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poèsie du net
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hope



Inscrit le: 13 Jan 2008
Messages: 6634
Localisation: Normandie

MessagePosté le: 18-10-2008 21:49    Sujet du message: Répondre en citant

Nous avons fait la nuit...

Nous avons fait la nuit, je tiens ta main, je veille
Je te soutiens de toutes mes forces
Je grave sur un roc l’étoile de tes forces
Sillons profonds où la bonté de ton corps germera
Je me répète ta voix cachée, ta voix publique
Je ris encore de l’orgueilleuse
Que tu traites comme une mendiante
Des fous que tu respectes, des simples où tu te baignes
Et dans ma tête qui se met doucement d’accord avec
la tienne, avec la nuit
Je m’émerveille de l’inconnue que tu deviens
Une inconnue semblable à toi, semblable à tout ce que j’aime
Qui est toujours nouveau

Paul Eluard
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Marie



Inscrit le: 30 Juin 2005
Messages: 11840

MessagePosté le: 19-10-2008 11:39    Sujet du message: poèsie du net Répondre en citant


Automne
Le vent tourbillonnant, qui rabat les volets,
Là-bas tord la forêt comme une chevelure.
Des troncs entrechoqués monte un puissant murmure
Pareil au bruit des mers, rouleuses de galets.

L'Automne qui descend les collines voilées
Fait, sous ses pas profonds, tressaillir notre coeur ;
Et voici que s'afflige avec plus de ferveur
Le tendre désespoir des roses envolées.

Le vol des guêpes d'or qui vibrait sans repos
S'est tu ; le pêne grince à la grille rouillée ;
La tonnelle grelotte et la terre est mouillée,
Et le linge blanc claque, éperdu, dans l'enclos.

Le jardin nu sourit comme une face aimée
Qui vous dit longuement adieu, quand la mort vient ;
Seul, le son d'une enclume ou l'aboiement d'un chien
Monte, mélancolique, à la vitre fermée.

Suscitant des pensers d'immortelle et de buis,
La cloche sonne, grave, au coeur de la paroisse ;
Et la lumière, avec un long frisson d'angoisse,
Ecoute au fond du ciel venir des longues nuits...

Les longues nuits demain remplaceront, lugubres,
Les limpides matins, les matins frais et fous,
Pleins de papillons blancs chavirant dans les choux
Et de voix sonnant clair dans les brises salubres.

Qu'importe, la maison, sans se plaindre de toi,
T'accueille avec son lierre et ses nids d'hirondelle,
Et, fêtant le retour du prodigue près d'elle,
Fait sortir la fumée à longs flots bleus du toit.

Lorsque la vie éclate et ruisselle et flamboie,
Ivre du vin trop fort de la terre, et laissant
Pendre ses cheveux lourds sur la coupe du sang,
L'âme impure est pareille à la fille de joie.

Mais les corbeaux au ciel s'assemblent par milliers,
Et déjà, reniant sa folie orageuse,
L'âme pousse un soupir joyeux de voyageuse
Qui retrouve, en rentrant, ses meubles familiers.

L'étendard de l'été pend noirci sur sa hampe.
Remonte dans ta chambre, accroche ton manteau ;
Et que ton rêve, ainsi qu'une rose dans l'eau,
S'entr'ouvre au doux soleil intime de la lampe.

Dans l'horloge pensive, au timbre avertisseur,
Mystérieusement bat le coeur du Silence.
La Solitude au seuil étend sa vigilance,
Et baise, en se penchant, ton front comme une soeur.

C'est le refuge élu, c'est la bonne demeure,
La cellule aux murs chauds, l'âtre au subtil loisir,
Où s'élabore, ainsi qu'un très rare élixir,
L'essence fine de la vie intérieure.

Là, tu peux déposer le masque et les fardeaux,
Loin de la foule et libre, enfin, des simagrées,
Afin que le parfum des choses préférées
Flotte, seul, pour ton coeur dans les plis des rideaux.

C'est la bonne saison, entre toutes féconde,
D'adorer tes vrais dieux, sans honte, à ta façon,
Et de descendre en toi jusqu'au divin frisson
De te découvrir jeune et vierge comme un monde !

Tout est calme ; le vent pleure au fond du couloir ;
Ton esprit a rompu ses chaînes imbéciles,
Et, nu, penché sur l'eau des heures immobiles,
Se mire au pur cristal de son propre miroir :

Et, près du feu qui meurt, ce sont des Grâces nues,
Des départs de vaisseaux haut voilés dans l'air vif,
L'âpre suc d'un baiser sensuel et pensif,
Et des soleils couchants sur des eaux inconnues

ALBERT SAMAIN


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francine
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MessagePosté le: 23-10-2008 19:30    Sujet du message: Répondre en citant

LA SEINE

La Seine a de la chance
Elle n'a pas de souci

Elle se la coule douce
Le jour et la nuit
Et elle sort de sa source
Tout doucement, sans bruit, sans sortir de son lit
Et sans se faire de mousse
Elle s'en va vers la mer
En passant par Paris

