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Posté le: 16-10-2006 12:51 Sujet du message: poèsie
L'homme et la mer
Extrait Des Fleurs Du Mal.
Par Charles Baudelaire
Homme libre, toujours, tu chériras la mer !
La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme
Dans le déroulement infini de sa lame,
Et ton esprit n'est pas un gouffre moins amer.
Tu te plais à plonger au sein de ton image ;
Tu l'embrasses des yeux et des bras, et ton cœur
Se distrait quelquefois de sa propre rumeur
Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage.
Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets :
Homme, nul n'a sondé le fond de tes abîmes,
O mer, nul ne connaît tes richesses intimes,
Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets !
Et cependant voilà des siècles innombrables
Que vous vous combattez sans pitié ni remord,
Tellement vous aimez le carnage et la mort,
O lutteurs éternels, ô frères implacables
Posté le: 16-10-2006 13:11 Sujet du message: réponse
bonjour CELAN, comment vas tu????? je suis une amoureuse de baudelaire ,alors je cherche sur le net et vous met ceux que j'aime, mais toi tu es un poète alors charme nous de tes vers, bises amicales _________________
Posté le: 16-10-2006 13:19 Sujet du message: poètisons
[/b]La mer chuinte au soir et peluche, avant de s'endormir, la tête entre les bras, comme une enfant peureuse, quêtant dans la nuit calme des idées d'aurores et d'émoi, encore un peu de vin, de vent et de clarté, un peu d'oubli
devant une telle beauté j'oublie les heures qui passent et les souvenirs douloureux qui m'assaillent quelques fois, j'aime cette immensité ds laquelle je me noie et j'oublie tout ce qui m'entoure _________________
Posté le: 16-10-2006 13:25 Sujet du message: a une amie
toi mon amie lointaine, je suis bien pret de toi en ces moments pé"nibles que tu vis je te prends la main et la serre doucement pour que tu ressentesvite a travers toi toute la force de mon amitié qui peut etre t'aidera ds ce mauvais moment de ta vie, vite reviens nous nous t'attendons avec impatiente,la vie est belle et tu vas bientot revenir pleine de désirs de voyages, d'aventures, d'amour peut etre!!!!!! vas ma courageuse amie , vas je t'attend!!!!!!! _________________
Inscrit le: 16 Sep 2006 Messages: 1075 Localisation: val d'oise
Posté le: 16-10-2006 16:31 Sujet du message: lola à Vincennes
Bonsoir Marie
Tu sais un tout petit poète , alors pour vous être agréable je vous offre celui là ..... rien avoir avec les grands , d'ailleurs tu le sais , merci pour ces mots ......Bises aussi
LOLA A VINCENNES
La belle brune à la frange effilée
Visage brun, pommettes sculptées
Yeux de satins noirs profonds et fixés
Sur les fronts couronnés des chevaux attelés
Véritablement majestueuse
Comme une fleur qui s’ouvre pour le plaisir des yeux
Orgueilleuse presque frondeuse
Drapée dans une robe bleu pâle,
Elle regarde défiler cette horde bruyante
Le mord serré, la bouche écumante
La plus noble conquête de l’homme
Ces spécimens audacieux des hippodromes
Les plus beaux trotteurs du monde
Triés sur le volet ; le temps d’une ronde
Tirant les sulkys de leur jockey favori
Dans les incertitudes des multiples paris
Les purs sangs aux grandes enjambés
Priaient les parieurs de cesser d’exulter
Heureuse Lola comme une enfant
En regardant à Vincennes le choc des titans
Auteur Celan :écrit le 2.01.2005 _________________
Posté le: 17-10-2006 11:30 Sujet du message: réponse
celan j'aime bien ce poème et les reflexions de lola devant le spectacle magique d'une course de chevaux, ces fières annimaux qui donnent toutes leur puissance pour la joie des spectateurs,c'est un spectacle grandiose,plein d'effort et de force de l'annimal!!!!!!! _________________
Inscrit le: 16 Sep 2006 Messages: 1075 Localisation: val d'oise
Posté le: 18-10-2006 06:26 Sujet du message:
Bonjour Marie
Je viens te dire un grand merci Marie pour ces mots qui me touchent
ce texte à été fait très vite , en rentrant d'une course
dans mon entourage beaucoup de gens l'aiment alors !!!
