Retraite Active

[Jan Goure]

Goethe a écrit :
"Il faudrait que chacun de nous, tous les jours, lise au moins un bon poème..."

Quand c’est en adulte qu’on s’intéresse à la poésie, pour son plaisir d’abord et aussi pour son mal être, on fait des recherches
à partir d’une encyclopédie ou des œuvres complètes…

J’en étais au Parnasse dont faisait partie Verlaine avant que de plaider pour le symbolisme…Mais lui même n’a pas été au bout de ce qu’il préconisait : « Tordre le cou à la rime… »

Lui qui mena une vie de ‘patachon’ avec Rimbaud, il parlait si bien des femmes ! Dans « Sagesse »
« Beauté des femmes, leur faiblesse, et ces mains pâles
Qui font souvent le bien et peuvent tout le mal
Et ces yeux, où plus rien ne reste d’animal
Que juste assez pour dire : ‘assez aux fureurs des mâles’ !
…………………………………………………………
et ce triolet relu souvent depuis :
« Hommes durs ! Vie atroce et laide d’ici bas !
Ah ! que du moins, loin des baisers et des combats
Quelque chose demeure un peu sur la montagne… »

Et encore dans la « Romance sans paroles »
« O triste, triste était mon âme
A cause, à cause d’une femme… »

Et cette belle déclaration :
« Voici des fruits, des fleurs, des feuilles et des branches
Et puis voici mon cœur qui ne bat que pour vous
Ne le déchirez pas avec vos deux mains blanches
Et qu’à vos yeux si beaux l’humble présent soit doux… »

Chaque fois j’en revenais à :
« Un grand sommeil noir
Tombe sur ma vie
Dormez tout espoir
Dormez toute envie ! »
Avec toujours ces rimes à l’impair…

Et retrouvant mes souvenirs de la mer :
« Je ne sais pourquoi
Mon esprit amer
D’une aile inquiète et folle vole sur la mer
Tout ce qui m’est cher
D’une aile d’effroi
Mon amour le couve au ras des flots. Pourquoi ? Pourquoi ?

Ce symbolisme son jeune compagnon de débauche qui l’appelait « La veuve » par dérision, Rimbaud l’adolescent prodige en fut l’initiateur. Un style éblouissant, des sentiments violents mais que d’efforts pour le suivre dans sa bohème ou son alchimie du verbe…
Parfois pourtant, il nous prend par la main pour nous emmener
Dans son rêve fantasmagorique :

« Je m’en allais, les poings serrés dans mes poches crevées
Mon paletot aussi devenait Idéal
J’allais sous le ciel, Muse et j’étais ton féal
Oh ! là là que d’amours splendides j’ai rêvées ! »
………………..

« O saisons, ô châteaux !
Quelle âme est sans défaut ?
J’ai fait la magique étude
Du Bonheur qu’aucun élude

Salut à lui, chaque fois
Que chante le coq Gaulois
Ah ! je n’aurai plus d’envie
Il s’est chargé de ma vie…

Ce charme a pris âme et corps
Et dispersé les efforts

O saisons, ô châteaux

L’heure de sa fuite hélas !
Sera l’heure du trépas.

O saisons, ô châteaux !
………….
Cela s’est passé. Je sais aujourd’hui saluer la beauté… »

Mais c’est dans « Le bateau ivre » que je trouvais parfois,
ce que je ruminais, sans savoir l’exprimer :

« Mais vrai, j’ai trop pleuré ! Les aubes sont navrantes
Toute lune est atroce et tout soleil amer
L’âcre amour m’a gonflé de torpeurs enivrantes
O que ma quille éclate ! O que j’aille à la mer… »
……………………………

« Et dés lors, je me suis baigné dans le poème
De la mer, infusé d’astres et lactescent
Dévorant les azurs verts, où flottaison blême
Et ravie ( ?) un noyé pensif parfois descend… »

Symboles dont Mallarmé se sert quand avec le mot « Azur » il désigne non seulement le bleu du ciel, mais aussi l’Idéal du Poète !
Mallarmé qui a déclaré :
« Le poème est un mystère dont le lecteur doit chercher la clé… »

Je l’ai cherchée dans sa « Brise marine » dont on cite partout… le premier vers !
« La chair est triste, hélas ! et j’ai lu tous les livres… »

Ce à quoi justement H de Montherlant répond :
« La chair est triste et je n’ai pas lu tous les livres… »

