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Inscrit le: 02 Fév 2007 Messages: 308 Localisation: Var
Posté le: 21-12-2007 08:02 Sujet du message: Une corvée peu ragoûtante.
Bonjour à toutes et à tous .
L’histoire que je me propose de raconter aujourd’hui, devant un apéro, n’a rien de romanesque. Les amis du forum voudront bien, j’espère, me le pardonner. Pardon d’autant plus nécessaire qu’elle relate un incident fortuit très déplaisant pour notre emblème national.
Il faut dire que personne n’est maître des événements à venir. Souvent ceux que l’on attend ne se produisent pas et, par contre, il s’en produit que l’on n’attend pas du tout.
L’histoire se passe à Colomb-béchar en 1943.
Un de nos dimanches à Colomb Bechar fut marqué par un incident cocasse. J'étais ce jour là de service de garde à la base, sous les ordres d’un adjudant chef nommé Bourichon. Celui ci, entretenant des rapports conflictuels avec mon chef direct, n'avait pour moi que peu de considération. A noter que Bourichon était lui même peu apprécié du personnel placé sous ses ordres. Cela remontait à 1941 et 1942, période pendant laquelle il avait utilisé des véhicules
de l'armée pour transporter des moutons qu'il avait ensuite revendu au marché noir. Mais il sous entendait que ses « dix neuf ans de service » l'autorisaient à bénéficier de certains privilèges.
Cet après midi là Bourichon vint me trouver pour me faire assurer une corvée peu ragoûtante. Il s'agissait de faire vider les tinettes des WC par les hommes punis de salle de police.
Le bâtiment des WC était constitué de deux cabines jumelées montées sur un socle en béton d'environ un mètre de hauteur. On accédait à ces cabines par un escalier. Sous le socle étaient disposées deux tinettes fabriquées à partir de fûts de 50 litres ouverts sur le dessus et pourvus d’anses latérales.
Maudissant Bourichon j'allais à la salle de police pour y chercher des hommes de corvée. La discipline y était très libérale. Lorsque j'eus informé les prisonniers du motif de ma visite ils se répandirent en protestations véhémentes. Cependant il y avait parmi eux quelques bons gars qui se décidèrent à faire ce travail.
Lorsque nous sommes arrivés derrière les WC une vision répugnante s'offrit à nous : les tinettes, n'ayant pas été vidées depuis des lustres, étaient pleines au ras bord et infestées de mouches.
Lorsque mes deux compagnons virent cela ils se récrièrent. J'avais beau leur expliquer que j'avais découvert ce spectacle en même temps qu'eux, ils ne voulaient rien entendre et menaçaient de retourner en salle de police plutôt que de faire ce travail.
Ils finirent par se calmer et, faisant contre mauvaise fortune bon coeur, acceptèrent de faire un essai de transport des tinettes. Il s'agissait, en l'occurrence, d'aller vider celles ci dans un
terrain vague situé à quelques distances de l'entrée de la base. Pour cela il fallait suivre un chemin assez sinueux entre les bâtiments.
Courageusement, ils prirent à pleines mains les anses d'une des tinettes et réussirent à tirer cette dernière hors de son réduit. Puis ils commencèrent à progresser, suivis, dans la foulée, par les mouches gastronomes qui voyaient leur repas s'échapper. Elles se posaient sur les torses nus de mes compagnons. Ces derniers tentaient de les chasser en se frappant la poitrine avec leur main libre, mais ces mouvements désordonnés entraînaient une instabilité de la tinette.
Nous arrivâmes dans la cour des casernements. Nous n'avions plus maintenant qu'à traverser celle ci pour accéder à la porte de sortie de la base. Nous étions enfin au bout de nos peines. Mais c'était compter sans la malchance....
Au milieu de la cour était planté un mat supportant le drapeau tricolore. Lorsque nous arrivâmes au voisinage de ce mat l'une des anses de la tinette, complètement corrodée, s'arracha et le contenu de la tinette se déversa au pied du drapeau.
