘gros Colon’ ( sic ) puisque ‘Moulechi’ [ Patron ! ] d’une ferme de cinq hectares ou par manque de place, la vigne entourait des arbres fruitiers, et en plus, des légumes, poussaient entre les rangs de vigne !
Il avait 57 ans à cette époque, puisque m’ayant réceptionné à 54, après un second mariage.
Pas très grand ( 1, m 70 ) mais ‘raplo’ [trappu et costaud ] il avait été ce qu’on appelle une force de la nature, mais c’était avant la guerre de 14/18 !
Il était revenu de celle-ci, vivant, bien heureusement, mais hélas ! en triste état : Fièvres d’Orient récoltées dans les Dardanelles, qui le minaient, ainsi que quelques autres séquelles…
Il était, dés cette époque, obligé de s’aliter, au moins un jour par semaine. Plus tard, ce fut un jour sur trois : Terrible handicap pour un cultivateur dont les travaux pressent toujours !
Son visage, du fait de ses souffrances, était très marqué : Ridé, mais aussi tanné et boucané par le grand soleil d’Algérie
Une paire de bacantes en guidon de vélo retournées vers le haut, et des cheveux gris, drus et frisés, dont je n’ai pas hérité ! Il avait le type Maillorquin pure souche, issu de Parents venus tous d’eux d’Andretx, un petit port proche de Palma de Mallorca.
Victimes des ‘Sirènes’ françaises de la colonisation, de véritables sergents recruteurs, qui venaient seriner à ces pauvres gens, qu’on leur donnerait une terre, bien à eux, dans cette Algérie qu’on leur présentait comme un nouvel Eldorado !
Ils s’étaient embarqués avec quelques hardes, vers 1873, je crois, pour un voyage gratuit
( sic ! ) sur un bateau à roues, direction Alger…
Dés l’arrivée, ils étaient de suite, maigres baluchons sur la tête, envoyés à pied, vers le Centre de tri de Chéragas, un village d’accueil, à 20 km d’Alger. D’où l’expression typiquement Algéroise : « Aller à Chéragas par la traverse ! » Parqués sous des ‘guitounes’
[ tentes militaires ] Triés, répertoriés, une décision Consulaire leur attribuait un lopin de terre, indiqué sur un plan…
Accompagnés d’un militaire à cheval, eux, toujours à pied, ils arrivaient sur ‘leur’ lopin de terre attribué : Broussailleux et caillouteux à souhait ou ils n’avaient plus que leurs yeux pour pleurer et leurs bras pour le déboiser et le défricher. Ils y avaient d’abord construit un ‘Gourbi’ [ quadrilatère, murs et sol de terre battue ] Une unique grande pièce, entourée de quelques perches en bois plantées dans le sol.
Des roseaux en guise d’armature pour les murs. Le tout recouvert d’un ‘bagali’ [ mélange de terre glaiseuse et d’eau ] Un trou au plafond pour évacuer la fumée, des petits trous sur les côtés en guise de fenêtres, et une porte de roseaux doublés…
En attendant les premières récoltes, ils vivaient chichement de l’allocation allouée au titre de la Colonisation : Le grand mot pour des travaux forcés à perpétuité, car tout cela n’était que des prêts qu’on leur ferait rembourser au fur et à mesure des récoltes à venir…
Aussi malgré que les vignes et arbres fruitiers plantés par eux, aient commencé à donner des récoltes, les dettes s’accumulaient vis à vis de l’état, ce qui en a dégoûté plus d’un !
Les plus persévérants, rachetaient leurs terres, comme l’avaient fait certains ‘Frangaos’
[ Français métropolitains en jargon pied-noir ! ] arrivant avec des capitaux, eux ! Ceux là, achetaient et réunissaient des terrains qui devenaient peu à peu, des grands domaines…Les 100 familles de gros colons sur lesquels seraient jugés, un jour, l’ensemble des colons !
Cette Saga Familiale, j’en ai tellement entendu la litanie : La Grand-mère Paternelle, le fusil à la main dans la journée pour garder son poulailler contre les chacals [ chacails comme on disait là bas ! ] Les pires, étant ceux à ‘deux pattes’ qui glandouillaient dans le coin !
Une Fille leur était arrivée, puis mon Père. Sa scolarité a été réduite à sa plus simple expression. Il n’a connu comme porte-plume que le crochet à trois branches utilisé pour défricher ! C’est ainsi que ces pionniers ou galériens, comme on voudra, avaient bâti en dur la petite ferme ou je suis né.
Le mot contraception n’existait pas dans leur entendement : Ils ont fabriqué et élevé six enfants. Deux Filles, parties lors de leur mariage, et quatre garçons, dont trois étaient partis aussi, vers une vie plus facile…

A la mort du Grand-Père, en s’endettant lourdement, mon Père avait racheté leur part aux autres Enfants, mais que de labeurs pour perdurer, achever de planter en vignes et arbres fruitiers. Il avait vécu longtemps difficilement, le seul argent liquide servant à éponger les dettes.
Un jour enfin, un peu plus à flot, il avait pu convoler avec une Fille de la Ville d’Alger, connue, je n’ai jamais su comment. A la naissance du second enfant, la guerre de 14-18, est venue bouleverser à nouveau cet équilibre précaire. On ne barguignait pas avec le Patriotisme en ce temps là, dés le début, il s’était fait rappeler malgré ses 44 ans !
Quant à sa jeune Epouse, il avait appris par une lettre qui l’avait rejointe trois mois après, sur le front, qu’elle s’était enfuie avec le second enfant, mon demi-frère encore Bébé, de cette ferme devenue un enfer pour elle…
La Grand-Mère, s’était retrouvée seule, avec ma demi-sœur, ayant à peine cinq ans, et elle a tenu, je ne sais par quel prodige de volonté et d’abnégation, jusqu’en 1918.