Posté le: 19-10-2006 09:17 Sujet du message: POESIE
evanturel
Cloches de la Basilique
J'écoutais dans la paix du soir,
Sous la pâleur du ciel mystique,
Les sons pieux que laissent choir
Les cloches de la basilique.
Et j'évoquais au loin leur voix,
A la fois grave et triomphale,
Quand elles sonnaient autrefois
Les angélus de cathédrale,
Au temps heureux, trois fois béni,
Où, dès l'aube, souvent ma mère
Me retrouvait au pied du lit,
Agenouillé sous leur prière.
Combien leur appel familier
Charmait alors mon âme éprise,
Lorsque j'allais, jeune écolier,
M'asseoir à l'ombre de l'église,
Et que, captif de leur doux son,
J'attendais que leur voix se taise,
Pour suivre au loin, à l'horizon,
L'écho de leur chanson française !
C'est qu'en ce temps déjà lointain,
Cloches témoins de tant de choses,
Vous me parliez, soir et matin,
D'un long passé d'apothéoses,
Et du regret que vous aviez
D'un temps de gloire et de conquêtes,
Quand, de par le Roy, vous sonniez
Vos carillons des jours de fêtes,
Et que gaiement, sur le rocher,
Au printemps des jours d'espérance,
Vous annonciez, du vieux clocher,
Le retour des vaisseaux de France. _________________ !
Posté le: 20-10-2006 14:20 Sujet du message: poesie
swirnburn
Nocturne
La nuit écoute et se penche sur l'onde
Pour y cueillir rien qu'un souffle d'amour ;
Pas de lueur, pas de musique au monde,
Pas de sommeil pour moi ni de séjour.
Ô mère, ô Nuit, de ta source profonde
Verse-nous, verse enfin l'oubli du jour.
Verse l'oubli de l'angoisse et du jour ;
Chante ; ton chant assoupit l'âme et l'onde
Fais de ton sein pour mon âme un séjour,
Elle est bien lasse, ô mère, de ce monde,
Où le baiser ne veut pas dire amour,
Où l'âme aimée est moins que toi profonde.
Car toute chose aimée est moins profonde,
Ô Nuit, que toi, fille et mère du jour ;
Toi dont l'attente est le répit du monde,
Toi dont le souffle est plein de mots d'amour,
Toi dont l'haleine enfle et réprime l'onde,
Toi dont l'ombre a tout le ciel pour séjour.
La misère humble et lasse, sans séjour,
S'abrite et dort sous ton aile profonde ;
Tu fais à tous l'aumône de l'amour :
Toutes les soifs viennent boire à ton onde,
Tout ce qui pleure et se dérobe au jour,
Toutes les faims et tous les maux du monde.
Moi seul je veille et ne vois dans ce monde
Que ma douleur qui n'ait point de séjour
Où s'abriter sur ta rive profonde
Et s'endormir sous tes yeux loin du jour ;
Je vais toujours cherchant au bord de l'onde
Le sang du beau pied blessé de l'amour.
La mer est sombre où tu naquis, amour,
Pleine des pleurs et des sanglots du monde ;
On ne voit plus le gouffre où naît le jour
Luire et frémir sous ta lueur profonde ;
Mais dans les coeurs d'homme où tu fais séjour
La couleur monte et baisse comme une onde.
Envoi
Fille de l'onde et mère de l'amour,
Du haut séjour plein de ta paix profonde
Sur ce bas monde épands un peu de jour. _________________ !
Posté le: 21-10-2006 11:56 Sujet du message: poesie
Les étoiles éteintes
... A l'heure où sur la mer le soir silencieux
Efface les lointaines voiles,
Où, lente, se déploie, en marche dans les cieux,
L'armée immense des étoiles,
Ne songes-tu jamais que ce clair firmament,
Comme la mer a ses désastres ?
Que, vaisseaux envahis par l'ombre, à tout moment
Naufragent et meurent des astres ? [...] auguste dorchain _________________ !
Posté le: 23-10-2006 14:03 Sujet du message: POESIE
BEE CLAUDE CHERRIER
Description chimérique d'un être de raison...
