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et bien FREDO, j'ai lu le choix de tes poesies,
d'une grande reflexion, et aussi d'une grande sensibilité
je ne connais pas.
merci à toi de passer chez nous.
Posté le: 11-01-2007 07:06 Sujet du message: poesie
BONJOUR DU MATIN:
L'AMOUR DE L'AMOUR
Aimez bien vos amours;aimez l'amour qui reve
Une rose à la lévre et des fleurs dans les yeux;
C'est lui que vous cherchez quand votre avril se léve,
Lui dont reste un parfum quand vos ans se font vieux.
Aimez l'amour qui joue au soleil des peintures,
Sous l'azur de la Gréce,autour de ses autels,
Et qui déroule au ciel la tresse et les ceintures,
Ou qui vide un carquois sur des coeurs immortels.
GERMAIN NOUVEAU
[/b][/b] _________________ LE RESPECT EST LE LIEN DE L'AMITIE.
Posté le: 11-01-2007 09:35 Sujet du message: POESIE
ARISTIDE BRUANT
Fantaisie triste
I' bruinait... L'temps était gris,
On n'voyait pus l'ciel... L'atmosphère,
Semblant suer au d'ssus d'Paris,
Tombait en bué' su' la terre.
I' soufflait quéqu'chose... on n'sait d'où,
C'était ni du vent ni d'la bise,
Ça glissait entre l'col et l'cou
Et ça glaçait sous not' chemise.
Nous marchions d'vant nous, dans l'brouillard,
On distinguait des gens maussades,
Nous, nous suivions un corbillard
Emportant l'un d'nos camarades.
Bon Dieu ! qu'ça faisait froid dans l'dos !
Et pis c'est qu'on n'allait pas vite ;
La moell' se figeait dans les os,
Ça puait l'rhume et la bronchite.
Dans l'air y avait pas un moineau,
Pas un pinson, pas un' colombe,
Le long des pierr' i' coulait d'l'eau,
Et ces pierr's-là... c'était sa tombe.
Et je m'disais, pensant à lui
Qu' j'avais vu rire au mois d'septembre
Bon Dieu ! qu'il aura froid c'tte nuit !
C'est triste d'mourir en décembre.
J'ai toujours aimé l'bourguignon,
I' m' sourit chaqu' fois qu' i' s'allume ;
J' voudrais pas avoir le guignon
D' m'en aller par un jour de brume.
Quand on s'est connu l' teint vermeil,
Riant, chantant, vidant son verre,
On aim' ben un rayon d'soleil...
Le jour ousqu' on vous porte en terre.
Posté le: 12-01-2007 08:46 Sujet du message: poesie
Éloge des femmes CLAUDE BOUTON
Nous disons que nous sommes saiges
Et que les femmes sont fragiles ;
Mais Dieu qui connoist nos couraiges
Nous voyt de vertus fort debiles,
Et en tous vices bien abiles
Et nous peuvent femmes reprendre
Mieulx que ne les sarions apprendre.
Les femmes sont moult a priser
Plus que les hommes sans doubtance :
Sans vouloir nully mespriser,
Et pour en donner cognoissance,
En nous apert trop d'inconstance,
Et ne sont nos vertus egales
A leurs sept vertus cardinales.
Premier parlons d'humilité :
Contre le grand peché d'orgueil
Elles ont doulceur et pité
En maintien, en cueur et en oeuil,
Et devant chascun dire veuil
Qu'en elles n'est jamais fierté
Que pour garder leur chasteté.
Contre le péché d'avarice
Nous fault parler de leur largesse ;
Pour rebouter ce maulvais vice
Elles font souvent dire messe,
Et donnent aulmosnes sans cesse
Et chandelles et offerende,
Voyre sans ce qu'on leur demande.
Elles ont l'art et la science
A l'encontre du peché d'ire,
Pour prendre tout en pacience,
Leurs maulx, leurs mechiefs, leur martyre
Qu'est plus grant qu'on ne saroit dire :
Tout est pourté paciemment,
Dont je m'esbahis bien comment.
Amour et toute charité
Contre les faulx pechés d'envies
Elles ont en grant loyauté,
Plaines de toutes courtoisies ;
Et si sont de chescung amies,
En gardant toute honnesteté
Plus que nous sans desloyaulté.
Contre le péché de paresse
Bien peu de femmes sont oiseuses,
Mais sont diligentes sans cesse,
De tout bien faire curieuses,
Et de toutes vertus soigneuses,
Ayant vertu de diligence
Contre vice de negligence.
Contre vice de gloutonnie
Femmes sont pleines de sobresse,
D'abstinance et de junerie
Dont fort fait a louer leur sesse*,
Car peu ou nulle n'est yvresse :
Yvres ne sont comme nous sommes,
Mais que ne desplaise a nous hommes.
Contre le péché de luxure
Chasteté est d'elles gardee
Avecq honneur qui tousjours dure,
Loyer et bonne renommee,
Soit josne fille ou mariée
Pour une trouvee aux bordeaux,
Homme y vont a grans tropeaulx.
Les aeuvres de misericorde
Par elles sont paracomplies,
Amant paix, amour et concorde,
De grant devotion garnies,
Sans laisser vespres ne complies,
Oraisons, n'oublier leurs Heures,
Mais les dient a toutes heures.
Elles ne jurent ne renient,
Ne bourdent comme nous bourdons,
Souvent ou toujours le voir** dient,
Sans mentir comme nous mentons ;
Plus de vertus que nous n'avons
Et mains*** de vices que nous, hommes,
Je m'en raporte aux bons preudhommes.
( _________________ !
aimer c'est donner !
Dernière édition par Line le 12-01-2007 08:50; édité 1 fois
Posté le: 13-01-2007 11:10 Sujet du message: POESIE
EDOUARD GREINER
Prélude de l'Elkovan
La brise fait trembler sur les eaux diaphanes
Les reflets ondoyants des palais radieux ;
Le pigeon bleu se pose au balcon des sultanes ;
L'air embaumé s'emplit de mille bruits joyeux ;
Des groupes nonchalants errent sous les platanes ;
Tout rit sur le Bosphore, et seuls les elkovans
Avec des cris plaintifs rasent les flots mouvants.
Ô pâles elkovans, troupe agile et sonore,
Qui descendez sans trêve et montez le courant !
Hôtes doux et plaintifs des ondes du Bosphore,
Qui ne vous reposez comme nous qu'en mourant !
Pourquoi voler ainsi sans cesse dès l'aurore,
Et d'Asie en Europe, et de l'aube au couchant,
Jeter sans fin ce cri monotone et touchant ?
Posté le: 15-01-2007 10:31 Sujet du message: POESIE
therese MAQUET
La Nymphe captive
Seule à jamais ! couchée au sol, l'âme troublée,
Pleine d'un regard vague et d'un désir sans fin,
Elle reste immobile, et sa pose accablée
Du contour délicat accuse le dessin.