*

Revenu de la ‘grande guerre’ ( 14/18 ) « La queue basse » Je l’ai entendu répéter cette phrase mille fois ( !) et miné par les fièvres d’Orient, il s’était remis courageusement au travail, seul avec sa Mère, car le divorce avait été prononcé depuis longtemps.
Reprise en mains, c’est le cas de le dire, d’une terre quasiment abandonnée durant quatre ans, une fois de plus endetté ‘jusqu’au cou’ suivant son expression, il s’en était sorti avec le temps !
Ce temps qui nous amène neuf ans après, en 1927, année de son mariage en secondes noces avec ma Mère. Il avait 57 ans, elle 37, jeune Femme pour lui, vieille Fille pour la Société d’alors, puisqu’elle ne s’était pas encore mariée !
Saint Ferdinand ou habitait ma Mère, était un de ces villages Consulaires, Kolkhozes avant la lettre, créés vers 1842 à 1848 à l’instigation du Père Bugeaud, qui ne s’embarrassait guère des problèmes de la Colonisation, sous sa casquette légendaire : « Ici, si on coupe une tête de Français et une tête d’Arabe, et qu’on les met à cuire ensemble, les deux bouillons se séparent… Si on veut y rester, il faut que les pionniers militaires, construisent des villages pour accueillir les pionniers Civils, volontaires ou forcés ! »
C’était donc des condamnés militaires, qui sous l’égide du génie militaire, avaient construit toutes ces maisons, dont une moitié était remise à titre gratuit à l’arrivée d’une Famille.
Par contre pour le lopin de terre, ils étaient endettés pour de nombreuses années… Les premiers furent des expatriés forcés après la commune de Paris. Egalement, ceux pris dans des rafles ou pour des motifs peu explicites !
Il s’était étoffé, ce village, après la guerre de 1870, quand beaucoup d’Alsaciens et de Vosgiens, avaient préféré s’expatrier plutôt que de devenir allemands !
Ainsi pour mes grands-parents Maternels, les Hoffner. Leurs enfants étaient arrivés plus vite que la fortune : 3 Filles et 5 garçons…A la déclaration de guerre en 1914, le Père était décédé. Les deux premières Filles étaient mariées. Les 5 Fils, dont 2 mariés ( 20 ans séparant l’aîné du plus jeune ) tous mobilisés, ont été envoyés sur un peu tous les Fronts !
Comme il n’y avait ni soldes, ni allocations familiales prévues pour les Epouses et les enfants, laissés sur le carreau, Ermence, ma Mère, restée seule avec sa Mère, avait du faire face, s’occupant en sus de ses neveux et nièces…Avec sa passion de la lecture, cette autodidacte, s’était mise à débrouiller les situations des uns et des autres, finalement embauchée à temps partiel par la mairie pour ce faire...
Elles avaient réussi à passer le cap de ces 4 années Le retour, n’avait pas été plus facile : 2 fils tués sur les fronts de Verdun et des Dardanelles, 2 autres minés à jamais par les fièvres d’Orient…
L’après guerre n’avait pas été plus douce pour cette grande fille chatain clair aux yeux bleus, une solide gaillarde de 1m70, la taille de mon Père. Lui, qui enfin sorti de l’ornière était venu la courtiser, et la marier, au grand dam de la Grand-Mère tellement habituée à se reposer pour tout, sur elle !
Elle connaissait tout ce qui concernait le travail de la terre, et elle a ainsi pu être un Adjoint efficace pour mon Père, surtout les jours ou il devait s’aliter. Chef de chantier au ramassage des légumes ou des fruits, puis pendant les vendanges, elle cultivait en sus, un jardin potager pour la Famille.
Elle s’occupait en plus du poulailler, et enfin…de sa maison : Comment vouliez-vous qu’elle ait le temps de s’occuper de moi ?
Dans cette ferme ou peu à peu, j’ai pris conscience de ce qui nous entourait, il y avait la Famille Ben Ouha. Lui, Ahmed, le Commis de la ferme, c’était un brave à trois poils…normal pour un Ancien ‘poilu’ ! Pas grand, mais costaud, il pouvait assurer n’importe quel travail de force, alors qu’il était boiteux par fait de guerre, et en principe toujours appuyé sur une trique noueuse qui lui servait de troisième jambe.
Noir de peau comme de poil, il était plus jeune que mon Père, aussi tanné, et aussi cuit par le soleil et le grand air. Des moustaches en guidon de vélo comme lui, mais tournées vers le bas. Et au lieu de la casquette, la classique chéchia rouge entourée d’un chèche kaki, ramené de l’armée…
Il était du premier Collège, c’est à dire français à part entière, comme tous les Musulmans
[ On disait : Arabes ] qui par engagement volontaire avaient servi la France. Dans ses.14 ans de ‘Tiraillors’ [ Tirailleurs Algériens ] il y avait bien sûr, les 4 années de guerre, et au final, une blessure qui l’avait fait réformer : Boiteux à vie, sans retraite militaire, ni pension, que ce pauvre analphabète ( 1ère classe par protection…) n’avait pas su réclamer !