DESCRIPTION CHIMÉRIQUE D'UN ÊTRE DE RAISON,
FABRIQUÉ DE PIÈCES RAPPORTÉES, HABILLÉ D'UNE
ÉTOFFE A DOUBLE SENS, LEQUEL FUT CONSTRUIT
PAR UNE ASSEMBLÉE D'ÉQUIVOQUES,ASSISTÉES DU
GÉNIE BURLESQUE (1713)
Il a un corps de garde,
Des membres de période,
Une tête d'Armée,
Une face de théâtre,
Des traits d'arbalète,
Le front d'un bataillon,
Des yeux de boeuf,
Deux temples de Jupiter,
Un nez de Bachot,
Des joues de Peson,
Une bouche du Danube,
Une langue étrangère,
Des dents de scie,
Une haleine de savetier,
Des oreilles d'écuelle,
Une ouïe de carpe,
Une chevelure d'arbre,
Une barbe d'épic,
Un cou de tonnerre,
Une gorge de montagne,
Des bras de mer,
Un poing d'Espagne,
Des mains de papier,
Des côtes de Barbarie,
Des cuisses de noix,
Des jambes étrières,
Des pieds d'estaux,
Un dos de fauteuil,
Un cul de sac,
Des parties d'Apothicaire,
Un coeur d'Opéra,
Les entrailles de la terre,
Des os de Noël,
Des veines de marbre,
Une âme de soufflet.
.......................
Il a une mine de plomb,
Un air de Cadmus,
Un port de mer,
Une voie d'eau,
Un champ de bataille,
Un accent circonflexe,
Un creux de puits,
Une taille de plume,
Un regard de fontaine,
Un ris de veau,
La gravité de l'air,
Une justice subalterne,
Un esprit de vin,
Une lumière de canon,
Un jugement téméraire,
Une justesse de contrepoids,
Une ruse de guerre,
Une expérience de Physique.
Je vous dirai de plus qu'il était d'un accès de fièvre quatre,
D'une douceur de miel,
D'un caractère gothique,
Qu'il avait de belles inclinations de tête,
Le pas de Calais,
Et la diligence de Lyon.
Tous ces faits mémorables prouvent qu'il était brave comme une mariée.
Pour des raisons de propriété intellectuelle, nous ne pouvons actuellement vous présenter d'oeuvres _________________ !
Posté le: 25-10-2006 17:19 Sujet du message: poesie
L ALBATROS DE CHARLES BAUDELAIRE
L'Albatros
Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.
A peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à coté d'eux.
Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule!
Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid!
L'un agace son bec avec un brûle-gueule,
L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait!
Le Poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l'archer;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.
Charles Baudelaire (1821- 1867) _________________ !
Inscrit le: 16 Sep 2006 Messages: 1075 Localisation: val d'oise
Posté le: 25-10-2006 20:38 Sujet du message:
je cite alias
Citation:
Il y a les virtuoses, les génies comme Baudelaire, Celan , Jan Goure, Isabelle et les autres...
Pourtant nous avons tous un petit air d'Albatros... Un petit coin de poésie enfoui au fond de notre cœur qui fait notre faiblesse. Nous ne sommes que des hommes...
eh ! bien je pense que pour moi c'est beaucoup trop d'honneur avec beaucoup de gentillesse, et une pointe d'humour merci pour cette phrase
alias
j'aurai déjà mis jan , isabelle , line etc .....ect....................et ..........................................Celan
Parfois , je me relis et je me dis! ah !! non celui-çi....non et non
alors je jette et puis la vie tourne , le lendemain ça va mieux
Pour toi alias
Le dieu du feu
Avec ton cratère géant
Tu défies tout le temps
Quand ta colère monte
Personne ne t’affronte
Toujours suspect
Tu imposes le respect
Quand tu te mets à cracher
L’horizon se met à trembler
Parfois la nuit tout est surexposé
Mais surtout incontrôlé
Tu encenses tes dieux
En éblouissant les cieux
Tu as toujours défié les hommes
Serais-tu une bête de somme ?
Qui saigne, qui crache, qui s’époumone
Toi volcan tu déraisonnes
Ta lave saignante, plus que brûlante
Dévale les pentes incandescentes
Sorti de tes entrailles
Ton magma nous tenaille
Avec tes plaies éternelles
Serais-tu immortel ?
