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La Communale

 
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agnese



Inscrit le: 07 Déc 2006
Messages: 79
Localisation: Bouches du Rhone

MessagePosté le: 19-02-2008 13:58    Sujet du message: La Communale Répondre en citant

LA COMMUNALE



Voici que de l’enfance émerge de la brume
Cet horizon d’alors à mon cœur familier ;
Malgré l’heure qui fuit, le temps qui tout consume,
Je revis, en ce jour, mes rêves d’écolier.


Et je retrouve ainsi l’école communale,
Les bancs de bois rugueux, où je venais m’asseoir,
Je perçois de nouveau les leçons de morale
Nous enseignant les lois, les règles, le savoir.


Passer au tableau noir m’emplissait de panique,
Mon esprit, las, confus, en demeurait pantois,
Et j’écrivais, craintif de façon anarchique,
Quand un grésil de craie enneigeait tous mes doigts.


Le cahier se couvrait d’une encre violette,
Ô pleins et déliés, je vous revois encor !
Vous sortiez en rondeur et fine silhouette
D’un porte plume armé d’une « Sergent major ».


Merci, Monsieur Poilroux, je le redis encore
Car tout ce que je sais vous me l’avez transmis ;
J’aimerais qu’en ces vers mon souvenir honore
L’instit intègre et bon… Je me l’étais promis !


Candide Agnèse.
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musika



Inscrit le: 23 Mar 2005
Messages: 18472

MessagePosté le: 19-02-2008 14:49    Sujet du message: Répondre en citant

c'est loin Agnèse la communale.
c'est si bien, les souvenirs.

cela fait très plaisir de te lire.
cela nous rappelle que nous étions des enfants.

belle poèsie.
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alexia



Inscrit le: 07 Oct 2007
Messages: 5310
Localisation: PACA

MessagePosté le: 20-02-2008 10:53    Sujet du message: Répondre en citant

.... oui.... belle;.. et pleine de nostalgie, de tout ce qui était, qui était, qui n'est et ne sera plus....
_________________
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agnese



Inscrit le: 07 Déc 2006
Messages: 79
Localisation: Bouches du Rhone

MessagePosté le: 01-03-2008 19:30    Sujet du message: Répondre en citant

musika a écrit:
c'est loin Agnèse la communale.
c'est si bien, les souvenirs.

cela fait très plaisir de te lire.
cela nous rappelle que nous étions des enfants.

belle poèsie.


C'est, si loin l'école communale ! Lorsque les oriflammes tournoyaient pendant les chaudes années 1936.

Amitiés, Agnèse.
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agnese



Inscrit le: 07 Déc 2006
Messages: 79
Localisation: Bouches du Rhone

MessagePosté le: 01-03-2008 19:37    Sujet du message: Répondre en citant

[quote="alexia"].... oui.... belle;.. et pleine de nostalgie, de tout ce qui était, qui était, qui n'est et ne sera plus....[/quote
"alexia": Austère nostalgie quand le certificat d'études mit un point final à ma scolarité !

Amitiés, Agnèse.
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musika



Inscrit le: 23 Mar 2005
Messages: 18472

MessagePosté le: 01-03-2008 21:48    Sujet du message: Répondre en citant

1936 Agnese, mais tu en as des choses à nous apprendre,
envoie nous ton savoir,
raconte nous cette époque........
j'ai tellement envie de la connaitre.........

ALLEZ agnese raconte nous !!!
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agnese



Inscrit le: 07 Déc 2006
Messages: 79
Localisation: Bouches du Rhone

MessagePosté le: 18-05-2008 06:51    Sujet du message: Du temps passé au temps qui passe Répondre en citant

musika a écrit:
1936 Agnese, mais tu en as des choses à nous apprendre,
envoie nous ton savoir,
raconte nous cette époque........
j'ai tellement envie de la connaitre.........

ALLEZ agnese raconte nous !!!
Candide AGNESE Autobiographie


C’est, dans le flot montant du fascisme italien des années 1923, que mon père refusant d’adhérer à ce régime totalitaire, qui n’avait comme argument que le « manganelo » matraque, et l’huile de ricin pour imposer sa doctrine, s’expatria, juste après ma naissance, vers la France toute proche.