Il était retourné dans son bled [ hameau perdu ] prés de Tablat ou il n’avait pas été accueilli en héros…Pour les siens, c’était un Renégat qui avait eu ce qu’il méritait à vouloir servir la France !
Il s’était alors rappelé que son ancien Sergent, avait eu, après guerre, au titre des emplois réservés, le Poste de Garde-Champêtre à Sainte Amélie, dont notre ferme dépendait. Il était venu le solliciter, et c’est celui-ci qui l’avait amené à la ferme ou mon Père, lui avait dit rechercher :
- Un de ceux qui ont fait la guerre avec nous, et en qui je pourrais avoir confiance…
Depuis, Ben Ouha, n’avait plus quitté la ferme. Confiance réciproque, mon Père s’était endetté un peu plus, pour donner suite à sa requête qu’il trouvait logique : La construction d’un petit deux pièces, accolé à la ferme côté est. Il avait dit à mon Père :
- J’y trouvi une ‘Casion’…pas chère, ‘pace qui s’remplit pas’ …Son mari y l’a ‘fouti’ dehors ! Y son Père, y la veut plus…
Malgré tout, il avait du acheter une vache, assez maigre, il est vrai, comme cadeau au futur beau-père. L’achat de cet animal, plus un mobilier sommaire pour recevoir la promise, et il n’avait plus eu de quoi faire la fête. C’était mon Père qui lui avait fait cadeau d’un mouton et ‘Rhachrine douros’ ( 20 fois 5 frs ) comme cadeau de mariage !
C’était ainsi qu’Alima était arrivée à la ferme, à peu prés en même temps que ma Mère. Une grande Belle femme, nettement plus jeune que son ‘Acheteur’, lui, qui n’aurait jamais pu postuler, si elle n’avait pas été une ‘Casion’ ! Elle était aussi, aussi brune que ma Mère était blonde, et avait des prunelles immenses d’Orientale, dont Aïa sa Fille, a hérité plus tard
. Quand ma Mère a été enceinte, par mimétisme de la Nature, elle l’a été aussi…Ahmed était fou de joie, mais à l’arrivée des colis : Un Fils pour ‘M’sio y Dame Chef,’ et une Fille chez lui ! Il n’a jamais plus décoléré, je crois, puisqu’il répétait tout le temps :
- Y a plus moyen la remplir…
Et moi qui voyais remplir le seau d’eau, le baquet à laver le linge, et le bassin ou buvait le mulet, je me demandais pourquoi il voulait la ‘remplir’, cette pauvre Alima !
Ma Mère, par contre, il la vénérait, l’Ahmed. Dés son arrivée à la ferme, elle s’était mise à écrire pour lui, au service des Pensions, Blessés de guerre, bureau de recrutement, et je ne sais ou, encore…
Et en moins de six mois, il avait reçu sa pension et la petite retraite auxquelles il avait droit, avec l’arriéré, bien sûr ! Il était parti dans son bled ( Tablat ) acheter un lopin de terre, et une petite maison ou il avait mis son jeune frère en attendant de s’y retirer un jour…
Aïa, était un peu fragile : Un petit visage mangé par des yeux immenses. J’ai toujours été son Dieu vivant ! Mais, hélas ! Un Dieu aux mains vides qui n’a pas pu, ni su, la protéger quand son Père l’a vendue au plus offrant…Mais on n’en est pas encore là !
Mon univers secondaire maintenant : Les Léoni étaient d’origine italienne. Toute leur Famille résidait à Staouéli, presqu’au bord de mer, à 20 km de chez nous. Un coin ou beaucoup d’Italiens avaient atterri, sur publicité et voyages gratuits depuis l’Italie… avec promesse d’attribution de terres vierges Leur spécialité, c’était les primeurs, légumes précoces que faisaient pousser ces jardiniers passionnés ou la pêche…
Toutefois durant la guerre de 14-18, Mr Léoni, bien que grand bel Homme, suite à un accident qui l’avait rendu borgne, n’avait pas été mobilisé. En 4 ans, il avait amassé un joli capital qui lui avait permis d’acheter cette ferme qui jouxtait la nôtre : 11 ha, de meilleurs terrains, plus plats, etc…Mon Père ne le jalousait pas, directement ! Ce n’était pas sa faute s’il était laouère ( borgne) et qu’il n’avait pas fait la guerre, mais pendant ce temps il s’était enrichi !
- Ah ! Elle lui a rapporté, à lui, cette ‘Putain d’salop’rie d’guerre’ !
....................................................................................
Une histoire parmi tant d'autres ! Il y avait des 'gros colons' ceux-là aidés
par des autorités occultes, tout comme en métropole, se servaient du travail des autres, mais combien étaient-ils : 1% ? Depuis 45 ans, je vois autant de riches par ici...
Mais bien peu de gens curieux puis objectifs comme vous, cherchent à connaître toutes ces histoires qui ont fait notre histoire...
Je vous embrasse de tout coeur
Jan
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Annick



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MessagePosté le: 10-04-2007 16:37    Sujet du message: Répondre en citant

Jan,

Merci pour cet émouvant témoignage de tes origines sur cette terre que tu aimais tant.