Surveillé en permanence
Par des étoiles filantes
Etna, Vésuse ou Stromboli
Pour moi vous resterez des amis.
Auteur Celan : écrit en 2004 _________________
O neige ! neige ! neige ! avalanche en parcelles !
Tourbillonnement clair par ma vitre aperçu...
Hallucination de blanches étincelles
Dont je subis la griserie à mon insu...
C'est un vol à l'envers de plumes, de pétales,
Que le ciel jette au sol, où je ne les vois pas :
Et j'éprouve l'étrange impression mentale
De queque ascension faite de haut en bas.
Sous mes yeux fascinés la chute continue
Vertige de flocons, vous troublez ma raison !
Et je crois voir monter, monter jusqu'à la nue,
A l'encontre de vos fleurs blanches, ma maison.
Marguerite Duportal _________________
Tout vient à point à qui sait attendre!
bonjour ma linette,
il y a longtremps que je ne suis pas venue
te voir, et je m en excuse,
je viens là te faire un petit coucou,
pour te dire que je ne t oublie pas
bye Musika. _________________ poete_musika..4 mains
Inscrit le: 16 Sep 2006 Messages: 1075 Localisation: val d'oise
Posté le: 26-10-2006 07:05 Sujet du message:
Bonjour mon ami Alias
alias à écrit
Citation:
Ce que j'ai exprimé n'était que ce que je pensais sans légèreté...
L'homme porte en lui une part de rêve et de sensibilité, une part de fragilité (moi le premier) seulement rares sont ceux qui sont capables de l'exprimer avec talent...
je prends ces phrases avec grande joie , et je viens te remercier
avec des mots aussi forts avec des détails aussi sincères; je suis un homme heureux et surtout encouragé pour continuer
Bonne journée à toi
Amicalement
Bonne journée à toutes et à tous _________________
Tu rentres de la nuit
Avec l'odeur du ciel dans tes poils
Ton ronron sous les caresses
Est comme le chant des étoiles...
Ton sommeil est plus léger
Que le vol des oiseaux dans tes rêves
Et tes yeux sont pleins de paroles
La soie de ta fourrure...
Ta tête qui chavire dans ma main...
Le bonheur est simple pour toi
Quand tes yeux suivent les
choses invisibles
Comme elles fascinent ton regard
Entre deux mondes tu passes
En mesurant de tes moustaches
La largeur de l'infini...
Paule Doyon _________________
Tout vient à point à qui sait attendre!
Avoir vécu toutes ces années, passé par toutes ces épreuves
L’âge où la vie est à un tournant, l’âge ou tout, soudain, devient beau
Entendre ta voix douce, ton rire ruisselant dans mes rêves
Ton rire qui coule, comme un filet d'eau fraîche le long de ma peau.
Derrière ce rire, j’imagine ton beau sourire généreux
Plissant cette peau finement hâlée par le rythme des saisons
Annonçant les années passées, ces petites rides au coin des yeux
Font adoucir les traits des visages et donnent cet air si bon.
Tes dents d’un blanc éclatant, telles des perles précieuses
Garnissent l’écrin que sont ces lèvres pulpeuses et gourmandes
Tout cela forme cet air avenant et ces belles lèvres rieuses
Qui, pour ceux qui te regardent, est la plus belle des offrandes.
Souviens toi de ceci : au fil des années qui doucement arrivent
Pour chaque sourire donné, un peu de bonheur atteint le coeur
De celui qui te regarde, et tu remarqueras, que très souvent,
Automatiquement, un sourire répondra au tien, avec douceur.
Inscrit le: 16 Sep 2006 Messages: 1075 Localisation: val d'oise
Posté le: 29-10-2006 13:52 Sujet du message:
line à déposé ce texte, c'est un très joli poème , merci line
Citation:
Tes dents d’un blanc éclatant, telles des perles précieuses
Garnissent l’écrin que sont ces lèvres pulpeuses et gourmandes
Tout cela forme cet air avenant et ces belles lèvres rieuses
Qui, pour ceux qui te regardent, est la plus belle des offrandes.
Souviens toi de ceci : au fil des années qui doucement arrivent
Pour chaque sourire donné, un peu de bonheur atteint le coeur
De celui qui te regarde, et tu remarqueras, que très souvent,
Automatiquement, un sourire répondra au tien, avec douceur.