La Seine a de la chance
Elle n'a pas de souci

Et quand elle se promène
Tout au long de ses quais
Avec sa belle robe verte
Et ses lumières dorées
Notre Dame jalouse, immobile et sévère
Du haut de toutes ses pierres
La regarde de travers

Mais la Seine s'en balance
Elle n'a pas de souci
Elle se la coule douce
Le jour et la nuit

Et s'en va vers le Havre, et s'en va vers la mer
En passant comme un rêve
Au milieu des mystères
Des misères de Paris

Jacques Prévert

mon petit fils de 5ans l'a connait par coeur.
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hope



Inscrit le: 13 Jan 2008
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Localisation: Normandie

MessagePosté le: 24-10-2008 07:42    Sujet du message: Répondre en citant

Ma Bohème

(Fantaisie)

Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées;

Mon paletot aussi devenait idéal;

J'allais sous le ciel, Muse! et j'étais ton féal;

Oh! là là! que d'amours splendides j'ai rêvées!

Mon unique culotte avait un large trou.

- Petit-Poucet rêveur, j'égrenais dans ma course

Des rimes. Mon auberge était à la Grande-Ourse.

- Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou

Et je les écoutais, assis au bord des routes,

Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes

De rosée à mon front, comme un vin de vigueur;

Où, rimant au milieu des ombres fantastiques,

Comme des lyres, je tirais les élastiques

De mes souliers blessés, un pied près de mon cœur!

Arthur Rimbaud. Œuvres
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Marie



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Messages: 11840

MessagePosté le: 26-10-2008 12:08    Sujet du message: poèsie Répondre en citant




ÂMES, MODES

Tu ne serais pas une femme
si tu ne savais pas si bien
te faire et te refaire une âme,
une âme neuve avec un rien.
À ce jeu ta science est telle
que, chaque fois que je te vois
tu fais semblant d’être nouvelle,
Et j’y suis pris toutes les fois.

… (Toi et Moi)


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hope



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MessagePosté le: 27-10-2008 08:42    Sujet du message: Répondre en citant

"Avril"

Déjà les beaux jours, — la poussière,
Un ciel d’azur et de lumière,
Les murs enflammés, les longs soirs ; —
Et rien de vert : — à peine encore
Un reflet rougeâtre décore
Les grands arbres aux rameaux noirs !

Ce beau temps me pèse et m’ennuie.
— Ce n’est qu’après des jours de pluie
Que doit surgir, en un tableau,
Le printemps verdissant et rose,
Comme une nymphe fraîche éclose
Qui, souriante, sort de l’eau.


Gérard de Nerval, in Odelettes
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Marie



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Messages: 11840

MessagePosté le: 27-10-2008 12:09    Sujet du message: poèsie du net Répondre en citant



J'ai bâti la maison idéale


Je l'ai proférée en pierres sèches, ma maison,
pour que les petits chats y naissent dans ma maison,
pour que les souris s'y plaisent dans ma maison.
Pour que les pigeons s'y glissent, pour que la mi-heure y mitonne,
quand de gros soleils y clignent dans les réduits.
Pour que les enfants y jouent avec personne,
c'est-à-dire avec le vent chaud, les marronniers.

C'est pour cela qu'il n'y a pas de toit sur ma maison,
ni de toi ni de moi dans ma maison,
ni de captifs, ni de maîtres, ni de raisons,
ni de statues, ni de paupières, ni la peur,
ni des armes, ni des larmes, ni la religion,
ni d'arbres, ni de gros murs, ni rien que pour rire.
C'est pour cela qu'elle est si bien bâtie, ma maison.

ANDRE FRENAUD

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hope



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Localisation: Normandie

MessagePosté le: 28-10-2008 10:22    Sujet du message: Répondre en citant

L'amour caché (Félix Arvers 1806-1850)


Mon âme a son secret, ma vie a son mystère
Un amour éternel en un moment conçu :
Le mal est sans espoir, aussi j'ai dû le taire,
Et celle qui l'a fait n'en a jamais rien su.

Hélas! j'aurai passé près d'elle inaperçu,
Toujours à ses côtés et pourtant solitaire ;
Et j'aurai jusqu'au bout fait mon temps sur la terre,
N'osant rien demander et n'ayant rien reçu.

Pour elle, quoique Dieu l'ait faite douce et tendre,
Elle suit son chemin, distraite et sans entendre
Ce murmure d'amour élevé sur ses pas.

A l'austère devoir pieusement fidèle,
Elle dira, lisant ces vers tout remplis d'elle :
" Quelle est donc cette femme ? " Et ne comprendra pas !


(Mes heures perdues)
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Clairefontaine



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MessagePosté le: 28-10-2008 10:41    Sujet du message: Répondre en citant

Gardons la beauté de l'âme
Restons d'éternels enfants
Surtout que cette flamme
Ne soit pas souvenir d'antan.

Que nos cheveux blancs
Soient la sagesse même
Et méditons sur un banc
Ce que veut dire "aime".