Son corps souple et charmant fait une lueur blanche
Entre les durs profils des rocs irréguliers ;
La tunique aux plis droits a glissé sur sa hanche,
Des bandelettes d'or les bouts sont déliés,
Et ses cheveux légers que le vent éparpille
D'une vapeur ambrée auréolent son front. [...] _________________ !
Posté le: 16-01-2007 09:53 Sujet du message: poeme
J.LORENS
Satire XI
[...] Pour être courtisan, il faut dissimuler,
Faire le chien couchant, ou ne s'en point mêler ;
Je n'ai point ces vertus : comme sous une halle,
Mon esprit simplement sa marchandise étale ;
Je hais tout artifice et tout déguisement,
Je ne sais ni louer ni blâmer faussement ;
Bref, qu'en tous mes propos je suis si véritable
Qu'un grand ne me veut voir qu'une fois à sa table ;
Et d'ailleurs je ne suis ni flatteur ni devin,
Un peu trop librement je demande du vin ;
Je jouerais à la Cour un mauvais personnage,
Vu, comme chacun sait, que je n'ai qu'un visage.
[...] Comme un vaisseau sur mer, selon qu'il a le vent,
Fuit quelquefois le nord pour cingler au levant,
Pource qu'il périrait s'il n'avait qu'une route,
L'homme que tu connais fait de même sans doute ;
Il a sur son esprit tant de commandement
Qu'à tout ce qu'il lui plat il le ploie aisément ;
Selon le temps qui fait, ou l'astre qui domine,
Il change d'entretien, et de geste, et de mine.
L'Église a divers chants en diverses saisons,
Et tout cela fondé sur de bonnes raisons ;
Lui sans comparaison ne fait rien qu'il n'en die
Le pourquoi, le comment, et qu'il ne l'étudie.
C'est le caméléon qui prend toute couleur,
Qui soupire en sa joie, et chante en sa douleur.
Enfin il s'est acquis un pouvoir sur lui-même
Tellement absolu qu'il n'en est point de même ;
A ce que veut un autre il est si tôt porté
Qu'il semble n'avoir point de propre volonté. [...] _________________ !
Posté le: 16-01-2007 22:20 Sujet du message: POESIE
BONSOIR DU SOIR::
IMMENSITE
Voyez le ciel, la terre et toute la nature;
C'est le livre de, c'est sa grande écriture;
L'homme le lit sans cesse et ne l'achève point.
Splendeurs de la virgule, immensité du point!
Comètes et soleils, lettres de feu sans nombre!
Pages que la nuit pure éclaire avec son ombre!
Le jour est moins charmant que les yeux de la nuit.
C'est un astre en rumeur que tout astre qui luit,
Musique d'or des cieux faite avec leur silence;
Et tout astre immobile est l'astre qui s'élance.
Ah!que Dieu, qui vous fit, magnifiques rayons,
Cils lointains qui battez lorsque nous sommeillons,
longtemps, jusqu'à nos yeux buvant votre énergie!
Prolonge votre flamme et sa fréle magie!
La terre est notre mére au sein puissant et beau;
Comme on ouvre son coeur, elle ouvre le tombeau,
Faisant ce que lui dit le Pére qui regarde;
Dieu nous rend à la mère, et la Mère nous garde.
Mais comme le sillon garde le grain de blé,
Pour le crible, sur l'aire ou tout sera criblé:
Récolte dont le fils a préparé les granges,
Et dont les moissonneurs vermeils seront des anges.
GERMAIN NOUVEAU _________________ LE RESPECT EST LE LIEN DE L'AMITIE.
Posté le: 16-01-2007 22:35 Sujet du message: POESIE
SOLEILS COUCHANTS
Une aube affaiblie
Verse par les champs
La mélancolie
Des soleils couchants.
La mélancolie
Berce de doux chants
Mon coeur qui s'oublie
Aux soleils couchants.
Et d'étranges reves,
Comme des soleils
Couchants sur les grèves,
Fantomes vermeils,
Défilent sans treves,
Défilent, pareils
A de grands soleils
Couchants sur les grèves.
PAUL VERLAINE _________________ LE RESPECT EST LE LIEN DE L'AMITIE.
Accourez vite à nos splendides fêtes !
Ici banquets, là concert, ailleurs bal.
Les diamants rayonnent sur les têtes,
Le vin rougit les coupes de cristal.
Ce luxe altier qui partout se déroule,
Le peuple va le payer en gros sous.
Municipaux, au loin chassez la foule.
Amusons-nous !
Quel beau festin ! mets précieux et rares,
Dont à prix d'or on eut chaque morceau,
Vins marchandés aux crus les plus avares
Et que le temps a scellés de son sceau...
Quel est ce bruit ?... - Rien, c'est un prolétaire
Qui meurt de faim à quelques pas de vous.
- Un homme mort ?... C'est fâcheux ! Qu'on l'enterre.
Enivrons-nous !
Voici des fruits qu'à l'automne
Vole à grand frais l'été pour ces repas :
Là, c'est l'Aï dont la mousse écumeuse
Suit le bouchon qui saute avec fracas...
Qu'est-ce ?... un pétard que la rage éternelle
Des factieux ? - Non, non, rassurez-vous !
Un commerçant se brûle la cervelle...
Enivrons-nous !
Duprez commence... Ô suaves merveilles !
Gais conviés, désertez vos couverts.
C'est maintenant le bouquet des oreilles ;
On va chanter pour mille écus de vers.
Quel air plaintif vient jusqu'en cette enceinte ?...
Garde, alerte ! En prison traînez tous
Ce mendiant qui chante une complainte...
Enivrons-nous !
Femmes, au bal ! La danse vous appelle ;
Des violons entendez les accords.
Mais une voix d'en haut nous interpelle .
Tremblez ! tremblez ! vous dansez sur les morts
Ce sol maudit que votre valse frôle,
Le fossoyeur le foulait avant nous... "
Tant mieux ! la terre est sous nos pieds plus molle.
Trémoussez-vous !
Chassons bien loin cette lugubre image
Qui du plaisir vient arrêter l'essor.
Déjà pâlit sous un autre nuage
Notre horizon de parures et d'or.
C'est Waterloo... Pardieu, que nous importe !
Quand l'étranger eut tiré les verroux,
On nous a vu entrer par cette porte...
Trémoussez-vous !
Çà, notre fête est brillante peut-être ?
Elle a coûté neuf cent vingt mille francs.
Qu'en reste-t-il ? Rien... sur une fenêtre,
Au point du jour, des lampions mourants.
Quand le soleil éclairera l'espace,
Cent mobiliers seront vendus dessous.
Vite, aux recors, calèches, faites place...
Éloignons-nous !
Accourez vite à nos splendides fêtes !
Ici banquets, là concert, ailleurs bal.
Les diamants rayonnent sur les têtes,
Le vin rougit les coupes de cristal.
Ce luxe altier qui partout se déroule,
Le peuple va le payer en gros sous.
Municipaux, au loin chassez la foule.
Amusons-nous !
Quel beau festin ! mets précieux et rares,
Dont à prix d'or on eut chaque morceau,
Vins marchandés aux crus les plus avares
Et que le temps a scellés de son sceau...