Posté le: 30-10-2006 10:04 Sujet du message: POESIE
ROBERT DE BONNIERESEn ce temps-là vivaient le Roi Charmant
En ce temps-là vivaient le Roi Charmant,
Serpentin-Vert et Florine ma mie,
Et, dans sa tour, pour cent ans endormie,
Dormait encor la Belle-au-Bois-Dormant.
C'était le temps des palais de féerie,
De l'Oiseau bleu, des Pantoufles de vair,
Des vieux récits dans les longs soirs d'hiver :
Moins sots que nous y croyaient, je vous prie.
Posté le: 31-10-2006 10:19 Sujet du message: POEME
GUILLAUME ABBE DE CHAULIEU
A Madame la marquise de Lassay
de Fontenay, le premier Jour de Mai 1705
Loin de la foule et du bruit,
Je suis dans mon château, comme vous dans le vôtre :
Car ne se peut prendre pour autre
Que pour château, votre réduit ;
Et croiriez une baliverne,
Si, sur la foi d'une lanterne
Qui par l'ordre d'Argenson luit,
Vous pensiez qu'être aux Incurables,
Entre gens un peu raisonnables,
Ce soit demeurer à Paris.
Entre nous autres beaux esprits
Qu'il faut bien que dans nos écrits,
Toujours la justesse accompagne,
Vous demeurez à la campagne ;
Et pour moi, maintenant j'y suis.
C'est là que, plus touché d'un ruisseau qui murmure,
Que de tous ces vains ornements
Fils de l'art et de l'imposture,
Je me fais des amusemens
De tout ce qu'à mes yeux présente la nature.
Quel plaisir de la voir rajeunir chaque jour !
Elle rit dans nos prés, verdit dans nos boccages,
Fleurit dans nos jardins et dans les doux ramages
Des oiseaux de nos bois elle parle d'amour.
Hélas ! pourquoi faut-il, par une loi trop dure,
Que la jeunesse des saisons,
Qui rend la verte chevelure
A nos arbres, à nos buissons,
Ne puisse ranimer notre machine usée ;
Rendre à mon sang glacé son ancienne chaleur,
A mon corps, à mes sens leur premiere vigueur,
Et d'esprits tout nouveaux réchauffer ma pensée ;
Surtout, rendre à mon coeur ces tendres sentimens,
Ces transports, ces fureurs, ces précieuses larmes,
Qui de nos jours font l'unique printems,
Et dont mon coeur usé ne connoît plus les charmes ?
Alors vous me verriez cent fois à vos genoux
Vous redire combien vous me semblez aimable ;
Vous jurer que le ciel me fit exprès pour vous ;
Que mon attachement seroit tendre et durable ;
Que dans l'imagination
Quelque chose de simpathique
Prépare entre nous l'union
Par où l'amour au coeur souvent se communique ;
Enfin, sans vous chercher cent autres agrémens,
Que vous avez tous les talens
Que je sens qu'il faut pour me plaire.
Ainsi je parlerois dans ces bienheureux tems ;
Mais je dois maintenant me taire. _________________ !
Posté le: 01-11-2006 11:28 Sujet du message: POESIE
isabelle kayser
Les Morts
... Les Morts aimés sont les hôtes aux mains discrètes
Qui demandent leur pain quotidien, sans bruit,
Ils ne viennent jamais nous troubler dans nos fêtes,
Mais veulent partager l'angoisse de nos nuits. [...] _________________ !
Posté le: 02-11-2006 10:48 Sujet du message: POESIE
L'érable N.BEAUCHEMIN
L'érable au torse dur et fort,
Ébrèche le fer qui l'assaille,
Et, malgré mainte et mainte entaille,
Résiste aux plus grands coups du Nord.
L'hiver, dont le cours s'éternise,
De givre et de neige a tissé
Le linceul de l'arbre glacé.
L'érable est mort ! hurle la bise.
L'érable est mort ! clame au soleil
Le chêne orgueilleux qui s'élance.
L'érable prépare en silence
Le triomphe de son réveil.
Sous le velours âpre des mousses
La blessure ancienne a guéri,
Et la sève d'un tronc meurtri
Éclate en glorieuses pousses.