Empruntant une barque de pêcheur, à Vintimille, il trouva un havre de paix, dans la région Varoise, là où chaque année, la jeunesse de notre village venait vendanger.

Des travaux de terrassements étaient en cours à Carcès pour l’adduction d’eau vers Toulon. Il fallait posséder une carte de travail de couleur verte, renouvelable chaque semaine : si vous étiez docile, et vaillant au travail, cette carte devenait bleue... renouvelable tous les mois. Elle était le « sésame » qui ouvrait la porte permettant d’accueillir sa famille.

Tétant encore le sein maternel, avec ma sœur, âgée de 14 mois, nous reformions enfin une famille dans cette nation qui nous offrait un toit.

En 1925, nous déménageâmes vers Malijai (tout près de Digne). Une pauvre maison sans commodité, sans eau courante, nous abritait. Une lampe à pétrole trônait sur l’unique table et trouait la nuit dans un halo de lumière révélant la noirceur du plafond.

Mon père travaillait dans une usine, de produits chimiques voisine. A cette époque la lutte des classes battait son plein. Le patronat, pour contenir et contourner cette vague, trouva la parade, en embauchant des émigrés, de toutes origines, lesquels n’avaient d’autres recours que de se taire s’ils voulaient conserver cette carte bleue... « synonyme » de pain pour leur famille. Une petite sœur naissait à Malijai en 1929. A cette époque, l’enfant qui naissait de parents étrangers gardait cette même nationalité.

De ma prime enfance, je garde le souvenir de la vaccination antivariolique. Je revois l’asile, le réchaud à alcool à brûler qui, de sa flamme bleue, servait à stériliser le même scarificateur pour toute l’école.

Grand-père, grand-mère, tontons, cousins, étaient autant des mots ignorés ! Je n’en compris, le sens que plus tard, et cela m’attrista d’avantage ! Monsieur le Curé, était ravi d’avoir une bonne écoute auprès de ses nouvelles ouailles emplies d’une foi incomparable !


La ville de Digne vit nôtre arrivée en 1930. Mon père, devenu chauffeur de camions, conduisait un Berliet ; les roues étaient faites de bandages de caoutchouc de 5 à 6 centimètres d’épaisseur et ses deux chaînes, aux maillons noircis de graisse, entraînaient ces mêmes roues.

Je retrouvais l’école laïque, le B-à-ba, qui devait être la clef d’un savoir ; les paquets de bûchettes des premières additions. Sur le tableau noir, sentant la craie, une calligraphie parfaite étalait une maxime, des règles et de devoirs, enseignant le civisme. Des tiges de bambous de longueurs différentes avaient plusieurs usages ! Aux leçons de morale s’ajoutait la mise en garde contre la tuberculose, ex : ne pas saliver ses doigts pour tourner les pages de livres qu’on lisait tour à tour !

Sale macaroni, gnocchi, babi, était le langage des xénophobes et 70 ans après on me nomme encore Agnési ! Qui pouvait m’aider à faire mes devoirs du soir ! Alors que c’était moi qui francisais mes parents, lesquels évitaient de s’exprimer en italien ; Nous vivions en France, il fallait donc parler cette langue !

A 8 ans, et pendant deux ans, j’allais à l’école de musique apprendre à solfier et battre les mesures de 2 à 4 temps. A 10 ans, pour ma plus grande joie, on me prêta une clarinette ! Qu’elle fierté ! de jouer avec la « Lyre des Alpes », sur le kiosque à musique. Pendant les concerts, je n’étais plus italien, j’étais un musicien. Cela irritait d’avantage les écoliers xénophobes les i devenaient plus aigus et les bagarres redoublaient.

Le cycle scolaire allait de pair avec le système solaire, le 31 juillet c’était les grandes vacances, la rentrée, immuable, se faisait le 1er octobre. Tous les 11 Novembre, les écoliers de Digne descendaient le Boulevard Gassendi jusqu’au Monument aux Morts. Têtes nues, le béret sur la poitrine, dans le plus grand silence, à chaque nom prononcé, nous répondions en chœur... « Mort pour la France » !

