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Mon vécu du débarquement Allié du 8 novembre 1942...

 
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Jan Goure



Inscrit le: 18 Juil 2006
Messages: 1865

MessagePosté le: 16-03-2007 19:28    Sujet du message: Mon vécu du débarquement Allié du 8 novembre 1942... Répondre en citant

8 Novembre 1942


Toute la nuit nous avons entendu une canonnade lointaine. Au petit matin de ce 8 novembre 42, il n’y avait pas un souffle de vent, par contre un brouillard très dense recouvrait entièrement le paysage.
Vers 9 h, la grosse pièce d’artillerie de marine ( 380 m/m ) de la Batterie côtière, nichée tout en haut de Lapérouse, face au nord, donc à la Méditerranée, s’est mise à tirer. Un obus toutes les minutes environ, une dizaine de fois, vers qui, vers quoi ? Puis à nouveau le silence…
Vers 10 h, un voisin, retraité qui résidait en permanence aux Ondines, est passé en vélo. Il nous a crié :
-Cette fois c’est ‘foutu’, il y a des ‘boches’ dans tous les fossés, vers La Pérouse ou vers Cap Matifou (village à deux km dans les terres ) Il avait fait la guerre de 14 et ne connaissait pas le nouveau casque Américain. Nous qui savions par Sarah que les Alliés allaient débarquer quand on entendrait : « Franklin arrive » sur Radio Londres…Nous nous perdions en conjonctures. Mon Père a dit :
-Les ‘Boches’ y-z-ont du être avertis et y sont arrivés les premiers ?
Un peu plus tard, dans le brouillard, nous avons entendu un avion volant très bas, dans la direction de Lapérouse nous a-t-il semblé. Presque instantanément, il y a eu le stacato d’une mitrailleuse lourde : Une seule rafale, suivie d’un bruit strident de moteurs qui s’emballent, et une grande boule enflammée est sortie du brouillard, passant au-dessus de nos têtes, à toucher le toit…Moins de trois secondes plus tard, il y a eu une grosse déflagration, puis ce fut à nouveau le silence !
Nous avions situé ce choc, au nord est, en direction de la ferme Mercadal. Par réflexe immédiat, malgré le rappel de mon Père, j’ai couru comme un fou dans cette direction.Je suis arrivé bon premier, face à un brasier qui s’étalait dans un champ, sur une centaine de mètres. Il y avait des claquements de munitions et des explosions, prés des ailes disloquées, mais très reconnaissables. La cabine de pilotage écrasée, verrière éclatée, était au centre : Une forme humaine en combinaison de cuir, gisait immobile au milieu des flammes. Deux moteurs, séparés d’une trentaine de mètres, s’étaient enfoncés dans le sol, et, un peu plus loin, il y avait une grande corolle blanche, étalée sur le sol. Je m’en suis approché, et horreur, j’ai vu au sol, le torse d’un autre aviateur en blouson et casque de cuir. Il était sur le dos, intact jusqu’au bas ventre, puis plus rien : les jambes avaient été arrachées lors de l’explosion de l’avion, alors que trop bas, il s’était jeté en parachute…
Sur la pochette de gauche du blouson, il y avait une barrette dorée à trois galons droits de Capitaine. Des voisins du lotissement arrivaient, et nous avons vu notre premier Américain…
Il n’y avait pas à s’y tromper : drapeau Américain sur l’épaule, brassard blanc sur la manche, fusil…à la main, et parfaitement décontracté. Il a posé son fusil et pris dans la poche de poitrine de l’aviateur, un porte-feuilles et un pistolet, les a fourrés dans sa propre poche, puis a dit, montrant la direction de Lapérouse :
-French…tac, tac, tac… puis dessinant avec la main, la chute d’un avion :
-And: Boum!…guerre, no good !
( Il avait raison. Nous avons su plus tard, que c’était à la batterie côtière de marine que nous devions cet exploit de descendre le seul avion Français ( un Potez bi-moteur ) qui avait décollé de la base aérienne militaire de Blida, pour une reconnaissance des côtes ou le débarquement avait eu lieu )