On peut le suivre au début dans ses pensées et les images évoquées :
« Fuir ! là-bas, fuir ! Je sens que des oiseaux sont ivres
D’être parmi l’écume inconnue et les cieux !
Rien, ni les vieux jardins reflétés par les yeux
Ne retiendra ce cœur qui dans la mer se trempe… »

La mer, les oiseaux, qui n’en a les souvenirs ?
mais ensuite ça se gâte :

« O nuits ! ni la clarté déserte de ma lampe
Sur le vide papier que la blancheur défend
Et ni la jeune femme allaitant son enfant… »

Je vois quelqu’un devant sa page blanche
qui rêve de voyage, mais que vient y faire cette jeune femme ?
Est-elle, femme d’un de « ces marins » ou bien de « capitaine –
parti pour des mers lointaines… » ?
Mais oui, il est question de bateau :

« Je partirai ! Steamer balançant ta mâture
Lève l’ancre pour une exotique nature ! »

Est-ce un poète qui rêve devant sa page blanche où cette
jeune femme qui se remémore ses adieux :

« Un ennui, désolé par les cruels espoirs
Croit encore à l’adieu suprême des mouchoirs ! »

Bloqué dans mes élans, j’ai fait l’effort d’imaginer où il veut nous mener… Heureusement dans la suite, je peux enfin me laisser aller :

« Et, peut-être les mâts invitant les orages
Sont-ils de ceux qu’un vent penche sur les naufrages
Perdus, sans mâts, sans mâts, ni fertile îlots…
Mais, ô mon cœur, entends le chant des matelots ! »

Nous voilà dans la poésie moderne, et comme je ne voulais pas
Mourir idiot, je les ai lus à peu près tous!
à suivre pour ce que j’en ai tiré…

Jan

[Annick]

Bonjour Jan,

De bien beaux extraits que tu nous mets là.

Il y a moins de poètes de nos jours.
Dans un siècle, dans deux siècles...ce sont toujours les mêmes poètes qui seront enseignés et lus.

Ils sont d' une époque où les gens exprimaient leurs douleurs, leurs amours de cette façon, et les grands poètes étaient des hommes, on y trouve très peu de femmes.

Le monde a progressé, nous croulons sous la littérature et les chansons, c'est le nouveau mode d'expression.

Certains s'essaient à la poésie mais je pense que nous ne retrouverons jamais les écrits forts d'autrefois.

Aragon, Apollinaire, Prévert...seront certainement les derniers poètes connus du monde moderne.

Il en est de même pour la chanson, Brel, Brassens, Féré, Férrat, Barbara....n'auront jamais d'équivalents.
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" Le bonheur ne court pas le monde; il faut vivre où l'on est heureux "

[isabelle]

moi je ne pense pas du tout comme Annick, les poètes d'antan sont les poètes d'aujourd'hui parce que les mots sont aussi forts puisés dans la même émotion, la même douleur, les mêmes joies aussi, les mêmes espoirs, aspirations... De nos jours j'ai recontré des poètes qui m'ont autant impressionnée que Aragon, Baudelaire, Ronsard, Ferrat etc..., des poètes qui ont l'âme de poète, une âme qui reste intacte au fil du temps, des siècles. Si les poètes des temps passés revenaient aujourd'hui lirent certains poètes, ils seraient émus et heureux de constater que la poésie dure et revêt toujours la même force et même beauté au fil des mots. Peut-être même que certains qu'on adule se diraient qu'ils ont apprendre des poètes d'aujourd'hui. Tout est continuité, tout est lié, tout le monde a à apprendre de tout le monde et personne ne détient le savoir, la perfection. Les talents des uns s'allient aux talents des autres et donnent ainsi naissance à de beaux textes. vive la poésie et qu'elle vive !
mille bisous à toi Jan et à toi Annick
Isabelle

[Annick]

Bonjour Isabelle,

Je crois qu'il y a une petite confusion, Isabelle...oui, les poètes d'antan sont les poètes d'aujourd'hui, les mots ne sont pas démodés, les souffrances exprimées sont les mêmes que celles de nos jours...je voulais simplement dire qu'il n'y a plus de poètes contemporains et que ceux que nos descendances étudieront seront toujours les poètes d'antan.

Tu vois ce que je veux dire, Isabelle ?
C'est pour cela que j'ai fait une comparaison avec nos chanteurs à textes forts dont il ne reste qu'un survivant .

