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EMILE VERHAEREN

 
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alexia



Inscrit le: 07 Oct 2007
Messages: 5310
Localisation: PACA

MessagePosté le: 04-12-2007 05:37    Sujet du message: EMILE VERHAEREN Répondre en citant

Cuisson du pain
Les servantes faisaient le pain pour les dimanches,
Avec le meilleur lait, avec le meilleur grain,
Le front courbé, le coude en pointe hors des manches,
La sueur les mouillant et coulant au pétrin.

Leurs mains, leurs doigts, leur corps entier fumait de hâte,
Leur gorge remuait dans les corsages pleins.
Leurs deux poings monstrueux pataugeaient dans la pâte
Et la moulaient en ronds comme la chair des seins.

Le bois brûlé se fendillait en braises rouges
Et deux par deux, du bout d'une planche, les gouges
Dans le ventre des fours engouffraient les pains mous.

Et les flammes, par les gueules s'ouvrant passage,
Comme une meute énorme et chaude de chiens roux,
Sautaient en rugissant leur mordre le visage.




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Vieille Louve



Inscrit le: 22 Sep 2007
Messages: 6779

MessagePosté le: 04-12-2007 08:53    Sujet du message: Répondre en citant

jconnaissais pas ce poème...extrême sensualité....
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campanule



Inscrit le: 22 Aoû 2006
Messages: 6180

MessagePosté le: 04-12-2007 10:44    Sujet du message: Répondre en citant

superbe poème, merci Alexia.
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alexia



Inscrit le: 07 Oct 2007
Messages: 5310
Localisation: PACA

MessagePosté le: 04-12-2007 16:18    Sujet du message: Répondre en citant

Au Reichstag
On m'affirmait :
" Partout où les cités de vapeurs s'enveloppent,
Où l'homme dans l'effort s'exalte et se complaît,
Bat le coeur fraternel d'une plus haute Europe.

De la Sambre à la Ruhr, de la Ruhr à l'Oural,
Et d'Allemagne en France et de France en Espagne
L'ample entente disperse un grand souffle auroral
Qui va de ville en plaine et de plaine en montagne.

Ici le charbon fume et là-bas l'acier bout,
Le travail y est sombre et la peine y est rude,
Mais des tribuns sont là dont le torse est debout
Et dont le verbe éclaire au front les multitudes.

Aux soirs d'émeute brusque et de battant tocsin,
Quand se forme et grandit la révolte brutale,
Pour qu'en soient imposés les voeux et les desseins
Leurs gestes fulguraux domptent les capitales.

Ils maîtrisent les Parlements astucieux
Grâce à leur force franche, ardente et réfractaire,
Ils ont le peuple immense et rouge derrière eux
Et leur grondant pouvoir est fait de son tonnerre.

Leurs noms sont lumineux de pays en pays ;
Dans les foyers où l'homme et la femme travaillent,
Où la fille est la servante des plus petits,
Leur image à deux sous s'épingle à la muraille.

On les aime : ne sont-ils point simples et droits,
Avec la pitié grande en leur âme profonde ?
Et quand s'étend en sa totale ampleur leur voix,
Ne couvre-t-elle point de sa force le monde ? "

Et l'on disait encor :
" Eux seuls tissent les rets où sera pris le sort.
Qu'un roi hérisse un jour de ses armes la terre,
Leur ligue contre lui arrêtera la guerre. "

Ainsi
S'abolissait l'effroi, le trouble et le souci
Et s'exaltait la foi dans la concorde ardente.
La paix régnait déjà, normale et évidente
Comme un déroulement de jours, de mois et d'ans.
On se sentait heureux de vivre en un tel temps
Où tout semblait meilleur au monde, où les génies
Juraient de le doter d'une neuve harmonie,
Où l'homme allait vers l'homme et cherchait dans ses yeux
On ne sait quoi de grand qui l'égalait aux Dieux,
Quand se fendit soudain, en quelle heure angoissée !
Cette tour où le rêve étageait la pensée,

Ce fut en août, là-bas, au Reichstag, à Berlin,
Que ceux en qui le monde avait mis sa foi folle
Se turent quand sonna la mauvaise parole.
Un nuage passa sur le front du destin.