J’ai en mémoire ces rassemblements, ces défilés de 1934 ; Ces banderoles et ces cris réclamant du travail, du pain, les drapeaux rouges tournoyant au chant de l’Internationale, que j’entendais pour la première fois ! En 1936, les ouvriers réclamaient les 40 heures, les congés payés. Depuis le kiosque à musique, servant de tribune, les porte-voix exigeaient ce que nous possédons aujourd’hui.


Cette même année, je retournais en Italie pour la première fois. Le train des Pignes nous emmena jusqu’à Nice, puis jusqu’à Aurigo, Province d’Impéria, mon village natal. C’était l’époque sombre où Mussolini passant outre aux décisions de la S.D.N., envahissait l’Ethiopie, et convoitait le Conté de Nice, la Corse, la Savoie ! Les « bambilas » jeunes de mon âge, étaient fanatisés ; costumés de noir et blanc, un calot, avec un pompon qui balayait les visages. En France j’étais un sale babi, ici un Français de m…. Après quelques échanges de coups, ma mère me cantonna dans ses jupes afin de nous éviter des complications pour nôtre retour.

C’était la première fois que je voyais mon village qui me vit naître. C’est alors que j’ai su ce qu’étaient des grands-parents, des cousins, une famille. Ne comprenant pas leur langage, j’étais comme un étranger en ce pays. J’emportais avec moi l’image de ces lieux et la douceur des baisers... Les derniers pour certains !

Je retrouvais donc l’école de Digne, le certificat d’études mit un point final à ma scolarité.

Après un apprentissage, je devins boulanger. Longues étaient les nuits, et pénible le travail !

Après de multiples et fastidieuses démarches, la nationalité française m’était accordée ! J’ai toujours en mémoire ces longues files de Républicains espagnols fuyant le régime de Franco, et que les gendarmes escortaient, avec leurs maigres baluchons, dans des camps, hors de la ville : triste prélude !

Après la signature du pacte de « non-agression Germano-Soviétique, le parti communiste fut mi-hors-la-loi et de nombreux militants furent pourchassés, internés, déportés... Je revois le four de la boulangerie, consumant ces dossiers confidentiels !

La déclaration de guerre, qu’on nommait la drôle de guerre, survint. La France envahie, nous vîmes alors l’exode massif des gens de l’Est délaissant leurs foyers et cherchant abri et réconfort dans nôtre région. Le boulanger que j’étais, pétrissait, en ce temps, une noire farine, lourde comme le plomb, collante comme l’argile.

Venaient de commencer les jours de restrictions, voire de famine pour certains, tout s’achetait avec les tickets de rationnements ou au marché « noir » pour les nantis, les trafiquants.

Les lundis de Pentecôte, jour de repos pour nous, nous participions à ce pèlerinage, vieux de plusieurs siècles, qui se déroulait, vers le sommet du Cousson, montagne mythique des dignois. C’est en ce lieu, tout près du ciel, que le destin me fit rencontrer celle qui devait devenir mon épouse !

Les troupes italiennes occupant les départements limitrophes, l’italiano français que j’étais, subissait non plus la xénophobie, mais la haine de certains.

Une nuit, alors que l’on tambourinait à la porte, je vis un « monsieur » s’inquiéter de savoir s’il se trouvait bien chez Agnèsé ! Mon père et lui tombèrent dans les bras l’un de l’autre, voyant les deux frères se retrouver, je compris encore plus l’absurdité des guerres !

Je fus affecté en 1943 « aux chantiers de jeunesse », dans la section musique. Mais quelques temps après nous fûmes envoyés dans la Forêt landaise .