Je t'embrasse

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lilas



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MessagePosté le: 10-04-2007 21:26    Sujet du message: Répondre en citant

Merci Jan pour ce reçit si émouvant.. tu as bien fait de l'écrire, je ne pensais pas que ces souffrances pouvaient exister.....

les quelques pieds noirs que j'ai connu, avaient une vie heureuse.....faisaient leur marché en bus, et avaient une femme pour leur laver le linge et aider au ménage, qui ne coutait pas cher à l'entretien.
les difficultés ont commencés quand ils ont quitté l'Algérie.

Voilà 2 récits opposés, qu'il est bon de connaître.
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on devrait bâtir les villes à la campagne, l'air y est plus pur
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priska



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MessagePosté le: 11-04-2007 08:43    Sujet du message: Répondre en citant

Merci pour ce témoignage si intéressant, Jan !
Toi aussi (comme Etichou) tu devrais faire un livre de tes souvenirs... Il ne serait peut-être pas publié par les grands éditeurs, mais il intéresserait sûrement tous ceux qui te connaissent, à commencer par nous et ta famille !

Ton histoire, je la connais bien. Je l'ai entendue souvent... même ceux qui ont attéri dans les villes en ont bavé aussi. Pour quelques gros colons qui se sont enrichis outrageusement, c'est tout un petit peuple qui a travaillé dur. En France aussi, en ces temps-là, la vie était difficile, mais l'horreur de ces histoires, ce n'est pas la dureté de la vie qu'ont connue vos ancêtres, mais bien la fin... Ce départ absurde... en laissant tout... Je ne suis pas sûre que les Arabes y aient vraiment gagné, eux non plus...Ne me faites pas dire ce que je ne dis pas : il ne fallait pas perpétuer la situation de colonisation mais bien inventer une coopération entre les deux communautés (j'ai envie de dire les trois, si on pense au nombre de Juifs qui vivaient là-bas). Beaucoup de ces (petites) gens vivaient ensemble depuis longtemps dans l'estime, le respect et parfois l'amitié. Il n'y avait rien à "construire", simplement ne pas détruire ce qui existait en partie...
Mais une fois de plus, la politique du grand capital est passée par là. A qui ont profité les richesses de l'Algérie ? Qui a opprimé les Arabes jusqu'à la révolte ? La France a, hélas, payé cher sa politique colonialiste.

Pour ceux que ça intéresse, je voudrais vous indiquer une série de bandes dessinées (je n'ai pas d'intérêts dans l'affaire !) qui raconte l'histoire de l'Algérie à travers celle d'une famille :
"Les Carnets d'Orient" de Ferrandez, chez Casterman. J'adore cette saga tant pour le texte que pour le graphisme.

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musika



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MessagePosté le: 11-04-2007 09:36    Sujet du message: Répondre en citant

il y a beaucoup à dire sur la guerre d ALGerie c est très vaste...
..(colonisation commencée dans les
années 1800)
pour les européens, c était ..la valise, ou le cercueil……………

on ne les oublie pas,
c'est de l histoire...ça n intéresse plus que les gens qui ont 70 et 80 ans,
c'est du passé, il faudrait quand même savoir tourner la page.....
laissons cela aux historiens..

La France à bon dos, (pourquoi on ne critique jamais le FLN)….pour des raisons
D’amitié…ON s écrase on dit rien…

il y a eu des décisions politiques, qui n ont pas été heureuses..
l armée Française à même tirée sur les Européens rue D ISLY à ALGER,
(événement très grave)...ça c était un facteur de guerre civile…
quand des français tirent sur des français c’est très grave…

45 ans plus tard,
aurions nous pu. .intégrer dans notre République,
toute la population ALGERIENNE actuelle……..

avec tous les problèmes, intra communautaire que nous connaissons
actuellement.
La réponse est ???????
_________________
poete_musika..4 mains
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campanule



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MessagePosté le: 11-04-2007 09:39    Sujet du message: Répondre en citant

Merci Jan pour ce récit si poignant.
Je comprens l'amertume et le désespoir d'un bon nombre de PN.
Se retrouver chassé de son pays en abandonnant tout ce que l'on a construit, doit être horrible.
Il faut tout recommencer ailleurs, parfois sans aide ni considération.
Cela a été le cas pour l'ami de mon mari.
Je sais que la blessure est toujours intacte chez lui.
Bonne journée et bisous à vous tous
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Jan Goure



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MessagePosté le: 11-04-2007 10:22    Sujet du message: Répondre en citant

