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Inscrit le: 10 Oct 2006 Messages: 549 Localisation: Pyrénées-Orientales
Posté le: 23-11-2006 10:16 Sujet du message: Les Sandales [petite nouvelle]
Les sandales
Les sandales ont eu à un moment donné de ma vie, et ce jusqu'à quinze ans en arrière, une étrange attraction sur ma sensibilité. Elles canalisaient mon regard. Voir des pieds chaussés de sandales m’émouvait à tel point, que cela aurait dû m'interpeller.
Je trouvais cette réaction assez troublante pourtant, parce que bizarrement, ça ne me donnait jamais envie de rire, comme cela m'arrive quelquefois aujourd'hui, selon l'humeur de mon esprit.
C'est vrai quoi! C'est plutôt rigolo, quand on s'y attarde dessus, des doigts de pieds respirant sans contrainte la joie de vivre, en pleine belle saison.
Tout dépend des pieds aussi. Il y en a qui apostrophent plus que d'autres, et vous encline à une "gentille risée". Mais en cette période plutôt obscure, l'impact qu'elles suscitaient au fond de moi, m'était incompréhensible.
"Sandales" était associé à morosité. Plus encore, quand les sandales en questions, avaient quelques similitudes que j'apparentais à celles portées par les moines.
Des moines, j'en ai pas croisé beaucoup dans ma vie, mais du peu, que le hasard m'ait permis de rencontrer, j'en ai gardé et en garde encore, un profond sentiment d'admiration, mêlé d'une pathétique nostalgie. Allez savoir pourquoi? Mais de tous les hommes à soutane, ce sont les seuls, qu'il me serait aisé, non pas de croire, mais tout au moins d'écouter... D'écouter sans rien dire, pour le plaisir, seulement parce qu'ils m'ont l'air d'y croire. Je me trompe peut être, mais leurs sandales m'inspirent du respect.
Et puis il y a eu ce rêve.
Un rêve surprenant, si fort que si j'avais été impressionnable, j'en aurai gardé, pour sûr, des séquelles mystiques avec tout ce que cela comprend d'imprégnation, plus stigmates en options. Je me demande même si je dormais. C'est vous dire... (J'avais peut-être un peu trop abusé de la tisane. Plus spécialement du thé)
Il faisait nuit noire dans mon ciel onirique, un noir chaotique, un peu comme avant le bing bang, puis progressivement la nuée s'est éclaircie, en un bleu sombre aux frises « incandescententes », Puis sans que je le vis apparaître, était debout au dessus de moi, qui apparemment devait être couchée... Je ne sais plus, cet Être gigantesque, qui semblait crever le ciel.
Tout de blanc vêtu, Il portait une barbe, blanche aussi, comme sa robe, tombant jusqu'aux chevilles. J'ignore par quelle magie, ou position contorsionnée, j'ai pu l'apercevoir en entier. Mais je ne voyais que lui. Il était le ciel. Mais ce qui m'a le plus choquée, se sont ses gargantuesques pieds sandalés, au dessus de ma tête.
Étais-ce Dieu? Saint Pierre? Ou un extra terrestre? (Oui! Je crois à cette potentielle éventualité).
Il n'empêche que ça m'a perturbée quelque temps, avant que j'y trouve une explication aléatoire, mais convaincante.
Quelque temps plus tard, ma soeur, qui résidait non loin de chez moi, vint me rendre visite avec son fils Frankie, comme il lui était fréquent de le faire, et vice versa, de mon coté.
Je fus de suite obnubilée par les nouvelles chaussures que portait mon neveu, des sandales, modèle moines dans mon cerveau, et qu'elle était fière d'avoir achetées.
"Elles sont robustes". Vantait-elle, joyeuse la qualité.
"Oui! Elles ont l'air robustes, mais elles ne me plaisent pas" Lui répondis-je, tristement, prise d'un mal être subit.
Devant sa stupéfaction, je me défendis en avançant qu'à mon goût Frankie était bien trop frêle, pour d'aussi robustes sandales, pour finalement feindre d’admettre qu’elles lui allaient bien. Du coup, tout le monde était content. Il était si beau Frankie, avec ses cheveux blonds, ses grands yeux bleus, son sourire angélique et coquin à la fois. Il rayonnait de vie. Il portait bien ses 9 ans et demi, bien mieux que ses sandales, qui lui donnaient quelque chose d’austère, si peu que l’on si attardât. Mais j’étais la seule je crois, à m’inquiéter de ce détail.
Faut dire que j’ai toujours eu une prédilection pour les pieds.