Réunis en 1944, les chefs nous dirent, qu’armés de fusils on allait nous déplacer vers la région parisienne pour garder les voies ferrées. Refusant de collaborer, je désertais. Esquivant tous les contrôles de l’occupant, je retrouvais ma maison à Digne, 10 jours plus tard. Recherché pour désertion, les gendarmes me dirent... on vous a vu, mais nous ne voulons plus vous voir ! Je disparus donc pour rejoindre les rangs de l’armée secrète. Après le débarquement des alliés, je repris mon métier le 15 octobre 1944.

Nous nous sommes mariés le 9 Septembre 1944 à Courbons (Digne). L’adjoint au Maire n’était pas encore désigné. La nouvelle mise en place de la Mairie dignoise cherchait cet adjoint, pour notifier, sur une page vierge le premier mariage de la IVème République !

1945, fut une année sombre. De nouveau rappelé sous les drapeaux, de la nouvelle république. Embarqués dans les cales d’un cargo, sans sortir durant le voyage, on nous dirigea vers Alger, où nous fîmes nos premières armes. Puis nous fûmes envoyés, dans des wagons à bestiaux à Bizerte (Tunisie). Ce transfert dura une dizaine de jours. A notre arrivée, la ville n’était qu’un amas de pierres ; seules les casernes étaient encore debout. Démoralisé, je souffrais de cette séparation et je rêvais de cette maisonnette, orpheline de nos tendres baisers ! Et nous écrivions, tous les jours, ces lettres criantes de chagrin et de rancœur pour le temps qu’on nous volait ! En 1946, enfin dans une joie infinie se furent les retrouvailles.

Je repris mon travail. Les tickets de rationnement étaient toujours en vigueur !


En 1951, nous adhérâmes à l’association « Les Castors de la Bléone », afin de construire notre propre maison. Ce travail, à temps perdu, était pénible et dura jusqu’au jour de la disparition de notre fils Gérard. Ce fils que nous attendions depuis de longues années et que la maladie terrassa sans que les médecins n’en comprennent la cause ! Gérard s’éteignit à Marseille en 1953. Nous le retrouvâmes les yeux grands ouverts sur son lit de souffrance... !

Nous quittâmes Digne pour Martigues. En 1954, je travaillais chez B.P. je remplaçais ceux qui prenaient leurs congés payés. Je fus affecté à la manutention des bouteilles de butane (dur labeur). La chance revenue, je trouvais du travail à Naphtachimie. Au plus bas de l’échelle, mais, au sommet du bonheur nous pûmes bâtir un nouveau nid, et donner un sens à notre vie.

Pour notre plus grande joie... Joël naissait fin 1954 et notre Nadine en 1961. Tous deux naquirent à la maternité de Madame PASCAL, dans cette rue qu’une plaque rappelle la naissance de nombreux Martégaux.

Stages de formations continuels m’ont permis de gravir les échelons menant au poste d’Agents de Maîtrise, jusqu’à ma retraite en 1984.

Lors du repas d’anniversaire de notre petit-fils Julien, en 1993, je dois à la rapidité du S.M.U.R. et du stimulateur implanté à l’hôpital de Martigues d’être encore en vie. Transporté dans le service de cardiologie de la Timone, on me fit un quadruple pontage, et c’est pour remercier l’équipe du Professeur MONTIES, que j’ai recommencé à écrire de timides poèmes. Désormais je puise dans cette « Amphore » amicale le ruissellement des mots.

Candide AGNESE
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Risoux



Inscrit le: 01 Nov 2007
Messages: 4607

MessagePosté le: 18-05-2008 07:52    Sujet du message: Répondre en citant

Merci Agnese pour cette histoire d'une vie, criante de vérité et de nostalgie.

Ce dur labeur, cette lutte incessante pour trouver une place, sa place ici en France, je l'ai également vécu par les récits de ma mère.
Je pense à l'histoire de Fernand Renaud l'étranger qui a fait rire bien des gens, mais n'a pas beaucoup fait changer les mentalités.

Bon dimanche
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Vieille Louve



Inscrit le: 22 Sep 2007
Messages: 6779

MessagePosté le: 18-05-2008 08:12    Sujet du message: Répondre en citant

merci Agnese! toute une vie, si brièvement résumée, si pudiquement concentrée....
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