Pondu à la va vite par moi même Rolling Eyes
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Qu'il en soit ainsi.
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Marie



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MessagePosté le: 28-10-2008 14:21    Sujet du message: poèsie Répondre en citant

tu as du talent clairefontaine, c'est trés bien tourné moi je suis nulle en poèsie pas d'inspiration, alors je me contente de prendre sur le net des poèsies qui me plaisent, bises!!!!!!!
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Marie



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Messages: 11840

MessagePosté le: 28-10-2008 14:24    Sujet du message: poèsie du net Répondre en citant




LES LILAS ET LES ROSES

O mois des floraisons mois des métamorphoses
Mai qui fut sans nuage et Juin poignardé
Je n'oublierai jamais les lilas ni les roses
Ni ceux que le printemps dans les plis a gardés

Je n'oublierai jamais l'illusion tragique
Le cortège les cris la foule et le soleil
Les chars chargés d'amour les dons de la Belgique
L'air qui tremble et la route à ce bourdon d'abeilles
Le triomphe imprudent qui prime la querelle
Le sang que préfigure en carmin le baiser
Et ceux qui vont mourir debout dans les tourelles
Entourés de lilas par un peuple grisé

Je n'oublierai jamais les jardins de la France
Semblables aux missels des siècles disparus
Ni le trouble des soirs l'énigme du silence
Les roses tout le long du chemin parcouru
Le démenti des fleurs au vent de la panique
Aux soldats qui passaient sur l'aile de la peur
Aux vélos délirants aux canons ironiques
Au pitoyable accoutrement des faux campeurs

Mais je ne sais pourquoi ce tourbillon d'images
Me ramène toujours au même point d'arrêt
A Sainte-Marthe Un général De noirs ramages
Une villa normande au bord de la forêt
Tout se tait L'ennemi dans l'ombre se repose
On nous a dit ce soir que Paris s'est rendu
Je n'oublierai jamais les lilas ni les roses
Et ni les deux amours que nous avons perdus

Bouquets du premier jour lilas lilas des Flandres
Douceur de l'ombre dont la mort farde les joues
Et vous bouquets de la retraite roses tendres
Couleur de l'incendie au loin roses d'Anjou

(Le Crève-coeur, 1941)

LOUIIS ARAGON





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Clairefontaine



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Messages: 581
Localisation: Quelque part au Sud de la France

MessagePosté le: 28-10-2008 18:53    Sujet du message: Re: poèsie Répondre en citant

Marie a écrit:
tu as du talent clairefontaine, c'est trés bien tourné moi je suis nulle en poèsie pas d'inspiration, alors je me contente de prendre sur le net des poèsies qui me plaisent, bises!!!!!!!


Ils sont nettement mieux tournés ce que tu et vous, présentez. Wink
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Qu'il en soit ainsi.
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Marie



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MessagePosté le: 29-10-2008 11:59    Sujet du message: réponse Répondre en citant

tu es trop modeste, et en plus tu fais l'effort de composer; bises
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Marie



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MessagePosté le: 05-11-2008 13:16    Sujet du message: poèsie du net Répondre en citant




Blotti comme un oiseau
Blotti comme un oiseau frileux au fond du nid,
Les yeux sur ton profil, je songe à l'infini...

Immobile sur les coussins brodés, j'évoque
L'enchantement ancien, la radieuse époque,
Et les rêves au ciel de tes yeux verts baignés !

Et je revis, parmi les objets imprégnés
De ton parfum intime et cher, l'ancienne année
Celle qui flotte encor dans ta robe fanée...

Je t'aime ingénument. Je t'aime pour te voir.
Ta voix me sonne au coeur comme un chant dans le soir.
Et penché sur ton cou, doux comme les calices,
J'épuise goutte à goutte, en amères délices,
Pendant que mon soleil décroît à l'horizon
Le charme douloureux de l'arrière-saison


ALBERT SAMAIN

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hope



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MessagePosté le: 05-11-2008 17:33    Sujet du message: Répondre en citant

J’étais si près de toi que j’ai froid près des autres...


Dans mon chagrin, rien n’est en mouvement
J’attends, personne ne viendra
Ni de jour, ni de nuit
Ni jamais plus de ce qui fut moi-même

Mes yeux se sont séparés de tes yeux
Ils perdent leur confiance, ils perdent leur lumière
Ma bouche s’est séparée de ta bouche
Ma bouche s’est séparée du plaisir
Et du sens de l’amour, et du sens de la vie
Mes mains se sont séparées de tes mains
Mes mains laissent tout échapper
Mes pieds se sont séparés de tes pieds
Ils n’avanceront plus, il n’y a plus de route
Ils ne connaîtront plus mon poids, ni le repos

Il m’est donné de voir ma vie finir
Avec la tienne
Ma vie en ton pouvoir
Que j’ai crue infinie

Et l’avenir mon seul espoir c’est mon tombeau
Pareil au tien, cerné d’un monde indifférent
J’étais si près de toi que j’ai froid près des autres...