« Oh ! M….! » S’écrièrent mes compagnons devant cet accident iconoclaste. Ils se saisirent de pelles et s'employèrent à en faire disparaître toute trace avant une arrivée, toujours possible, de Bourichon.
Vingt minutes furent nécessaires pour rendre aux lieux leur aspect initial. Cependant des mouches étaient toujours là, collées au sol, dans lequel elles voyaient s'infiltrer une partie de leur pitance.
Le lendemain, comme chaque matin, eut lieu la cérémonie des couleurs, présidée par l'adjudant chef Bourichon. Nous nous disposions en carré autour du mat. Sur commandement de l'adjudant chef un homme tirait un coup de fusil tandis qu'un autre faisait monter le drapeau en tête de mat.
Ce matin là je vis qu'à l'emplacement de notre accident de la veille il y avait l'inévitable tapis de mouches. Nous étions au garde à vous. L'adjudant chef commanda : « Attention pour les couleurs ! » puis : «Envoyez ! ». Le coup de feu partit mais, simultanément, les mouches, complètement paniquées, se soulevèrent et se mirent à voleter dans toutes les directions, se posant sur les faces et les nez... L'adjudant-chef s'envoyait de grandes claques sur la figure... Tout le monde s'esclaffa. Ce jour là l'envoi des couleurs perdit beaucoup de sa dignité.
Bourichon « flairant » quelque bêtise de notre part fit nettoyer les lieux avec de l'eau javellisée. Mais, pendant quelques jours, rien n'y fit. Enfin un matin, au bout d'une semaine, nous ne vîmes plus que quelques mouches éclopées qui, au coup de fusil, disparurent pour toujours sans demander leur reste.
Ainsi se fabriquait la « petite histoire », à Colomb Bechar, en 1943.
Inscrit le: 02 Fév 2007 Messages: 308 Localisation: Var
Posté le: 21-12-2007 15:18 Sujet du message:
Bien sûr Saint Nabor. En dehors de celà je nie toute responsabilité dans l'offense faite au drapeau. Je pense que les seuls responsables sont les gens du service général qui ont laissé se dégrader un matériel "appartenant à l'état et payé par les contribuables" (ceux des années 20 probablement).
éh bien quelle histoire. de merdouille
tu sais, je rigole Sostène, j aime bien tes histoires,
elle me rapproche de Mon frere....je peux l imaginer.
dans sa vie de militaire.
allez.......vive la FRANCE en couleur _________________ poete_musika..4 mains
Inscrit le: 02 Fév 2007 Messages: 308 Localisation: Var
Posté le: 21-12-2007 17:43 Sujet du message:
Merci Musika et Alexia.
Dans les récits liés à la vie militaire je m'inspire, sans en avoir le talent, de Georges Courteline.
Sur le site suivant il y a une courte vidéo d'un film tiré d'une nouvelle de Courteline :
Sostène,
ecoute moi !!!!
je ne comprends plus rien,
les histoires que tu racontes, ce sont les tiennes à toi...
ou bien tu les inventes.
faut que tu me dises, je ne comprends plus rien du tout.
qu'est ce que c est que ce lien de FERNANDEL............ _________________ poete_musika..4 mains
Inscrit le: 02 Fév 2007 Messages: 308 Localisation: Var
Posté le: 21-12-2007 21:37 Sujet du message:
Non Musika je n'invente pas ces histoires. Elles font partie de ma propre histoire. J'ai voulu dire que, en ce qui concerne les anecdotes militaires, je m'inspirais du style de Courteline.
La vidéo est un extrait d'un film tiré d'un de ses ouvrages. Je l'ai proposé simplement à titre documentaire. Courteline n'appréciait ni l'armée ni l'administration, il en donnait une image volontairement négative.
En ce qui me concerne je m'efforce de raconter mes histoires de façon plaisante mais je ne déforme pas les faits.
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