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RAOUL, le "fou" du village

 
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isabelle



Inscrit le: 01 Oct 2006
Messages: 676
Localisation: Rennes

MessagePosté le: 06-11-2006 12:35    Sujet du message: RAOUL, le "fou" du village Répondre en citant


Raoul, le fou du village


Tout au bout du village, comme plantée au bout du monde, se trouve la ferme de mes grands-parents. Une toute petite pancarte indique « Kerdalec » et c’est tout. Mais Kerdalec c’est tout pour moi, c’est mes libertés, mes folies, mes joies, mes pleurs aussi parfois. Je trouve injuste qu’il ne lui soit réservé qu’une petite pancarte tandis que d’autres villages bien moins jolis et intéressants ont droit, eux, à une grande pancarte. Alors, avec un pinceau, j’ai peint une fleur rouge. Même les grands villages n’en ont pas. C’est ma marque à moi. Le Fou du village, Raoul, m’a bien vue faire la fleur et s’est mis à rire en mettant le doigt sur sa bouche comme pour me dire « ne t’inquiètes pas, je ne dirai pas que c’est toi ! ». Il ne l’a jamais dit d’ailleurs. Le village s’appelle donc désormais « Kerdalec-la-fleur » et c’est Raoul qui l’a renommé ainsi comme quoi tout aussi fou qu’on veuille bien le prétendre, il ne l’est pas tant que cela. Il n’y a qu’un fou pour avoir en lui la vraie poésie, celle qui coule dans les veines. Je l’aime beaucoup ce Raoul.

Quand on arrive en voiture, mes parents mon frère et moi, Raoul est toujours là, posté devant sa maison à l’entrée du village, comme un gardien, il a les bras croisés. Il sait qu’on va venir et il sent à quel moment nous allons arriver. C’est son instinct. C’est un homme très grand, très carré, les cheveux blonds en brosse, il ressemble à un bûcheron dans ses chemises à carreaux, j’admire sa prestance et sa joie de vivre éternelle. Il rit tout le temps, il semble heureux comme s’il avait été programmé pour être heureux. Mon père s’arrête et j’ouvre la portière pour sauter sur le chemin et aller embrasser Raoul qui me prend dans ses bras et me fait décoller du sol et virevolter dans les airs. Ensuite il fait de même avec mon frère puis mon père vient lui serrer la main, une bonne poignée de main avec une tape sur l’épaule. Mon père l’aime bien aussi. Il a d’immenses mains Raoul, des mains qui travaillent beaucoup, il aide dans les fermes ici et là, il sait tout faire sauf lire, écrire et compter. Mais il se débrouille dans la vie et ça lui suffit. Il respire la joie et son savoir vaut bien celui de n’importe quel érudit. Il n’est jamais triste ou désespéré. Il en sait assez pour être heureux.

La voiture garée devant les premières maisons du village ne passe pas inaperçue et on voit sortir, un à un, de leur coquille de pierre, les habitants toujours un peu curieux de nous voir. C’est qu’on doit avoir un attrait particulier, à la manière dont ils font rouler leurs yeux sur nous. Je pense que c’est dû au fait que nous sommes habillés en tenue de ville. Raoul, chaque fois s’exclame : - « Oh « regardez voir » s’ils sont habillés comme des papes ! ». Je dois conclure que le pape est sûrement vêtu comme un Dieu. Je déteste arriver en tenue de ville et j’ai trop hâte d’enfiler ma tenue de ferme et d’arborer ainsi l’uniforme des troupes campagnardes, me fondre dans mon véritable moule… Raoul me glisse à l’oreille : - « quand tu auras mis tes bottes tu reviendras ici et on ira chercher les vaches ! ». Cherchez les vaches ! Mais j’irais bien chercher toutes les vaches du monde moi si on me le demandait ! Des grandes, des petites, des grosses, des douces, des bourriques, toutes ! C’est qu’en compagnie de Raoul, ça ne ressemble en rien à une corvée, il a le don de tout transformer en jeu.

