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Posté le: 17-11-2005 15:23 Sujet du message: la ménagerie de verre
Les spécimens chorégraphiques de la Ménagerie de verre
LE MONDE | 16.11.05 | 14h08 • Mis à jour le 16.11.05 | 14h08
près deux ans d'interruption, le festival Les Inaccoutumés de la Ménagerie de verre revient sous un nouveau titre, Desacostumados. Et un changement d'optique : les chorégraphes émergents en 1995 tels Jérôme Bel ou Alain Buffard ont désormais pignon sur rue et laissent le terrain à des "personnalités vraiment singulières n'appartenant à aucune mouvance repérable", selon la définition de Marie-Thérèse Allier, patronne de la Ménagerie de verre.
A mi-temps de la manifestation qui a démarré le 31 octobre, les deux artistes déjà programmés ont crépité d'intelligence. Avec Ta ta ta, la chorégraphe Fanny de Chaillé réussit un tour de force visuel et musical autour de propositions aussi improbables qu'un ronflement ou un claquement de porte.
Non seulement sa façon de mettre en partition des sons ordinaires recèle des trésors de drôlerie, mais elle les déplace vers des contrées peu explorées. En créditant une seule action à fond et en l'essorant à force d'insistance, la chorégraphe finit par faire rebondir le sens des mots et des gestes avec une loufoquerie teintée d'absurde.
Entre comédie de boulevard et faux polar, cinéma muet et drame amoureux à la Duras, cette pièce puise sa vitalité dans différents registres qu'elle entrechoque. Le résultat fait des bulles euphorisantes que les quatre interprètes entourant Fanny de Chaillé entretiennent avec une délicate drôlerie. Citons-les : Christine Bombal, Matthieu Doze, Christophe Ives, Grégoire Monsaingeon.
Le suspense tient aussi de bout en bout le spectacle d'objets et de projections Airplanes and Skyscrapers, manipulé avec brio par l'Américano-Brésilien Ricky Seabra. Pourtant, le thème est connu de tous : il s'agit du 11 septembre 2001. Revu à travers le prisme magique de la mémoire de Seabra, fan depuis l'enfance d'avions et de gratte-ciel, il fait l'objet d'un décryptage émotionnel lié à la vie de l'artiste.
Entre autofiction et hypothèses historiques personnelles sur les causes de cet acte de terrorisme, Ricky Seabra élabore un scénario sophistiqué qu'il met en oeuvre sous nos yeux grâce à un dispositif vidéo. Il manipule des images découpées dans les magazines, compose des collages sur lesquels il fait planer des avions miniatures, insère des films d'archives. Le tout est projeté en direct sur un écran et relié par Seabra. On ne rate rien de cette épopée définitive comme la perte de l'innocence et de la foi en l'avenir. Défaite de l'humain, défaite de l'invention architecturale, après Richard Seabra, on ne pourra plus regarder les avions et les gratte-ciel de la même façon.
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