En toute inconscience, je suis allé en vélo jusqu’à La Pérouse. Remontant du Port, j’ai alors croisé une colonne d’environ une centaine d’Hommes des Chantiers de jeunesse Marine, qui remontaient en rang vers le village, escortés par une dizaine d’Américains, l’arme…à l’épaule. A ma question, un chef que je connaissais, m’a dit :
-Nous on était pas armés pour résister, et on en avait pas envie ! Ils nous emmènent, on ne sait pas ou…mais là haut, il y a les ‘fadas’ de la Batterie de marine qui tirent sur tout ce qui bouge…
Toujours aussi inconscient, je suis monté en direction de cette Batterie que j’avais visitée avec un Copain, Jean Kervella, dont le père était Maître-principal. La boulangerie du village passée, il ne restait plus que quelques villas, puis le dernier tronçon de route montant, avec des virages sur 3 à 400 m.
Des soldats américains étaient allongés dans les fossés, de chaque côté de la route. Ils riaient et me criaient des mots que je ne comprenais pas, du genre :
-Heye, Frenchie, you Chrisie ?
Puis l’un d’eux m’a fait un signe impératif pour m’arrêter :
-Come on…you fool !
M’approchant, j’ai vu, peint sur son casque une double barrette ( Capitaine dans leur Armée, je l’ai su plus tard ). Il m’a dit dans un très bon Français :
-Vous avez un Parent là haut ?
-Non mais un voisin, le Maître Principal Kervella… sa Femme se fait du souci pour lui…
Il a sorti un carnet de sa poche et s’est mis à écrire :
-Pourquoi ne se rendent-ils pas ? L’Amiral Darlan arrivé cette nuit à Alger, l’a ordonné !
Ils doivent avoir cet ordre ? Je vous donne ce papier…A vos risques et périls : mais il n’y a plus de brouillard, ils vont vous voir dans leurs jumelles…
Je me suis donc avancé : ‘Aux innoçents les mains pleines’… Arrivé devant la poterne du Lazaret, la porte s’est ouverte, et mon voisin lui-même s’est un peu avancé. Je me suis fait traiter de fou pour la seconde fois !
-On t’a regardé arriver…Je leur ai dit : « c’est mon petit voisin… » Il y a à peine une heure, avec le brouillard on t’aurait tiré dessus ? Ils sont nombreux les ‘Ricains’ ?
J’ai raconté tout ce que j’avais vu lors de mes pérégrinations ; quand j’ai parlé de l’avion au tapis, ils étaient tous gênés et pas fiers…le Père Kervella m’a dit, en baissant la voix :
-C’est à cause de ce ‘con’ de ‘Pitaine’ ( 3 galons : Officier des équipages.) Déjà, ce matin il a fait tirer au 380 en direction de la plage d’Aïn-Taya, et le second-maître Martin, le télémétriste, qu’il avait envoyé faire des réglages a été descendu. C’est notre seul mort ! Depuis, ils ne nous tirent plus dessus les Américains. L’ordre de Darlan, on l’a entendu à la Radio : il est, on ne peut plus clair…mais Monsieur l’Officier veut un ordre direct et écrit de l’Amirauté d’Alger ! Dis à ma Femme que je vais bien, et qu’on n’a pas l’intention de jouer aux héros, nous !
Il avait fait porter mon petit papier, à leur 3 gallons, mais il n’a eu aucun effet sur ce sorti du rang, ci devant Capitaine ‘Couilles molles’ qui s’est à nouveau contenté de dire :
-J’attends l’ordre de l’Amirauté…
A l’entrée du village, j’ai répété cela au Capitaine Yankee qui a eu un geste fataliste… et m’a donné, une tablette de chocolat en me remerciant !
C’était surréaliste : Je venais de jouer au ‘plénipotentiaire’ entre les deux camps, sans drapeau blanc, mais avec une belle inconscience du danger !
Madame Kervella aussi m’a remercié. Le fait que j’avais vu son Mari l’a en partie rassurée. Elle m’a promis de ne pas parler de mon escapade à mes ‘Vieux’, qui n’avaient pas besoin d’apprendre que j’avais joué avec le feu !