Quel est ce bruit ?... - Rien, c'est un prolétaire
Qui meurt de faim à quelques pas de vous.
- Un homme mort ?... C'est fâcheux ! Qu'on l'enterre.
Enivrons-nous !
Voici des fruits qu'à l'automne
Vole à grand frais l'été pour ces repas :
Là, c'est l'Aï dont la mousse écumeuse
Suit le bouchon qui saute avec fracas...
Qu'est-ce ?... un pétard que la rage éternelle
Des factieux ? - Non, non, rassurez-vous !
Un commerçant se brûle la cervelle...
Enivrons-nous !
Duprez commence... Ô suaves merveilles !
Gais conviés, désertez vos couverts.
C'est maintenant le bouquet des oreilles ;
On va chanter pour mille écus de vers.
Quel air plaintif vient jusqu'en cette enceinte ?...
Garde, alerte ! En prison traînez tous
Ce mendiant qui chante une complainte...
Enivrons-nous !
Femmes, au bal ! La danse vous appelle ;
Des violons entendez les accords.
Mais une voix d'en haut nous interpelle .
Tremblez ! tremblez ! vous dansez sur les morts
Ce sol maudit que votre valse frôle,
Le fossoyeur le foulait avant nous... "
Tant mieux ! la terre est sous nos pieds plus molle.
Trémoussez-vous !
Chassons bien loin cette lugubre image
Qui du plaisir vient arrêter l'essor.
Déjà pâlit sous un autre nuage
Notre horizon de parures et d'or.
C'est Waterloo... Pardieu, que nous importe !
Quand l'étranger eut tiré les verroux,
On nous a vu entrer par cette porte...
Trémoussez-vous !
Çà, notre fête est brillante peut-être ?
Elle a coûté neuf cent vingt mille francs.
Qu'en reste-t-il ? Rien... sur une fenêtre,
Au point du jour, des lampions mourants.
Quand le soleil éclairera l'espace,
Cent mobiliers seront vendus dessous.
Vite, aux recors, calèches, faites place...
Éloignons-nous !
L'on verra s'arrêter le mobile du monde
L'on verra s'arrêter le mobile du monde,
Les étoiles marcher parmi le firmament,
Saturne infortuné luire bénignement,
Jupiter commander dedans le creux de l'onde.
L'on verra Mars paisible et la clarté féconde
Du Soleil s'obscurcir sans force et mouvement,
Vénus sans amitié, Stilbon sans changement,
Et la Lune en carré changer sa forme ronde,
Le feu sera pesant et légère la terre,
L'eau sera chaude et sèche et dans l'air qui l'enserre,
On verra les poissons voler et se nourrir,
Plutôt que mon amour, à vous seul destinée,
Se tourne en autre part, car pour vous je fus née,
Je ne vis que pour vous, pour vous je veux mourir. _________________ !
Posté le: 19-01-2007 10:28 Sujet du message: poesie
CHARLES BAUDELAIRE
Bohémiens en voyage
La tribu prophétique aux prunelles ardentes
Hier s'est mise en route, emportant ses petits
Sur son dos, ou livrant à leurs fiers appétits
Le trésor toujours prêt des mamelles pendantes.
Les hommes vont à pied sous leurs armes luisantes
Le long des chariots où les leurs sont blottis,
Promenant sur le ciel des yeux appesantis
Par le morne regret des chimères absentes.
Du fond de son réduit sablonneux le grillon,
Les regardant passer, redouble sa chanson ;
Cybèle, qui les aime, augmente ses verdures,
Fait couler le rocher et fleurir le désert
Devant ces voyageurs, pour lesquels est ouvert
L'empire familier des ténèbres futures. _________________ !
Posté le: 20-01-2007 11:34 Sujet du message: POESIE
ADAM BILLAUT
Sonnet
Résolution de maître Adam de ne plus aimer son ingrate par la
protestation qu'il en fait à son confesseur
Mon Père à deux genoux j'accuse mes malices,
Avec un repentir profond et solennel,
Et pour ne point tromper votre soin paternel,
Je laisse de Phillis les aimables supplices.
Éloignant ces beaux yeux, mes souverains complices,
Je change en une nuit un beau jour éternel,
Et si pour bien aimer on devient criminel,
C'est trop peu que l'enfer pour expier mes vices.
Puisqu'il faut obéir aux lois du Tout-puissant,
Pour un si grand sujet je suis obéissant,
En brisant de mes fers la douce violence.
Ha qu'en ce changement je me trouve étonné !
Et que j'ai peu besoin de votre pénitence,
Si cherchant mon salut je passe pour damné.
Posté le: 22-01-2007 10:28 Sujet du message: poesie
Élégie ANTOINE DE BERTIN
(fragment)
Ô tristesse ! ô regrets ! ô jours de mon enfance,
Hélas ! un sort plus doux m'était alors promis.
Né dans ces beaux climats et sous les cieux amis
Qu'au sein des mers de l'Inde embrase le tropique,
Elevé dans l'orgueil du luxe asiatique,
La pourpre, le satin, ces cotons précieux
Que lave aux bords du Gange un peuple industrieux,
Cet émail si brillant que la Chine colore,
Ces tapis dont la Perse est plus jalouse encore,
Sous mes pieds étendus, insultés dans mes jeux,
De leur richesse à peine avaient frappé mes yeux.
Je croissais, jeune roi de ces rives fécondes ;
Le roseau savoureux, fragile amant des ondes,
Le manguier parfumé, le dattier nourrissant,
L'arbre heureux où mûrit le café rougissant,
Des cocotiers enfin la race antique et fière,
Montrant au-dessus d'eux sa tête tout entière,
Comme autant de sujets attentifs à mes goûts,
Me portaient à l'envi les tributs les plus doux.
Pour moi d'épais troupeaux blanchissaient les campagnes ;
Mille chevreaux erraient suspendus aux montagnes ;
Et l'océan, au loin se perdant sous les cieux,
Semblait offrir encor, pour amuser mes yeux,
Dans leur cours différent cent barques passagères
Qu'emportaient ou la rame ou les voiles légères.
Que fallait-il de plus ? Dociles à ma voix,
Cent esclaves choisis entouraient ma jeunesse ;
Et mon père, éprouvé par trente ans de sagesse,
Au créole orgueilleux dictant de justes lois,
Chargé de maintenir l'autorité des rois,
Semblait dans ces beaux lieux égaler leur richesse.
Tout s'est évanoui. Trésors, gloire, splendeur,
Tout a fui, tel qu'un songe à l'aspect de l'aurore,
Ou qu'un brouillard léger qui dans l'air s'évapore.
A cet éclat d'un jour succède un long malheur. _________________ !
Posté le: 23-01-2007 11:42 Sujet du message: POESIE
DE BOUCHAUD
La Syrinx
Le son de la Syrinx est doux au soir tranquille.
Faune ! Pour t'écouter la Nymphe des roseaux
A quitté sa retraite, et l'on voit sur les eaux
Comme un cygne glisser sa forme juvénile _________________ !