Paul Eluard
(Dernières poèmes d'amour)
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Marie



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MessagePosté le: 20-11-2008 14:52    Sujet du message: poèsie du net Répondre en citant



HYMNE À LA BEAUTÉ

Viens-tu du ciel profond ou sors-tu de l'abîme,
Ô Beauté ! ton regard, infernal et divin,
Verse confusément le bienfait et le crime,
Et l'on peut pour cela te comparer au vin.

Tu contiens dans ton oeil le couchant et l'aurore ;
Tu répands des parfums comme un soir orageux ;
Tes baisers sont un philtre et ta bouche une amphore
Qui font le héros lâche et l'enfant courageux.

Sors-tu du gouffre noir ou descends-tu des astres ?
Le Destin charmé suit tes jupons comme un chien ;
Tu sèmes au hasard la joie et les désastres,
Et tu gouvernes tout et ne réponds de rien.

Tu marches sur des morts, Beauté, dont tu te moques ;
De tes bijoux l'Horreur n'est pas le moins charmant,
Et le Meurtre, parmi tes plus chères breloques,
Sur ton ventre orgueilleux danse amoureusement.

L'éphémère ébloui vole vers toi, chandelle,
Crépite, flambe et dit : Bénissons ce flambeau !
L'amoureux pantelant incliné sur sa belle
À l'air d'un moribond caressant son tombeau.

Que tu viennes du ciel ou de l'enfer, qu'importe,
Ô Beauté ! monstre énorme, effrayant ingénu !
Si ton oeil, ton souris, ton pied, m'ouvrent la porte
D'un Infini que j'aime et n'ai jamais connu ?

De Satan ou de Dieu, qu'importe ? Ange ou Sirène,
Qu'importe, si tu rends, - fée aux yeux de velours,
Rythme, parfum, lueur, ô mon unique reine ! -
L'univers moins hideux et les instants moins lourds ?

CHARLES BAUDELAIRE



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Marie



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MessagePosté le: 22-11-2008 14:06    Sujet du message: poèsie Répondre en citant




LAISSEZ - LE

Et celui qui
pas pour mal faire
pas pour mal faire
prononce à sa place le mot qu'il cherche
eh bien ! il retarde sa guérison
pas pour mal faire
pas pour mal faire
car quand il cherche ce maudit mot
quand ce qu'on appelle un cérébro-lésé cherche un mot
ses neurones tendent les bras dans le vide
branches d'arbre agité par le vent
ses neurones tendent les bras dans le vide
pour poigner à pleines mains
le mot qui est là sur le bout de sa langue
et quand il l'attrape
quelle joie !
j'm'en viens ben

laissez-nous donc tranquillement chercher nos mots
laissez-le donc
bégayer

GERALD GODIN

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hope



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MessagePosté le: 22-11-2008 17:21    Sujet du message: Répondre en citant

Avenir
Les coquelicots noirs et les bleuets fanés
Dans le foin capiteux qui réjouit l'étable,
La lettre jaunie où mon aïeul respectable
A mon aïeule fit des serments surannés,

La tabatière où mon grand-oncle a mis le nez,
Le trictrac incrusté sur la petite table
Me ravissent. Ainsi dans un temps supputable
Mes vers vous raviront, vous qui n'êtes pas nés.

Or, je suis très vivant. Le vent qui vient m'envoie
Une odeur d'aubépine en fleur et de lilas,
Le bruit de mes baisers couvre le bruit des glas.

Ô lecteurs à venir, qui vivez dans la joie
Des seize ans, des lilas et des premiers baisers,
Vos amours font jouir mes os décomposés.

Charles CROS (1842-1888)
(Recueil : Le coffret de santal)
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Marie



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MessagePosté le: 28-11-2008 12:08    Sujet du message: poèsie du net Répondre en citant



Les Montreurs


Tel qu'un morne animal, meurtri, plein de poussière,
La chaîne au cou, hurlant au chaud soleil d'été,
Promène qui voudra son cœur ensanglanté
Sur ton pavé cynique, ô plèbe carnassière !

Pour mettre un feu stérile en ton œil hébété,
Pour mendier ton rire ou ta pitié grossière,
Déchire qui voudra la robe de lumière
De la pudeur divine et de la volupté.