Bisous à toi.
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" Le bonheur ne court pas le monde; il faut vivre où l'on est heureux "

[isabelle]

oui Annick j'avais bien compris ce que tu voulais dire mais moi je pense qu'il y a plein de poètes contemporains mais on ne les connaît pas comme on connaît les poètes d'antan mais dans les temps futurs, qui nous dit que ces poètes inconnus ne seront pas reconnus et plus adulés encore que les poètes qu'on vénère aujourd'hui ? N'oublions pas que c'est souvent après leur mort qu'on découvre le talent et l'intérêt de leurs oeuvres. Bien des poètes, des peintres, des musiciens sont morts dans le plus parfait anonymat, la plus grande misère et leur talent n'a été reconnu et découvert que après leur disparition. Moi je crois que les poètes contemporains sont dans la nature, ils existent, respirent et à nous de les sortir de l'ombre mais c'est pas facile ! Pas facile parce que de nos jours, on dispose de tant de moyens de communication, de liberté d'expression, de diversité, de tout en somme... que nous sommes noyés dans la masse aussi les Baudelaire, Verlaine, Ronsard, Hugo sont ignorés... tandis que les époques où n'existaient que peu de moyens de communication, peu de gens de lettres (beaucoup ne savaient pas lire ou écrire n'oublions pas), les artistes ressortaient de la nuit comme des soleils, on ne voyait qu'eux. Je veux dire que dans une mare, on trouvera toujours la grenouille savante mais dans un étang grand comme un océan où il y en a des milliers qui se promènent on n'en trouvera peut être aucune et on se dira "ah qu'il était beau le temps de la petite mare".
je t'embrasse
isa

[Marie]

suite a vos discutions je viens de regarder ds ma bibliothèque les livres que ma dernière petite fille avait ds son programme de littérature eh bien voila les auteurs les plus demandés" racine, proust,maupassant,molière,rousseau,ionesco,pagnol,marivaux,rimbaud,vian,montesquieu,voltaire,beaumarchais et anna novac seule moderne et contemporaine avec "les beaux jours de ma jeunesse", sur les camps de concentration, voila pourquoi nous ne connaissons pas les nouveaux poètes mais je cherche sur le net et je lirai avec intéret les nouveaux écrivains, aprés je vous donnerez mon avis mais j'ai bien peur que nos jeunes ne les connaissent peut ou mème jamais et c'est dommage


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un sourire éclaire votre journée

[Annick]

Oui Marie, je continue à penser que les poètes modernes n'auront jamais la notoriété de ceux de jadis.

Désolée Isabelle, je persiste.
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" Le bonheur ne court pas le monde; il faut vivre où l'on est heureux "

[Jan Goure]

Annick, Marie, Isabelle,

Me voila encore fléau de la balance de Thémis
Vous avez toutes raisons... J'avançais simplement
sur une recherche d'adulte!
Par l'étude on passera toujours par les classiques
par la recherche et le plaisir on arrivera à la poésie
moderne sans oublier les anciens !

Ce qui change déja, c'est qu'il y a plus de poétesses
que de poètes, alors que les Dames de la haute tour
filaient la quenouille en écoutant les troubadours...

Et avec Internet, les sites de poésie ont fait florès
"La passion des poèmes" "Terre des mots" Oasis des artistes"
sur d'autres encore, j'y ai trouvé de beaux poèmes
et de bons poètes... Quid de leur avenir ?
Ces oeuvres s'enfoncent le plus souvent sous un grand tas
comme "les feuilles mortes" de Prévert. Il en est
qui sont devenues "recueils" édités...

Bon dimanche et bises à vous trois
Jan

[Marie]

bonjour JAN et bon dimanche, je cherche moi aussi sur le net et je trouve des poêtes et poêtesses de grandes valeurs a mon point de vue, mais pour se faire connaitre le net ne suffit pas il faut pouvoir se faire éditer et la est le hic..... cela coute trés cher a frais d'auteur.... enfin moi je profite du net pour les lire , bisous a toutes et tous a+++++
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un sourire éclaire votre journée

[Jan Goure]

Marie,

Même si édités gratuitement car reconnus d'un éditeur, les recueils
de poésie ont un nombre de lecteurs limités...
Mais il en est de même pour la prose, tu sais ?
mon premier recueil de nouvelles m'avait coûté
800 francs en 2003, que je n'ai pas récupérés...
Monroman autobio "Le défi permanent" a trouvé
preneur chez un éditeur qui ne fait que le papier
Lui ne m'a rien coûté mais ce n'est pas avec les
3 euro par exemplaire vendu que je pourrais faire
des extras...

Le jeu des médias, pour gens connus et reconnus
permet seul je crois d'avoir la pub nécessaire !

Bon dimanche amie
Jan