Aux mânes de Joseph Delorme
J'ai beau me rappeler... Joseph Delorme... non ;
Nul écho dans mon coeur ne s'éveille à ce nom.
Joseph !... Lisons toujours. - Ah ! jeune aiglon sauvage,
Cygne plaintif, amour des eaux et du rivage,
Pour souffrir et chanter, sur la terre venu,
Tu meurs enfin... pourquoi ne t'ai-je pas connu ?
Car je les connais tous ceux qui seront célèbres ;
Leurs rayons fraternels éclairent mes ténèbres.
Je n'étais qu'un enfant (Paris, vers ce temps-là,
Pleurait avec Mathilde et riait d'Atala),
Que, du siècle où Voltaire égalait les couronnes,
Voyant encor debout les dernières colonnes,
Je fus conduit, tremblant, vers ces débris fameux,
Par mon père, vieillard, hélas ! tombé comme eux ;
C'était Lebrun, armé de sa strophe énergique,
Fougueux comme Pindare... et plus mythologique ;
Ducis, qu'on vit grandir à l'ombre d'un géant,
Brûlant imitateur, qui s'éteint, en criant ;
Chénier, poète sage, orateur téméraire,
Génie académique, immortel par son frère ;
Fontanes, qui veilla, flambeau pur et brillant,
Comme un autre Boileau près de Chateaubriand ;
Parny, qui, cinquante ans, des salons aux ruelles
Voltigeant, ne trouva ni censeurs ni cruelles ;
Delille, chef heureux d'un système tombé,
Malgré cent mille vers, plus poète qu'abbé ;
Bernardin, couronné des mains de Virginie ;
Et madame de Staël, - cet homme de génie ! -
Et moi, tout palpitant, j'écoutais, j'admirais,
Et, dans mon jeune coeur, d'impatients regrets,
De turbulents désirs d'une gloire impossible,
Roulaient, comme un orage au fond d'un lac paisible ;
Et, de ces noms vantés idolâtrant l'honneur,
Je ne séparais point la gloire du bonheur ;
Car le poète en vain meurt de ses rêves sombres ;
Le laurier de son front nous en cache les ombres.
Le temps vola, rapide, et, lambeau par lambeau,
Tout entier le vieux siècle entra dans le tombeau ;
Mais, des restes poudreux de ce cadavre immense,
Jaillit la fraîche fleur de l'âge qui commence.
Et, tel qu'un villageois qui tristement s'assied
Sur les grands arbres morts, et pousse de son pied
Les branches, qui longtemps ombragèrent sa tête,
S'il aperçoit, parés comme pour une fête,
De jeunes plants ouvrir leurs bourgeons au soleil,
Et de la vie aux champs annoncer le réveil,
Avec leurs fronts riants, leurs bras gonflés de sève,
Leur taille, qui déjà se courbe et se relève,
Leur verte chevelure, et l'espoir de leurs fruits,
Et des vents alentour les ineffables bruits ;
Il s'émeut, il sourit, il semble qu'il renaisse,
Devant tant de fraîcheur, de force et de jeunesse.
Ainsi je fus heureux, quand, je ne sais pourquoi,
Les poètes nouveaux vinrent tous jusqu'à moi ;
Oracles dédaignés, rois méconnus naguère,
Levant leur sceptre enfin et foulant le vulgaire ;
Chênes puissants, grandis sous les vents orageux,
J'ai suivi leurs combats et j'assiste à leurs jeux.
Leurs triomphes, leurs chants m'enivrent, je les aime
De tous ces dons du ciel, que je n'ai pas moi-même.
Poète ! c'est ainsi que je t'aurais aimé
Un front timide, avec un regard enflammé,
Un sourire, à bien voir, plus triste que les larmes,
Laissant tomber tes vers, comme un guerrier ses armes
Quand, sûr de la victoire, il s'endort triomphant ;
L'âme d'un philosophe et le coeur d'un enfant,
Enthousiaste et froid, amoureux et stoïque,
Faible athlète, pourvu d'un courage héroïque,
Offrant contre les sots, sans l'avoir consulté,
Le secours du génie au génie insulté ;
Et bien souvent, après une journée amère,
Rendant grâces à Dieu dans les bras de sa mère...
Tel tu serais, Joseph, tel je te rêve au moins !
Mais, n'avoir de ses maux que de muets témoins ;
Pour quelques pleurs amis, un sourire de femme,
Trouver partout la haine ou l'égoïsme infâme,
Dépenser le trésor de ses beaux ans virils
En calculs de vieillards, en travaux puérils ;
Marcher sans avancer, et gravir sans atteindre ;
Sentir au fond de soi l'amour même s'éteindre ;
Dire sur tous les siens la prière des morts ;
Passer incessamment des douleurs aux remords ;
Incessamment en proie à sa double nature,
Dans la lutte de l'âme et de la créature,
Se débattre, tantôt vaincu, tantôt vainqueur,
Et puis mourir longtemps dans les tourments du coeur.
Ah ! qu'il vaut mieux mourir en commençant de vivre !
Et n'aurais-tu pas vu se railler de ton livre
Fats et pédants, pareils sous des habits divers,
Qui ne comprendraient point tes peines ni tes vers,
Qui n'ont jamais pensé ni souffert de leur vie !
Car ce n'est pas chez eux l'injustice ou l'envie,
C'est un sincère amour du commun et du faux,
Un merveilleux instinct pour flairer les défauts,
Perdus dans les beautés dont un chef-d'oeuvre abonde.
Au milieu d'un verger, ainsi le porc immonde
Passe devant les fleurs, ne voit point le duvet
Dont la pêche arrondie au soleil se revêt ;
Mais qu'on ait oublié, plus loin, un peu de fange,
Il y court, en grognant, se réjouit et mange.
Voilà, Joseph, voilà quel spectacle hideux
Tes égaux sur la terre ont sans cesse autour d'eux !
Ah ! qu'il vaut mieux mourir, et d'étoile en étoile
S'envoler, soulevant un coin du sombre voile
Que Dieu jeta lui-même et qui cache à nos yeux
Les grands germes du monde et le secret des cieux !
Pourtant, avant qu'un ange, à ta gloire éternelle,
Loin des viles clameurs l'emportât sur son aile,
J'aurais voulu marcher trois pas dans ton chemin,
T'appeler par ton nom et te serrer la main.
Posté le: 25-01-2007 10:00 Sujet du message: POESIE
ADAM BILLAUD
Sonnet
Résolution de maître Adam de ne plus aimer son ingrate par la
protestation qu'il en fait à son confesseur
Mon Père à deux genoux j'accuse mes malices,
Avec un repentir profond et solennel,
Et pour ne point tromper votre soin paternel,
Je laisse de Phillis les aimables supplices.
Éloignant ces beaux yeux, mes souverains complices,
Je change en une nuit un beau jour éternel,
Et si pour bien aimer on devient criminel,
C'est trop peu que l'enfer pour expier mes vices.