Dans mon orgueil muet, dans ma tombe sans gloire,
Dussé-je m'engloutir pour l'éternité noire,
Je ne te vendrai pas mon ivresse et mon mal,

Je ne livrerai pas ma vie à tes huées,
Je ne danserai pas sur ton tréteau banal
Avec tes histrions et tes prostituées

CHARLES MARIE LECONTE DE LISLE

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hope



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MessagePosté le: 29-11-2008 09:34    Sujet du message: Répondre en citant

Femme du soir, femme du matin
(poème publié le 04/04/06)

Elle remonte à pied le trottoir de sa rue,
Un homme la croise, qui se retourne sur elle;
Pourtant les années ont marqué son visage,
Son corps s'est alourdi, elle n'en revient pas
Que l'on puisse encore la désirer autant;
Demain, deviendra-t'elle une femme du soir,
La sage consolatrice des coeurs en peine ?...
Mais de son coeur à elle, qui donc s'en est soucié ?
Cet homme à qui elle avait fait don de ses vingt ans
S'est éloigné depuis bien des années déjà,
Il ne la trouvait plus assez décorative, l'ingrat,
Stupide petit-bourgeois si soucieux des apparences;
Il lui avait fallu réapprendre à vivre toute seule,
Et aussi se trouver un emploi, à plus de quarante ans;
Elle ne pourrait pas redevenir non plus la femme du matin,
Celle qui échangeait sa chair et un semblant de sentiments
Contre une menteuse liaison de lucre et de convenances;
Elle aimerait plutôt retrouver son âme de midinette,
Quand elle ne rêvait que de romantisme et tendresse,
Au temps béni de son adolescence insouciante.

Bernard Lanza
C'est un poéte comtenporain dont je vous ai déjà posté un texte
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Marie



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MessagePosté le: 29-11-2008 12:37    Sujet du message: poèsie Répondre en citant

trés beau poème sur le déclin d'une jolie femme, c'est triste parfois de sentir que lavieillesse vous guette au détour du chemin, car hélas ds son coeur on a toujours vingt ans!!!!!!!!
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MessagePosté le: 30-11-2008 19:09    Sujet du message: Répondre en citant

OUi, j'ai eu un contact avec lui et c'est exactement ce qu'il voulait exprimer
Bravo Bernard, amitiés
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hope



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MessagePosté le: 30-11-2008 19:14    Sujet du message: Répondre en citant

Elisa MERCOEUR (1809-1835)

La feuille flétrie
Pourquoi tomber déjà, feuille jaune et flétrie ?
J'aimais ton doux aspect dans ce triste vallon.
Un printemps, un été furent toute ta vie,
Et tu vas sommeiller sur le pâle gazon.

Pauvre feuille ! il n'est plus, le temps où ta verdure
Ombrageait le rameau dépouillé maintenant.
Si fraîche au mois de mai, faut-il que la froidure
Te laisse à peine encore un incertain moment !

L'hiver, saison des nuits, s'avance et décolore
Ce qui servait d'asile aux habitants des cieux.
Tu meurs ! un vent du soir vient t'embrasser encore,
Mais ces baisers glacés pour toi sont des adieux.
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Marie



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MessagePosté le: 10-12-2008 13:51    Sujet du message: poèsie du net Répondre en citant




LA ROSE-THÉ

La plus délicate des roses
Est, à coup sûr, la rose-thé.
Son bouton aux feuilles mi-closes
De carmin à peine est teinté.

On dirait une rose blanche
Qu'aurait fait rougir de pudeur,
En la lutinant sur la branche,
Un papillon trop plein d'ardeur.

Son tissu rose et diaphane
De la chair a le velouté ;
Auprès, tout incarnat se fane
Ou prend de la vulgarité.

Comme un teint aristocratique
Noircit les fronts bruns de soleil,
De ses soeurs elle rend rustique
Le coloris chaud et vermeil.

Mais, si votre main qui s'en joue,
A quelque bal, pour son parfum,
La rapproche de votre joue,
Son frais éclat devient commun.

Il n'est pas de rose assez tendre
Sur la palette du printemps,
Madame, pour oser prétendre
Lutter contre vos dix-sept ans.

La peau vaut mieux que le pétale,
Et le sang pur d'un noble coeur
Qui sur la jeunesse s'étale,
De tous les roses est vainqueur !


THEOPHILE GAUTIER

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MessagePosté le: 10-12-2008 15:55    Sujet du message: Répondre en citant

Merci Marie


Bel astre de Vénus...
Bel astre de Vénus, de son front délicat
Puisque Diane encor voile le doux éclat,
Jusques à ce tilleul, au pied de la colline,
Prête à mes pas secrets ta lumière divine.
Je ne vais point tenter de nocturnes larcins,
Ni tendre aux voyageurs des pièges assassins.
J'aime : je vais trouver des ardeurs mutuelles,
Une nymphe adorée, et belle entre les belles,
Comme, parmi les feux que Diane conduit,
Brillent tes feux si purs, ornement de la nuit.

André CHÉNIER (1762-1794)
(Recueil : Poésies Antiques)
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bernard lanza



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MessagePosté le: 10-12-2008 17:10    Sujet du message: Répondre en citant

L'homme et la mer

Homme libre, toujours, tu chériras la mer !
La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme
Dans le déroulement infini de sa lame,
Et ton esprit n'est pas un gouffre moins amer.

Tu te plais à plonger au sein de ton image ;
Tu l'embrasses des yeux et des bras, et ton cœur
Se distrait quelquefois de sa propre rumeur
Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage.

Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets :
Homme, nul n'a sondé le fond de tes abîmes,
O mer, nul ne connaît tes richesses intimes,
Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets !

Et cependant voilà des siècles innombrables
Que vous vous combattez sans pitié ni remord,
Tellement vous aimez le carnage et la mort,
O lutteurs éternels, ô frères implacables !

Charles Baudelaire
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hope



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MessagePosté le: 10-12-2008 19:48    Sujet du message: Répondre en citant

Merci Bernard,
Mais viens nous poster ces textes de poètes que toi seul connais,
Nous sommes classiques dans ceux que nous postons
et j'aimerais découvrir d'autres auteurs
A bientôt
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bernard lanza



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MessagePosté le: 10-12-2008 22:15    Sujet du message: Répondre en citant

D'accord, hope, demain je publierai un poème d'un auteur moins connu que Baudelaire.
Bonne soirée.
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bernard lanza



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MessagePosté le: 11-12-2008 08:55    Sujet du message: Répondre en citant

Différence d'âge

Des ombres assez étranges dansent
Dans la chambre où les deux amoureux
Vont passer leur première nuit ensemble,
Eva le regarde, elle est déjà presque nue,
Et il en semble plutôt troublé, tout ému;
Il pose une main sur ses seins menus,
Et tout aussitôt elle ferme les yeux,
Elle se donne, elle s'abandonne à lui...
Il lui caresse les cheveux, tout doucement,
Il ne veut surtout pas aller trop vite,
Pour lui les jeux de l'amour sont sacrés,
Et pourtant Eva est consentante,
Elle se veut toute à lui, presque soumise
A ses caresses, et même à ses caprices;
Elle lui prend les mains, l'attire contre elle
Et pose ses lèvres sur la bouche aimée;
Il commence vraiment à perdre la tête,
Il sait bien qu'ils feront l'amour cette nuit,
Que cette fois ils seront enfin unis
Corps et coeur, corps et âme...
Et qu'importe leur différence d'âge,
Elle n'est plus une gamine et il l'aime
Comme jamais il n'a aimé personne.
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bernard lanza



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MessagePosté le: 11-12-2008 09:00    Sujet du message: Répondre en citant

Les yeux des Femmes

Quoi de plus admirable que des yeux de femmes ?
J'aime me plonger dans cet univers troublant,
Qui, chez chacune, présente un fond différent,
Que ce soit dans la gaîté, l'amour ou le drame.

Les plus sombres recèlent d'inquiétants mystères,
Les bleus nous entraînent plus souvent dans la joie,
Les verts, fort rares, poussent au trouble pervers,
Les gris, parfois énigmatiques, nous foudroient.

Qu'il est agréable de les voir tout sourire,
Qu'il est triste de les voir soudain s'assombrir,
Qu'il est dramatique de les voir en larmes.

Quels qu'ils soient, ils seront toujours plein de charme,
Prêts, en toutes circonstances, à nous séduire,
Et,pour le peintre, difficiles à saisir.


Gilbert Deckerck
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hope



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MessagePosté le: 11-12-2008 10:09    Sujet du message: Répondre en citant

Merci Bernard
c'est deux beaux poèmes
le premier est de toi ?
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bernard lanza



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MessagePosté le: 11-12-2008 11:11    Sujet du message: Répondre en citant

Oui, le premier est de moi, j'ai oublié de le signer, je m'en excuse.
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Marie



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MessagePosté le: 11-12-2008 12:15    Sujet du message: poèsie du net Répondre en citant



LE MERLE

Un oiseau siffle dans les branches
Et sautille gai, plein d'espoir,
Sur les herbes, de givre blanches,
En bottes jaunes, en frac noir.

C'est un merle, chanteur crédule,
Ignorant du calendrier,
Qui rêve soleil, et module
L'hymne d'avril en février.

Pourtant il vente, il pleut à verse ;
L'Arve jaunit le Rhône bleu,
Et le salon, tendu de perse,
Tient tous ses hôtes près du feu.

Les monts sur l'épaule ont l'hermine,
Comme des magistrats siégeant.
Leur blanc tribunal examine
Un cas d'hiver se prolongeant.

Lustrant son aile qu'il essuie,
L'oiseau persiste en sa chanson,
Malgré neige, brouillard et pluie,
Il croit à la jeune saison.

Il gronde l'aube paresseuse
De rester au lit si longtemps
Et, gourmandant la fleur frileuse,
Met en demeure le printemps.

Il voit le jour derrière l'ombre,
Tel un croyant, dans le saint lieu,
L'autel désert, sous la nef sombre,
Avec sa foi voit toujours Dieu.

À la nature il se confie,
Car son instinct pressent la loi.
Qui rit de ta philosophie,
Beau merle, est moins sage que toi !


THEOPHILE GAUTIER




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bernard lanza



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MessagePosté le: 11-12-2008 13:30    Sujet du message: Répondre en citant

Théophile Gautier, on connait mieux le romancier, auteur du " Capitaine Fracasse que le poète, et pourtant ce dernier mérite aussi le détour.
Bonjour Marie.
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hope



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MessagePosté le: 11-12-2008 14:16    Sujet du message: Répondre en citant

De sa grande Amie

Dedans Paris, ville jolie,
Un jour, passant mélancolie,
Je pris alliance nouvelle
A la plus gaie demoiselle
Qui soit d'ici en Italie.