C’est simple, quand il s’agissait de retrouver quelqu’un au tréfonds de mes souvenirs, ou pour me remettre d’un visage, je passais par les pieds. « Ha ! Celui qui portait des chaussettes rayées » Ou bleues, ou jaunes, ou à petits pois. C’est par là, que surgissait la révélation. Bizarre ! Ce n’était ni les yeux, ni le nez, ni la bouche. Ni qu’il soit brun ou blond.
Les pieds. C’est grâce à leurs concours que la mémoire me revenait.
Enfin bref ! Une semaine plus tard, après la visite de ma sœur, j’étais seule chez moi. Comme à l’accoutumée, lorsque je suis tranquille, ou lors d’une pause, je me préparais un thé. Il devait être un peu plus de dix sept heures… Je ne sais plus. Mes enfants étaient chez leur mamie, et de ce fait, je n’avais nullement besoin de regarder par la fenêtre, si tout se passait bien pour eux dehors.
Il faisait chaud, j’entendais des gosses jouer et crier leur joie, mais je n’en avais cure, les miens n’étaient pas là. Et puis il y eut un cri foudroyant, juste après, un crissement de pneus, qui n’en finissait pas de freiner. Je me penchais aussitôt à la fenêtre, et je vis la femme qui venait de fendre l’écho, cachant son visage et hurlant « La voiture ! La voiture vient d’écraser un gosse ».
A ces mots, je regardais l’endroit qu’elle désignait, et je vis une voiture arrêtée à quelques mètres plus loin, à l’embouchure d’une traverse. Sa conductrice était sortie de la voiture, dans tous ses états. Des enfants gesticulaient à l’intérieur. J’avais beau regarder du haut de ma fenêtre, je ne comprenais pas tout cet émoi.
« Mais, il n’y a rien ! Il n’y a pas d’enfants par terre ! Calmez vous ! » Martelais-je à la femme qui ne cessait de hurler, sous ma fenêtre.
S’il y avait eu un enfant, je l’aurai vu, je pouvais tout voir de là ou j’étais perchée, de ma tour de contrôle.
« Oui ! Il y a un enfant ! Là ! La voiture l’a traîné, et elle l’a perdue là bas. Il est caché derrière le pilier du portail. Mon Dieu ! S’écria t-elle morfondue. Je ne voyais rien, mais prise d’une subite appréhension, je me dirigeais vers la porte, puis je dévalais les escaliers, commençant à m’affoler. Sans m’arrêter auprès de la malheureuse qui gémissait, je me dirigeais droit en direction dudit pilier, et je fus stoppée net, par l’effroyable vision qui se matérialisait devant moi. Je ne voyais pas encore le corps de cet enfant, mais je savais qui il était.
« Ses sandales ! Ce sont ses sandales…. Frankie !!!! »
Bien écrite cette fixation sur... les sandales
Mieux que sur les scandales ( presse people )
Au Sahara, nous portions des espèces de tongs
très larges ( dites écrase- m..euh ! ) après des
mois, au retour, notre pointure avait augmenté
d'un à deux chiffres...
Inscrit le: 01 Oct 2006 Messages: 676 Localisation: Rennes
Posté le: 23-11-2006 21:51 Sujet du message:
Ninon, j'ai adoré ton récit, tu me rapelles moi quand j'étais petite, je vénérais mes sandales et mes pieds dedans ! voici un poème que j'avais écrit :
[img][/img]
mille bisous _________________ "C'est la nuit qu'il est beau de croire à la lumière"
Inscrit le: 10 Oct 2006 Messages: 549 Localisation: Pyrénées-Orientales
Posté le: 24-11-2006 10:10 Sujet du message:
Isabelle, il est très joli ton poème. Oui vraiment! j'aime la vibration enfantine qui s'y dégage...Oh non! Tu ne devais pas avoir l'air "c..", admirer tes petits petons Egyptiens, c'est attendrissants. D'ailleurs les pieds Egyptiens sont plus beaux que les pieds Grecs...Na! (tu vois ça me rappelle, mes petites pointes d'orgueil...Les pieds Grecs, ce sont ceux qui ont les 5 orteils à longueur égales, c'est ça??? )
Jan, je t'imagine avec tes sandales, et j'en ai le rire moqueur. En plus dans le desert, et après qu'elles aient rétrécies...Hilarant!
Cette petite nouvelle, a qui j'ai voulu donner un ton frivole (avec le recul), en prenant appui sur ma fixation sur les sandales, est véridique.
Le sort est ironique, car il s'est servi d'une de mes faiblesses humouristique, pour annoncer un drame...Je veux parler de l'accident dont mon neveux Frankie, qui aurait aujourd'hui puisqu'il est né un 24 novembre, 26 ans.
S'il te plaît, mets le sur poésie ce poème
il est trop drôle, toujours enfantine et mutine...
la petite Isabelle... qui était tout sauf une
'pauvre' petite fille !!