*


Vers midi, le Chef Garde-champêtre, Mr Chergui, le père de Rabah, mon Copain de toujours, est passé nous dire qu’il fallait quitter nos maisons et descendre vers l’embouchure du Hamiz, avant 15h, ultimatum après lequel la batterie serait attaquée si elle ne se rendait pas…
Mini exode : J’avais un ‘couffin’ de ravitaillement sur le porte-bagages, et une caisse avec des couvertures ( au cas-z-ou ) sur le guidon du vélo que je poussais à la main. Au passage à Alger-Plage, se sont joints à nous, Mario, Babette et leur petite fille Mariette ( fabriquée au retour de la mobilisation de 39 !). Ils avaient du fermer leur épicerie et se demandaient si elle n’allait pas être pillée pendant notre absence ?

*

Babette, il est temps que je la décrive : Une très belle Femme de vingt huit ans, d’origine purement Alsacienne, comme ma Mère. Elle était élancée ( 1m72 ) mais bien proportionnée : un joli corps et un port de tête altier. Ses cheveux chatain clair, en longues mèches naturellement ondulées encadraient un visage grec, quasiment parfait, un teint clair de blonde, tavelé de très fines taches de rousseur, et enfin, des yeux bleus : « A la perdition de son âme, si elle n’était pas aussi ‘froide… » avais-je entendu souvent dans la famille ! Et mon Père d’ajouter :
-Il a fallu un Mario, aussi Bel Homme que rigolo pour la dégeler celle là…
Mario, Roi des plaisantins bien que très sérieux, a mis cette fois encore une bonne ambiance dans notre groupe de ‘réfugiés’…Je l’ai toujours admiré Mario, et pour son physique ( tiré de la ‘savate’ et de la boxe Anglaise, rudiments qu’il avait su m’inculquer et qui m’avaient complètement ‘transformé’, réussissant à surmonter ma couardise !) et pour son esprit : Cette gouaille, innée chez lui, qui le faisait plaisanter encore plus quand quelque chose n’allait pas !
Pour Babette, mes sentiments étaient moins clairs : Le fait même qu’elle soit l’épouse de Mario et qu’il était mon modèle intégral, il en était de même pour elle…Je m’identifiais à lui, elle était pour moi : ‘La Femme’ ! Et puis, j’avais ‘louché’ malgré moi quand elle donnait le sein à son Bébé, durant des mois…Un après midi aussi, quand ils avaient pris en charge l’épicerie d’Alger-Plage, elle s’était assise en haut des escaliers pour donner le sein. La Famille était tout autour, moi au pied des escaliers, et…sans le vouloir, j’avais eu cette vision : En haut des cuisses fuselées, la culotte blanche d’où débordaient des poils dorés et frisés ! Mes yeux y étaient restés rivés…J’étais fasciné. Elle s’en était aperçue et en rougissant un peu, avait resserré ses cuisses en se tournant de côté !
*

Peu à peu, la centaine de Familles résidant l’hiver à La Pérouse et Alger-Plage s’était étalée sur les berges du Hamiz, prés de l’embouchure. J’ai vu Mado et sa Mère, pas très loin de nous. J’allais m’approcher pour les saluer quand Michel, le frère d’Aline est arrivé. Madame Mère en a été plus épanouie encore que sa Fille, l’accueillant déjà comme le futur gendre ! Quant à Mado, qui m’avait fait des signes, elle nous a tourné le dos…
A 16 h, fin de l’ultimatum, on a eu droit au spectacle : Une noria d’avions qui piquaient tour à tour sur la batterie et lâchaient ce qui nous paraissait des petites bombes : en fait c’était de grosses grenades lacrymogènes ! Et cinq minutes après, on a vu monter un drapeau blanc au mât du Lazaret : Tout s’est aussitôt arrêté...
Nous on nous a permis de rentrer chez nous. Nous sommes rentrés doucement, car mon Père était fatigué, et nous avons soupé chez mes Cousins. Déjà ce soir là, des ‘Soldiers’ en goguette sont venus frapper au rideau de fer pour acheter : ‘Vino…moscatel’…Mario a du rouvrir une heure de temps jusqu’à rupture du stock !
Le lendemain matin, j’ai repris mon vélo pour aller aux nouvelles. A La Pérouse, j’ai appris que la veille, les marins s’étaient réfugiés dans un souterrain, vite devenu intenable à cause des gaz…L’Officier, ne prenant toujours pas de décision, le Maître Principal Kervella avait décidé de se rendre, suivi par tout l’ensemble des officiers mariniers et des matelots…Ils étaient sortis, avaient été soignés pour certains, puis avaient été emmenés, on ne savait ou ?
( 3 jours plus tard, le M.P. Kervella était de retour chez lui et nous a expliqué qu’ils avaient été emmenés en train sur Bougie ou la Batterie de Marine, équivalente de la leur, résistait encore…C’était lui, encore lui, qu’on avait envoyé discuter leur reddition. L’Officier Commandant, dés qu’au courant de la situation, s’était rendu avec tout son Personnel…)
Pour mémoire : L’officier des équipages de La Pérouse a de suite été muté dans une fonction administrative de l’Amirauté. A l’inverse, nous avons appris plus tard, que le Maître Principal Kervella, avait été promu Officier des équipages de 2ème classe ( Lieutenant) !

