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Les gens de l'ombre

 
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lefebvre



Inscrit le: 09 Mai 2007
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MessagePosté le: 03-12-2011 11:05    Sujet du message: Les gens de l'ombre Répondre en citant

Les gens de l'ombre, c'est le titre d'un livre (2000) qui fait état des misères, et des réflexions d'un grand nombre de personnes à qui on ne donne jamais la parole.
Des scènes de vie parfois très tristes, mais toutes les histoires dans ce livre sont réelles.


Les gens de l'ombre

Les comparaisons.


Beaucoup d’hommes politiques intéressés, mettent l’accent, sur les sans-logis les chômeurs, les assistés, les migrants. Pour mieux nous persuader de notre chance, ils discourent à tout va, à grand renfort de publicité. Ils se lancent dans d’incroyables campagnes d’aides aux plus déshérités. Ils avouent, sans honte, connaître mieux que les autres, les problèmes de misères, les besoins légitimes des gens de conditions modestes ?

Il est de bon ton de faire pleurer dans les chaumières et de nous obliger à comparer. Ils ne le disent pas, mais ils nous font comprendre, qu’il ne faut pas se plaindre, il y a plus malheureux que nous.regardez braves gens, regardez combien les autres… à bon entendeur ?

Malgré quelques réserves légitimes, à chaque quête un Français donne toujours, il est généreux. Surtout pour des plus déshérités, c’est pour une bonne cause, alors il donne avec le cœur. Qui est le mieux placé pour comprendre que celui qui se bat tous les jours contre les aléas de la vie ? Cela ne veut pas dire qu’il est prêt, à tout accepter, à avaler toutes les couleuvres.

Il y a toujours eu de la misère profonde, hélas, dans tous les pays du monde et il faut tout faire pour la combattre. Ce qui n’est pas acceptable c’est de diriger l’actualité sur une petite partie de la population. C’est taire les problèmes que rencontre la majorité des gens dans notre pays.

Pour que les détresses soient enfin reconnues, doivent-elles être médiatisées à outrance, étalées au grand jour ? Faut-il défiler dans la rue ? Faut-il clamer sa douleur ?

- Regardez-moi je suis pauvre ! -je ne gagne pas ma vie ! — je suis incapable d’élever et de nourrir mes enfants dans la dignité !

Peut-on envisager de tel propos ?

Non, les gens de l’ombre ne diront rien comme d’habitude. Ils ont leur dignité, leur pudeur. La honte le désespoir c’est toujours muet, caché.

C’est dans la plus profonde solitude qu’ils se heurteront chaque jour à leur misère. Ils continueront dignement à supporter leur fardeau, dans ce monde hostile ou seul l’argent a tous les pouvoirs.

Dans l’esprit de beaucoup la pauvreté ne se trouve que chez les gens sans emploi. On la reconnaît au premier coup d’œil. Vous êtes sales, mal vêtus, vous parlez mal, vous avez réuni les critères obligatoires pour être reconnus dans la catégorie des gens à aider.

Vous êtes habillés proprement, vous avez un langage correct et un emploi. Vous n’avez plus besoin de rien, c’est clair ! Ce n’est pas la peine de venir réclamer ! Tant pis pour vous, si votre emploi ne vous fait pas vivre avec votre famille ! Tant pis pour vous, si la propreté est pour vous une rigueur et si vous avez un langage châtié !

Il viendrait à l’idée de personne de penser que parfois, l’infortune touche aussi des gens habillés proprement, sobrement. Ils donnent cette impression, simplement parce qu’ils sont soigneux. Leurs habits, ils ont eu tant de mal à les acheter « ou on leur a donné ! » Leur langage n’est pas forcément celui des banlieues, celui de la rue ! Aujourd’hui, la plupart d’entre eux ont le B.A.C. ou sont du niveau, parfois, et de plus en plus souvent leur niveau d'études est égal ou supérieur à beaucoup de politiciens.

Posons des questions et suivons la mode, comparons ?

Quel est le nombre de familles dans notre pays vivant en dessous du revenu moyen ?

Combien sont-ils à n’avoir aucune qualification ? (À qui la faute ?)

Pendant combien de temps, encore, va t’ont ignorer et mépriser ces pauvres gens ?

Beaucoup trop de questions sans réponse, si notre société ne réagit pas rapidement, que deviendront nos enfants, nos petits enfants ?

Avec un revenu faible et des enfants, vous vivez toute votre vie dans la misère. Vous pouvez lutter, encore et encore, c’est sans espoir, c’est pour la vie. Vous tombez doucement, mais sûrement dans la plus désolante des aliénations.

Beaucoup de personnes penseront que ce n’est pas si terrible ! Le niveau du revenu moyen en France est élevé, si on le compare à d’autres pays ? D'abord, il y a les statistiques pour le prouver, des recherches sérieuses indiscutables ! Froids implacables les chiffres ont leur dure réalité. Tout dépend de celui qui les présente, qui les manipule ! Tantôt la présentation est faite en pourcentage, tantôt en valeur absolue, suivant la gravité que l’on veut lui donner. Ce qui est important c’est de ne jamais donner tous les éléments !

Dans le calcul du seuil de pauvreté dans notre pays, deux thèses s’affrontent.

La première, en prenant cinquante pour cent des personnes se situant en dessous le seuil du revenu moyen, on obtient trois millions cinq cent mille personnes vivant dans la pauvreté.

La deuxième, en prenant soixante pour cent, on obtient sept millions de personnes

Les études on leur fait dire ce que l’on veut. Si on fait la moyenne des revenus, en prenant le plus faible et le plus fort, on obtient une moyenne élevée.

Pourquoi prendre en compte dans ce calcul, les revenus les plus élevés ? Un pour cent de ces revenus représente dix pour cent des petits revenus ! Alors en prenant, deux, trois ou cinq pour cent on obtient combien ?

En valeur absolue, pas en pourcentage, quel est le total des revenus les plus élevés ?

Quelle est la part réelle de ces revenus dans le calcul de la moyenne ?

Certains revenus ont des sources si nombreuses, si troubles, qu’il est impossible de les contrôler. Ils sont de toute façon, bien au-dessus des déclarations ! Alors comment croire à ces calculs des moyennes, quand les chiffres sont faussés à la source ?

Dans quelles intentions met-on en parallèle les revenus moyens des Français, et les maigres salaires des pays les plus pauvres ?

Pourquoi prendre en référence les revenus des pays les plus riches ?

Cherchent-ils à nous faire croire, que tout va bien, que nous sommes heureux ? Les Français moyens seraient-ils les plus fortunés de la terre ? Si on n’écoutait ces soit disant adversaires de la misère, les pauvres n’auraient aucune raison de se plaindre ?

La vie n’a jamais été aussi belle. Hier on mangeait du pain sec. Aujourd’hui en faisant un peu d’économie, une fois par semaine, on ajoute le fromage. Pour peu qu’ils insistent, demain, avec un peu de chance nous pourrions continuer nos orgies par un bol de riz comme dans les pays asiatiques ? « Gags de très mauvais goûts, et pourtant ? »

Beaucoup de questions sans réponse comme toujours, des débats hélas non médiatisés ! Le but inavoué de ces tours de passe-passe, c’est de cacher la vérité, c’est d’éviter que l’on compare ! Cela pourrait faire réfléchir les salariés, et leur donner des idées de se plaindre ?

Comment peut-on avoir le culot de penser que les gens modestes ne savent pas manier les chiffres ? C’est leur problème majeur, s’il y a une chose qu’ils savent très bien faire c’est tenir les comptes.

En prenant la peine de se pencher sur le sort des gens, on comprend mieux leur dégoût de la politique et des politiciens. Ils vont de moins en moins voter, pourquoi ?

Pour eux cela ne sert à rien ! Que ce soit l’un ou l’autre, qui les représente, cela ne change pas ? Ils restent avec leur misère, sans espoir d’une amélioration, ni pour eux, ni pour leurs enfants.

Pendant la campagne électorale ils ont beaucoup de promesses. Vous allez voir demain ce sera formidable tout ira bien ! Je vais m’occuper de vous ? Vous n’aurez plus de problèmes, on rasera gratis ! Sitôt les résultats des élections connus, ils sont oubliés, comme toujours.

Oubliés non, surtout pas, chaque fois qu’il faut faire payer quelqu’un, c’est toujours à eux qu’on pense.

Peut-on leur en vouloir de ne pas voter ? Peut-on les blâmer ? Ils se sentent abandonnés, isolés incompris, comment ne pas partager leur désarroi ?
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Dernière édition par lefebvre le 04-12-2011 08:35; édité 1 fois
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lefebvre



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MessagePosté le: 04-12-2011 08:33    Sujet du message: Répondre en citant

Les gens de l'ombre

Les élus du peuple.


On pourrait croire que je suis un ennemi inconditionnel des femmes et des hommes qui font de la politique.

Pas du tout, seulement de quelques-uns, les arrivistes sans foi ni loi, prêt à tous les mensonges, à toutes les concessions pour être élus. Il faut reconnaître qu’ils ne représentent qu’une toute petite minorité, comparée à la totalité des élus de notre pays.

La majorité d’entre eux ont un sens du devoir et du sacrifice hors du commun. C’est un véritable sacerdoce d’exercer un mandat d’élu. Ils sont très peu, en pourcentage, à toucher une indemnité correcte pour faire face à leurs obligations. Non seulement ils supportent tous les frais, mais ils passent tout leur temps libre dans l’exercice de leurs responsabilités. Pour ne prendre qu’un exemple, il suffit d’analyser les conditions de vie d’un conseiller municipal d’une petite ville. Entre les réunions du conseil municipal, les réunions de commissions, les déplacements sur le terrain, les rencontres avec les administrés, on arrive à un nombre de km. Et d’heures incroyables. Aucuns frais de déplacement ne sont remboursés. Pour participer dans la journée à une réunion extraordinaire, les conseillers municipaux sont obligés de demander une journée de congé à leur employeur et ils perdent leur salaire. Le pire, non seulement leurs actions bénévoles ne sont pas reconnues, mais en plus, ils se font critiqués par tout le monde.