Des profondeurs d'un riche fond,
L'arbre pousse ; il semble qu'il veuille
Magnifier, de feuille en feuille,
Le miracle d'un coeur fécond.
Il n'a fallu qu'une heure chaude
Pour que soudain, l'on vît fleurir,
Sur les bourgeons, lents à s'ouvrir,
La pourpre, l'or et l'émeraude.
L'érable vit ! chante en son vol
Tout le choeur des forêts en fête :
L'érable, de la souche au faîte
Frémit au chant du rossignol.
Contre la bise et l'avalanche,
Le roi majestueux des bois
A pris, et reprendra cent fois,
Sa victorieuse revanche.
L'érable symbolise bien
La surnaturelle endurance
De cette âpre race de France
Qui pousse en plein sol canadien :
Robuste et féconde nourrice
Dont le flanc, tant de fois blessé,
Des rudes coups d'un fier passé
Porte l'illustre cicatrice.
Posté le: 07-11-2006 12:49 Sujet du message: POEME
leon deubel
Détresse
Seigneur ! je suis sans pain, sans rêve et sans demeure.
Les hommes m'ont chassé parce que je suis nu,
Et ces frères en vous ne m'ont pas reconnu
Parce que je suis pâle et parce que je pleure.
Je les aime pourtant comme c'était écrit
Et j'ai connu par eux que la vie est amère,
Puisqu'il n'est pas de femme qui veuille être ma mère
Et qu'il n'est pas de coeur qui entende mes cris.
Je sens, autour de moi, que les bruits sont calmés,
Que les hommes sont las de leur fête éternelle.
Il est bien vrai qu'ils sont sourds à ceux qui appellent
Seigneur ! pardonnez-moi s'ils ne m'ont pas aimé !
Seigneur ! j'étais sans rêve et voici que la lune
Ascende le ciel clair comme une route haute.
Je sens que son baiser m'est une pentecôte,
Et j'ai mené ma peine aux confins de sa dune.
Mais j'ai bien faim de pain, Seigneur ! et de baisers,
Un grand besoin d'amour me tourmente et m'obsède,
Et sur mon banc de pierre rude se succèdent
Les fantômes de Celles qui l'auraient apaisé.
Le vol de l'heure émigre en des infinis sombres,
Le ciel plane, un pas se lève dans le silence,
L'aube indique les fûts dans la forêt de l'ombre,
Et c'est la Vie énorme encor qui recommence ! _________________ !
Invitation
Je t'attends samedi, car Alphonse Allais, car
A l'ombre, à Vaux, l'on gèle. Arrive. Oh ! la campagne !
Allons - bravo ! - longer la rive au lac, en pagne ;
Jette à temps, ça me dit, carafons à l'écart.
Laisse aussi sombrer tes déboires, et dépêche !
L'attrait (puis, sens !) : une omelette au lard nous rit,
Lait, saucisse, ombre, thé des poires et des pêches,
Là, très puissant, un homme l'est tôt. L'art nourrit.
Et, le verre à la main, - t'es-tu décidé ? Roule -
Elle verra, là mainte étude s'y déroule,
Ta muse étudiera les bêtes et les gens !
Comme aux dieux devisant, Hébé (c'est ma compagne)...
Commode, yeux de vice hantés, baissés, m'accompagne...
Amusé tu diras : " L'Hébé te soûle, hé ! Jean ! "
Pour des raisons de propriété intellectuelle, nous ne pouvons actuellement vous _________________ !
Posté le: 11-11-2006 10:29 Sujet du message: poesie
JEAN FRANCOIS DUCIS
Heureuse solitude
Heureuse solitude,
Seule béatitude,
Que votre charme est doux !
De tous les biens du monde,
Dans ma grotte profonde,
Je ne veux plus que vous !
Qu'un vaste empire tombe,
Qu'est-ce au loin pour ma tombe
Qu'un vain bruit qui se perd ;
Et les rois qui s'assemblent,
Et leurs sceptres qui tremblent,
Que les joncs du désert ?
Mon Dieu ! la croix que j'aime,
En mourant à moi-même,
Me fait vivre pour toi.
Ta force est ma puissance,
Ta grâce ma défense,
Ta volonté ma loi.
Déchu de l'innocence,
Mais par la pénitence
Encor cher à tes yeux,
Triomphant par tes armes,
Baptisé par tes larmes,
J'ai reconquis les cieux.