« Que c’est con la guerre… »

a écrit Prévert…Chaque fois que j’ai été au petit cimetière de Cap Matifou, j’ai fait un petit détour, pour me recueillir quelques instants dans le carré militaire devant la tombe de ces ‘morts pour rien’, lors d’un stupide quiproquo : Les trois membres d’équipage du Potez : Capitaine pilote, Lieutenant observateur et Sergent Chef radio, côte à côte avec le second Maître Martin, Télémétriste qui avait réglé le tir sur eux, dans le brouillard, avant d’être lui-même ‘flingué’ par les Américains, dans la même fonction, comme au tir aux pigeons !
Dés le lendemain du débarquement, les Commandos d’Afrique se formaient avec des volontaires de toutes armes, d’active et surtout de réserve…Huit jours plus tard, ils commençaient leur épopée. De la bataille pour la prise de Tunis, à celles d’Italie et de France, jusqu’en 45, en Allemagne enfin occupée, sans se poser de questions, eux !
Et quelques jours après, malgré l’assassinat de l’Amiral Darlan par Fernand Bonier de la Chapelle, un gamin manipulé depuis l’antenne Gaulliste du sieur Joxe, le Général Giraud, remplaçait celui-ci et l’Armée d’Afrique du Nord avec des Généraux, des vrais, comme Giraud, Juin, Monsabert, et De Tassigny, se reformait. La mobilisation générale était une fois de plus décrétée. Tous les ‘Pieds-noirs’ ( Chrétiens et Juifs du premier collège ) avec en plus les engagés volontaires musulmans du 2ème collège, se sont battus sur les fronts de Tunisie, d’Italie, avant le débarquement en Provence et la remontée vers la Germanie…
Les feuilles de rappel tombaient comme les feuilles en automne. Les lotissements d’Alger-Plage et des Ondines, sont devenus la base arrière d’un camp Anglais d’Artillerie ( AREA ) ainsi qu’une base arrière pour aviateurs Américains. Toutes les villas secondaires libres avaient été réquisitionnées. Tous les terrains non bâtis étaient un florilège de tentes kaki…A l’épicerie, il y avait la queue dés 18 h pour acheter ‘Vino… and Muscatel’…jusque vers 20 h ou les stocks étaient liquidés !

Jan
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Papy Lulu



Inscrit le: 16 Déc 2006
Messages: 313
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MessagePosté le: 16-03-2007 20:59    Sujet du message: Répondre en citant

Que dire de plus à ce récit....mais rien ..moi qui l'ai vécu heure par heure je peux dire qu'il est d'une fidélité entière.Bravo Jan Goure cela fait chaud au coeur.
Notre maison à la Pointe Pescade était à 15 mètres de la mer et du balcon je voyais les péniches de débarquement se vider de leurs occupants le visage bariolé de noir rouge , le camouflage,!!!J'entends encore les alliés demandant "Muscatel" ce merveilleux breuvage.Si tout de même j'ajoute quelque chose....une larme peut être apres cette lecture.
_________________
Lorsque tu ne vois pas bien ce qu'il y a au loin..rien ne t'oblige à aller voir de pres (conseil d'un sage Berbère)
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Annick



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Messages: 14156
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MessagePosté le: 16-03-2007 21:02    Sujet du message: Répondre en citant

Bonjour Jan,

Le débarquement allié vu par les yeux de l'adolescent que tu étais, voilà un récit que j'ai lu avec plaisir.

Merci à toi.