Je saute à pieds joints dans mes bottes et je me dépêche d’aller retrouver Raoul. Il me tend alors un grand bâton que j’attrape et brandis vers le ciel comme pour dire à tout le monde que je pars en guerre. La guerre des vaches ! La vache ! Il prend son bâton avec le bout tout usé à force de taper sur le derrière des bêtes trop têtues. Mais il y tient et gare à celui qui s’avisera de le lui prendre ! Il le range dans l’entrée de sa maison et le plante dans l’un de ses sabots de bois, il dit que c’est pour ne pas que le fantôme de la maison ne lui vole ses sabots pour aller au jardin et les ramène plein de terre. Un soir, alors que je dors chez lui, il plante mon bâton dans l’autre sabot et pose sa casquette sur les têtes des deux bâtons si fait que ça ressemble à un drôle de bonhomme avec une tête sur deux pattes en bois chaussées de sabots.

Pour aller jusqu’au champ où broutent les demoiselles Hollywood (on dirait qu’elles mangent tout le temps du chewing-gum), il faut s’armer de courage, ce n’est pas tout près et Raoul tient à prendre le chemin le plus difficile. Mais il a bien raison car c’est aussi le plus beau et le plus féerique et parfois le plus terrifiant quand il fait nuit ! Un chemin de terre comme on n’en voit plus aujourd’hui : très profond, avec de très hauts talus de chaque côté. D’énormes arbres vieux comme le monde (au moins comme mon grand-père) dont les troncs prennent mille formes comme si un dessinateur de bandes dessinées les avait pensés et dessinés avant de les planter là. Les flancs des talus ressemblent à des jardins remplis d’arbustes de toutes sortes, tout en folie, tout mélangés, tout au gré du hasard et des vents. A la tombée de la nuit, entre chien et loup, je me fais peur toute seule face à ces arbres aux branches bizarres et tordues, vieilles comme des sorcières de la nuit et je fixe ces dames insolentes coiffées de feuilles. Elles me narguent, cherchent à me faire mourir de ma peur mais il n’en est pas question ! Si je suis passée là le jour et m’en suis sortie alors je peux y repasser la nuit… et j’essaie bien de me convaincre que rien ne va m’arriver quand soudain je me mets à courir comme une folle, comme si les arbres s’étaient déracinés pour me poursuivre ! Personne ne sait combien on peut imaginer qu’un arbre court vite derrière nous, pour nous faire prisonnier dans ses branches, quand il fait nuit et qu’on est gamin et qu’en plus, on a lu plein d’histoires terrifiantes !

L’hiver, par temps de pluie, l’expédition devient encore plus périlleuse car la boue est reine du chemin et il faut user de stratégies pour arriver jusqu’au champ. On s’enfonce jusqu’aux genoux quand il a trop plu et lorsqu’on tente d’extraire une jambe de ce bourbier, la jambe sort mais pas la botte ! Je me retrouve souvent une jambe en l’air, la chaussette pendante et l’autre embourbée jusqu’aux oreilles ! Et là ? Qu’est-ce que je fais ? Raoul regarde et ça le fait rire aux larmes et il crie « Tant qu’à être dans la boue ma petite, tu n’as qu’à y aller toute entière, au moins tu vas rentrer avec tes bottes ! ». Je reviens avec mes bottes, certes, mais à la main ! Mes chaussettes ne manifestent plus aucun sentiment, elles sont mortes de fatigue de toute façon.

Je remarque qu’une vache ne doit pas être si idiote que son regard peut le laisser penser car au lieu de se laisser voler les sabots par la boue, elle escalade le flanc du talus et préfère continuer sa route, les pis à quatre-vingt-dix degrés mais au sec. J’entreprends donc d’imiter la bête décidément plus intelligente que moi mais j’omets de me rappeler que moi, je n’ai que deux pattes sur bottes et que c’est beaucoup moins stables que quatre pattes sur sabots. Aussi je dévale le talus plus vite que mon ombre et me retrouve à plat ventre dans la boue, exactement là où je ne veux pas aller. Raoul s’esclaffe, mort de rire : - « il ne faut jamais faire comme les vaches, je t’ai déjà dit qu’elles avaient les idées tordues ! ». Je n’ai jamais plus cherché à imiter une vache. C’était entendu, elles étaient tordues. Mais je trouve que Raoul y va fort dans sa réflexion car il faut bien être tout aussi tordu pour aller se faire aspirer les bottes par la boue d’un chemin creux tandis qu’il existe une belle route toute propre pour aller au même endroit ! Il trouve toujours à dire : « marcher sur cette route trop droite c’est marcher vers Madame la Mort ! ». Je sais qu’il dit vrai car il est très grand et très fort et un homme de cette envergure ne peut détenir que la vérité parce que c’est quand même bien par cette route droite que passent les corbillards pour aller jusqu’au cimetière.