Puisqu'il faut obéir aux lois du Tout-puissant,
Pour un si grand sujet je suis obéissant,
En brisant de mes fers la douce violence.
Ha qu'en ce changement je me trouve étonné !
Et que j'ai peu besoin de votre pénitence,
Si cherchant mon salut je passe pour damné. _________________ !
Posté le: 27-01-2007 10:36 Sujet du message: POESIE
JACQUES CAZOTTE
La rivière et la prairie
Fable
Causant avec la Prairie,
La Rivière adroitement
Rabattit sur le torrent ;
Je suis sa meilleure amie ;
On croit qu'il est mon parent,
À cause de la ravine,
Qui se prétend ma cousine,
Et dont on dit qu'il descend.
Je serais désespérée
De dire à d'autres qu'à vous
Ce qu'en pense la contrée ;
Mais il y passe, entre nous,
Pour un scélérat insigne,
Il a fait un trait indigne.
Quelque part, près de ces lieux,
On sacrifiait aux Dieux.
Il part du haut de la cime ;
Comme un foudre il se répand,
Entraîne, chemin faisant,
L'idole, le desservant,
Les dévots et la victime.
Il n'a pas de lit certain ;
Mais, dans son cours libertin,
Quelque part qu'il s'achemine,
Il saccage, déracine ;
Il s'élance avec fureur,
Précédé par la terreur
Et suivi de la ruine.
Son cours est un vrai fléau.
Ce n'est pas que je me loue ;
Mais regardez bien mon eau,
Vous n'y verrez pas de boue.
Je m'écoule, à petit bruit,
Et, partout sur mon passage,
Plaine, bosquet, pâturage,
Tout s'engraisse, tout fleurit...
La Prairie, impatiente,
Dit, le ciel en soit béni :
La gloire en revient à lui,
Qui vous ménagea la pente.
Mais si, changeant de niveau,
Vous tombiez d'un peu plus haut
Que ce torrent si coupable,
Vous seriez plus intraitable.
Plaignons les gens dont les penchants sont forts :
Il doit leur en coûter pour vaincre la nature :
Quand ils font mal, sans doute ils ont des torts,
Mais Dieu seul en sait la mesure.
Pierre Faifeu
Au temps d'hiver qu'il faisait fâcheux temps
Et très grand froid, ainsi comme j'entends,
Nouvelleter lui prit en fantaisie
Un certain jour devant la bourgeoisie.
Car sa chemise au soir il fit tremper
Et mettre au vent pour de mieux l'attromper ;
Dont lendemain était toute glacée,
Et de glaçons partout entrelacée.
Or en ce point il la prit et vêtit,
Et puis après ses jambes revêtit
De clochetons et petites sonnettes.
Or, sans plus prendre hardes ou besognettes,
La tête nue, en chemise et pieds nus,
Pour mieux danser et faire sauts menus
Ayant avec lui un ménétrier habile
Alla danser parmi toute la ville ;
Dont fut bien ri. C'est tout ce qu'acquêta
Pour celui fait ; rien plus ne conquêta.
Nul bien ne veut, mais qu'il puisse complaire ;
Onc ne voulut à personne déplaire.
Fors quand n'avait argent, trouvait moyen
En recouvrer de chanoine ou doyen,
Ou autres gens, sans le rober ou prendre
Sans leur vouloir ; doncques il faut apprendre
Nécessité par esprit secourir.
Rien impossible à nul, sinon mourir. _________________ !
Posté le: 29-01-2007 10:28 Sujet du message: poesie
bourcoing
Le véritable amant
Les bons amants deux coeurs en un assemblent,
Penser, vouloir, mettent en un désir,
Un chemin vont, jamais ne se dessemblent ;
Ce que l'un veut, l'autre l'a à plaisir.
Point ne les vient jalousie saisir
En vrai amour, car de mal n'ont envie
Amour est bonne ; jaloux ont male vie.
En telle amour l'un l'autre ne mécroit,
Jamais entre eux n'a aucun contredit,
Ce que l'un dit, pour vrai l'autre le croit ;
Nul refus n'a entre eux, en fait ni dit ;
L'un pense bien que l'autre n'a rien dit
Que vérité, et que point ne ferait
Aucune chose que faire ne devrait.
Si par fortune adversité advient
A celle dame qui en amour le tient,
Ou si malade soudainement devient
De meilleur coeur il l'aime et l'entretient ;
La douleur d'elle en son coeur il soutient.
Plus l'aimera ainsi par vérité,
Qu'il ne fera en sa prospérité.
Et si, par mort, l'un d'eux est départi,
Le survivant jà autre n'aimera,
Ni ne prendra jamais autre parti
Car en son coeur l'amour de l'autre aura ;
Comment haïr l'ami soudain pourra
Ce qu'il aimait de coeur si doucement !
Possible n'est de le faire aucunement.
Voyez la teurtre* , qui tant ce fait escorte ;
Quand l'une d'elles sa compagne tôt perd,
La survivante toujours sur branche morte
Prendra repos en grand regret expert.
Chacun connaît que c'est un fait apert
Car sa nature à telle amour ouverte
Qu'el' ne s'assied plus dessus branche verte.
Posté le: 30-01-2007 10:00 Sujet du message: POESIE
REINE GARDE
A mes hirondelles
L'hiver au doux printemps vient de céder la place,
Mars de sa tiède haleine a réchauffé l'espace,
La prairie étale ses fleurs :
Revenez donc, mes hirondelles,
Ne me soyez point infidèles,
Revenez, le bruit de vos ailes
A l'instant suspendra mes pleurs.
Laissant au rossignol les arbres du bocage,
Dans mes vases garnis de fleurs et de feuillage,
Gazouillez du matin au soir.
Je veux que chacune en dispose,
Et pour mieux becqueter la rose,
La giroflée à peine éclose,
Penchez-vous sur mon arrosoir.
Posté le: 31-01-2007 10:34 Sujet du message: POESIE
ernest BUSSY
Écrit dans une heure d'angoisse
... Le mal qui m'a saisi resserre son étreinte.
La nuit vient. Je me sens seul et triste à mourir.
Personne auprès de moi pour adoucir ma crainte,
Pour essuyer mon front et m'aider à mourir. [...] _________________ !
Posté le: 01-02-2007 12:00 Sujet du message: POESIE
JEAN FRANCOIS DUCIS
Heureuse solitude
Heureuse solitude,
Seule béatitude,
Que votre charme est doux !
De tous les biens du monde,
Dans ma grotte profonde,
Je ne veux plus que vous !
Qu'un vaste empire tombe,
Qu'est-ce au loin pour ma tombe
Qu'un vain bruit qui se perd ;
Et les rois qui s'assemblent,
Et leurs sceptres qui tremblent,
Que les joncs du désert ?
Mon Dieu ! la croix que j'aime,
En mourant à moi-même,
Me fait vivre pour toi.
Ta force est ma puissance,
Ta grâce ma défense,
Ta volonté ma loi.
Déchu de l'innocence,
Mais par la pénitence
Encor cher à tes yeux,
Triomphant par tes armes,
Baptisé par tes larmes,
J'ai reconquis les cieux.