_________________

" Le bonheur ne court pas le monde; il faut vivre où l'on est heureux "
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musika



Inscrit le: 23 Mar 2005
Messages: 18472

MessagePosté le: 16-03-2007 21:22    Sujet du message: Répondre en citant

j habite pas loin des plages du débarquement en NORMANDIE...
tout est là...les émotions aussi...les douleurs, et le souvenir qui reste.
et tout ce respect pour ces hommes.

beau récit JAN GOURRE.
_________________
poete_musika..4 mains
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Sostène 101



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Messages: 308
Localisation: Var

MessagePosté le: 16-03-2007 22:02    Sujet du message: Répondre en citant

Merci Jan pour ton récit qui nous fait revivre ton aventure d'Alger.

Je pense pouvoir résumer la situation générale en AFN, après le débarquement, de la façon suivante :

Désormais trois factions se disputaient le pouvoir :

1- Le général Giraud qui, prisonnier en Allemagne, s'était évadé et qui, suite à de vagues promesses faites par les Américains, était arrivé avec l’idée qu’il prendrait le commandement des troupes de débarquement. Mais c’est Eisenhower qui en avait le commandement. De plus Giraud pensait s’assurer le pouvoir politique en Afrique du Nord.

2- Le Général de Gaulle qui, à Londres, n'avait pas été tenu au courant des opérations de débarquement.
Churchill s'accommodait de De Gaulle et parfois même venait à son aide. Par contre Roosevelt le détestait. Il voyait en lui un homme d'un orgueil insensé.

3- L'amiral Darlan. Celui-ci se trouvait, par le fait du hasard, à Alger le 8 novembre. Il était arrivé quelques jours avant pour voir son fils qui venait d'être hospitalisé. Darlan, chef d'état- major de la flotte, était un des adjoints de Pétain. Il prit l'initiative d'arrêter les combats entre Français et Anglo-US. Les combats cessèrent le 10 novembre Les Américains s'appuyèrent alors sur Darlan. Cependant sa position en AFN n'était pas du goût des gaullistes et des partisans du Comte de Paris, ce dernier nourrissant des projets de retour à un régime monarchique.
Darlan fut assassiné le 24 décembre 42 par un jeune étudiant algérois : Bonnier de la Chapelle. Il n’y eu pas de certitude quant à ceux qui avaient inspiré cet acte. Bonnier de la Chapelle fut immédiatement arrêté, puis jugé précipitamment et exécuté le26.

Le 30 mai 43 de Gaulle arriva à Alger et partagea la pouvoir avec Giraud dans un comité de libération. Mais en octobre Giraud fut éliminé du comité et se cantonna dans des fonctions militaires.
Durant le mois de juin 43 la mobilisation générale fut décrétée en AFN. L'armée d'Afrique rassembla environ 400.000 hommes (1) et fut réarmée par les Américains et les Anglais. Elle repris le combat, contre les Allemands et les Italiens, aux côtés des FFL. Numériquement celles-ci étaient en minorité par rapport à l'armée d'Afrique. Les relations n'étaient pas toujours amicales entre les deux armées. Cependant elles combattirent l'ennemi commun, d'abord en Tunisie, puis en Italie et enfin en France.

(1) Dont environ 200.000 tirailleurs Algériens, Marocains et Tunisiens, Tabors Marocains, etc.
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Jan Goure



Inscrit le: 18 Juil 2006
Messages: 1865

MessagePosté le: 17-03-2007 15:48    Sujet du message: Répondre en citant

Merci Annick et Musika,
Une page vécue simplement...
Bisous d'amitié
Papy Lulu,
Je te remercie. Oui, le coeur se serre à ces souvenirs là
et d'autres que nous avons vécu ensuite ?
Amicalement
Sostène,
L'analyse que tu donnes sur ces évènements est l'officielle
De par ce que j'ai pu en connaître ( SGDG ) Gomila,le frère
d'un des zouaves du peloton qui a exécuté le petit Bonier
celui-ci accusait Pierre Joxe et les Gaullistes pas en odeur
de sainteté dans l'Alger de 1942, de l'avoir poussé et
laissé tomber ! Gomila, ce brave type, père de famille en
a été marqué à vie...