Souffrant octogénaire,
Le jour pour ma paupière
N'est qu'un brouillard confus.
Dans l'ombre de mon être,
Je cherche à reconnaître
Ce qu'autrefois je fus.
Ô mon père ! ô mon guide !
Dans cette Thébaïde
Toi qui fixas mes pas,
Voici ma dernière heure ;
Fais, mon Dieu, que je meure
Couvert de ton trépas !
Paul, ton premier ermite,
Dans ton sein qu'il habite,
Exhala ses cent ans.
Je suis prêt; frappe, immole.
Et qu'enfin je m'envole
Au séjour des vivants.
Posté le: 12-11-2006 10:56 Sujet du message: POEME
JEHAN TABOUROT
Pavane
Belle qui tiens ma vie
Captive dans tes yeux,
Qui m'as l'âme ravie
D'un souris gracieux.
Viens tôt me secourir,
Ou me faudra mourir.
Pourquoi fuis-tu, mignarde,
Si je suis près de toi ?
Quand tes yeux je regarde,
Je me perds dedans moi !
Car tes perfections
Changent mes actions.
Tes beautés et ta grâce
Et tes divins propos
Ont échauffé la glace
Qui me gelait les os.
Ils ont rempli mon coeur
D'une amoureuse ardeur !
Approche donc ma belle,
Approche-toi mon bien !
Ne me sois plus rebelle
Puisque mon coeur est tien...
Pour mon mal apaiser
Donne-moi un baiser ! _________________ !
Posté le: 13-11-2006 11:43 Sujet du message: poesie
JEAN DELATAILLE
Le blason de la rose
(A Mlle Rose de la Taille, sa cousine)
Aux uns plaît l'azur d'une fleur
Aux autres une autre couleur :
L'un du lis, de la violette,
L'autre blasonne de l'oeillet
Les beautés ou d'autre fleurette
L'odeur ou le teint vermeillet :
A moi sur toute fleur déclose
Plaît l'odeur de la belle rose.
J'aime à chanter de cette fleur
Le teint vermeil et la valeur,
Dont Vénus se pare et l'aurore,
De cette fleur qui a le nom
D'une que j'aime et que j'honore,
Et dont l'honneur ne sent moins bon :
J'aime sur toute fleur déclose
A chanter l'honneur de la rose.
La rose est des fleurs tout l'honneur,
Qui en grâce et divine odeur
Toutes les belles fleurs surpasse,
Et qui ne doit au soir flétrir
Comme une autre fleur qui se passe,
Mais en honneur toujours fleurir :
J'aime sur toute fleur déclose
A chanter l'honneur de la rose.
Elle ne défend à aucun
Ni sa vue ni son parfum,
Mais si de façon indiscrète
On la voulait prendre ou toucher,
C'est lors que sa pointure aigrette
Montre qu'on n'en doit approcher :
J'aime sur toute fleur déclose
A chanter l'honneur de la rose. _________________ !
Soirs
Il y a de grands soirs où les villages meurent
Après que les pigeons sont rentrés se coucher.
Ils meurent, doucement, avec le bruit de l'heure
Et le cri bleu des hirondelles au clocher...
Alors, pour les veiller, des lumières s'allument,
Vieilles petites lumières de bonnes soeurs,
Et des lanternes passent, là-bas dans la brume...
Au loin le chemin gris chemine avec douceur...
Les fleurs dans les jardins se sont pelotonnées,
Pour écouter mourir leur village d'antan,
Car elles savent que c'est là qu'elles sont nées...
Puis les lumières s'éteignent, cependant
Que les vieux murs habituels ont rendu l'âme,
Tout doux, tout bonnement, comme de vieilles femmes.
Henry Bataille _________________
Tout vient à point à qui sait attendre!
Posté le: 16-11-2006 12:43 Sujet du message: poesie
Pierre DupontLes boeufs
LES BOEUFS
J'ai deux grands boeufs dans mon étable,
Deux grands boeufs blancs marqués de roux ;
La charrue est en bois d'érable,
L'aiguillon en branche de houx.
C'est par leur soin qu'on voit la plaine
Verte l'hiver, jaune l'été ;
Ils gagnent dans une semaine
Plus d'argent qu'ils n'en ont coûté.