A Priska,
J'ai écrit les souvenirs de ma prime enfance, de la connaissance à 3 ans
jusqu'aux 13 ans, un roman autobiographique : "Le Défi permanent"
sous le pseudonyme de Romi Pienoir ( suivez mon regard, puisque romi ou roumi en arabe c'est l'infidèle ! ) il a été édité par "Mémoire de notre temps" une société d'édition sise à Montpellier ( 81 avenue M. Carrieu
34080 Montpellier ) je la cite car elle est spécialisée dans les histoires ou plutôt l'histoire de l'AFN... depuis les Berbères de Numidie ( voir Salambo ) en passant par l'époque Romaine puis les invasions arabes du moyen orient qui ont islamisé les Berbères par le fer et le sang !
Je ne peux donner tous les titres de leur catalogue; pour ceux que cela intéresserait, la liste peut en être demandée à l'adresse précitée...
Comme tu l'as très bien compris, nous vivions sous la loi Française, l'administration du commissaire de police en passant par administrateur, sous préfet et préfet, jusqu'au gouverneur était représentée par des métropolitains... Il y aurait beaucoup à dire sur un protectionnisme et comme partout ailleurs des gens qui s'en mettaient plein les "fouilles" sur le dos de la piétaille !
Tu parles aussi de la communauté des Juifs Séfarades, habitants de l'algérie Turque à notre arrivée où ils étaient des Dhimis, c'est à dire sous citoyen n'ayant pas le droit d'ester contre un musulman et victimes de progroms intermittents comme une nécessité reconnue en pays musulman
et surtout, surtout, réduits à vivre en ghettos dont ils ne pouvaient sortir...
Eux ont accepté la nationalité Française, alors que le prédecesseur du fln le mna de Messali Hadj l'avait refusée... Au cours des guerres de 1914/1918 et 1939/45 ces Français de religion juive ont été mobilisés évidemment. Pour ce qui concerne les musulmans, ils étaient du 2ème collège donc n'ont fait ces deux guerres qu'en s'engageant et devenant Français de droit de ce fait... pour les autres qui étaient restés les doigts de pieds en éventail à faire des gosses à la pelle durant ce temps, ils étaient considérés comme traitres par ceux qui étaient déja un bloc monolithique qui relevait de la charia tant regrettée. De plus, c'est ceux qui avaient servi la France qui obtenaient des emplois réservés : garde champêtre, caïd ( administrateur du bled ) et certains suivant le bon exemple venu d'en haut, faisaient 'suer le burnous' suivant l'expression consacrée depuis... colonialistes ? certes, mais est-ce que les hordes venues du moyen orient n'en étaient pas ? sans Isabelle la catholique l'Espagne entière était tombée sous leur coupe... Colonialistes ? les Turcs qui s'étaient installés le long des côtes d'AFN et tenaient les ports et des villes fortifiées ne s'intéressaient aux autres habitants que pour l'impôt que faisait rentrer leurs janissaires ( issus des Kougoulis, ces croisements d'hommes turcs avec des femmes musulmanes arabes )
Quand la Radio du Caire à l'époque de Nacer a commencé à déverser des torrents d'injures et d'appels à la révolte pour s'emparer de l'AFN, le même bloc monolithique, environ 15%, ceux qu'on appelait les "Nous-z-otes" parce qu'ils disaient toujours : "nous z-otes li arabes ci pas comme vous z-otes les roumis" ont senti leur heure arriver avec l'aide de l'extérieur. Il y avait aussi les 15% qui avaient servi la France et se sentaient Français ( on les a improprement tous bombardés harkis par la suite ) Restait 70% de la population musulmane qui ne savait trop à quel saint se vouer et attendait prudemment que ça se décante pour prendre position...
Tout ça, c'est l'avant "évènements d'Algérie 1954/62 qu'il faut d'abord observer si l'on veut avoir une idée sur la suite...Pour ce que tu as écrit sur le sujet je te devais bien ça !
On peut en reparler si tu le veux, mais crois-tu que cela intéresserait grand monde ? la 'purée de nous-z-otes'... tu as toute mon amitié

Jan
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Jan Goure



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MessagePosté le: 11-04-2007 10:28    Sujet du message: Répondre en citant

Annick, Capanule, Lilas et Musika,

Merci pour votre intérêt pour ces années là ! En 1957, parce que j'avais comme fonctionnaire la possibilité de passer mes vacances en métropole
donc 3 ans après le début, 5 ans avant la fin, j'avais résumé ce que nous vivions en poème... je l'avais même édité sur Poésie ? le revoilou :

Vacances au purgatoire…


C’était un intermède, nous venions de là bas
Pour retrouver le calme et un peu de sang froid
Oublier tout un mois la guerre qui faisait rage
La mort à chaque instant, dés passé le barrage…

L’arrivée à Marseille où l’on reprenait pied
Oubliée l’atmosphère du jugement dernier
Animations, accents ! bien fini la tristesse
Emprunter l’autoroute c’était déjà la liesse

Orée d’une forêt, bâtiments au carré
Coup de trompe à l’entrée, visages familiers
Des retrouvailles émues, partage de nos détresses
Les regards sont mouillés, leurs gestes des caresses

L’air est si parfumé et le ciel si pur
Oublié le soleil dés qu’entre les vieux murs
Dédale d’escaliers sortis d’un vieux grimoire
Enfilade de pièces, vieux lits, vieilles armoires

Soirée à discuter avec beaucoup de : Si…
Les forçats de là bas le sont ici aussi
En reprenant des terres, par d’autres abandonnées
Sans compter sur une aide ; des voisins la risée…

Après un court sommeil, je sors de bon matin
Direction le grand bois dans une odeur de thym
Je cours décontracté, redevenu homme libre
En retrouvant l’esprit du sportif dont j’ai la fibre

Tout là haut sur un arbre un oiseau fait : cui-cui
Il se moque de moi et pense que je suis ‘cuit’ !
Un petit écureuil bondit de branche en branche
J’arrive dans un champ où j’ai les coudées franches

Cônes de pierres empilées, des huttes de bergers
Epoque des Romains, des ruines du passé
Temps de mare nostrum : la méditerranée
Avant la décadence et les déculottées

Là bas ce fut l’Islam qui vainquit les ‘Roumis’
Mais ensuite à leur tour, les Turcs les ont soumis
Pirates de la mer, tous leurs bateaux corsaires
Et tenant le Pays avec leurs janissaires

Pour une histoire de blé, nous y avons été
Dans les champs par ici, c’est pas ce qui manquait ?
La colonisation a besoin d’un prétexte
Et de pauvres ‘pigeons’ pour subir le contexte

Retour au temps présent en traversant des champs
Moins contestés ici depuis la nuit des temps
Du séjour provisoire, il faut que je profite
Savourer ces vacances sans penser à la suite…

Comme ils n’ont pas le temps, m’occuper du jardin
En tout cas les aider, je le peux c’est certain
A la fin du travail il y a la rivière
Puis un repas copieux arrosé à la bière

Ensemble le dimanche nous irons à la mer
Malgré que sur les routes quelques fois c’est l’enfer
Mais en comparaison, de très peu d’importance
Par rapport à la guerre, c’est encore une chance !