A la belle saison, le chemin devient plus accueillant et la boue dévoreuse de bottes laisse place à une terre bien sèche d’où s’échappent des nuages de poussière tout aussi salissante. Tout prend corps, vie, le soleil s’infiltre entre les branches d’arbres enchevêtrées et le sol s’illumine de mille reflets chatoyants. Raoul s’amuse à cache-cache avec les ombres. Du bout de son bâton, il dessine sur la terre les contours de ces ombres, des personnages imaginaires ou des animaux qu’on n’imagine même pas. Il ne faut surtout pas marcher dessus ! Quand on revient avec le troupeau, il écarte les bêtes de l’endroit où il a réalisé son chef-d’œuvre. Il s’arrête devant, il sourit et il dit juste : « ils vont mourir quand la nuit va tomber mais demain je reviendrai en faire d’autres ! ».

Les talus sont criblés de clochettes mauves et roses et Raoul me fabrique des boucles d’oreilles que j’arbore avec grande fierté. Je rentre à la ferme et je me trémousse devant tout le monde, tête haute et dos bien droit, pour ne pas qu’elles tombent mais surtout pour qu’on voit bien combien elles sont belles sur moi ! C’est du plus bel effet je vous l’assure. Mes bijoux d’un luxe inouï s’avèrent éphémères et sur la table de nuit, au petit matin, mes petits diamants en clochettes sont tout recroquevillés, à mon grand désespoir. Mais auraient-ils toute cette valeur à mes yeux s’ils étaient éternels ?

Parfois, Raoul et moi, on s’assoit sur un coin de talus, on a le temps, il n’est jamais pressé, jamais bousculé, c’est ça qui me plaît chez lui aussi. On s’amuse, avec ces clochettes, à faire des pétards et on les fait exploser dans le creux de nos mains, ça dégage un parfum particulier et nous devons alors être parfumés à la clochette des bois comme personne ne l’a jamais été jusqu’alors.

Raoul, sans vraiment le savoir, dispense parfois des cours de médecine naturelle. C’est qu’il connaît les plantes, celles qui tapissent ses talus ! Il y a celle qui guérit les piqûres d’insectes, celle qui fait cicatriser plus vite, celle qui aide à dormir, celle qui fait circuler le sang, celle qui rend intelligent, et même celle qui fait rire ! De celle-là on en mange autant que des lapins peuvent en manger, ça a un goût sucré et piquant à la fois. Raoul et moi on l’appelle la « tige rigolote » et chose extraordinaire, c’est qu’elle pousse partout autour de la maison chez ma grand-mère. Ça donne des petites fleurs mauves au printemps mais nous, on s’en fiche des fleurs, c’est la tige qu’on veut. Je fais des fagots de tiges que je range dans ma poche et que je suce toute la journée comme d’autres sucent des sucres d’orge. Raoul m’a passé le secret et je m’en félicite à chaque tige. Ma grand-mère, quant à elle, voit ses fleurs disparaître dangereusement, elle est bien loin de s’imaginer que sa petite-fille a trouvé là une vraie source de sensations gustatives…

Aujourd’hui encore, quand je vois ces fleurs, je ne peux m’empêcher de voler leurs tiges et de replonger dans ce goût merveilleux du passé… je revois Raoul sourire, une tige au coin de la bouche, ses grands yeux bleus émerveillés comme l’enfant heureux qu’il a toujours été jusqu’à son dernier souffle. Un jour d’été, on l’a emmené se reposer en passant par son chemin creux, pour qu’il ne marche jamais vers Madame La Mort.

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Jan Goure



Inscrit le: 18 Juil 2006
Messages: 1865

MessagePosté le: 06-11-2006 15:21    Sujet du message: Répondre en citant

Ah ! celui la, pas si fou que ça, je ne l'avais pas oublié
Et j'ai aimé le relire et... philosopher !

Quel plair en écrivant de faire remonter son enfance...