S'il me fallait les vendre,
J'aimerais mieux me pendre ;
J'aime Jeanne ma femme, eh bien ! j'aimerais mieux
La voir mourir, que voir mourir mes boeufs.
Les voyez-vous, les belles bêtes,
Creuser profond et tracer droit,
Bravant la pluie et les tempêtes
Qu'il fasse chaud, qu'il fasse froid.
Lorsque je fais halte pour boire,
Un brouillard sort de leurs naseaux,
Et je vois sur leur corne noire
Se poser les petits oiseaux.
S'il me fallait les vendre,
J'aimerais mieux me pendre ;
J'aime Jeanne ma femme, eh bien ! j'aimerais mieux
La voir mourir, que voir mourir mes boeufs.
Ils sont forts comme un pressoir d'huile,
Ils sont doux comme des moutons ;
Tous les ans, on vient de la ville
Les marchander dans nos cantons,
Pour les mener aux Tuileries,
Au mardi gras devant le roi,
Et puis les vendre aux boucheries ;
Je ne veux pas, ils sont à moi.
S'il me fallait les vendre,
J'aimerais mieux me pendre ;
J'aime Jeanne ma femme, eh bien ! j'aimerais mieux
La voir mourir, que voir mourir mes boeufs.
Quand notre fille sera grande,
Si le fils de notre régent
En mariage la demande,
Je lui promets tout mon argent ;
Mais si pour dot il veut qu'on donne
Les grands boeufs blancs marqués de roux ;
Ma fille, laissons la couronne
Et ramenons les boeufs chez nous.
S'il me fallait les vendre,
J'aimerais mieux me pendre ;
J'aime Jeanne ma femme, eh bien ! j'aimerais mieux
La voir mourir, que voir mourir mes boeufs. _________________ !
Posté le: 17-11-2006 11:47 Sujet du message: POEME
ANTOINE DE BERTIN
Élégie
(fragment)
Ô tristesse ! ô regrets ! ô jours de mon enfance,
Hélas ! un sort plus doux m'était alors promis.
Né dans ces beaux climats et sous les cieux amis
Qu'au sein des mers de l'Inde embrase le tropique,
Elevé dans l'orgueil du luxe asiatique,
La pourpre, le satin, ces cotons précieux
Que lave aux bords du Gange un peuple industrieux,
Cet émail si brillant que la Chine colore,
Ces tapis dont la Perse est plus jalouse encore,
Sous mes pieds étendus, insultés dans mes jeux,
De leur richesse à peine avaient frappé mes yeux.
Je croissais, jeune roi de ces rives fécondes ;
Le roseau savoureux, fragile amant des ondes,
Le manguier parfumé, le dattier nourrissant,
L'arbre heureux où mûrit le café rougissant,
Des cocotiers enfin la race antique et fière,
Montrant au-dessus d'eux sa tête tout entière,
Comme autant de sujets attentifs à mes goûts,
Me portaient à l'envi les tributs les plus doux.
Pour moi d'épais troupeaux blanchissaient les campagnes ;
Mille chevreaux erraient suspendus aux montagnes ;
Et l'océan, au loin se perdant sous les cieux,
Semblait offrir encor, pour amuser mes yeux,
Dans leur cours différent cent barques passagères
Qu'emportaient ou la rame ou les voiles légères.
Que fallait-il de plus ? Dociles à ma voix,
Cent esclaves choisis entouraient ma jeunesse ;
Et mon père, éprouvé par trente ans de sagesse,
Au créole orgueilleux dictant de justes lois,
Chargé de maintenir l'autorité des rois,
Semblait dans ces beaux lieux égaler leur richesse.
Tout s'est évanoui. Trésors, gloire, splendeur,
Tout a fui, tel qu'un songe à l'aspect de l'aurore,
Ou qu'un brouillard léger qui dans l'air s'évapore.
A cet éclat d'un jour succède un long malheur.
Pour des raisons de propriété intellectuelle, nous ne pouvons actuellement vous _________________ !
Qu’il est doux, qu’il est doux d’écouter des histoires
Des histoires du temps passé,
Quand les branches d’arbres sont noires,
Quand la neige est épaisse
Et charge le sol glace !
Alfred de Vigny _________________
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