Nous étions au grand Mas, et eux étaient rentrés
Avec une valise et sans se retourner
Ce n’était pas si simple pour nous les fonctionnaires
Interdit de penser, et un seul droit : se taire !
………..

Soliloque du premier matin
Le vieux carnet : Uzès juillet 1957…
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campanule



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MessagePosté le: 11-04-2007 12:42    Sujet du message: Répondre en citant

très beau poème Jan que je ne connaissais pas.
Tu as du l'éditer avant mon arrivée sur RA.
Il fait passer beaucoup de messages : la joie de partir de l'enfer, de la peur, l'amitié retrouvée mais aussi le dédain des autres, l'envie de vivre
des choses simples pleinement.
Il y a aussi une fin qui est très dure mais tellement vraie :
Citation:
Nous étions au grand Mas, et eux étaient rentrés
Avec une valise et sans se retourner
Ce n’était pas si simple pour nous les fonctionnaires
Interdit de penser, et un seul droit : se taire !
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Jan Goure



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MessagePosté le: 11-04-2007 16:21    Sujet du message: Répondre en citant

Campanule,

Ce poème là date de l'époque, mais en 2.007, quarante cinq ans après, par devoir de mémoire ( et remords bien que je n'y pouvais rien ) contrairement à ceux qui pensent qu'il faut savoir tourner la page, et parce que mossieu Fraiche ( m... !) président d'un conseil général du midi les a traités de "sous hommes" voila le poème que j'ai écrit à la mémoire de ces malheureux harkis, Moghzanis et retraités musulmans de l'armée Française abandonnés aux égorgeurs du fln lors de l'indépendance algérienne. Il y en a très peu, qu'au péril de leur vie et...de leur carrière, des officiers bravant les ordres goliens, ont réussi à faire entrer en France... la France qui en a fait des hommes des bois vivant dans des baraques des années et des années, sous la férule de garde chiourmes désignés par l'administration Française. Il faut appeler les choses par leur nom, et notre trahison a valu le massacre de plus de deux cent mille personnes en algérie. Même le sieur Ben Bella ci devant ( à l'époque ) président de leur république écrivait dans Alger Républicain, devenu 'El Moudjaïd' : "On tue un harki pour lui voler sa maison, sa femme, sa fille et même sa montre...il faut que ça s'arrête" Je l'ai lu de mes yeux, fonctionnaire j'étais encore là bas !

Les grands abandonnés…

Vous n’avez pas crié ! vous n’avez pas gémi
Pas le moindre écho n’a transpercé vos lèvres
Partout c’est la curée, les plaines sont des cris
Dans les montagnes aussi, partout la même fièvre

Depuis ce temps je fuis, repoussant ces images
Oubliant ires et pleurs, les bourreaux assassins
Multitudes infinies se ruant en essaim
Et j’accorde à mon âme de tous nouveaux mirages

Mais je ne peux marcher solitaire dans les rues
Car chaque pas m’apporte vos images de martyrs
De tristes yeux hagards devant vos femmes nues
Vous qui les défendiez et n’avez pu partir…

De cet amas de chair, cruelle indifférence
Dont nul ne se souciait car inconnu en France
Recouvert par l’oubli, second linceul des morts
Dans ma mémoire au moins, vit encore le remords…

Jan
( 45 ans après )
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campanule



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MessagePosté le: 11-04-2007 17:18    Sujet du message: Répondre en citant

Il est superbe ce poème Jan.
La France ne sort pas grandie par ce massacre.
Les faits sont là et ils sont horribles.
Amitiés

http://www.chez.com/justiceharkis/MASSACRE.HTML
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priska



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MessagePosté le: 11-04-2007 17:57    Sujet du message: Répondre en citant

Jan et Campanule, je vois que nous partageons, avec beaucoup d'autres sans doute, qui ne sont pas là pour le dire, la honte et la souffrance d'un épisode historique qui s'est déroulé "de notre vivant"... On n'y pouvait pas grand-chose, à l'époque, tout jeunes que nous étions... Raison de plus pour s'en souvenir et tout faire pour lutter, avec nos faibles moyens, contre ceux qui nous ont conduit là. Pas les hommes, ils sont morts maintenant, mais leurs idées qui, elles, sont plus vivantes que jamais.

Jan, je vais me procurer ton livre de souvenirs et voir les autres publications. Il y en a tant ! On ne peut pas tout lire, mais il faut laisser à nos enfants une trace concrète de cette guerre.

_________________
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Annick



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MessagePosté le: 11-04-2007 23:01    Sujet du message: Répondre en citant

Je n'ai pu venir aujourd'hui, et ensuite panne sur le forum.