Ninon,
je comprends le voile de tristesse qui recouvre
ces souvenirs...C'est une manière de les faire
revivre que de les évoquer...
Tu m'as mal lu, par contre : les naïls, peau de
cuir de chameau, larges comme tu n'as pas idée
et une grosse barette de cuir entre les doigts...
Ils portaient bien leur nom : les écrase - m...euh !
Malgré ça, un fichu scorpion, écrasé par mégarde
a passé sa maudite queue au dessus et m'a filé
24 h de fièvre et de douleurs... Comme quoi !
Inscrit le: 01 Oct 2006 Messages: 676 Localisation: Rennes
Posté le: 24-11-2006 21:06 Sujet du message:
ah oui, Ninon, les pieds egyptiens sont différents des pieds grecs, ils vont du plus petit au plus grand en pyramide et je trouve ça plus joli que tous alignés ! En tout cas, tu les as gardées tes sandales toi ? moi oui ! Mais elles sont bien petites pour moi aujourd'hui, elles ne conviennent pas à mon 38 fillette !
Voilà Jan, j'ai mis les pieds sur poésie !
plein de bisous à chacun _________________ "C'est la nuit qu'il est beau de croire à la lumière"
Inscrit le: 16 Sep 2006 Messages: 1075 Localisation: val d'oise
Posté le: 25-11-2006 08:25 Sujet du message:
Bonjour Ninon
Ninon a écrit
Citation:
Tout de blanc vêtu, Il portait une barbe, blanche aussi, comme sa robe, tombant jusqu'aux chevilles. J'ignore par quelle magie, ou position contorsionnée, j'ai pu l'apercevoir en entier. Mais je ne voyais que lui. Il était le ciel. Mais ce qui m'a le plus choquée, se sont ses gargantuesques pieds sandalés, au dessus de ma tête.
Étais-ce Dieu? Saint Pierre? Ou un extra terrestre? (Oui! Je crois à cette potentielle éventualité).
Il n'empêche que ça m'a perturbée quelque temps, avant que j'y trouve une explication aléatoire, mais convaincante.
Quelque temps plus tard, ma soeur, qui résidait non loin de chez moi, vint me rendre visite avec son fils Frankie, comme il lui était fréquent de le faire, et vice versa, de mon coté.
Je fus de suite obnubilée par les nouvelles chaussures que portait mon neveu, des sandales, modèle moines dans mon cerveau, et qu'elle était fière d'avoir achetées.
"Elles sont robustes". Vantait-elle, joyeuse la qualité.
"Oui! Elles ont l'air robustes, mais elles ne me plaisent pas" Lui répondis-je, tristement, prise d'un mal être subit.
Devant sa stupéfaction, je me défendis en avançant qu'à mon goût Frankie était bien trop frêle, pour d'aussi robustes sandales, pour finalement feindre d’admettre qu’elles lui allaient bien. Du coup, tout le monde était content. Il était si beau Frankie, avec ses cheveux blonds, ses grands yeux bleus, son sourire angélique et coquin à la fois. Il rayonnait de vie. Il portait bien ses 9 ans et demi, bien mieux que ses sandales, qui lui donnaient quelque chose d’austère, si peu que l’on si attardât. Mais j’étais la seule je crois, à m’inquiéter de ce détail.
Faut dire que j’ai toujours eu une prédilection pour les pieds.
C’est simple, quand il s’agissait de retrouver quelqu’un au tréfonds de mes souvenirs, ou pour me remettre d’un visage, je passais par les pieds. « Ha ! Celui qui portait des chaussettes rayées » Ou bleues, ou jaunes, ou à petits pois. C’est par là, que surgissait la révélation. Bizarre ! Ce n’était ni les yeux, ni le nez, ni la bouche. Ni qu’il soit brun ou blond.
Les pieds. C’est grâce à leurs concours que la mémoire me revenait.
c'est magnifiquement bien écrit , j'aime beaucoup ce passage
c'est bien de toi , ton histoire fait plaisir par la qualité des détails
pas mélancolique , plutôt assez mystique , comme ses souvenirs qui montent avec une subtilité, les mots ondulent sur ce frêle tissu de prose .
Bravo
Inscrit le: 10 Oct 2006 Messages: 549 Localisation: Pyrénées-Orientales
Posté le: 26-11-2006 02:53 Sujet du message:
Merci Celan
Effectivement il y a le côté mystique, le coté amusant (qui relate en fait ma nature profonde), pour aboutir au tragique...C'est ça la vie!
Isabelle, ha tu vois je savais.
Jan, mais oui j'avais compris que ce n'était pas des sandales, c'était des tongs. Mais je me moquais de tes pieds ......Moins maintenant que je sais qu'un vilain scorpion, t'a donné la fièvre
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