Retraite Active

[titefée]

J’avais posé mes pieds sur l’humide sable
Que ce soleil avait réchauffé de ces rayons
Les mouettes rieuses de leurs cris intarissables
Chassaient les poissons dans les ondulations

Le ciel avait revêtu cette laque bleu antique
Et la nuit bientôt verrait briller mille planètes
les rochers rouges devenaient couleur brique
et je guettais les étoiles filantes ou la comète

on nous l’avait annoncée cette belle nébuleuse
avec sa queue gazeuse et sa course éperdue
dans ces mondes de silence et mystérieuse
Halley repassera mais moi je ne serai plus

j’ai mis sur mes épaules le châle de cachemire
son tissus me fait penser aux femmes du sérail
ces belles odalisques qu’en fresque on admire
et mon esprit leur invente des perles de corail

je me retrouve assise dans une pose indolente
et je fume à travers le tuyau noir d’un narguilhé
et dans ce palais mes formes tendrement opulentes
sont convoitées par le sultan que je refuse d’aimer

il y a dans le bassin bleu des odalisques d’Ingres
des blondes vénitiennes qui étalent leurs rondeurs
des brunes aux cheveux crépus aux grâces malingres
des jeunes beautés ébènes qui n’ont pas de pudeur

flottent dans l’air des senteurs capiteuses étranges
et les étroites fenêtres laissent à peine passer le jour
une langue de soleil serpente et éclaire la soie orange
dont l’on m’a revêtue comme du plus bel atour

ce soir c’est mon tour d’entrer dans cette chambre
au grand lit de brocard épais et de moelleux velours
l’on m’a parfumée de musc et fait boire du gingembre
pour ne pas refuser du sultan une fois de plus l’amour

il est étendu nu, sur les draps de satin couleur crème
m’observe d’une façon obscène et il tient dans sa main
une grappe de raisin qu’il picore d’une lenteur extrême
et je commence à lui lire une histoire et le fais bien

mille et une nuit folles ont passé comme ça sous la lune
je racontais patiemment tous les soirs jusqu’au petit matin
des histoires d’amour au récit si haletant et si opportunes
que le sultan m’aima simplement sans jamais m’avoir atteint
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ETRE, tout simplement, sans vouloir AVOIR