D'honnêteté elle est saisie
Et crois (selon ma fantaisie)
Qu'il n'en est guère de plus belle
Dedans Paris.

Je ne vous la nommerai mie,
Sinon, que c'est ma grande Amie,
Car l'alliance se fit telle,
Par un doux baiser, que j'eus d'elle
Sans penser aucune infamie,
Dedans Paris.

Clément Marot
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bernard lanza



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MessagePosté le: 11-12-2008 14:53    Sujet du message: Répondre en citant

Je trouve que Marot est l'un des plus " modernes " des poètes de cette époque.

Le nom de Marot, dit Laharpe, est la première époque vraiment remarquable dans l’histoire de notre poésie, bien plus par le talent qui lui est particulier, que par les progrès qu’il fit faire à notre versification. Ce talent est infiniment supérieur à tout ce qui l’a précédé, et même à tout ce qui l’a suivi jusqu’à Malherbe. La nature lui avait donné ce qu’on n’acquiert point : elle l’avait doué de grâce. Son style a vraiment du charme et ce charme tient à une naïveté de tournure et d’expression qui se joint à la délicatesse des idées et des sentiments : personne n’a mieux connu que lui, même de nos jours, le ton qui convient à l’épigramme, soit celle que nous appelons ainsi proprement, soit celle qui a pris depuis le nom de madrigal, en s’appliquant à l’amour et à la galanterie. Personne n’a mieux connu le rythme du vers à cinq pieds, et le vrai ton du genre épistolaire, à qui cette espèce de vers sied si bien. Son chef-d’œuvre en ce genre est l’épître où il raconte à François Ier comment il a été volé par son valet ; c’est un modèle de narration, de finesse et de bonne plaisanterie. Cette estime pour les poésies de Marot a triomphé du temps et des vicissitudes du langage.
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hope



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MessagePosté le: 11-12-2008 15:00    Sujet du message: Répondre en citant

OUi je suis d'accord Bernard
je le trouve très moderne, et je serais incapable de le situer dans le temps mais les renseignements que tu viens de nous donner m'indique bien l'époque
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hope



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MessagePosté le: 15-12-2008 13:02    Sujet du message: Répondre en citant

L’AMOUREUSE

Elle est debout sur mes paupières
Et ses cheveux sont dans les miens,
Elle a la forme de mes mains,
Elle a la couleur de mes yeux,
Elle s'engloutit dans mon ombre
Comme une pierre sur le ciel.

Elle a toujours les yeux ouverts
Et ne me laisse pas dormir.
Ses rêves en pleine lumière
Font s'évaporer les soleils,
Me font rire, pleurer et rire,
Parler sans avoir rien à dire

(Mourir de ne pas mourir, 1924)
Paul Eluard
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bernard lanza



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MessagePosté le: 15-12-2008 13:34    Sujet du message: Répondre en citant

Hope, comme je suis moi-même un fan de Paul Eluard, je publie ci-dessous un poème qui m'a été inspiré par " L'amoureuse ", dont j'ai d'ailleurs repris certains mots.

Mon amoureuse

J'ai baisé ses paupières closes,
Mais elle fait semblant de dormir,
Pour elle et moi, je forme des voeux,
Que notre amour encore grandisse,
Qu'il soit solide plus que la pierre,
Qu'il puisse ainsi durer toujours !
Dans cette chambre, sur elle je veille,
Où n entre qu'un faible rai de lumière,
Elle me sourit, puis rouvre les yeux,
Et en eux brillent tant de soleils;
Jamais ne voudrais les voir pleurer,
Ses grands yeux remplis de mystère.

Bernard Lanza
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Marie



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MessagePosté le: 15-12-2008 14:05    Sujet du message: poèsie du net Répondre en citant



Entre la lune et le soleil

Je te le dis gracieuse et lumineuse
Ta nudité lèche mes yeux d'enfant
Et c'est l'extase des chasseurs heureux
D'avoir fait croître un gibier transparent
Qui se détend en un vase sans eau
Comme une graine à l'ombre d'un caillou
Je te vois nue arabesque nouée
Aiguille molle à chaque tour d'horloge
Soleil étale au long d'une journée
Rayons tressés nattes de mes plaisirs


PAUL ELUARD

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hope



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MessagePosté le: 15-12-2008 15:12    Sujet du message: Répondre en citant

Merci Bernard
Paul Eluard nous inspire aujourd'hui, il a fait de si beaux poèmes sur l'amour
Merci à toi aussi Marie
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Marie



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MessagePosté le: 16-12-2008 10:57    Sujet du message: réponse Répondre en citant

c'est un plaisir de vous faire plaisir, bisous et bonne journée!!!!
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Marie



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MessagePosté le: 16-12-2008 13:23    Sujet du message: poèsie du net Répondre en citant

pour vous tous

Arpège
L'âme d'une flûte soupire
Au fond du pare mélodieux ;
Limpide est l'ombre où l'on respire
Ton poème silencieux,

Nuit de langueur, nuit de mensonge,
Qui poses d'un geste ondoyant
Dans ta chevelure de songe
La lune, bijou d'Orient.