À chaque fois que quelque chose ne va pas dans la commune, c’est toujours de la faute des élus !

Ils se font juger parfois insulté, on vient les déranger jusqu’à leur domicile.

Mais au moment des élections quand il faut renouveler les listes, bizarrement, il n’y a plus de volontaire.

Plus personne ne veut se présenter prétextant des excuses, tout aussi idiotes, que les réflexions qu’ils faisaient avant. Un élu Conseiller municipal c’est vraiment le sommet de l’abnégation, surtout dans les petites communes. Ils méritent, plus que tout autre, d’être aidés dans leurs mandats. Il est incompréhensible qu’ils ne touchent pas une indemnité de fonction correspondant à leurs frais réels. Dans les petites communes d’une centaine d’habitants bien souvent les élus sont des cultivateurs. Pour entretenir ou faire quelques travaux dans leur commune, ils sont obligés de se servir de leurs propres matériels. Ils ne se font jamais rembourser, ils ne le pourraient pas, de toute façon les caisses sont toujours vides.

Quant aux premiers magistrats des communes, ils ont de plus en plus de responsabilités. Maintenant, pour un rien, on leur fait un procès.

Il suffit qu’une personne tombe dans la rue, à cause d'une piere qui dépasse, pour que l’on accuse le maire. À tel point qu’il n’y a plus de volontaire pour occuper cette fonction. Compte tenu de leurs petites indemnités, des responsabilités très contraignantes qu’ils supportent, on ne peut que les comprendre et les approuver.

Il fallait le dire, il fallait le faire, leur rendre un hommage bien mérité.

Jean Jaurès disait :- le courage c’est de chercher la vérité et de la dire !
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lefebvre



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MessagePosté le: 04-12-2011 08:53    Sujet du message: Répondre en citant

Les gens de l’ombre

Les cités


Beaucoup de monde aujourd’hui parle des cités-dortoirs à la périphérie des grandes villes. Qui se préoccupe réellement des familles qui demeurent dans ces quartiers déshérités et des misères dans lesquelles ces familles vivent ?

Comment font ces familles avec leur maigre revenu pour payer le gaz, l’électricité, l’eau, le chauffage, la taxe d’habitation, les ordures ménagères, les charges et le loyer de ces logements bruyants et sans confort ? Des logements aux cloisons perméables qui amplifient tout ce qui se passe chez les voisins, les rires, les disputes… et le reste. En vingt-quatre heures, vous pouvez compter le nombre de fois où ils vont aux toilettes. À quel moment font-ils le ménage, la cuisine, à l’heure où ils se couchent, et se lèvent ? Le pire c’est dans le silence de la nuit quand les couples se laissent aller dans leurs intimités. Le lendemain matin il faut expliquer aux enfants que la voisine n’avait pas mal ou que maman et papa s’amusaient, pour rire !

Aujourd’hui, la justice se plaint des jeunes des cités qui ne savent pas ce qu’est l’amour librement consenti ? On parle de plus en plus de viols collectifs, d’irresponsabilité, d’immoralité.

À qui la faute, quels exemples donne-t-on à tous ces enfants ? Ce qu’ils vivent chaque jour n’est fait que de violences, d’agressivités et de grossièretés sans retenue ! Même à la sacro-sainte télévision, les animateurs et présentateurs qui ont le plus de succès sont les plus mal polis, les plus incorrects qui soient. Tout cela pour paraître le moins (ringard possible) le plus branché. La mode actuelle c’est de parler d’érotisme en terme le plus vulgaire aux heures de grande écoute. Évidemment, cela passe sur toutes les chaînes de télévision, surtout les plus regardées, mais aussi à la radio. Il faut que tout le monde puisse en profiter au maximum !

Beaucoup de familles vivent en se privant de l’essentiel pour payer leur loyer, d’un montant trop exagéré. Pour payer, ces rappels de charges locatives abusives qui sont toujours à la hausse. Si encore des réparations et l’entretien de ces immeubles étaient réellement exécutés et le confort amélioré, cela serait plus acceptable. Hélas souvent des factures gonflées ne sont pas le reflet des travaux effectués. Elles ne se justifient que par des révisions de fortunes exécutées par des entreprises travaillantes aux moindres coûts. Pour décrocher les marchés d’entretiens de ces immeubles, les entreprises doivent répondre à des appels d’offres toujours à la baisse. Le moins-disant aura une chance d’avoir le chantier, « s’il sait se montrer généreux » envers ceux qui lancent ces appels d’offres ? Ces pratiques obligent les entreprises à bâcler les travaux de maintenances au moindre coût. C’est la seule façon qu’ils ont à leurs dispositions pour gagner leurs vies, pour pouvoir continuer de travailler.

L’objectif pour les bailleurs ce n’est pas de loger les gens avec un peu de confort, c’est de faire des bénéfices importants avec des immeubles construits en dehors des villes. Ces bâtiments inhumains sont baptisés par le grand monde « cages à lapins, ou pigeonniers ». Ils sont très rentables et très pratiques, ils permettent de parquer la misère dans de véritables ghettos en dehors des villes. Loin du regard des riches, car il ne faut surtout pas les faire pleurer et leur donner mauvaise conscience ?

Un jeune des cités m’a dit un jour : nous sommes français à part entière qu’au moment des élections. Pendant ces périodes ont les voient tous défiler chacun leur tour, le député, les conseillers régionaux, les conseillers généraux, le maire, les adjoints etc.etc. Ont doit écouter leurs conneries pendant des heures pour rien, gratos. À la fin vous comprendrez, nous ce qu’ils disent, on s’en fou de toute façon ça n’a jamais servi à rien !

Un jour les parents en ont eu marre de vivre comme ça, avec des voisins ils ont demandé un rendez-vous au responsable des H.L.M., celui-ci ne s’est pas dégonflé, il est venu pour bien montrer qu’il n’avait pas peur. Il a écouté pendant une heure les locataires se plaignant qu’aucun travail n’était entrepris pour améliorer leur confort. Pas très heureux d’entendre tous ces reproches le monsieur là s’est fâché en disant que tout le monde était vraiment de mauvaise foi…Car il venait d’entreprendre dans la cité le remplacement de toutes les boîtes à lettres. Cela représentait un investissement considérable, qui allait pénaliser le budget entretien pendant au moins deux ans ! (Sans commentaire !)

Pour favoriser le remplissage de ces cités-dortoirs, les familles touchent une allocation logement. Cette aide ne sert-elle pas en réalité, à couvrir des hausses de loyer injustifiées ? N’est-elle pas à la source de l’enrichissement de tous les propriétaires de ces immeubles ?

Chaque fois qu’un organisme officiel (quel qu’il soit) distribue des aides, les fonds viennent des taxes, impôts, T.V.A. et autres. De ce fait, les bénéficiaires payent en réalité les aides qu’ils perçoivent. La boucle est refermée les pauvres payent toujours deux fois pour enrichir ceux qui le sont déjà.

Pourquoi ne pas légiférer et imposer des travaux obligatoires, tous les cinq ou dix ans « par tranche de rapport » pour les immeubles locatifs ? Pourquoi ne pas calculer et imposer le montant des loyers, en tenant compte « de la durée de vie réelle » de ces immeubles ? Tout en assurant un revenu raisonnable aux propriétaires, qui profitent déjà d’une hausse importante du prix des constructions.

Certaines de ces habitations ont vu le jour, avec les aides à la reconstruction après la dernière guerre de 39/45. On peut penser, sans le moindre doute, que ces bâtiments sont largement amortis. Qu’ils ont enrichi au cours des années tous les propriétaires sans scrupules et les offices d’HLM. Personne n’a eu le courage de s’attaquer véritablement, à ces problèmes d’entretiens et de mise aux normes. Le confort est resté ce qu’il était à cette époque ? Aucune isolation phonique intérieure entre les logements, pour sa toilette pas de salle de bain, tout juste un petit cabinet avec un lavabo. Un système électrique archaïque, un chauffage toujours en panne et d’un coût de consommation et d’entretien exorbitant, etc., etc. Quant à l’eau chaude, sa facturation est tellement élevée, que les usagés préfèrent chauffer l’eau sur leur cuisinière à gaz. Dans quelques vieux bâtiments, on trouve encore (de moins en moins) des tuyaux en plomb et des gaines techniques isolées avec de l’amiante.

Depuis quelques années les responsables des HLM ont trouvé, une solution pour faire face aux mises aux normes de ces logements. Conscient du travail démesuré que cela représente et surtout du coût des travaux, lesdits offices ont pris la décision de vendre tous les vieux logements. Avec cette solution ils n’ont plus les problèmes de réparations réclamés à grands cris par les locataires. Le deuxième avantage c’est qu’ils font entrer de l’argent frais qui sera destiné à l’achat de terrain pour bâtir de nouveaux logements. Il faut reconnaître que ces offices (aux buts sociaux) se sont vite adaptés au système capitaliste. La gestion, la rentabilité sont devenues plus importantes pour eux que le bien-être des familles les plus humbles !