Souffrant octogénaire,
Le jour pour ma paupière
N'est qu'un brouillard confus.
Dans l'ombre de mon être,
Je cherche à reconnaître
Ce qu'autrefois je fus.
Ô mon père ! ô mon guide !
Dans cette Thébaïde
Toi qui fixas mes pas,
Voici ma dernière heure ;
Fais, mon Dieu, que je meure
Couvert de ton trépas !
Paul, ton premier ermite,
Dans ton sein qu'il habite,
Exhala ses cent ans.
Je suis prêt; frappe, immole.
Et qu'enfin je m'envole
Au séjour des vivants.
Pour des raisons de propriété intellectuelle, nous ne pouvons actuellement vous _________________ !
Posté le: 03-02-2007 10:19 Sujet du message: poesie
A.BRUANT
Fantaisie triste
I' bruinait... L'temps était gris,
On n'voyait pus l'ciel... L'atmosphère,
Semblant suer au d'ssus d'Paris,
Tombait en bué' su' la terre.
I' soufflait quéqu'chose... on n'sait d'où,
C'était ni du vent ni d'la bise,
Ça glissait entre l'col et l'cou
Et ça glaçait sous not' chemise.
Nous marchions d'vant nous, dans l'brouillard,
On distinguait des gens maussades,
Nous, nous suivions un corbillard
Emportant l'un d'nos camarades.
Bon Dieu ! qu'ça faisait froid dans l'dos !
Et pis c'est qu'on n'allait pas vite ;
La moell' se figeait dans les os,
Ça puait l'rhume et la bronchite.
Dans l'air y avait pas un moineau,
Pas un pinson, pas un' colombe,
Le long des pierr' i' coulait d'l'eau,
Et ces pierr's-là... c'était sa tombe.
Et je m'disais, pensant à lui
Qu' j'avais vu rire au mois d'septembre
Bon Dieu ! qu'il aura froid c'tte nuit !
C'est triste d'mourir en décembre.
J'ai toujours aimé l'bourguignon,
I' m' sourit chaqu' fois qu' i' s'allume ;
J' voudrais pas avoir le guignon
D' m'en aller par un jour de brume.
Quand on s'est connu l' teint vermeil,
Riant, chantant, vidant _________________ !
Posté le: 04-02-2007 10:27 Sujet du message: poesie
ANATOLE FRANCE
La mort d'une libellule
Sous les branches de saule en la vase baignées
Un peuple impur se tait, glacé dans sa torpeur,
Tandis qu'on voit sur l'eau de grêles araignées
Fuir vers les nymphéas que voile une vapeur.
Mais, planant sur ce monde où la vie apaisée
Dort d'un sommeil sans joie et presque sans réveil,
Des êtres qui ne sont que lumière et rosée
Seuls agitent leur âme éphémère au soleil.
Un jour que je voyais ces sveltes demoiselles,
Comme nous les nommons, orgueil des calmes eaux,
Réjouissant l'air pur de l'éclat de leurs ailes,
Se fuir et se chercher par-dessus les roseaux,
Un enfant, l'oeil en feu, vint jusque dans la vase
Pousser son filet vert à travers les iris,
Sur une libellule ; et le réseau de gaze
Emprisonna le vol de l'insecte surpris.
Le fin corsage vert fut percé d'une épingle ;
Mais la frêle blessée, en un farouche effort,
Se fit jour, et, prenant ce vol strident qui cingle,
Emporta vers les joncs son épingle et sa mort.
Il n'eût pas convenu que sur un liège infâme
Sa beauté s'étalât aux yeux des écoliers :
Elle ouvrit pour mourir ses quatre ailes de flamme,
Et son corps se sécha dans les joncs familiers _________________ !
Les doux mots ...
Les doux mots que morte et passée...
On dirait presque des mots d'amour,
De sommeil et de demi-jour...
La plupart des mots que l'on sait
N'enferment pas tant de bonheur.
On dit Marthe et l'on dit Marie,
Et cela calme et rafraîchit. -
Il y a bien des mots qui pleurent
Ceux-là ne pleurent presque pas...
Marthe, c'est, au réveil, le pas
Des mères dans la chambre blanche,
C'est comme une main qui se pose,
Et l'armoire sent la lavande...
Il faut murmurer quelque chose
Pour se bien consoler, des mots,
N'importe lesquels s'ils consolent,
S'ils endorment et tiennent chaud. -
Ah! loin des meilleures paroles,
Les doux noms que Marthe et Marie,
Les doux mots que morte et passée...
Posté le: 05-02-2007 15:39 Sujet du message: EXTASE
[b]
Extase
Mon coeur dans le silence a soudain tressailli,
Comme une onde que trouble une brise inquiète ;
Puis la paix des beaux soirs doucement s'est refaite,
Et c'est un calme ciel qu'à présent je reflète
En tendant vers tes yeux mon désir recueilli.
Comme ceux-là qu'on voit dans les anciens tableaux,
Mains jointes et nu-tête, à genoux sur la pierre,
Je voudrais t'adorer sans lever la paupière,
Et t'offrir mon amour ainsi qu'une prière
Qui monte vers le ciel entre les grands flambeaux.
Ta respiration n'est qu'un faible soupir.
Dans la solennité de ta pose immobile,
Seul, le rythme des mers gonfle ton sein tranquille,
Et sur ton lit d'amour, d'où la pudeur s'exile,
La beauté de ton corps fait songer à mourir...
Le rêve du héron bleu
Dès l'aube un héron s'est figé comme un jonc
Sur le bord du lac vierge où son image plonge.
On le dirait surpris par le philtre d'un songe,
Évadé du réel, béat sur son pied long.
Oh ! bien loin de rêver, ce calme et beau héron
Fait devant l'onde grave un geste de mensonge.
Dans l'immobilité que sa ruse prolonge
Rien des flots recueillis n'échappe à son oeil rond.
Qu'une carpe imprudente anime l'eau tranquille
Et prompt à la saisir avec son bec agile,
Il fera de sa vie errante, son festin.
Qu'importe à ce guetteur ce noble paysage ?
Seul un désir brutal remplit son coeur sauvage,
Et, svelte dans l'aurore, il incarne la Faim. _________________ !
aimer c'est donner !
Dernière édition par Line le 06-02-2007 10:15; édité 2 fois
Posté le: 08-02-2007 10:11 Sujet du message: poesie
jean le maire de belges
Chanson de Galathée, bergère
Arbres feuillus, revêtus de verdure,
Quand l'hiver dure on vous voit désolés,
Mais maintenant aucun de vous n'endure
Nulle laidure, ains vous donne nature
Riche peinture et fleurons à tous lez,
Ne vous branlez, ne tremblez, ne croulez,
Soyez mêlés de joie et flourissance :
Zéphire est sus donnant aux fleurs issance.