Sylva, Sylvie et Sylvanire,
Belles au regard bleu changeant,
L'étoile aux fontaines se mire,
Allez par les sentiers d'argent,

Allez vite - l'heure est si brève !
Cueillir au jardin des aveux
Les coeurs qui se meurent du rêve
De mourir parmi vos cheveux

ALBERT SAMAIN


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hope



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MessagePosté le: 16-12-2008 15:26    Sujet du message: Répondre en citant

Le pardon


Pour peu que votre image en mon âme renaisse,
Je sens bien que c'est vous que j'aime encor le mieux.
Vous avez désolé l'aube de ma jeunesse,
Je veux pourtant mourir sans oublier vos yeux,

Ni votre voix surtout, sonore et caressante,
Qui pénétrait mon coeur entre toutes les voix,
Et longtemps ma poitrine en restait frémissante
Comme un luth solitaire encore ému des doigts.

Ah ! j'en connais beaucoup dont les lèvres sont belles,
Dont le front est parfait, dont le langage est doux.
Mes amis vous diront que j'ai chanté pour elles,
Ma mère vous dira que j'ai pleuré pour vous.

J'ai pleuré, mais déjà mes larmes sont plus rares ;
Je sanglotais alors, je soupire aujourd'hui ;
Puis bientôt viendra l'âge où les yeux sont avares,
Et ma tristesse un jour ne sera plus qu'ennui.

Oui, pour avoir brisé la fleur de ma jeunesse,
J'ai peur de vous haïr quand je deviendrai vieux.
Que toujours votre image en mon âme renaisse !
Que je pardonne à l'âme au souvenir des yeux !

Sully Prudhomme (Recueil "Epaves")
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poete



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MessagePosté le: 16-12-2008 18:06    Sujet du message: Répondre en citant

je suis passée Wink
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Hier est de l'histoire ! demain est un mystère, aujourd'hui est un cadeau (Eleonore Roosevelt)
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hope



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MessagePosté le: 17-12-2008 16:05    Sujet du message: Répondre en citant

L'enfant de la lune

La lune en maraude au coeur des vergers

Grimpait aux pommiers en jupon d'argent ;

Surgirent des chiens rauques, déchaînés :

La lune s'enfuit, laissant un enfant.



Il vint avec nous en classe au village,

Tout à fait semblable aux autres garçons

Sauf cette clarté nimbant son visage

Sous le feu de joie de ses cheveux blonds.



Il aimait la pluie, les sources, les marbres,

Tout ce qui ruisselle et ce qui reluit ;

Le soir il veillait très tard sous les arbres

Regardant tomber lentement la nuit.



La lune en maraude au coeur des vergers

Vint chercher l'enfant un soir gris d'automne :

Vite, il s'envola. J'entends à jamais

Le bruit de son aile amie qui frissonne.



Marc Alyn
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bernard lanza



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MessagePosté le: 17-12-2008 20:36    Sujet du message: Répondre en citant

J'aime beaucoup le poète Marc Alyn, Hope. Merci de l'avoir publié.
Bonne soirée à toi. Very Happy Laughing
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bernard lanza



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MessagePosté le: 17-12-2008 20:44    Sujet du message: Répondre en citant

La valse des murmures

J'ai goûté, sur ma bouche, un souffle adolescent,
Une chaude tendresse inondait notre nuit ;
Je t’offre ma chaumière où va mûrir ce fruit,
Nous apportant le vin, son coeur incandescent !

Volutes, nos soupirs éblouiront le ciel ;
Les roses de ta bouche, Ô troublantes fontaines,
Ô mes fleurs de jeunesse, agapes si lointaines,
J’y goûterai, si j’ose, un nectar ou le miel !

Roulons entre nos doigts les pommes de l'amour ;
Un chaud soleil caresse, en douceur, le contour
Des jours tristes, sans fin, chargés de ton absence.

Les cheveux blonds du temps éclairent nos volets,
Eveillant les sentiers où roulent les galets.
Nos gestes langoureux ne seront qu’impatience.

Marine GARNIER
Juin 2003
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hope



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MessagePosté le: 18-12-2008 10:03    Sujet du message: Répondre en citant

Merci Bernard Lanza
Encore une belle découverte que ce poème, avant d'avoir lu le nom de l'auteur je pensais qu'il était écrit par un homme
Bonne journée
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bernard lanza



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MessagePosté le: 18-12-2008 10:44    Sujet du message: Répondre en citant

En fait, il s'agissait d'une jeune fille qui publiait alors ses poèmes dans un forum où je publiais moi aussi; je ne vois plus son nom actuellement, c'est dommage, car elle écrit très bien.
Bonne journée, Hope.
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