Quant aux entrées de ces immeubles, soi-disant toujours occupés par des jeunes, allez-y ! Pas un seul de ces ensembles immobiliers n’est doté de toilette publique. Les jeunes enfants (et les autres) n’ont pas toujours le temps (surtout quand ils jouent, tous les parents savent cela) de remonter 4 ou 5 étages, parfois plus, pour aller faire leurs besoins. Alors, ils font là où ils peuvent y compris dans les cages d’escaliers. Les odeurs d’urine (et autres), la crasse, les immondices sont bien sûr de la faute des locataires. Mais que fait-on pour remédier à ces problèmes, rien ? Pas de salle de réunion ouverte dans les rez-de-chaussée, ce qui éviterait les attroupements dans les entrées, surtout l’hiver et les jours de pluie. Pas de mini salle de sport gratuite pour leur permettre de se défouler. Pas de toilette publique en accès libre dans chaque quartier et pas de poubelles collectives au pied des immeubles. Avec ça, les jeunes débrouillez-vous ! Il est vrai qu’ils ne sont pas aimés ces jeunes aux verbes hauts, provocants, qui sont finalement comme tout le monde. Ils n’aiment pas passer pour des imbéciles ! En particulier quand ils s’expliquent avec des adultes qui font semblant de ne pas les comprendre ?

En réalité ils comprennent très bien les adultes, sacrifier un logement au rez-de-chaussée pour les jeunes cela coûterait trop cher ! Un manque à gagner inacceptable, c’est comme les toilettes et les poubelles ? Vous voulez rire aux prix ou ça coûte !

Rien, on ne leur donne rien, aucun projet, aucun moyen pour vivre et se divertir « comme eux » ils le souhaiteraient. Aucune solution n’est mise en oeuvre pour leurs permettent de suivre et de respecter une bonne éducation. C’est pourtant cette éducation qui est remise en cause par tout le monde, avec tellement d’insistance. Ces jeunes n’ont aucun encadrement spécialisé rémunéré honnêtement. Ils ont tout juste quelques bénévoles, qui sont parfois écoeurés des injustices développées par ce système d’asservissement !
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lefebvre



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MessagePosté le: 05-12-2011 10:50    Sujet du message: Répondre en citant

Les gens de l’ombre

Et les trente-cinq heures.


Pour les petits ouvriers, il faut parfois beaucoup de courage… (Surtout pour se taire). Pour supporter la mauvaise humeur d’un petit chef, d’un directeur ou d’un patron qui a mal dormi. Oui il faut beaucoup de courage pour accepter les vexations les humiliations. Pas question de se plaindre, de revendiquer, de se révolter, impensable de faire grève c’est prendre trop de risques. Là aussi, les gens préfèrent se cacher dans l’ombre, pour ne pas se faire remarquer. Le plus important, c’est de préserver son emploi, avant tout, et avec n’importe quelles conditions, même si le salaire n’est pas mirobolant.

Avec de telles réactions, ces travailleurs pauvres font le jeu de tous ces despotes des temps modernes. Ils tombent dans ce piège honteux, scandaleux, du chantage à l’emploi. C’est à prendre ou à laisser ? Tu travailles à ce prix, dans ces conditions, ou c’est la porte. Il faut être heureux d’avoir un contrat à durée indéterminé en trente-cinq heures. On trouve de plus en plus des contrats en trente ou vingt heures, ou des contrats en C.D.D..

C’était déjà très difficile de vivre en travaillant quarante heures par semaine avec le S.M.I.G. C’est devenu impossible en travaillant trente-cinq heures. Avec des contrats, où le temps de travail est encore plus limité, et le salaire aussi, c’est encore pire. Ces salariés de misères tombent cruellement dans un abîme sans fond ou tout se transforme en tristesse, en chagrin, en larmes. Dans cette situation pitoyable, il n’y a plus rien qui puisse les aider à redresser la tête, à les obliger à se battre, ils s’enfoncent doucement, dans un désespoir sans fin.

Beaucoup de critiques fusent de partout sur la réduction du temps de travail. C’est une erreur de la gauche, c’est de la faute des syndicats, etc., etc., la litanie habituelle des contestataires de tous bords. Particulièrement des politiques, qui se servent de cette loi pour justifier leur incompétence à résoudre les problèmes auxquels ils doivent faire face.

Les cadres, les agents de maîtrise, sont bien silencieux sur ce sujet. Quelles sont les positions des industries des loisirs, de l’hôtellerie ? Ils étaient, « aussi », contre la cinquième semaine de congés payés pour leur personnel. Aujourd’hui, ils profitent largement de ces nouveaux avantages sociaux.

Pour les premiers, ils cumulent des R.T.T. avec des jours de fête ou des fins de semaine, pour profiter au maximum de leurs loisirs, tant mieux pour eux ! Comment ne pas être heureux de ces conditions de vie, qu’ils n’osaient espérer ?

Pour les autres (l’industrie des loisirs) cela se traduit par une augmentation importante de leur chiffre d’affaires. Les taux d’activité ont une hausse jamais connue à ce jour (et maintenant c’est toute l’année.) Ce n’est pas critiquable, bien au contraire dans la mesure où cela, « doit » créer des emplois il faut applaudir à tout rompre.

En écoutant certains chefs d’entreprises, en France et dans d’autres pays d’Europe, c’était impossible d’appliquer ce nouveau temps de travail. Trop difficile de changer les habitudes, les mentalités, cela aurait coûté beaucoup trop cher, nous ne serions plus compétitifs ! Dans les pays asiatiques, ils travaillent soixante-dix heures, et plus, par semaine sans rien dire ! Avant, avec la loi sur les quarante heures, les horaires étaient déjà trop restrictifs…alors maintenant ?

Les plaintes pour ne pas dire les jérémiades de ces moralisateurs nous feraient presque souffrir si nous n’avions l’habitude de les entendre. Les plus grandes difficultés rencontrées par ces pleureurs, c’est de résoudre les problèmes, sans contrariété, avec un maximum de profits. C’est aussi de faire taire tous ceux qui auraient la mauvaise idée de se mettre à travers de leur route, vaste programme !

Ils n’ont pas encore compris que les temps ont changé, qu’il faut s’adapter. Avec la nouvelle Europe, ce ne sera plus jamais comme avant. Ils seront obligés d’évoluer en respectant leur personnel et les lois ou ils disparaîtront. Il est impossible d’envisager l’avenir, sans la construction d’une Europe sociale et unitaire. Il faut y croire, il faudra en payer le prix !

Dans beaucoup de secteurs d’activités, il est évident qu’il manque de techniciens. Les entreprises ne sont-elles pas coupables de ce manque de formation constaté depuis quelques années ? Ne sont-elles pas responsables de ce manque de considération et de la dépréciation de beaucoup de métiers ? Ce n’est pas à cause des trente-cinq heures, des charges diverses, ou du personnel. Ni à cause des lois, ou de la faute des autres, si ces patrons manquent de main-d'œuvre qualifiée !

C’est à cause de leur peur de diminuer leurs bénéfices ! Pour ces responsables d’entreprises perdre son temps à former des ouvriers, ce n’est pas rentable et cela coûte trop cher !

Ou est-il le temps, où les patrons pleins d’orgueils disaient : cet ouvrier c’est moi qui ai assuré sa formation ?

Ces virtuoses de la main tendue ne pourront pas toujours demander les aides des États et les subventions de la communauté européenne. Il faudra bien un jour, qu’ils retroussent les manches, qu’ils acceptent de faire face à leurs responsabilités. C’est un peu trop commode de faire payer par les autres, ses erreurs, son désir de s’enrichir vite et à bon compte. C’est trop facile de cultiver à outrance les vergers de la fraude impunie et de se goinfrer de ces fruits. La justice a prouvé « quand on la laissait libre d’agir », qu’elle pouvait donner à ces fruits un goût amer. Pourvu que ce nettoyage continue, nous avons bien besoin dans notre pays d’une importante opération mains propres, dans bien des domaines ?

Pour tout le monde, ces vols, ces détournements de toutes natures se traduisent obligatoirement par une augmentation sévère de nos d’impôts. Dans tous les cas, cela correspond à une diminution, voir même une suppression d’un service ou d’une aide essentielle aux gens les plus démunis. Ces fonds, qui sont détournés et ces subventions distribuées sans bon sens à n’importe qui, seront manquantes obligatoirement autre part. L’état, les conseillers régionaux, les conseillers généraux, les mairies pourraient aider un peu plus les secteurs de la santé, de la justice, etc., etc. Arrêtons, la liste serait trop longue, elle donnerait des cauchemars à tous ces mendiants fortunés sans scrupule. Gardons l’espoir que ces profiteurs ne conservent pas trop longtemps ces largesses démesurées et inadmissibles. Un jour qui sait, peut-être ?

Les patrons ont l’habitude de revendiquer, afin d’augmenter leurs bénéfices et rentabiliser au maximum leurs entreprises. En 1968 pendant les accords de Grenelle le CNPF (l’ancien medef) réclamait déjà l’abrogation de la loi sur les quarante heures (j’écris bien en 1968 !). Il considérait qu’il serait souhaitable que la durée maximum légale soit progressivement abaissée. Pour ce syndicat patronal, la loi des quarante heures complique le calcul des amplitudes d’horaires et freine la production. Elle empêche de faire tourner les machines vingt-quatre heures sur vingt-quatre, et sept jours sur sept. En supprimant la loi, l’état éliminerait en même temps toutes ces contraintes. Cela lui donnerait la possibilité de diminuer la masse salariale, de créer des emplois éphémères. Si on lui accordait cette revendication essentielle à la survie des entreprises, il promettait des embauches importantes. (Plus tard, et dans tous les secteurs, on en a remarqué les effets, il y avait encore plus de chômage).

A cette époque (en 1968 !) le problème d’un assouplissement de l’âge de la retraite, en particulier dans le cas de privation d’emploi et d’inaptitude au travail, a été posé par plusieurs syndicats.

Le CNPF avait accepté l’examen de la question ainsi posée !

Aujourd’hui les belles promesses sont envolées. On a remis en cause la retraite à 60 ans, la loi sur les quarante heures n’existe plus, les contrats à durée déterminée et indéterminée sont libres, et chômage a atteint des sommets.