Merci pour tous ces compléments, Jan et surtout pour tes deux poèmes superbes.

Je sais combien cela t'est difficile d'en parler, mais qui pouvait mieux nous en parler que quelqu'un qui a vécu cette période sombre et sa vie d'avant les évènements.

Non, il n'y a pas de page à tourner, ces faits appartiennent à notre histoire.

Voilà un documentaire qui montre bien comment les gens de métropole ont été manipulés.
Les autorités françaises, la presse de l'époque ne sortent pas grandies de ces agissements.

J'espère qu'un jour un documentaire d'un telle teneur sera fait sur les Harkis, c'est le moins que la France leur doit.


Encore merci, Jan.
_________________

" Le bonheur ne court pas le monde; il faut vivre où l'on est heureux "
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Ninon



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MessagePosté le: 11-04-2007 23:48    Sujet du message: Répondre en citant

Bonsoir tout le monde !

Je ne sais par quelle magie, j'ai eu l'idée d'entrouvir la porte de ce topic, mais une chose est sûre, je ne le regrette pas...Témoignages émouvants, de parts et d'autres, qui ne m'ont pas laissé insensibles...Je n'ai pas vu l'émission, mais je connais très bien l'histoire désastreuse vecue par les pieds-noirs, et harkis, car la famille de mon ami est issue d'Algérie (Rio Salado, dont il parait que cette ville aurait été créé par la famille Estève), et il ne s'est pas passé un jour, à l'occasion d'une réunion familiale ou je n'ai eu droit a leur bribes des souvenirs...Ils étaient de là bas, depuis X temps, donc forcément, tous les souvenirs heureux et malheureux, c'est chez eux, dans ce pays qui était leur, qu'ils les ont vécus....C'est une honte pour la France, et les français cet épisode sanglant, perpétré par un gouvernement de poltrons. Qui non content de trahir leur patrie, laissèrent se déchainer les basses besognes d'un peuple en perdition, assoiffé de sang pour les malheureux abandonnés de la France. C'est une horreur ! Quand on sait, que cette patrie qui s'était engagée à accueillir les ressortissants Français d'Algérie, les ont parqués comme des bestiaux dans des camps de concentration (c'en étaient). Et le plus dégoutant encore, c'est quand, le parti communiste français s'était ligué en émeute pour interdire l'entrée au port des bateaux transportant les rapatriés...Pieds noirs et Harkis (parce qu'ils étaient des étrangers)...Et quand on sait, que ce sont les mêmes personnes, qui osent crier au racisme au moindre faux pet, pour diviser les populations...

Enfin ! Heureusement qu'il reste des mémoires vivantes pour en parler...

Merci à vous...et surtout à toi Jan, qui est ce livre ouvert, à la vérité vrai !
thumright
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(Jeannine Bartes/ Le non-dit)
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Papy Lulu



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MessagePosté le: 12-04-2007 06:27    Sujet du message: Répondre en citant

Il y a le drame de cette fin lamentable de l'Algérie Francaise dont je parle très très rarement,pour le respect de mon frère,29 ans, mort en service commandé pour cette belle arme la Gendarmerie,pour laquelle de 54 à 62 jai servi moi aussi "dans mon pays" avec plus de baraka, seulement blessé.
Non pour moi il y a encore plus honteux que tout c'est le fait que la France n'a pas été capable.....n'a pas voulu tout simplement... ramener en métropole, dans la dignité ses propres enfants dont les harkis bien sur.
Peut être une once de compréhension passera un jour dans ma tête en ce qui concerne la guerre ...mais jamais au grand jamais je ne pourrais pardonner à D Gaule et ses sbires la honte de notre retour.....jamais.....
_________________
Lorsque tu ne vois pas bien ce qu'il y a au loin..rien ne t'oblige à aller voir de pres (conseil d'un sage Berbère)
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Jan Goure



Inscrit le: 18 Juil 2006
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MessagePosté le: 12-04-2007 14:09    Sujet du message: Répondre en citant

Priska, Campanule, Annick, Ninon,

J'ai les larmes aux yeux à vous lire. Vous n'y pouviez rien,
( et nous n'avions rien pu ! ) mais il y a un devoir de mémoire
et l'histoire, Papy Lulu en a tiré les vraies conclusions :
Partir, rester, il y avait vingt façons de le faire, mais il
a été choisi la pire ! Et ça il nous faut le dire et le redire...

Comme le dit l'ami Enrico : Je vous embrasse à tous !

Jan
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priska



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MessagePosté le: 12-04-2007 23:29    Sujet du message: Répondre en citant

On t'embrasse aussi, Jan ! Very Happy
_________________
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Sostène 101



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MessagePosté le: 15-04-2007 09:54    Sujet du message: Répondre en citant