Je ne crois pas que le Général Giraud ait voulu autre chose que le
commandement des troupes Françaises d'Afrique, il laissait l'ensemble
à Einsenhower ! C'est le grenouillage Gaullo-communiste qui s'est
emparé des manettes pour faire un gouvernement provisoire, et
Giraud n'était qu'un militaire, lui !
J'ai eu à connaître dans mon premier poste à Ghardaïa, le capitaine
Bézier qui avait été son officier d'ordonnance, ainsi qu'un commandant
chef de son cabinet, qui avaient été mis en résidence surveillée par le
staf Gaullo-communiste, je répète ! Il nous a longuement parlé des tenants et aboutissants de toute cette affaire...
Je précise encore : 200.000 ENGAGES Musulmans sur des millions en état de porter les armes. Jamais la conscription n'a joué pour eux...
Mais ceux qui ont combattu avec nous l'ont fait bravement, loyalement
de vrais lions en Italie... Le remerciement est venu lors de leur abandon, désarmés, en juillet 1962 ! J'en atteste : j'y étais...
Amicalement

Jan
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Annick



Inscrit le: 15 Aoû 2005
Messages: 14156
Localisation: Normandie et Bourgogne

MessagePosté le: 17-03-2007 18:54    Sujet du message: Répondre en citant

Oui Jan, ce n'est pas bien beau ce qui s'est passé pour ces hommes en 1962.

Je viens de voir quelques image de Ghardaïa sur la 5, j'ai pensé à toi et aux récits que tu m'avais faits.


Bisous.
_________________

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Sostène 101



Inscrit le: 02 Fév 2007
Messages: 308
Localisation: Var

MessagePosté le: 17-03-2007 22:20    Sujet du message: Répondre en citant

Bonsoir Jan,

Au sujet de Giraud voici un copié-collé d’un extrait du livre de Jacques Robichon « Jour J en Afrique » publié par Robert Laffont (dépôt légal : 4è trimestre 1964). Il s’agit d’une discussion, à Gibraltar, entre Giraud et Eisenhower, à quelques jours du débarquement :

« ………Appuyé sur sa lourde canne au bout ferré, Giraud ne désarmait pas. Avec une expression têtue, le vieux Français reprenait le fil de ses griefs et de ses désillusions l'amertume et l'humiliation qu'il venait de trouver au terme de son long et épuisant voyage.
Selon Giraud, le commandement en chef de Torch, la direction suprême des armées alliées, lui revenait en quelque sorte de droit. Sinon, pourquoi avait on été le rechercher en France ? Pourquoi lui avoir demandé de se ranger aux côtés des Alliés envahissant l'Afrique des territoires de l'Empire français à qui il ferait reprendre les armes contre l'Allemagne, aux côtés des Etats Unis et de l'Angleterre ? Giraud n'osa pas dire : pourquoi, dans ce cas, n'avoir pas fait appel à de Gaulle ? Mais Eisenhower le comprit.
Est ce seulement pour remplir le rôle d'une vieille baderne ? demanda Giraud.
En s'évadant d'Allemagne, il n'avait eu qu'une seule idée reprendre, contre Hitler, le combat abandonné en 1940. Et pour cela, il avait tout risqué, tout sacrifié : sur un coup de dés, il venait de jouer son honneur et sa réputation; il avait quitté la France pour rejoindre les Alliés, renié sa parole donnée au maréchal Pétain, livré aux représailles des Nazis sa famille restée en France. A présent, qu'était il d'autre qu’un vieux général français solitaire, trompé et humilié. Moins peut être pour son interlocuteur que pour lui même, Giraud reprît alors :
Que va t on penser de moi en France ? Comment me jugera le peuple français
Ike, épuisé par la discussion, hésitait à dire à Giraud que, pendant sa captivité, la roue de l'Histoire avait continué à tourner sans lui. Depuis le jour de 1940 où il avait dû se rendre aux Allemands, deux années s'étaient écoulées, qui avaient fait faire un prodigieux bond en avant aux armes, aux techniques, aux états majors. Tandis que Giraud se morfondait dans une forteresse allemande, la direction stratégique des Alliés avait édifié des plans, mis ses chefs en place, lancé ses directives. Et, en même temps, du matériel moderne, des tanks, des avions, des canons, sortaient des usines; les arsenaux mettaient au point toutes sortes d'engins nouveaux dont, certainement, Giraud n'avait pas la moindre idée. Eisenhower ne voulut pas dire, non plus, que aussi prestigieux qu'il fût, Giraud n'était somme toute que le représentant d'une armée vaincue. Mais la réalité était là, et il n'y pouvait rien……. ».