Ce qui est incompréhensible, c’est cette hostilité contre les trente-cinq heures. Il y a de plus en plus de C.D.I. et de C.D.D. en vingt ou en trente heures. Il faudrait savoir, les trente-cinq heures...c’est trop ou pas assez ?

Résultat, les revenus ont baissé et le chômage est à son plus haut niveau. Il est vrai que pour les patrons, il est primordial de maintenir un chômage important chez les ouvriers. Cela les contraint à ne pas revendiquer. Si vous n’êtes pas content, vous pouvez partir ! Ils sont si nombreux à demander du travail !
Qui n’a jamais entendu ces petites phrases ?
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MessagePosté le: 10-12-2011 07:36    Sujet du message: Répondre en citant

Les gens de l’ombre,

Et les banques


La vie d’aujourd’hui, interdit aux gens de l’ombre, ces exclus vivants dans la misère, de garder l’espoir de s’en sortir. Comment le pourraient-ils, à chaque instant ils ont toujours des d’imprévus à payer. Après avoir réglé les factures et charges obligatoires et exigées, ils survivent en réalité, bien plus qu’ils ne vivent. Même parmi ceux qui ont la chance d’avoir un emploi, beaucoup vont travailler avec le ventre vide. À la fin du mois, il ne reste plus rien sur leur compte en banque. Pour les sans emploi, il ne reste que la mendicité auprès des associations. Celles-ci les reçoivent quand elles ont de la trésorerie, quand elles ne sont pas débordées par le nombre, quand elles reçoivent eux aussi des dons.
Pour les uns comme pour les autres il reste le découvert à la banque. Ce service engendre des agios exagérés, ce qui amplifie les déficits et la pauvreté de ces ménages. Être à découvert était impensable dans les années soixante. Aujourd’hui, vous voulez de l’argent c’est facile, les découverts sont proposés, encouragés. Les créanciers exploitent la moindre faille dans le système pour engranger un maximum de bénéfices. Ils spéculent sans scrupules ni remords, sur les exigences de la vie de ces pauvres gens !
(Après avoir fixé un seuil de revenu, ne pourrait-on pas modeler, encadrer ce droit au découvert et fixer le plafond de ces pénalités ?)

Pour appâter un peu plus leurs clients, pour faciliter leurs dépenses, les banques distribuent des cartes bleues avec paiements différés à six semaines. En ajoutant cet avantage à leur découvert, cela représente un gouffre qui leur est impossible à combler. De mois en mois, l’addition devient de plus en plus lourde à supporter. Ils tombent doucement, dans les mailles d’un filet maudit qui étouffe tout espoir de se sortir de leurs difficultés ! C’est un cercle infernal qui pénalisera sévèrement toute leur vie. Ces cartes ne sont valables que deux ans, quand approche la date fatidique de péremption c’est l’enfer ! Est-ce que la banque va renouveler cette carte, malgré les continuels découverts ? Une jeune femme m’a dit…
:-J’ai l’angoisse de la carte bleue, cette terrible maladie récidive tous les deux ans.

En réalité, il ne faut pas se faire trop de souci. Les banques ne tueront pas la poule aux œufs d’or ! Bien au contraire, pour gagner encore un peu plus, souvent elles proposent de racheter les découverts. Il n’est pas rare de découvrir dans les magazines, des publicités très alléchantes…
« Profitez de la baisse des taux, un spécialiste du rachat de crédits peut vous aider ! Vous diminuez le montant de vos mensualités et vous comblez votre découvert, avec nous c’est possible, car notre banque est la moins chère ! Regroupez toutes vos dettes, nous vous aiderons pour rembourser, etc., etc. ! »

Il faut reconnaître que dans quelques cas, c’est une solution, si le montant dû n’est pas très élevé. Mais quand il y a beaucoup plus et qu’on calcule le coût réel de ces opérations, c’est une véritable escroquerie. Les pauvres gens qui tombent dans ce piège remboursent trois à quatre fois la somme du départ. Ils n’ont plus qu’une seule dette, ils n’ont plus qu’un seul remboursement, mais c’est pour dix, quinze, ou vingt ans. Beaucoup d’entre eux, non seulement ne s’en sorte jamais, mais ils continuent de s’endetter. Jusqu’au jour où c’est la déchéance complète, ils sont obligés de se déclarer en faillite personnelle. Il n’y a pas très longtemps ce terme était réservé uniquement pour les entreprises. Aujourd’hui avec un dossier bien préparé, et des circonstances adéquates, tout le monde peut en profiter. Après une étude sérieuse de la situation, une commission reconnaît la faillite et décide de rembourser toutes les dettes.

Essayer d'expliquer, d'analyser, les catastrophes financières de ces pauvres gens c’est humainement impossible !
Certains se font prendre bêtement, éblouis par les miroirs aux alouettes. Ils ont acheté sans compter, sans prévoir, piégés par les publicités. Quelques fois, c’est la perte de leur emploi qui les plonge dans cette galère. Ils se retrouvent du jour au lendemain sans revenu, avec des crédits signés quand tout allait bien. Leur situation se dégrade à une telle vitesse, qu’ils n’ont pas le temps de réaliser. Tant qu’ils touchent leurs indemnités de chômage, ils arrivent à tenir plus ou moins. Du jour où ils ne touchent plus rien, ou presque, le R.S.A. n’étant pas très élevé, c’est la descente aux enfers.

Doit-on les plaindre, doit-on les juger, chacun peut selon son cœur se faire son opinion ? Une chose est certaine, la situation d’endettement de ces pauvres gens remplit les coffres des banques. Celles-ci profitent de la misère sans vergogne, et font le maximum pour que cela dure, dure, dure encore…le plus longtemps possible.
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MessagePosté le: 10-12-2011 09:02    Sujet du message: Répondre en citant

Les gens de l’ombre

L’accession à la propriété.


(Témoignage)
La vie de Jeanne et Roland



Les misères cachées se trouvent partout, mais la plupart des gens bien souvent ne les voient pas ! Trop absorbé, il est vrai, par leurs problèmes personnels. Il faut dire aussi que cette pauvreté n’est pas toujours visible.

Les locataires des immeubles H.L.M., ou autres immeubles, s’émerveillent devant les pavillons de banlieue. Ils envient les propriétaires, installés sur leur terrasse embellie de quelques fleurs. Ils sont loin de se douter que derrière cette image de bonheur se cachent parfois de véritables drames. C’est toute une séquelle de sacrifices, que les familles endurent pour arriver à ce semblant de bien-être et de liberté.

Je vais prendre comme exemple l’histoire vraie de Jeanne et Roland.

Jeanne et Roland, se sont mariés à vingt ans, pleins d’amour et d’espérances. Ils n’avaient pas le moindre centime en poche. Quelques jours avant leur mariage, Roland venait de toucher son salaire de la quinzaine. C’était là leur seule fortune ! On ne peut pas dire qu’ils commençaient dans la vie dans l’opulence. Ils vivaient des instants tellement merveilleux, qu’ils n’ont même pas parlés de ce problème. Ne dit-on pas que l’amour rend aveugle ? Faute de moyens, ils se sont mis à la recherche d’un logement meublé, pour abriter leur bonheur. Un appartement ce n’était pas pensable, ils n’auraient pas pu payer la caution, ni s'acheter des meubles pour mettre dedans.

Pourtant, ils ont fait un achat important peu de temps après. Un superbe landau pour bébé, moderne, quand Jeanne retirait le dessus, il se transformait en poussette. Pour le petit lit, Roland a récupéré, chez ses parents, celui qu’il avait quand il était petit. Un bon nettoyage, un coup de peinture, il est redevenu tout neuf.

Le premier enfant c’est toujours le plus beau des bébés du monde, qu’elle fierté quand ils allaient le promener. Au bout de quelques semaines, il fallait prendre une décision. Jeanne reprenait son travail, en mettant son fils en nourrice, ou elle restait à la maison pour l’élever et le nourrir aux seins. Ils n’avaient toujours pas les moindres sous, toujours pas de meubles, que très peu d’habits et encore moins de vaisselle. Mais ils avaient un respect des devoirs de la famille qui était sans limites. Jeanne démissionna et resta chez elle pour élever son enfant. Avec un seul salaire, cela devenait difficile, mais l’amour est plus fort que tout. Il fait oublier la pauvreté, les misères, les sacrifices, et...que ne ferait-on pas pour son enfant ?

Un an après, ils ont trouvé un petit logement de deux pièces. Avec quelques économies que Roland avait fait en allant travailler le soir, le samedi, et parfois même le dimanche, ils ont réussi à le meubler sommairement. Vraiment le minimum, un sommier sur pied et une petite salle à manger en plaqué, imitation chêne claire. Quand il a fallu ajouter un deuxième petit lit, il ne leur restait vraiment plus beaucoup de place. Ce fut encore un garçon, Roland était très heureux, Jeanne bien sûr aurait préféré une fille. Ainsi va la vie on ne choisit pas.

Ils vivaient toujours dans les mêmes conditions, quand quatre ans plus tard s’annonça la venue d’un autre bébé, ce fut une petite fille. Le petit logement de deux pièces ce n’était plus possible. Après avoir fait une demande, la mairie leur accorda un logement de cinq pièces. C’était très grand, pour meubler ils ont été obligés de faire des crédits. Doucement, sans s’en rendre compte, ils venaient de rentrer dans le monde cruel de la consommation. Un crédit pour ceci, un crédit pour cela, sitôt finit, on en reprend, un autre. C’est une automobile pour emmener les enfants à la plage, ou à la campagne, le dimanche. C’est la télé pour les tenir tranquilles, surtout l’hiver. Il faut bien acheter des meubles, une chambre à coucher, une salle à manger, un salon. Il y a aussi les indispensables, comme un lave-linge (surtout avec cinq personnes à la maison). Pour la cuisine il faut aussi une cuisinière à gaz, un réfrigérateur, etc., etc. Il y a toujours des besoins, ou des envies, qui sont plus fortes que la raison. Des obligations qui vous plongent constamment dans un peu plus de sacrifices.