Bonjour à tous,

Des centaines de milliers d’appelés ont fait leur service en Algérie mais il faut croire que, sciemment ou non, ils n’ont fait aucune pédagogie vis-à-vis de leurs parents et amis. Certains Français avaient, et parfois ont encore, en ce qui concerne l’Algérie, un regard aussi éclairé que celui de Tartarin qui prétendait aller chasser le lion dans la banlieue d’Alger.
Bien sûr, subsiste chez beaucoup d’entre eux l’image de ces affreux colons qu’étaient, selon eux, tous les pieds-noirs. Pour eux c’est l’évidence même : les habitants d’Oran ou d’Alger, ouvriers, plombiers, charcutiers, employés des CFA, étaient de gros propriétaires terriens qui faisaient suer le burnous aux Algériens……
Nous connaissons la réception chaleureuse, humaniste, qui attendait les pieds-noirs lors de leur débarquement sur les quais de Marseille ou d’ailleurs.
Cela me ramène à de vieux souvenirs : ceux de la mobilisation générale en Afrique du Nord en Juin 1943. Je ne peux pas oublier l’enthousiasme qui, à la perspective de participer à la libération de la France, animait les pieds-noirs et aussi les métropolitains qui se trouvaient en Algérie. Sans eux, ainsi que sans les 200.000 tirailleurs algériens, tunisiens, marocains qui ont combattu à leurs côtés, la France n’aurait même pas eu le strapontin auquel elle a eu droit lors de la signature de l’acte de capitulation de l’Allemagne en 1945.

Cependant tout cela est de la vieille histoire. L’assassinat, après le 19 mars 1962, de milliers de pieds-noirs, ainsi que de dizaines de milliers de harkis dont certains avaient participé à la libération de la France c’est, pour beaucoup, de la roupie de sansonnet. L’important c’était que les appelés allaient rentrer à la maison.
J’oubliais le cas du verre d’eau qui aurait été refusé à des militaires par des fermiers. On en a vu pire durant l’exode de 1940.
J’ai été en militaire en AFN de 1940 à 1945. Je n’avais aucune nouvelle de ma famille, qui demeurait en région parisienne. Les pieds-noirs m’ont souvent accueilli comme si j’étais leur propre gosse.
Bien amicalement.
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Jan Goure



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MessagePosté le: 15-04-2007 10:14    Sujet du message: Répondre en citant

Sostène,
Merci pour tous tes récits et de ton objectivité !
Comme tu l'as écrit : Il était de bon ton, au retour
vu la façon dont les gens étaient remontés par les
médias d'en remettre une petite couche...
Merci encore et amitiés

Jan Wink
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Rominet1



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MessagePosté le: 25-04-2007 23:42    Sujet du message: Répondre en citant

L'Algérie, j'y suis allé faire une partie de mon service militaire, entre mars 1962 et février 1963, j'y ai "fêté" mes vingt ans à monter la garde dans un trou à rat au nord de Sétif. Comme les hostilités touchaient à leur fin, j'ai échappé à un quelconque affrontement et n'ai tiré sur aucun être vivant. Pourtant j'ai connu là-bas, la plus grande peur de ma vie.
Une nuit ou je montais la garde, avec comme seule arme une grenade, les fusils étant attachés au ratelier, pour la raison suivante: la veille un harki avait déserté dans la nuit, en emportant son arme. Au cours de cette nuit donc, j'apercevais au loin des lueurs parmi les branches des arbres et par intermitence, tantôt faibles, tantôt plus nettes. Elles semblaient bouger un instant, puis revenait à la même place. Un vent léger faisait bouger les feuilles dans un bruit lancinant. Ces deux heures me parurent une éternité.
Le lendemain, j'explorai le secteur et la vérité m'apparut.
À une centaine de mètres de notre campement se trouvait un dépôt des ordures du camp. d'où la présence de nombreuses bouteilles de bière.
La nuit précédente, le clair de lune jouant avec un troupeau de petits nuages et le vent dans les branches, faisait scintiller le verre des bouteilles jetées aux ordures.

Ce que j'ai vu de l'Algérie me laisse le souvenir d'un pays merveilleux, de par la beauté et la variété de ses paysages. Il est regrettable que ce pays n'ai pas su mettre à profit ses richesses touristiques, avec ses nombreuses plages et ses sites naturels. J'espérais y revenir en touriste mais l'insécurité régnante m'a dissuadé. Un jour peut-être ...
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Annick



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MessagePosté le: 25-04-2007 23:55    Sujet du message: Répondre en citant

Merci à Sostène et à Guiet pour leurs témoignages que je viens de lire.
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priska



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MessagePosté le: 26-04-2007 08:11    Sujet du message: Répondre en citant

Sostène, Guiet et ceux que cela intéresse : je voudrais juste citer cette phrase de la chanson de Serge Lama "L'Algérie" :

"...le voyage où notre seule gloire était d'avoir vingt ans"... et pour avoir eu plusieurs copains et un cousin qui ont "fêté" (je garde tes guillemets !) leurs vingt ans là-bas, je sais comme ça a pu être "gai" !

Mais vous, vous aviez vingt ans et à cet âge-là, on est immortel. Je mesure mieux à présent l'angoisse de vos mères et pères... Rien que l'idée d'une semblable chose aujourd'hui me rend malade...
Le triomphe de De Gaulle c'était ça : "voulez-vous que vos fils rentrent en France ou continuent cette guerre ?" Réponse : OUI à 98 %... Ma tante qui ne comprenait rien à la politique aurait voté dix fois "oui" si elle avait pu ...

Sale temps, sale époque !
Je vous cite encore la phrase qui est gravée sur un Monument aux Morts d'une ville de France (il faut vraiment que je retrouve laquelle) :
"Que la guerre soit maudite !"

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Rominet



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MessagePosté le: 29-04-2007 20:38    Sujet du message: Répondre en citant

Voici une phrase que l'on devrait graver sur tous nos édifices ayant un rapport avec les conflits de toutes les générations :

QUELLE CONNERIE "LA GUERRE"
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