Retraite Active

[lefebvre]

Que cela va etre long…..


le 13 novembre 2011 18H45| par
Jacques Attali



La pire chose qui pouvait arriver à la France en ce moment est d’etre au début d’une campagne présidentielle et d’avoir un président rééligible. Alors que l’Etat doit prendre des décisions extrêmement graves, les élites politiques vont s’entredéchirer pendant six mois sur des programmes chaque jour d’avantage dépassés par une situation en évolution tres rapide.
La Constitution française donne pourtant , et c’est bien ainsi, en principe, tous les pouvoirs au président de la république jusqu’au dernier jour de son mandat. Mais il ne peut l’exercer si le pays, ruiné, doit faire la manche ; si les banques et les compagnies d assurance sont fragilisées; et si les débats publics sont censurés par la menace des agences de notation.
Nous avons donc besoin de tout sauf d’un gouvernement faible dans ce semestre de tous les dangers. Et si nous n’étions pas si près d’élections majeures, il faudrait même décréter une pause dans les débats partisans, reconnaitre partager toutes les vérités et chercher ensemble des solutions.
Or, nous ne le faisons pas : en campagne, chacun critique l’autre, nul ne dit plus que sa vérité ; et les porteurs de mauvaises nouvelles sont considérés comme coupables de ce qu’ils annoncent ou comme de mauvais Français, parce s’ils énoncent des faits insupportables.
Ainsi du débat sur la notation de la dette publique française : oui, la France a, dans les faits, perdu son triple A, personne ne peut le contester .
Et si les agences ne le reconnaissent pas encore c’est sans doute parce qu’elles n’osent pas, pour le moment, influer sur la campagne électorale. En agissant ainsi, elles rendent en fait, une fois de plus, un mauvais service au pays, qui a besoin d’un électrochoc pour agir avant qu’il soit trop tard. Et ceux qui servent mal leur pays ne sont pas ceux qui le disent, sans pour autant s’en réjouir ; mais ceux qui refusent de prendre acte de cette triste réalité et de tout faire pour regagner au plus vite cette meilleure note ; par des économies budgétaires, des impôts nouveaux et surtout par des propositions audacieuses en vue de construire une Europe fédérale, seule voie d’issue positive, et que bien des gens proposent, en France et en Allemagne.
On n’en prend pas le chemin. Et d’ici au mois de mai, bien des événements vont encore se passer. Y compris, si les dirigeants européens continuent de gérer aussi mal la situation, la fin de l’euro et la faillite de la France. Osons le dire : Si on continue comme cela, la campagne présidentielle se jouera dans les derniers jours d’Avril 2012 sur la question : « La France ayant fait défaut, les banques et les compagnies d assurances françaises étant ruinées et l’euro étant condamné à disparaitre , faut-il rallier l’euro fort de l’Allemagne ou l’euro faible de l’Italie ? »
Veut-on vraiment en arriver là ?
En politique, il n’y a pas que des opinions ; il y aussi des faits. Les Français ont besoin de vérité, de pédagogie politique et d’unir leurs efforts pour traverser une crise terrible. La France en a tous les moyens, financiers, économiques et sociaux.
On se prend à rêver , pour y parvenir, à un impossible gouvernement d’union nationale. Ou à une encore moins possible démission du président de la République pour accélérer les échéances. Et on se dit alors que la seule chose qui nous reste, c’est de dire la vérité aussi clairement que possible, comme s’il n’y avait pas de campagne, comme si tous nos efforts devaient etre tendus vers la recherche de la vérité, condition nécessaire de l’action utile.
Pour, au moins, (comme l’écrivait si mystérieusement Karl Marx, dans les derniers mois de sa vie, à la fin de sa critique du programme social-démocrate allemand) « dixit et salvavi animam meam » : en parlant ainsi, au moins, je sauve mon âme.
j@attali.com
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DANIEL

[JONAS18]

Bonjour Daniel,

Tous les économistes sérieux sont d'accord sur ce point. La disparition officielle du triple A français est programmé pour le début de l'année. Le pays empruntera à des taux plus élevés. Les entreprises seront soumises aux mêmes conditions. Avec un crédit plus cher les emplois existants sont menacés et la croissance en berne ne facilitera pas de nouvelles créations. Les perspectives sont d'autant moins brillantes que je ne vois aucun des candidats au remplacement de Nicolas Sarkozy, suffisamment compétent et dépourvu d'ambitions personnelles pour redresser cette situation très compromise. L'an dernier je comptais sur Dominique Stauss-Kahn mais dans l'état actuel de délabrement il conviendrait de faire une pause politique au profit d'une équipe technique. Certains de nos voisins commencent à y penser. L'effet domino redouté se concrétise.
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Vive la vie à la campagne.
Jonas18

[lefebvre]

[jemigeja]

Bonjour à tous les deux.

Je suis d'accord avec Daniel, et c'est bien ce qui m'inquiète.
Il faut trouver un gouvernement qui saura éviter le clientélisme, la démagogie, la facilité.