Finalement d’achat en achat, d’année en année une famille vie constamment avec des crédits. Avec trois enfants, la nourriture, les habits, le loyer, les charges, le remboursement des crédits, les assurances, etc., etc., la vie devient de plus en plus difficile.

Ce qui tracassait le plus, Jeanne et Roland c’était de payer un loyer. C’était de l’argent perdu, finalement ils payaient pour rien. Si encore c’était pour eux, ce ne serait pas pareil ? L’idée est venue comme ça, en s’imposant naturellement. Acheter une maison ou faire construire, ce serait des sacrifices en plus, mais ils deviendraient propriétaires. Ils seraient chez eux, enfin. Là au moins au bout de quinze à vingt ans, ils leurs resteraient quelque chose pour leurs vieux jours. Évidemment pour les crédits de cette importance, un seul salaire, ça ne suffit pas. Comme les enfants ont grandi, maintenant ils se débrouillent seuls. Ils ont moins besoin de leur maman. Jeanne pouvait retravailler (à cette époque-là, c’était encore facile). Après une période d’économie sévère, ils ont contacté les constructeurs de pavillons.

Pour le terrain, ce qui les a décidés c’est la proximité avec les écoles. Il était très coûteux, mais pas très éloigné de leur travail, ce qui limitait les frais de déplacement. Pour ce premier emprunt, cela n’a pas posé de problème, ils n’avaient plus d’autre crédit. Pour la maison, ils n’ont pas eu à réfléchir longtemps. En tenant compte de leurs ressources, et de leurs économies, ils ne pouvaient se décider que pour un type de construction le moins onéreux. Ils se sont fixés sur un modèle de plain-pied. (Avec sous-sol c’était vraiment trop cher). Un type cinq ou un type six, ils ont hésité ? Pas très longtemps, comme d’habitude ils ont opté pour que leurs enfants aient le maximum de confort, avec chacun leur chambre. Ce fut donc un type six, dans le modèle le plus simple. On leur a accordé ce deuxième emprunt de justesse, car ils avaient déjà le crédit pour le terrain.

Quand tous les papiers pour les crédits ont été signés, Roland s’est posé beaucoup de questions. Avec Jeanne, ils venaient de s’endetter pour dix-huit ans. Même avec leurs deux salaires, quand il faisait ses comptes, il ne voyait pas comment il allait s’en sortir. Ce n’était hélas, que le début de ses problèmes.

Enfin, la construction a commencé, il a ressenti un soulagement. Il était fier, il allait enfin réaliser son rêve et devenir propriétaire. Évidemment, il y avait bien encore quelques détails à résoudre, mais le plus dur était passé. Le pauvre homme était loin de se douter, de ce qu’il l’attendait ?

En réalité, les difficultés sont devenues brutalement insurmontables. Sur le contrat signé avec le constructeur figurait une maison avec chauffage au fuel. Seulement voilà, ledit contrat, ne prévoyait pas la cuve et la pompe pour amener le fuel à la chaudière. Il prévoyait aussi un garage attenant, mais pas la porte pour le fermer. Les différents blanchement, non plus, n’étaient pas prévus. Le branchement de l’électricité, le tout-à-l'égout, l’eau, le gaz, tous ces imprévus sont venus se rajouter à la facture finale. Trop c’était beaucoup trop, impossible de payer de telles sommes. Si on l’avait prévenu avant, il aurait pu faire augmenter légèrement la demande de crédit ! Sur la durée, il n’y aurait pas eu une grosse incidence.

« Pourquoi ne pas rendre « obligatoire» un forfait de construction, tout compris, clefs en main ? Ce serait plus honnête, malheureusement encore aujourd’hui ces malveillances sont toujours pratiquées ! »

Il ne leurs restaient plus qu’une solution, trouver un crédit complémentaire. D’autant plus qu’une foi dans la maison, ils prévoyaient d’autres achats indispensables. Les organismes de crédit ont dit non tout de suite, compte tenu de ce qui était déjà signé. La banque aussi a refusé, d’après eux les dossiers en cours étaient trop importants compte tenu de leurs revenus. Cela devenait tellement insupportable qu’ils n’en dormaient plus.

La solution est venue de l’entreprise où travaillait Roland. On lui accordait un prêt sur dix ans, suffisant pour régler ses problèmes, sous réserve de fournir les factures correspondantes aux travaux. Sauvés, ils étaient sauvés, ils allaient enfin pouvoir terminer leur maison.

Ensuite, ils ont emménagé rapidement, pour ne pas avoir à payer un loyer, plus les premiers remboursements de leurs emprunts.

Le premier jour, toute la famille était euphorique. La joie d’être dans leur maison avec chacun sa chambre faisait oublier provisoirement toutes les privations. Le lendemain les enfants ont voulu regarder la télévision. Impossible il n’y avait pas d’antenne, cela non plus n’était pas prévu. Ça été le premier achat, on n’allait tout de même pas commencer par priver les enfants.

Après ce fut une succession de dépenses, prévues et imprévues, qui sont venues handicaper et ternir leur enthousiasme du début. Il y a eu l’achat des luminaires, des rideaux, des doubles rideaux (avec les tringles bien sûr). L’achat de petits meubles, l’aménagement des placards, etc., etc., une multitude de frais difficile à supporter !

Pour finir la décoration intérieure, ils ont pris la décision de mettre de la faïence, dans la cuisine, dans la salle de bain (ce n’était pas prévu non plus). Quand on fait construire (avec des petits moyens) on fait au moins cher. Les revêtements de sol, bien souvent, sont choisis dans les premiers prix. Mais les dalles plastiques jaunissent très vite, et sont d’un entretien difficile. Finalement, Roland et Jeanne ont pris la décision de mettre du carrelage dans l’entrée et le couloir, dans la cuisine et la salle de bain. Dans les chambres ils ont mis de la moquette c’était plus chaud.

Ils ont aussi, aménagé les extérieurs. Le plus onéreux, ce sont les clôtures, le grillage, les piquets, le fil de fer, etc. C’est la façade qui a été la plus onéreuse avec les piliers, les portes et les grilles en fer forgé.

Quant au terrain, ils ne pouvaient pas le laisser nu. Ils ont acheté quelques arbres fruitiers, des buissons à fleurs, quelques fleurs aussi pour donner un peu gaîté. Ensuite ils ont passé au gazon, c’est avec les années une dépense très importante ! Une foi qu’il est semé, on doit l’arroser régulièrement si on veut qu’il pousse et reste vert. Le prix du mètre cube d’eau n’est pas donné ! Il faut mettre de l’engrais et le traiter régulièrement contre les mousses et les mauvaises herbes. Mais le plus onéreux c’est évidemment la tondeuse, sa durée de vie est hélas très courte. Suivant la surface à tondre, la marque et l’entretien, c’est rare qu’elle dépasse huit à dix ans.

C’est toujours pendant les premières années d’installations dans un pavillon, que l’on tombe en panne avec un appareil ménager. Pire encore, quand il faut changer d’automobile. Quand on s’engage, pour quinze ou vingt ans de crédit dans l’achat d’une maison, personne ne pense aux autres dépenses !

Ce ne sont pas des dépenses superflues ! Pendant les années de crédit qui couvrent l’accession à la propriété, il est obligatoire de changer deux à trois fois d’automobile (suivant les distances à parcourir ?) Deux à trois fois de lave-linge, de cuisinière à gaz, de congélateur, il faut ajouter les aspirateurs, fers à repasser, fours micro-ondes, etc., etc. Au bout de quatre à cinq ans, six au maximum, il faut changer les papiers peints, et refaire les peintures qui commencent à jaunir. Si on veut vivre dans la propreté, il faut régulièrement refaire toutes les pièces de la maison.

Entretenir constamment sa maison, son terrain, ce n’est peut-être pas une priorité majeure ? Mais si l'on ne le fait pas, tout se dégrade à une vitesse insoupçonnable. Quand on emménage, tout est beau, on vit dans une maison neuve. Si l’on ne l’entretient pas, quand on a fini de la payer on vit dans un taudis, et, elle a perdu toute sa valeur immobilière.

Dans toutes ces réflexions financières, il ne faut pas oublier les études des enfants qui prennent la première place ? Leurs études, mais aussi leurs bonheurs, comment pourrait-il en être autrement ?

Roland savait tout ça, mais il était loin de se douter que pour devenir propriétaire cela demandait autant de sacrifices. Ce n’est pas quinze à vingt ans de galère, de misères et de privations que l’on s’impose. C’est toute sa vie que l’on doit entretenir une maison. Ces moments souvent très pénibles il faut les imposer aussi à toute sa famille. Les enfants souhaiteraient peut-être une autre vie ? Évidemment un jour où l’autre ce sera pour eux, ils en hériteront, mais est-ce que cela compensera toutes ces années de sacrifices ?

Aujourd’hui, Roland et Jeanne ont soixante-dix ans et ils continuent toujours d’entretenir leur maison. Ce ne sont plus des gros travaux bien sûr, mais quand on touche une petite retraite ? En faisant des économies, de temps en temps ils arrivent à faire un voyage. Ils ont une vie tranquille, paisible, sans envie démesurée, ils ne le pourraient pas ! De toute façon, ils se sont tellement privés toutes leurs vies, qu’ils n’en ont même pas l’idée.
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MessagePosté le: 12-12-2011 08:31    Sujet du message: Répondre en citant

Les gens de l’ombre

(Témoignage)


La vie de Fernande,

Dans les campagnes aussi, il y a de plus en plus de misères cachées. Elles sont très difficiles à déceler, elles se cachent derrière les murs des maisons anciennes, dans les vieilles fermes. Je ne suis pas certain que les personnes âgées, à la campagne, soient les plus nombreuses à souffrir de la pauvreté, mais il y en a beaucoup, beaucoup.