Bisous

Jan Rolling Eyes
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Ninon



Inscrit le: 10 Oct 2006
Messages: 549
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MessagePosté le: 06-11-2006 19:37    Sujet du message: Répondre en citant

Tu as passé de vrais bons moments inoubliables, dans ta jeunesse. Et ton Raoul, était quelqu'un de réellement épatant. J'envie tes souvenirs, car il ressemblent à un conte que j'aurai bien aimé vivre Wink

Merci pour cette jolie histoire Wink
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Celan



Inscrit le: 16 Sep 2006
Messages: 1075
Localisation: val d'oise

MessagePosté le: 06-11-2006 20:14    Sujet du message: Répondre en citant

Bravo pour ce texte fabuleux

merci isabelle pour ce beau partage

isabelle à écrit


Citation:
Quand on arrive en voiture, mes parents mon frère et moi, Raoul est toujours là, posté devant sa maison à l’entrée du village, comme un gardien, il a les bras croisés. Il sait qu’on va venir et il sent à quel moment nous allons arriver. C’est son instinct. C’est un homme très grand, très carré, les cheveux blonds en brosse, il ressemble à un bûcheron dans ses chemises à carreaux, j’admire sa prestance et sa joie de vivre éternelle. Il rit tout le temps, il semble heureux comme s’il avait été programmé pour être heureux. Mon père s’arrête et j’ouvre la portière pour sauter sur le chemin et aller embrasser Raoul qui me prend dans ses bras et me fait décoller du sol et virevolter dans les airs. Ensuite il fait de même avec mon frère puis mon père vient lui serrer la main, une bonne poignée de main avec une tape sur l’épaule. Mon père l’aime bien aussi. Il a d’immenses mains Raoul, des mains qui travaillent beaucoup, il aide dans les fermes ici et là, il sait tout faire sauf lire, écrire et compter. Mais il se débrouille dans la vie et ça lui suffit. Il respire la joie et son savoir vaut bien celui de n’importe quel érudit. Il n’est jamais triste ou désespéré. Il en sait assez pour être heureux.

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Annick



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Messages: 14156
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MessagePosté le: 06-11-2006 22:42    Sujet du message: Répondre en citant

Isabelle, j'ai adoré ton récit.

Tu sais, je passais mon enfance à la campagne chez mes grands-parents.
Je te l'avais écrit quelque part mais je ne sais pas si tu l'as vu.

J'ai plein de souvenirs communs aux tiens, les vaches, les vendanges, les moissons, le lavoir...
Je suis actuellement dans cette maison qui est comme la tienne, au bout du chemin.
J'ai pu reprendre cette maison d'enfance il y a 2 ans.

Et tu connais la région, j'ai lu que tu avais travaillé à Auxerre, c'est justement dans ce coin que se trouve ma maison.


C'est une ancienne ferme, mon grand-père y élevait des moutons, entre autre.

Mon domicile officiel est à Rouen, mais voilà 6 mois que je n'y suis pas retournée, j'aime trop ma campagne.

Bisous. Smile

Tiens, je te mets la photo de mon paradis.


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isabelle



Inscrit le: 01 Oct 2006
Messages: 676
Localisation: Rennes

MessagePosté le: 07-11-2006 10:52    Sujet du message: Répondre en citant

cher Jan,

Non tu as raison, pas si fou que ça le Raoul ! Il en connaissait des choses mine de rien !
Toi aussi tu connais le plaisir d'écrire son enfance et je me suis régalée à te lire !
des bisous du matin pour toi
isa

Chère Ninon, alors je t'emmène dans ma ferme, on saute dans la machine à remonter le temps et on fera une bagarre dans le foin, t'es ok ? ça va dégager...
plein de bisous
isa

Cher Celan, je suis ravie que mon petit texte t'ait plu, je sais que toi aussi tu as un ami Raoul ! bonne journée à toi et plein de bisous
isa

Chère Annick, apparemment toi et moi même si on n'a pas le même âge (on s'en fiche de ça), on a les mêmes souvenirs, car une ferme est une ferme n'est-ce pas ! Merci pour la photo, ton paradis pourrait être le mien car c'est vraiment très beau et très à mon goût ! tu dois y être aux anges ! La région est superbe en plus, je la connais bien !
plein de bisous à toi
isa

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