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[109s]

« Ramadan : la progression du jeûne est due à celle du repli identitaire »

Quelque 70% des musulmans de France déclarent observer le ramadan, considérablement plus qu'il y a 20 ans. A quoi attribuer cette progression ?
- Il y a toujours un air du temps et cet air du temps, en France comme ailleurs est au repli communautaire, identitaire après la fin de tous ces lieux du dépassement qu'étaient le communisme et le marxisme.
L'heure a été au gauchisme à la fin des années 60 et là, c'est la situation inverse. Ce sont des cycles. Un fait considérable aussi, c'est l'impact des télévisions satellitaires du Golfe sur tout le monde musulman, y compris en France. On peut vraiment dire qu'« elles bourrent le mou ». Il n'y a que des émissions religieuses. Cela se passe complètement sur le mode des télévisions évangéliques américaines. C'est un phénomène nouveau et qui a un impact inouï. Le succès d'Al Jazira qui a fêté ses 10 ans l'an dernier, a démultiplié le phénomène.
N'y a-t-il pas, dans certains milieux, une pression considérable, pour faire respecter ce jeûne ?
- C'est comme pour le voile. On parle de la liberté de le porter mais cette liberté n'existe pas ou, en tout cas, est très difficile à apprécier car la pression est là. Une conception moderne de la pratique religieuse consisterait à dire aux partisans du voile comme à ceux du jeûne : liberté de le porter, liberté de jeûner mais aussi liberté de ne pas le porter et liberté de déjeûner !
C'est comme le discours de Barak Obama au Caire avant l'été : il a parlé de la liberté de porter le voile mais il n'a pas rappelé la liberté de ne pas le porter alors qu'il venait d'Arabie saoudite.
Quel est pour vous aujourd'hui le sens du ramadan ?
- Si le jeûne appartient vraiment à l'exercice spirituel, à la discipline au sens fort du terme, cela mérite le respect. Mais quand le phénomène devient purement social, c'est grave. Et là, c'est le jeûne social qui triomphe du jeûne mystique.
Que les gens jeûnent ou pas, cela ne regarde qu'eux mais si c'est un jeûne coercitif, violent, qui se veut exemplaire, et que celui qui jeûne méprise celui qui déjeûne, là il faut dire stop !
Le rêve que je forme c'est un ramadan tel que je l'ai vécu il y a trente ans en Turquie. Je me souviens qu'à Istanbul, les restaurants continuaient à fonctionner et je voyais, à la même table, des musulmans dont certains jeûnaient et d'autres déjeûnaient et ça, c'était formidable. L'exemple idéal de la pluralité des pratiques, loin de toute police des moeurs. Ce devrait être le cas en France.
Propos recueillis par
Anne-Marie Ladoues (AFP)
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[xapinot]

Les propos recueillis par cette journaliste ou écrivain, Anne-Marie Ladoues (AFP), auprès du chercheur Abdelvahab Meddeb, est tout à fait cohérent, "109s", et je te félicite d'avoir bien voulu le porter à notre connaissance. Il est rédigé dans un sens de "crescendo" pour nous faire part d'une réalité et d'une logique bien étudiées. Qu'à cela ne tienne, prenons-en acte et restons sereins quant à notre avenir, car dans le même temps, et la rédactrice le souligne bien, le nombre d'adeptes à la religion chrétienne est en augmentation, lui aussi, même si la manière de témoigner de sa foi peut paraître différente de ce qui nous a été enseigné, notamment au niveau de la doctrine et de la pratique religieuses, mais reste néanmoins dirigée vers un même objectif : " DIEU AMOUR ", révélé par la force de l'Esprit-Saint...

Merci de nous avoir communiqués ce sujet, "109s" !...
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J'ai 71 ans, j'habite dans le 68 en Alsace. Je suis ouvert à nombre d'échanges

[merise]

Abdelwahab Meddeb