Impossible de raconter la vie de Fernande avec beaucoup de détails, elle est pudique Fernande et ne parle pas beaucoup. Comme tous les gens de la campagne, elle a appris à se taire dès son plus jeune âge ! Le plus loin qu’elle se souvienne c’est quand elle avait cinq ou six ans. Des moments tellement durs, qu’ils sont restés gravés dans sa mémoire. Elle était pourtant très jeune, mais elle entend encore aujourd’hui, la voix sévère de son père qui résonne dans ses oreilles.
:-On ne parle pas à table, mange ta soupe.
:- Demain, tu aideras ta mère pour la traite, après tu t’occuperas des poules.
:-Tu ne vas tout de même pas croire qu’on va te nourrir gratuitement.
:- Il va falloir travailler ma petite autrement gare à toi !
:- Te laver pourquoi faire, nous les paysans on n’est pas sale, la terre c’est propre, c’est elle qui nous nourrit.
Plus tard elle a eu droit à d’autres réflexions, encore plus injustes. En grandissant, elle comprenait mieux, ses désirs s’affirmaient et devenaient plus nombreux. Mais son père lui ne changeait pas, il n’y a que ses ordres et les réflexions qui se modifiaient.
:- maintenant que tu as dix ans tu ne vas pas traîner à l’école. Pour faire ce que t’auras à faire, t’en sais bien assez ! Plus tard quand tu seras mariée tu feras bien ce que tu voudras. Pour le moment t’as qu’à faire ce qu’on te dit. Te donner des sous, et pi quoi encore, j’en ais jamais donné à ta mère. De toute façon, t’as besoin de rien, alors, tu peux toujours attendre ! T’as qu’à me demander en plus de te payer comme un ouvrier !

Elle supportait courbant l’échine, écrasée sous des travaux de plus en plus pénibles. En conduisant les bêtes, il lui arrivait de rêver au prince charmant, qui la sortirait de cet enfer. Elle le voyait beau, grand, fort, pour qu’il tienne tête à son père. Comme ça je serais tranquille pensait-elle, je pourrais me reposer un peu. Tous les soirs elle priait, pour la réalisation de ce rêve, impossible !

Un soir, son père lui apporta un cadeau, une belle robe, la même qu’elle avait vu dans le catalogue. C’était la première fois, le doute l’envahit aussitôt, il était trop gentil ça cachait quelque chose. La réponse à ses craintes ne sait pas fait attendre. En prenant son ton le plus câlin il lui demanda…

Dimanche tu mettras ta belle robe, tu te feras belle, ta mère te donnera de l’eau de Cologne pour que tu sentes bon. J’ai invité le voisin avec son fils, il m’a fait savoir qu’il avait quelque chose à me demander. Je doute que ça te concerne, et ma foi, je crois bien que ça me plairait. J’espère que tu seras gentille une occasion pareille ça ne se loupe pas. C’est qu’il a des terres le bougre, et plus que moi, ça serait une bonne affaire. De toute façon t’as rien à dire, tu feras ce que je te dis, c’est pour ton bien. Plus tard tu me diras merci, quand tu seras la patronne de leur grande ferme.

Elle avait rêvé que cela se passerait autrement. Mais finalement le fils du voisin, elle le connaissait, il avait l’air gentil. Le principal c’était de quitter son père et sa dureté. Sans trop réfléchir, elle a dit oui, persuadée d’échapper à ce qu’elle pense être son enfer. Ce n’était hélas, que le début d’une vie de servante, aux ordres de ses nouveaux maîtres.

Le jour de son mariage, elle s’est installée chez son mari, enfin c’est ce qu’elle croyait ? Le lendemain matin, à cinq heures, quand sa belle mère est venue la sortir du lit, elle a tout de suite compris. Elle avait quitté un enfer, pour retomber dans un autre. Avant avec son père elle avait un seul maître, maintenant elle en avait trois. Son beau-père sa belle-mère et son mari, lui il n’avait le droit à la parole que pour transmettre les ordres de son père.

Pendant toute sa vie, Fernande a connu l’esclavage. Elle se levait tous les matins à cinq heures et se couchait tous les soirs à vingt-deux heures. Au début, elle était commandée par ses beaux-parents, à leurs décès, c’est son mari qui a pris le relais. Elle faisait tous les travaux de la ferme, cela économisait le salaire d’un saisonnier.

À soixante-cinq ans, quand son mari est décédé, elle n’a pas compris ce que la secrétaire de mairie lui expliquait ? Il fallait qu’elle demande sa retraite, elle ne savait pas ce que c’était, ni ou s’adresser. La secrétaire de mairie, comprenant la situation, c’est chargé des démarches. La difficulté a été de faire comprendre à la pauvre Fernande qu’elle n’avait droit à rien puisqu’elle n’avait jamais cotisé. Elle toucherait juste un minimum vieillesse, trois fois rien, qui lui suffirait à peine pour vivre. Son mari eh bien non, il ne lui avait rien laissé, sur le compte en banque il ne restait pratiquement rien. Sa ferme, qui avec le temps et le manque d’entretien, était devenue presque une ruine, ne valait plus rien non plus. Quant aux terres, Fernande comprenait encore moins. Il paraît qu’après le remembrement, les cinq hectares qu’elle possédait avaient changé de place. Ils se trouvaient maintenant dans les hauts, et ça ne valait pas grand-chose ! Pourtant quand elle s’était mariée son père lui avait dit :- cinq hectares c’est important c’est plus que moi !

Aujourd’hui c’est son anniversaire à Fernande, quatre-vingt-cinq ans. Depuis qu’elle est en retraite, la vie pour elle n’a pas changé ? Elle continue de faire son potager et d’élever ses quelques poules. Ses cinq hectares de terres, son mari les avait mis en location. La secrétaire de mairie lui a dit que cela payait les impôts. Elle ne comprend toujours pas Fernande quand on lui parle de misère, elle répond…

- c’est quoi la misère au juste, moi je voudrais ben qu’on m’explique ?
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MessagePosté le: 13-12-2011 08:08    Sujet du message: Répondre en citant


Les gens de l’ombre

Témoignage

La vie de Marc.




Il a vingt-six ans Marc, et à son grand regret il vit seul. C’est un choix personnel il estime que sa situation, en ce moment ne lui permet pas de fonder une famille. Quelques fois au hasard d’une rencontre il a bien une petite copine, mais ça ne dure jamais très longtemps, rien de sérieux, rien qui puisse changer sa vie.
Vivre ce n’est peut-être pas le verbe qui lui convient ! Disons qu’il survit tant bien que mal, au jour le jour. Il va de petit boulot en petit boulot, de contrat à durée déterminée en coup de main non déclaré. Il sait qu’il ne devrait pas accepter ce genre de travail non couvert par les assurances. Mais il faut se nourrir, même un casse-croûte il n’a pas toujours le moyen de se l’offrir. Alors quand il peut faire un travail, payé de la main à la main, il n’hésite pas. Cela lui permet, de temps en temps, de faire un vrai repas, de temps en temps oui, mais c’est plutôt rare ! Marc à l’habitude de proposer ses services pour faire de la peinture, poser des papiers peints, tondre des pelouses ou tailler des haies, c’est devenu un vrai spécialiste. Même non déclaré c’est très difficile de trouver ce genre de travail, il y a tellement de jeunes qui sont comme lui, à la recherche d’un emploi, à la recherche d’un petit boulot ! Des jeunes perdus qui courent de pôle emploi, aux entreprises de travail temporaire, et qui perdent leur temps à écrire dans les entreprises en sachant très bien qu’ils n’auront jamais de réponse.

Pour Marc le plus difficile c’est de payer le loyer exorbitant, de cette petite mansarde sans confort au dernier étage de ce bâtiment ancien. Son propriétaire ne lui fait pas de cadeau, soit il paye ou c’est la rue. Un loyer, non, ce n’est pas un loyer c’est une véritable escroquerie. Une pièce de neuf mètres carrés, sans eau, sans isolation, comme fenêtre juste un vasistas de toit, et pour les toilettes il faut descendre trois étages. Un montant aussi élevé, pour si peu de place, sans aucune commodité, c’est du vol. Depuis son premier mois de location, Marc demande une quittance. Son logeur lui dit toujours c’est impossible, Marc sait qu’il n’en aura jamais, persuadé que cette location n’est pas déclarée. Son propriétaire, comme beaucoup d’autres, profite de la misère des jeunes pour s’en mettre plein les poches. C’est vrai que Marc ne sait plus très bien ce qu’il doit faire. Son propriétaire lui a signifié clairement qu’il l’hébergeait provisoirement, en attendant qu’il trouve autre chose. Il n’y a donc pas d’engagement de location proprement dit. Si cet arrangement ne lui convient pas, il peut partir, ce ne sont pas les demandes qui manquent ! Faute de mieux, Marc est bien obligé de rester. Il n’a pas d’emploi fixe avec un salaire régulier. Donc aucune possibilité de faire une demande pour un studio dans une H.L.M.. Quant il aura un travail fixe et des bulletins de salaire il pourra faire toutes les demandes qu’il veut, mais en attendant, il est bien obligé de rester là ! Tous les jours il fait sa toilette dans une cuvette posée sur une véritable pierre à eau des années trente, en allant chercher l’eau à l’étage du dessous. Pour faire chauffer son café, et, rarement un peu de cuisine, il se sert d’un réchaud de camping. Une petite table, deux chaises, un radiateur électrique dont il se sert peu, faute de pouvoir payer les factures d’électricité. Un sommier sur pieds, quelques caisses empilées qui lui servent de placard fourre-tout, c’est là toute la richesse de Marc.