Gentes bergerettes,
Parlant d'amourettes
Dessous les coudrettes
Jeunes et tendrettes,
Cueillent fleurs jolies :
Framboises, mûrettes,
Pommes et poirettes
Rondes et durettes,
Fleurons et fleurettes
Sans mélancolie.
Sur les préaux de sinople vêtus
Et d'or battu autour des entellettes
De sept couleurs selon les sept vertus
Seront vêtus. Et de joncs non tordus,
Droits et pointus, feront sept corbeillettes ;
Violettes, au nombre des planètes,
Fort honnêtes mettront en rondelet,
Pour faire à Pan un joli chapelet.
Là viendront dryades
Et hamadryades,
Faisant sous feuillades
Ris et réveillades
Avec autres fées.
Là feront naïades
Et les Oréades,
Dessus les herbades,
Aubades, gambades,
De joie échauffées.
Quand Aurora, la princesse des fleurs,
Rend la couleur aux boutonceaux barbus,
La nuit s'enfuit avecques ses douleurs ;
Ainsi font pleurs, tristesses et malheurs,
Et sont valeurs en vigueur sans abus,
Des prés herbus et des nobles vergiers
Qui sont à Pan et à ses bergiers.
Chouettes s'enfuient,
Couleuvres s'étuient,
Cruels loups s'enfuient,
Pastoureaux les huient
Et Pan les poursuit.
Les oiselets bruyent,
Les cerfs aux bois ruyent
Les champs s'enjolient,
Tous éléments rient
Quand Aurora luit. _________________ !
Dors à mes pieds !...
Dors à mes pieds !... Rêve d'amour
Mon souffle, comme une caresse,
Glissera sur le pur contour
De ce beau front qu'avec paresse
Tu reposes sur mes genoux.
Dors à mes pieds, tout fait silence,
Hors la branche qui se balance,
Souple et frêle, au-dessus de nous ;
Dors à mes pieds, tout fait silence.
Sous mes baisers clos tes yeux noirs,
Tes yeux où brillent tant de flammes,
Qu'on les croirait les deux miroirs
Où se reflètent nos deux âmes.
Dors à mes pieds !... Rêve d'amour ;
Je suis jalouse de tes rêves,
Comme du temps que tu m'enlèves
Avec le monde chaque jour...
Je suis jalouse de tes rêves !...
Le soleil glisse à l'horizon.
Pas un souffle, pas un nuage...
Un rayon d'or, sur le gazon,
Reste comme un heureux présage !
Nos riches tapis ne sont pas
Aussi doux que ce lit de mousse
Où, folâtre, ta main repousse
Le brin d'herbe effleurant mon bras.
Dors sur l'herbe, les fleurs, la mousse...
Dors à mes pieds !... Rêve d'amour :
Mon souffle, comme une caresse,
Glissera sur le pur contour
De ce beau front qu'avec paresse
Tu reposes sur mes genoux.
Dors à mes pieds, tout fait silence,
Hors la branche qui se balance,
Souple et frêle, au-dessus de nous ;
Dors à mes pieds, tout fait silence. _________________ !
Contre l'ingratitude des hommes
O ciel vouté qui la terre bien heures,
O feu sans poix agilement leger,
O air humide, o vent prompt messager,
O large mer qui la terre ceintures,
O terre riche, ô qui ton doz peintures
De vers thesors pour l'homme soulager,
Bois, pres, champs, eaux, que pour nous arranger,
Nature essay' de mille architectures,
Quand vous verrez que les ingrats humains
Ne donront plus louanges ordinaires
A JESUS CHRIST, pour les biens de ses mains :
Vous Ciel, feu, air, et toy vent navigueur,
Toy mer, toy terre, et bois, près, champs, rivieres,
Deniez leur l'ancienne faveur
Posté le: 12-02-2007 11:32 Sujet du message: POESIE
pierre DE BRACH
Amour, adieu...
Amour, adieu, je prends congé de toi
Amour, adieu, je m'en vais, je te laisse,
Je ne veux plus aimer cette maîtresse
Qui m'a tenu si longtemps en émoi.
Je ne veux plus la voir rire de moi,
S'éjouissant de me voir en tristesse.
Ni son bel oeil, qui m'oeillade sans cesse,
Ni de sa bouche une parjure foi,
Ni sa beauté, de moi tant admirée,
Ni de ses yeux une flèche tirée,
Ne me vaincront pour me rendre encor sien.
Adieu donc, l'oeil, adieu doncques, la bouche,
Adieu, beauté, adieu, flèche sans touche,
Cruelle, adieu, car je ne suis plus tien. _________________ !
Sous un berceau de fleurs, un bel enfant repose
Sous un berceau de fleurs, un bel enfant repose
Dans les bras maternels, - deux ivoires polis.
Vermeil, demi-penché, l'on dirait d'une rose
Qu'un souffle de printemps incline entre deux lis.
Déroulée en anneaux, sa chevelure est blonde
Comme un bouquet d'épis aux mains du moissonneur.
Bleus comme les lotus qui se mirent dans l'onde,
Ses yeux en ont l'éclat, leurs regards, la douceur.
Son sourire ressemble à celui de l'aurore
Transparente à travers le voile de la nuit ;
Sa voix, au cri joyeux, mais inhabile encore,
De l'oisillon jasant à l'étroit dans son nid.
De la voix, du sourire, il enchante et caresse
L'oreille et les regards ; et la mère, à son tour,
Abeille butinant une rose, - ne cesse
De cueillir des baisers sur cette fleur d'amour. _________________ !
Posté le: 21-02-2007 22:39 Sujet du message: poesie
[b ]
Bonsoir!
L'UNION LIBRE
Ma femme à la chevelure de feu et de bois
Aux pensées d'éclairs de chaleur
A la taille de sablier
Ma femme à la taille de loutre entre les dents du tigre
Ma femme à la bouche de cocarde et de bouquets d'étoiles de
deniére grandeur
Aux dents d'empreintes de souris blanche sur la terre
blanche
A la langue d'ambre et de verre frottés
Ma femme à la langue d'hostie poignardée
A la langue de poupée qui ouvre et ferme les yeux
A la langue de pierre incroyable
Ma femme aux cils de batons d'écriture d'enfant
Aux sourcils de bord de nid d'hirondelle
Ma femme aux tempes d'ardoise de toit de serre
Et de buée aux vitres
Ma femme aux épaules de champagne
Et de fontaine à tetes de dauphins sous la glace
Ma femme aux poignets d'allumettes
Ma femme aux doigts de hasard et d'as de coeur
Aux doigts de foin coupé
Aux bras d'écume de mer et d'écluse
Ma femme aux jambes de fusée
Aux mouvements d'horlogerie et de désespoir
Ma femme au cou d'orge imperlé
Ma femme à la gorge de val d'or
Ma femme au dos d'oiseau qui fuit vertical
Au dos de vif argent
Au dos de lumiére
A la nuque de pierre roulée et de craie mouillée
Ma femme au yeux pleins de larmes
Ma femme aux yeux de savane
Ma femme aux yeux d'eau pour boire en prison
aux de niveau d'eau de niveau d'air de terre et de feu
ANDRE BRETON[/b] _________________ LE RESPECT EST LE LIEN DE L'AMITIE.
