Retraite Active

[titefée]

Entrée en pleine lumière, dans la nef illuminée, je parcourais les travées dans les multicolores reflets des vitraux. La lumière y passait en clairs rayonnements et les derniers rais du soleil couchant empourpraient les lieux silencieux. Cependant dans l’obscurité bleutée de la niche sombre, la madone aux joues de plâtre rose, semblait me fixer de l’éclat de ses grands yeux noirs. Mes mains jointes, comme l’étaient les siennes sur la poitrine, je m’unissais à elle avec une émotion teintée de tant d’espoir, souhaitant secrètement que ma prière personnelle soit plus entendue que ne l’auraient été les oraisons anciennes..

Tombée à genoux, mais sans qu’une larme ne jaillisse de mes yeux en feu, j’ouvrais mon cœur et mon esprit pour que montent aux cieux mes supplications apeurées, afin que, si là haut quelqu’un existe vraiment, comme on le dit, Il entende, venant de cette discrète église s’exprimer, mon chagrin dans un cri.

Je venais d’apprendre que ma fille chérie était condamnée à passer toute sa vie de malade, clouée dans un lit. Les médecins, avaient bien essayé de nous faire accepter de ne pas espérer une guérison…seuls ses yeux demeureraient vivants !

Syringomyélie, le verdict de cette maladie était tombé. Il était terrible ! Rien n’était proposé pour sortir son corps de sa difficile prison. Nous entrevoyions des jours à venir où plus rien ne serait compréhensible car à la belle jeune femme aux yeux noirs, la vie dirait toujours non !

Ma fille aux si beaux yeux d’orage, je me souviens encore de ta phrase murmurée dans un souffle ténu un soir :

- « Maman si je ne le peux moi-même donne moi la mort, je ne peux vivre ainsi car pour moi il n’y a plus d’espoir. Vois ce que je suis devenue et je n’ai que dix huit ans ! »

Mon cœur affolé, mes yeux secs d’avoir versé tant et tant de larmes, mon chagrin rongeant mon esprit, je lui souriais en vain, la caressais et essayais inutilement de la faire rire, alors qu’en moi s’installait le vide froid du malheur qui prenait insidieusement toute la place. La plus petite des joies était partie car depuis cette annonce fatale, plus rien ne serait comme avant.

Et là, à genoux, d’espoir dépouillée, je criais, je hurlais soudain ma colère pour qu’elle monte jusqu’à Dieu, Allah, bouddha, tous les Dieux de la création. Et loin de toute morale, je leur demandais, paniquée de nous sortir de cette vie crépusculaire, où, dans la terrible épreuve, la maladie venait d’engloutir comme une morte-vivante, ma fille admirable.
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ETRE, tout simplement, sans vouloir AVOIR

[Vieille Louve]

je ne connais pas les détails de son dossier médical...mais accroche-toi! et qu'elle s'accroche aussi! il y a toujours des facettes de la vie qui valent le coup d'être explorées, et avec l'aide des autres, ta fille peut encore éprouver du bonheur...

[campanule]

Je comprends ta douleur Titefée, que tout cela est injuste.
Je suis bouleversée par ce récit, courage.