En vérité Marc est riche, riche de sa jeunesse, riche de son désir de vivre. Riche de son irrésistible envie de se sortir de cette misère qui lui colle à la peau. Riche de rêves qu’un jour il concrétisera. Riche d’espoirs et de certitudes qui l’aident à traverser cette période de sa vie pleine de souffrances et de privations. Il est persuadé qu’un jour il trouvera un travail, comme tout le monde. Il rencontrera une jolie jeune femme à qui il plaira et qui lui plaira. Ils se marieront et ils auront deux enfants, un garçon et une fille. Ils auront une belle maison, de beaux meubles, une belle voiture. Souvent ils partiront en vacances, l’été à la mer, l’hiver à la montagne pour faire du ski. Une belle vie, une vie normale, Marc sait, qu’il arrivera à exaucer ses rêves il a tout fait pour cela, il continue d’espérer, il continue de se battre !

Quant il était petit, ses parents lui disaient : il faut bien travailler à l’école ! Plus tu auras de diplômes, plus tu auras de chance de réussir dans la vie ! Alors, il a travaillé Marc, jour et nuit, pendant des jours, pendant des années. Aujourd’hui il a un BAC plus sept, plus une thèse, plus une licence, plus, plus, plus…Il a tellement l’habitude d’étudier qu’il continue chez lui tous les le soir. Sauf que maintenant, il ne sait plus très bien pourquoi il étudie, pour en arriver où, pour faire quoi ? Les diplômes il les collectionne, bientôt j’en aurais assez pour tapisser ma chambre dit-il. Mais il a promis à ses parents qu’il ferait le maximum, alors pour lui, mais surtout pour eux, il continue.

Sa promesse il la tiendra d’autant plus, qu’après le décès de ses parents, il a appris par la banque, que son père s’était endetté pour payer ses études. Pauvre Marc les quelques économies, qu’il avait à cette époque, lui ont servi à solder le compte. Il doit réussir, pour que leurs sacrifices ne soient pas inutiles. Il s’en fait un point d’honneur. Marc ne veut pas se servir de cette expression, un point d’honneur, car aujourd’hui ces mots pour lui ne veulent plus rien dire. On lui a tellement menti, fait tant et tant de promesses qu’il ne croit plus à l’honneur d’une parole donnée. Il préfère dire, c’est un devoir de mémoire !

Quant il a le cafard, il fait un tour en ville pour retrouver ses amis. Eux aussi, ils ont les mêmes difficultés que Marc. Malgré des années d’études, des diplômes à ne plus savoir qu’en faire, ils sont tous sans emplois. Alors parfois, ils se réunissent à la terrasse d’une brasserie, devant un café ou une bière. Chacun paye sa consommation, car ils n’ont pas les moyens de payer une tournée générale. Assis là, pendant des heures, ils parlent de leurs problèmes, de leurs espoirs, de leurs rêves, de leurs petites amies. Ils échangent des adresses ou éventuellement ils pourraient trouver un petit boulot. Ils parlent de politique nationale, internationale. Ils refont le monde à leur image, tel qu’ils le souhaiteraient. Hélas, après quelques heures de discussions, parfois animées, ils sont tous d’accord pour dire que c’est la galère. Finalement, à quoi bon faire des études, passer des examens, avoir des diplômes, si c’est pour en arriver là ?

Pour conclure rudement et définitivement cette analyse, le garçon de café rappelle qu’ils n’ont pas consommé depuis trois heures. Il a besoin des tables pour d’autres clients, qui eux… ont les moyens de payer.

Par cette simple petite phrase, le garçon de café vient de résumer cette situation scandaleuse dans laquelle ils se débattent. Dans la vie, il y a ceux qui peuvent payer et qui ont tous les droits. Il y a les autres qui sont sans emploi, sans moyens financiers, eux, ils ont peu de choses à faire, sinon se taire et ramper.

Marc ne comprend pas, il est scandalisé, comment cet homme sans instruction peut-il avoir autant d’autorité. Il n’a aucun diplôme tout juste s’il s’exprime correctement et il est là à lui donné un ordre. Un garçon de café vient de lui rappeler durement, ses conditions de vie lamentables dans lesquelles il se débat. À quoi bon tous ses sacrifices, si c’est pour vivre de telles vexations. Il aurait mieux fait d’apprendre la maçonnerie ou électricien ou n’importe quel autre métier manuel. Là au moins il aurait plus de facilités pour trouver du travail. Dans ces emplois les salaires ne sont pas très élevés et les conditions de travail ne sont pas terribles, mais c’est tout de même mieux que rien.

Après cette confrontation implacable avec la dure réalité de sa vie et après cet affront qu’il venait de ressentir, Marc est rentré chez lui dans cet ancien grenier, cette mansarde transformée en chambre de bonne. Il avait tout juste passé la porte que rapidement ses yeux ont fait le tour de cette pièce sans âme, sans chaleur. Il regardait son univers triste, sur la table son repas du soir composé d’un morceau de pain et d’une boîte de pâté de campagne. L’angoisse l’a pris comme ça, cruellement, il a ressenti une boule qui lui montait dans la gorge. Il a lutté tant qu’il a pu, il a serré les poings, il s’est mordu les lèvres et dans sa tête il se répétait non, non, non. Un homme ne pleure pas disait son père, mais là, cela faisait trop longtemps qu’il supportait les coups. Il s’est effondré sur son lit complètement vidé, désabusé, Marc craquait pour la première fois. Malgré ses efforts et sa volonté sans faille jusqu’à ce jour, rien n’a pu arrêter ce torrent qu’il retenait en lui depuis des années. Il a pleuré longtemps, très longtemps, se libérant de toutes ses angoisses ses souffrances, ses privations. À la nuit tombée il s’est enfin calmé, honteux, mais soulagé de ce qu’il venait de vivre et ressentir. Doucement, il revenait à la vie en pensant que c’était le Marc d’hier qui venait de se laver de tout son passé, avec cette fontaine de larmes salvatrices. Ce moment pénible qu’il venait de traverser avait favorisé la naissance d’un nouveau Marc. Un homme prêt à aborder sans honte une nouvelle vie peut être une vie de travailleur manuel.

Quelques amis de Marc avaient abandonné leurs études. Ils s’étaient inscrits dans un centre de formation professionnelle accéléré pour adultes. Après avoir passé un examen de fin de stage, ils n’ont pas mis longtemps pour trouver un emploi. Aujourd’hui, ils travaillent tous dans des métiers différents, mais avec un salaire qui leur permet de vivre… enfin ! Deux d’entre eux étaient même sur le point de se marier.

Pouvoir fonder une famille, le rêve de chaque homme, le rêve de Marc, il y a de quoi le faire réfléchir ? Depuis longtemps il y pense, mais à chaque fois il lui revient en mémoire la promesse faite à ces parents. Va le plus loin possible dans tes études tu ne le regretteras pas disait son père. Aujourd’hui Marc se rend bien compte que les temps ont changé. Si son père était encore là, c’est peut-être lui qui lui dirait d’abandonner ses études et de choisir une autre voie.

De jour en jour, cela devient de plus en plus difficile pour Marc de supporter toutes ces privations inutiles. En comparant sa vie à celle de ses amis qui travaillent, il lui est très pénible d’admettre qu’il a mal orienté et mal préparé son avenir.

Il n’est peut-être pas trop tard pour diriger sa vie de façon différente. Allant de réflexions en analyses sur sa situation, il termine sa torture intérieure par une décision qu’il aurait dû prendre depuis longtemps. Cette fois c’est décidé, lui aussi va apprendre un métier manuel. Après tout, il est encore jeune et ce n’est pas les difficultés qui l’impressionnent. Il en a connu d’autres et jusqu’à ce jour il s’en est toujours sorti, alors pourquoi pas ?



La dernière fois que j’ai rencontré Marc, il travaillait comme maçon. Son patron était venu lui proposer du travail alors qu’il n’avait pas encore fini son stage. Maintenant, tout allait « presque bien » pour lui, il avait un petit logement de trois pièces et il mangeait tous les jours à sa faim. Il ne lui restait plus qu’à concrétiser la fin de son rêve.

Il a confiance, maintenant il sait, un jour il rencontrera une jolie jeune femme à qui il plaira et qui lui plaira, ils se marieront, et, ils auront deux enfants un garçon et une fille, et …
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DANIEL
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jemigeja



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MessagePosté le: 13-12-2011 09:49    Sujet du message: Répondre en citant

Bonjour

Ce livre, c'est le tien, n'est-ce pas. Et tu le publies à petites doses.

Sais-tu que maintenant il existe des e-books, des livres électroniques, ou tu peux publier ton bouquin sans frais ? Et même je crois que sur certains sites, tu peux toucher quelques sous s'il est assez lu. Si le sujet t'interesse, je peux t'aider à trouver les sites en question.

Je sais parce que je viens d'acheter la liseuse électronique de la FNAC, et j'ai déjà trouvé des sites où télécharger des livres gratuitement, soit de vieux auteurs tombés dans le domaine public, soit de jeunes cherchant à se faire connaitre.
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lefebvre



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MessagePosté le: 13-12-2011 17:13    Sujet du message: Répondre en citant

Bonsoir Jeanmi
jemigeja a écrit:
Bonjour
Ce livre, c'est le tien, n'est-ce pas. Et tu le publies à petites doses.


Il m'arrive souvent de le reprendre, de changer quelques mots, quelques expressions. Cela me passe le temps, et comme j'aime écrire !
J'édite ici quelques chapitres au hasard, sans ordre précis, en me disant qu'il y aurait peut-être quelques lecteurs, comme ça je n'aurai pas écrit pour rien.