Les oiseaux ne se cacheront plus pour mourir,
Les amants ne se cacheront plus pour frémir,
Leurs ailes d'or ont poudré l'ange du Campanile
D'une poussière d'Amour , légère , souple et gracile .
Mon coeur ne se cachera plus pour gémir :
"Venise veut dire partir , venetia revenir ."
Je n'avais jamais vu , je n'avais pas connu
Le va-et-vient des flots , les embruns du Lido .
J'étais comme éperdu puis elle m'est apparue ,
Quand nos âmes frémissent sur les canaux où glisse
Le blanc vaporetto jusqu'à Vallaresso .
Ce fut comme un délice , une saveur de réglisse .
Les oiseaux ne se cacheront plus pour mourir,
Les amants ne se cacheront plus pour frémir,
Leurs ailes d'or ont poudré l'ange du Campanile
D'une poussière d'Amour , légère , souple et gracile .
Mon coeur ne se cachera plus pour gémir :
"Venise veut dire partir , venetia revenir ."
Une foule italienne aux couleurs vénitiennes
Me hissa sur son dos , emportant le berceau
Des hôtes qui reviennent aux folies patriciennes .
Trévisanes , bolognaises , turinoises , milanaises ,
Qu'y a t'il de plus beau au ciel de Tiepolo
Que ces larmes de braises , turquoise ou véronèse .
Les oiseaux ne se cacheront plus pour mourir,
Les amants ne se cacheront plus pour frémir,
Leurs ailes d'or ont poudré l'ange du Campanile
D'une poussière d'Amour , légère , souple et gracile .
Mon coeur ne se cachera plus pour gémir :
"Venise veut dire partir , venetia revenir ."
D'un fil d'Ariane tendu est soudain descendue,
De l'azur indigo à la cime des flots,
La colombe attendue pour l'année disparue .
Ainsi s'ouvrit le bal , ce chant du Carnaval ,
Silencieux , recueilli , couvert de confettis .
Et San Marco s'emballe au lit des Fleurs du Mal .
Les oiseaux ne se cacheront plus pour mourir,
Les amants ne se cacheront plus pour frémir,
Leurs ailes d'or ont poudré l'ange du Campanile
D'une poussière d'Amour , légère , souple et gracile .
Mon coeur ne se cachera plus pour gémir :
"Venise veut dire partir , venetia revenir ."
Aux palines accostées, les gondoles pavoisées
De masques en bateaux se reflétaient dans l'eau ,
Sous un soleil voilé ,aux vitraux colorés .
La lumière visitait un ciel taché de lait :
Ganse de cappuccino dimanche au Rialto .
J'avoue que l'on buvait les heures qui s'écoulaient .
Les oiseaux ne se cacheront plus pour mourir,
Les amants ne se cacheront plus pour frémir,
Leurs ailes d'or ont poudré l'ange du Campanile
D'une poussière d'Amour , légère , souple et gracile .
Mon coeur ne se cachera plus pour gémir :
"Venise veut dire partir , venetia revenir ."
Les rameurs des quartiers , sous l'oriflamme moiré
D'Enrico Dandolo filaient au Castello ,
Pour ce soir assembler un cortège rubané .
J'ai voulu les frôler , ils m'ont ensorcelé
D'une rose d'Italie toujours épanouie
Qui vient vous caresser dans la brume parfumée .
Les oiseaux ne se cacheront plus pour mourir,
Les amants ne se cacheront plus pour frémir,
Leurs ailes d'or ont poudré l'ange du Campanile
D'une poussière d'Amour , légère , souple et gracile .
Mon coeur ne se cachera plus pour gémir :
"Venise veut dire partir , venetia revenir ."
A l'angle d'un palais , deux masques s'embrassaient
Sous l'air des concerti créés par Vivaldi ,
Quand les gammes fusaient des violons crémonais .
Leurs lèvres étaient blanc crème , leurs poses semblaient sereines
Sous la soie qui rayonne les velours de Vérone .
Devant mes yeux bohèmes , ils vinrent me dire : " Je t'aime . "
Les oiseaux ne se cacheront plus pour mourir,
Les amants ne se cacheront plus pour frémir,
Leurs ailes d'or ont poudré l'ange du Campanile
D'une poussière d'Amour , légère , souple et gracile .
Mon coeur ne se cachera plus pour gémir :
"Venise veut dire partir , venetia revenir ."
Pétards , feux de Bengale , explosions vespérales ,
Près du Cannaregio , depuis Marco Polo ,
Inondent le haut des dalles de couleurs estivales .
Ces diamants qui s'étalent illuminent le canal
Comme lustres de Murano retombant dans les flots .
Ce fut un festival aux accents de cristal .
Les oiseaux ne se cacheront plus pour mourir,
Les amants ne se cacheront plus pour frémir,
Leurs ailes d'or ont poudré l'ange du Campanile
D'une poussière d'Amour , légère , souple et gracile .
Mon coeur ne se cachera plus pour gémir :
"Venise veut dire partir , venetia revenir ."
J'ai voulu remonter dans le soir avancé ,
Sur un vaporetto , ce cher Canalazzo .
La foule des invités , aux salles illuminées ,
Semblait recommencer une époque surannée ,
Quand les notes d'un piano sortirent d'un portego .
Qui pourrait oublier cette musique , ses reflets ?
Les oiseaux ne se cacheront plus pour mourir,
Les amants ne se cacheront plus pour frémir,
Leurs ailes d'or ont poudré l'ange du Campanile
D'une poussière d'Amour , légère , souple et gracile .
Mon coeur ne se cachera plus pour gémir :
"Venise veut dire partir , venetia revenir ."
La place enveloppait de ses bras , de son dais ,
Des amoureux perdus sous la lune apparue
Quand les dômes ondulaient le froid qui les glaçait .
Le quadrige observait les étoiles qui pleuraient
La rumeur disparue , l'Orphéon s'étant tu .
Au Quadri on dînait , au Florian on chantait .
Les oiseaux ne se cacheront plus pour mourir,
Les amants ne se cacheront plus pour frémir,
Leurs ailes d'or ont poudré l'ange du Campanile
D'une poussière d'Amour , légère , souple et gracile .
Mon coeur ne se cachera plus pour gémir :
"Venise veut dire partir , venetia revenir ."
Au bord de cette nuit , je me suis assoupi
Contre le rêve d'Ursule , enfermée dans sa bulle ,
Quand le songe embellit les tuiles du Danieli .
Etais je encore ici , hors des jours évanouis ?
On dit ton crépuscule . Je te crois libellule ,
Au lit des pilotis , Immortelle comme la Vie .
Les oiseaux ne se cacheront plus pour mourir,
Les amants ne se cacheront plus pour frémir,
Leurs ailes d'or ont poudré l'ange du Campanile
D'une poussière d'Amour , légère , souple et gracile .
Mon coeur ne se cachera plus pour gémir :
"Venise veut dire partir , venetia revenir ."
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