En ce qui concerne l’assassinat de Darlan et l’exécution du jeune Bonnier de la Chapelle tu es évidemment bien placé pour savoir ce qu’il en a été réellement.

Je n’avais aucun doute, même si je ne l’ai pas précisé, que la mobilisation « générale » n’avait pas touché les populations autres que les Pieds-noirs puis les Corses. Je pensais seulement que parmi ces 200.000 soldats il y avait des engagés mais aussi quelques classes mobilisées.

Bien amicalement.
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Jan Goure



Inscrit le: 18 Juil 2006
Messages: 1865

MessagePosté le: 19-03-2007 11:29    Sujet du message: Répondre en citant

Sostène,

Il est évident que l'on est obligé de passer par la littérature pour essayer
de cerner un problème historique. Mais, j'ai trop vu, comment des journalistes reconnus qui ont fait autorité ont rendu compte d'évènements que j'ai vécus, avec un parti pris inommable, pour ne pas me méfier
de ce qu'a pu écrire ce journaliste qui à l'en croire assistait aux conférences et conversations entre ces généraux ?
J'en reviens au capitaine B... son officier d'ordonnance, devenu un ami à Ghardaïa où il a passé des mois en résidence surveillée après que le Général Giraud qui n'avait voulu à aucun pris de cette fonction de gouverneur civil et militaire en AFN aux ordres des Américains et n'aspirait qu'à être patron de l'armée d'Afrique, nous en a dit souvent !
Quand enfin le gouvernement provisoire a daigné rendre justice à son ancien cabinet militaire, B... nommé commandant est parti rejoindre les troupes du général de Tassigny, avec une joie indicible...
J'étais encore à l'EAB quand ils ont fait revenir d'Italie le capitaine Pierre Pucheu au combat, l'ont jugé sommairement et fait fusiller au polygone de Maison Carrée, parcequ'il avait été ministre de Pétain entre 40 où tout le monde se défaussait sur celui-ci, et 42, quand les Allemands avaient evahi la France libre, il avait rejoint l'AFN via l'Espagne et le Maroc...
Drôle d'époque : règlements de compte, basse cuisine... Qui a dit déja :
"Liberté...que de crimes on commet en ton nom !"
Ce qui s'est passé là bas, entre 1954 et 1962, m'importe beaucoup plus,
bien que chaque jour encore, je vois comment tout a été travesti !
Bonne journée et amitiés

Jan
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Sostène 101



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MessagePosté le: 19-03-2007 12:44    Sujet du message: Répondre en citant

Bonjour Jan,
Je suis d'accord avec toi sur les dérapages des journalistes. En ce qui concerne Robichon je crois que c'est un écrivain relativement connu.
J'ai regardé la liste de ses sources, elles sont au nombre d'une centaine pour l'ensemble de son livre.
Il cite des ouvrages d'Eisenhower et aussi de Harry Butcher qui était présent à l'entretien.

En ce qui concerne l'histoire en général il est certain que les livres sont
bourrés d'inexactitudes et de lacunes. Et plus encore les livres scolaires.
Il a fallu que les Français se paye un billet de cinéma pour apprendre que 200.000 Algériens, marocains et Tunisiens avaient participés à leur libération avec l'armée d'Afrique. Il faut toujours faire pénitence mais, curieusement, pour les harkis, dont certains avaient fait partie de cette armée, il ne nous a rien été demandé. Pour les méa-culpa ce sont les politiques qui décident.
Cordialement.
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Jan Goure



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MessagePosté le: 19-03-2007 17:54    Sujet du message: Répondre en citant

Salut Camarade !

Comme tu le dis, une bonne partie des Français
ont appris, mais...pris pour argent comptant que
ces troupes étaient encadrées par des officiers
Européens, nuls, féroces et qui les traitaient
comme des chiens...
Et le bouquet ceux qui les ont massacrés joyeusement
en juillet 62, se sont attribués ce film pour l'envoyer
rechercher une récompense à Holiwood ...

Asi es la vida : ainsi va la vie !
Bonne soirée

Jan
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