[quote]Sais-tu que maintenant il existe des e-books, des livres électroniques, ou tu peux publier ton bouquin sans frais ? Et même je crois que sur certains sites, tu peux toucher quelques sous s'il est assez lu. Si le sujet t'interesse, je peux t'aider à trouver les sites en question.[quote]

J'avoue que je n'ai jamais pensé à cela, j'ai écrit pour le plaisir, pour témoigner aussi, mais je ne pense pas que cela intéresserait beaucoup de lecteurs.
Merci de ton aide, si tu crois que...je ne dis pas non, mais je serais très étonné.
Crying or Very sad

Citation:
Je sais parce que je viens d'acheter la liseuse électronique de la FNAC, et j'ai déjà trouvé des sites où télécharger des livres gratuitement, soit de vieux auteurs tombés dans le domaine public, soit de jeunes cherchant à se faire connaitre.

Jeune auteur, jeune auteur, tout est relatif, mais tu penses à qui en écrivant cela...à moi j'espère !
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jemigeja



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MessagePosté le: 14-12-2011 17:32    Sujet du message: Répondre en citant

Bonjour

Je pense que ce que tu cherches, c'est la diffusion gratuite. si des droits arrivent, tant mieux, mais l'idéal c'est que ça ne coûte rien au début.

Une petite recherche m'a permis de trouver des tas de sites, mais je ne sais pas si certains sont meilleurs que d'autres.

j'ai trouvé :

http://www.leseditionsdunet.com/index.php

http://www.thebookedition.com/index.php

http://www.jelivremonhistoire.com/publier-livre-en-ligne.htm

http://www.editergratuit.com/

http://www.lesitemalin.com/loisirs/livres/lulu-com.htm

http://www.edition999.info/Publier-Gratuitement-sur-le-site.html

http://www.inlibroveritas.net/publier.php

Voila pour un premier jet. après, il faut surement lire les petites lignes. Tiens moi au courant.

bien entendu, je prends 10%
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lefebvre



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MessagePosté le: 15-12-2011 07:53    Sujet du message: Répondre en citant

jemigeja a écrit:

bien entendu, je prends 10%


Bonjour et merci Jeanmi pour la recherche,
Pour ta commission, j'ai bien peur que cela se limite à l'idée, je serais très étonné si je touchais quelque chose

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lefebvre



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MessagePosté le: 18-12-2011 06:16    Sujet du message: Répondre en citant

Les gens de l’ombre
Témoignage


La vie de Martine

Martine habite avec son mari et ses trois enfants, dans une ZUP à la périphérie d’une grande ville. Comme toutes les mères qui vivent dans la pauvreté, elle se démène courageusement pour faire vivre sa famille. Faisant face en permanence à des difficultés qui se succèdent les unes après les autres, elle a constamment la peur du lendemain, et parfois il lui arrive de pleurer de découragement. Elle pleure quand elle est seule, en cachette, elle s’effondre dans son désespoir et se laisse aller, en cachette, oui, car les enfants ne doivent pas savoir. Responsable de la gestion du maigre budget familial elle doit se contenter de revenus ridicules, les allocations de chômage de son mari, et de ses allocations familiales.

Il faut chaque mois tout restreindre, tout calculer, tout prévoir, pour maintenir un semblant de vie dans son ménage. Souvent, je la croise dans les hypermarchés faisant ses courses, elle a sa liste et une petite calculette afin de ne pas dépenser plus que prévu. Ce n’est pas la peine de consulter le calendrier il suffit de regarder discrètement dans le chariot quand elle passe en caisse, c’est facile de deviner d’après le nombre et le choix des articles, si l’on est au début, ou à la fin du mois. Au milieu du mois, la sélection est draconienne, Martine hésite constamment pour déterminer les achats prioritaires, et obligatoires pour faire survivre sa famille. Elle prend un article le regarde, elle lit l’étiquette, le prix, puis finalement le repose. En réfléchissant, elle pense qu’elle peut s’en passer, surtout à ce prix là, il vaut mieux remettre ce genre d'achat au mois suivant ! Elle va de rayon en rayon, toujours indécise sur le choix de ses achats, mais c’est en toute conscience qu’elle évite les rayons à tentations. Ce n’est pas la peine de passer dans les rayons du textile, de la lingerie, des chaussures ou de la parfumerie ce n’est vraiment pas le moment ! Finalement quand elle arrive en caisse, le nombre d’articles dans son chariot est bien souvent inférieur à la liste initiale. Elle revient dans son H.L.M. avec des regrets bien sûr, mais aussi avec la conviction d’avoir fait des économies, car elle n’a pas fait de dépense inutile, il n’y a que le strict nécessaire.

Arrive le jour ou le chariot est inutile la visite au grand magasin se fait par habitude, et devient une simple promenade sans but précis. Martine ne recherche qu’un peu de chaleur, un contact humain. Elle se donne l’illusion de pouvoir encore faire des folies avec son porte-monnaie. Elle n’est pas là pour acheter, elle cherche simplement à entretenir quelques illusions chimériques.

Dans la période des fêtes de fin d’année, c’est beaucoup plus pénible, les tentations se multiplient au point de ne plus trouver leurs places dans l’échelle des envies. C’est très difficile de résister à toutes ces montagnes de promotions, ces lumières scintillantes, cette musique de fête et ces animateurs aux verbes provocants
Cela ne l’empêche pas de rêver de temps en temps. Quelques jours avant Noël, Martine se promène toujours dans les grands magasins, dans les hypermarchés, elle flâne lentement en ouvrant ses grands yeux où scintille l’émerveillement. En étant très attentif, on devine derrière l’éclat et la brillance de son regard, les larmes du renoncement. Elle regarde, elle touche, elle rêve devant tous ces jouets qu’elle aimerait offrir à ses enfants. Les jeux électroniques, tous les petits en ont de nos jours, ils savent s’en servir sans jamais avoir appris. Toutes les mamans rêvent d’offrir à leur petite fille une très belle poupée avec de grands cheveux et de très beaux habits. De rêve en rêve, de jouet en jouet, elle se jure qu’un jour elle essaiera d’organiser un magnifique Noël, bientôt, avant que ses enfants ne soient trop grands !

Ce que Martine aimerait pour son Noël c’est une paire de chaussures d’hiver. Pas des chaussures de luxe avec des hauts talons ce n’est pas son genre. Elle aimerait bien des bottines confortables, solides, pour qu‘elles durent plus longtemps. Les siennes étaient tellement éculées qu’elles ont fini à la poubelle, il y a trois ans, déjà. Pour le manteau ça peut attendre, elle a encore celui qu’on lui a donné, il y a… il y a… bref pour le moment ça va.

Pour son mari, elle lui offrirait un pull bien chaud en laine, et aussi un pantalon de velours, et un anorak. Le pauvre Homme ses habits sont tellement usés, c’est tout juste si elle ose les laver de peur qu’ils ne tombent en lambeaux. Des chaussures en cuir aussi, depuis le temps qu’il traîne ses vieux tennis.

Les enfants passeraient en premier bien sûr, pour eux elle achèterait une belle doudoune et une bonne paire de chaussures montantes pour chacun. Un bon pull de laine comme pour leur père, des jeans épais, et des chaussettes en laine bien épaisses aussi, pour qu’ils aient bien chaud aux pieds. Comme ça ils n’auront plus honte devant leurs copains d’école. C’est très important pour les enfants d’être fier. Peut-être aussi qu’ils travailleraient mieux en classe en étant bien habillés, s’ils avaient bien chaud, et s’ils mangeaient plus souvent de la viande. L’hiver est plus froid, plus pénible, avec le ventre vide et vêtu de vieux habits tout élimés !

Continuant ses rêveries dans le rayon de l’alimentation, elle compose dans sa tête les menus des fêtes. Choisissant des produits de luxe qu’elle aimerait savourer avec sa famille. Pas du caviar non, mais des belles tranches de saumon fumé, du foie gras ou des œufs de lump que l’on tartine sur des petits toasts. Comme viande, elle mangerait bien un chapon, depuis le temps qu’elle en entend parler ! Elle ne connaît pas, mais cela doit être bon ils en mangent tous, chez les riches. À moins que les enfants ne préfèrent une dinde ou un gigot. Elle pense aussi à une bouteille de bon vin, du vrai, un Bourgogne ou un Bordeaux ! Pour finir au dessert une bûche au chocolat, en principe tous les enfants aiment cela, alors peut-être que les siens aussi, ils aimeront ? Avec une bouteille de champagne, du brut, après tout pourquoi pas, il n’est pas question de s’enivrer avec son mari non, mais se laisser griser juste ce qu’il faut. Cela serait bon d’oublier quelques instants, leurs conditions de vie !

Le soir devant le frugal repas, Martine a raconté à son mari tous ses rêves pour les fêtes de fin d’année, les jouets, les habits, le chapon, le champagne, la bûche au chocolat. Elle voulait partager, elle voulait que lui aussi profite de ses rêves. Son mari, lui, n’a pas très bien compris pourquoi Martine continuait de délirer avec toujours ses mêmes envies inaccessibles. Enfin, dimanche il ira jouer un tiercé avec son beau-frère au P.M.U. du coin, et il prendra un ticket de millionnaire à gratter, on ne sait jamais, après tout lui aussi il a le droit d’avoir ses rêves.


Ceci n’est pas un roman, c’est un témoignage, une histoire vécue.

Martine en vérité ce n’est pas son nom, elle s’appelle peut-être Danielle, Mireille ou Jeanne. Elle existe, on la croise régulièrement. Pour la trouver c’est facile il faut être attentif et ouvrir les yeux, ouvrir son cœur.

Regarder bien elle est là, déambulant dans les rayons des hypermarchés, avec ses rêves impossibles.

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DANIEL
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