Mais on va appeler ça un gouvernement de technocrates, qui fera immanquablement l'unanimité de toutes les catégories socioprofessionnelles contre lui, car les solutions seront amères, et les groupes de pression vont se déchainer. Entre les fameux duettistes Yaka & Yfot, tous ceux qui sont contre avant même d'avoir compris la question, les démagogues et autres, on n'a pas fini de rigoler...ou de pleurer, plutôt...
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Ne craignez jamais de vous faire des ennemis ; si vous n'en avez pas, c'est que vous n'avez rien fait.
(Clemenceau)

[JONAS18]

Bonjour à tous,

Pour autant il convient de point oublier que les européens lambda en ont ras la casquette des technocrates de Bruxelles. Les politiques ne disent que leur vérité celle qui les avantage mais le peuple aime entendre ce qui le fait rêver. Raymond Barre et Edouard Balladur ont payé très cher leur exposition de la vérité économique.
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Vive la vie à la campagne.
Jonas18

[jemigeja]

Bonjour

L'Italie vient de se doter d'un gouvernement composé uniquement de techniciens, pas de politique. Les commentateurs se demandent déjà combien de temps il va tenir face aux intérêts immédiats des politiciens locaux. Surtout que le nouveau premier ministre a annoncé des sacrifices.

Pour la france, il suffit de lire les réactions sur le forum d'Orange. Il est déjà démoli avant même sa première mesure. Voir ici.
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Ne craignez jamais de vous faire des ennemis ; si vous n'en avez pas, c'est que vous n'avez rien fait.
(Clemenceau)

[JONAS18]

Bonjour jemigeja,

Les réactions positives sont plus nombreuses que les autres. Mario Monti ne peut guère faire plus mal que son prédécesseur. Un échec serait celui de la dernière chance de sauver l'euro. L'Italie n'a pas le droit d'échouer et nous ne sommes plus assez riches pour l'aider.
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Vive la vie à la campagne.
Jonas18

[lefebvre]

Bonjour à tous

Changer les hommes, sans changer le système qui a mené l'Europe à sa crise actuelle, cela ne sert à rien.
Si dans un premier temps, il pourrait y avoir une reprise des marchés, à terme il est évident que nous allons retomber dans les mêmes travers, donc...il y aura les mêmes résultats!
Aussi bien en Italie qu'en Grèce, voire même dans le restant de l'Europe, je n'ai plus confiance.
Pourquoi, et par quel miracle, ce qui a échoué hier, réussirait-il aujourd'hui, et encore mieux demain ?
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DANIEL

[jemigeja]

Bonjour Daniel

Inversement, si on garde les mêmes hommes et femmes qui ont appliqué des systèmes qui n'ont pas marché, il ne changeront rien. On voit tous les politiques de tous bords préconiser les mêmes recettes qui ont foiré dans le passé. Tu vas dire que je radote, c'est l'âge sans doute, mais les 35 heures, les emplois jeunes, les embauches massives de fonctionnaires sont un exemple. A droite, les exonérations de charges sur les bas salaires et autres.
Le gouvernement actuel commence à changer des choses, en supprimant des niches fiscales par exemple. Alors on peut toujours dire que ce ne sont pas les bonnes, sans doute, mais au moins sous la pression des événements, ça commence à évoluer. Il y a encore du boulot, mais parfois c'est le premier pas qui coûte. Regarde un véhicule lourd, par exemple un train. C'est au départ qu'il a besoin de plus de puissance, puis au fur et à mesure, l'énergie cinétique le fait avancer en consommant de moins en moins d'énergie. Je crois qu'en politique ça peut être pareil, à condition que tout le monde soit conscient qu'il faut avancer dans un sens donné. Là non plus, ce n'est pas gagné...
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Ne craignez jamais de vous faire des ennemis ; si vous n'en avez pas, c'est que vous n'avez rien fait.
(Clemenceau)

[lefebvre]

[jemigeja]

[JONAS18]

Bonjour à vous deux,

Effectivement les indignés posent les bonnes questions mais les spécialistes tardent ou hésitent sur les réponses. Je crois qu'une TVA sociale européenne ainsi que la taxation de toutes les transactions financières seraient un bon préambule à une réforme complète de la fiscalisation. Les incitations par des réductions d'impôts (niches fiscales) ne disparaîtront pas parce qu'elles sont des leviers politiques mais une haute autorité, un conseil de surveillance ou un comité d'évaluation périodique, peu importe le nom, seraient bien utiles. A l'évidence nos instances politiques franchouillardes, trop localisées, sont devenues obsolètes. Nous devons élever notre niveau de jeu pour devenir, enfin, efficaces
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Vive la vie à la campagne.
Jonas18

[lefebvre]

[jemigeja]

Bonjour

Information glanée ce matin : le bon élève de la classe européenne est aussi en difficultés. Hier l'Allemagne qui voulait emprunter six milliards d'euros n'en a trouvé que trois. Les commentateurs disent que c'est plutôt une bonne nouvelle, car ce pays qui refuse le rôle régulateur de la banque centrale européenne que la France et les autres voulaient lui faire jouer, sous prétexte que ce serait favoriser le laxisme et l'inflation, pourrait changer d'avis sur la question. Ce serait énorme. Si la banque européenne garantit la dette, plus de spéculation possible. L'économie peut repartir. La contrepartie étant une modification des traités, pour que les pays s'engagent à une gestion saine. Mais ça risque de prendre beaucoup de temps, chacun des membres devant ratifier la nouvelle version.
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(Clemenceau)

[lefebvre]