Eux qui l'avaient proscrite, accueillirent la guerre.
La vieille mort casquée, atroce, autoritaire,
Sortit de sa caserne avec son linceul blanc,
Pour en traîner l'horreur sur les pays sanglants.
Son ombre s'allongea sur les villes en flammes,
Le monde se fit honte et tua la grande âme
Qu'il se faisait avec ferveur pour qu'elle soit
Un jour l'âme du Droit
Devant l'audace inique et la force funeste.
Aux ennemis dont tue et ravage le geste,
Il fallut opposer un coeur qui les déteste ;
On s'acharna ensemble à se haïr soudain,
Le clair passé glissa au ténébreux demain,
Tout se troublait et ne fut plus, en somme,
Que fureur répandue et que rage dardée ;
Au fond des bourgs et des campagnes
On prenait peur d'être un vivant,
Car c'est là ton crime immense, Allemagne,
D'avoir tué atrocement
L'idée
Que se faisait pendant la paix,
En notre temps,
L'homme de l'homme.



Vous avez aimé, en voici un autre : Il est hard et pourrait correspondre à pal mal d'époques historiques.
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Risoux



Inscrit le: 01 Nov 2007
Messages: 4607

MessagePosté le: 04-12-2007 18:58    Sujet du message: Répondre en citant

Quelle bonne idée de nous rappeler Émile Verhaeren - j'avais appris ce poème à l'école, peut-être pas en entier mais je me souviens encore d'une partie :

Le vent
Sur la bruyère longue infiniment,
Voici le vent cornant Novembre ;
Sur la bruyère, infiniment,
Voici le vent
Qui se déchire et se démembre,
En souffles lourds, battant les bourgs ;
Voici le vent,
Le vent sauvage de Novembre.

Aux puits des fermes,
Les seaux de fer et les poulies
Grincent ;
Aux citernes des fermes.
Les seaux et les poulies
Grincent et crient
Toute la mort, dans leurs mélancolies.

Le vent rafle, le long de l'eau,
Les feuilles mortes des bouleaux,
Le vent sauvage de Novembre ;
Le vent mord, dans les branches,
Des nids d'oiseaux ;
Le vent râpe du fer
Et peigne, au loin, les avalanches,
Rageusement du vieil hiver,
Rageusement, le vent,
Le vent sauvage de Novembre.

Dans les étables lamentables,
Les lucarnes rapiécées
Ballottent leurs loques falotes
De vitres et de papier.
Le vent sauvage de Novembre !
Sur sa butte de gazon bistre,
De bas en haut, à travers airs,
De haut en bas, à coups d'éclairs,
Le moulin noir fauche, sinistre,
Le moulin noir fauche le vent,
Le vent,
Le vent sauvage de Novembre.

Les vieux chaumes, à cropetons,
Autour de leurs clochers d'église.
Sont ébranlés sur leurs bâtons ;
Les vieux chaumes et leurs auvents
Claquent au vent,
Au vent sauvage de Novembre.
Les croix du cimetière étroit,
Les bras des morts que sont ces croix,
Tombent, comme un grand vol,
Rabattu noir, contre le sol.

Le vent sauvage de Novembre,
Le vent,
L'avez-vous rencontré le vent,
Au carrefour des trois cents routes,
Criant de froid, soufflant d'ahan,
L'avez-vous rencontré le vent,
Celui des peurs et des déroutes ;
L'avez-vous vu, cette nuit-là,
Quand il jeta la lune à bas,
Et que, n'en pouvant plus,
Tous les villages vermoulus
Criaient, comme des bêtes,
Sous la tempête ?

Sur la bruyère, infiniment,
Voici le vent hurlant,
Voici le vent cornant Novembre.
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alexia



Inscrit le: 07 Oct 2007
Messages: 5310
Localisation: PACA

MessagePosté le: 05-12-2007 00:47    Sujet du message: Répondre en citant

Avec mes vieilles mains...
Avec mes vieilles mains de ton front rapprochées
J'écarte tes cheveux et je baise, ce soir,
Pendant ton bref sommeil au bord de l'âtre noir
La ferveur de tes yeux, sous tes longs cils cachée.

Oh ! la bonne tendresse en cette fin de jour !
Mes yeux suivent les ans dont l'existence est faite
Et tout à coup ta vie y parait si parfaite
Qu'un émouvant respect attendrit mon amour.

Et comme au temps où tu m'étais la fiancée
L'ardeur me vient encor de tomber à genoux
Et de toucher la place où bat ton coeur si doux
Avec des doigts aussi chastes que mes pensées.
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