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Posté le: 29-05-2010 12:44 Sujet du message: poèsie
merci ANNE de ce joli poème, de notre poète, de notre enfance, car nous avons tous lu ces poèmes et fables!!!!!!bonne journée gros bisous!!!!! _________________
Posté le: 31-05-2010 11:40 Sujet du message: poèsie
un autre poème de paul verlaine
Paul VERLAINE (1844-1896)
A une femme
A vous ces vers de par la grâce consolante
De vos grands yeux où rit et pleure un rêve doux,
De par votre âme pure et toute bonne, à vous
Ces vers du fond de ma détresse violente.
C'est qu'hélas ! le hideux cauchemar qui me hante
N'a pas de trêve et va furieux, fou, jaloux,
Se multipliant comme un cortège de loups
Et se pendant après mon sort qu'il ensanglante !
Oh ! je souffre, je souffre affreusement, si bien
Que le gémissement premier du premier homme
Chassé d'Eden n'est qu'une églogue au prix du mien !
Et les soucis que vous pouvez avoir sont comme
Des hirondelles sur un ciel d'après-midi,
- Chère, - par un beau jour de septembre attiédi.
Inscrit le: 13 Oct 2007 Messages: 51 Localisation: VANNES 56000
Posté le: 01-06-2010 07:39 Sujet du message: Re: poèsie
Marie a écrit:
un autre poème de paul verlaine
Paul VERLAINE (1844-1896)
A une femme
A vous ces vers de par la grâce consolante
De vos grands yeux où rit et pleure un rêve doux,
De par votre âme pure et toute bonne, à vous
Ces vers du fond de ma détresse violente.
C'est qu'hélas ! le hideux cauchemar qui me hante
N'a pas de trêve et va furieux, fou, jaloux,
Se multipliant comme un cortège de loups
Et se pendant après mon sort qu'il ensanglante !
Oh ! je souffre, je souffre affreusement, si bien
Que le gémissement premier du premier homme
Chassé d'Eden n'est qu'une églogue au prix du mien !
Et les soucis que vous pouvez avoir sont comme
Des hirondelles sur un ciel d'après-midi,
- Chère, - par un beau jour de septembre attiédi.
"Le pauvre lélian"
C’est donc un Verlaine complètement désargenté et particulièrement morose qui apprendra, le 7 avril 1883, le décès de Lucien Létinois, mort à 23 ans d’une fièvre typhoïde.
Dès lors, ayant raté sa vie maritale, ne pouvant pas voir grandir son unique enfant et n’ayant plus ni Rimbaud, ni Létinois à ses côtés, Verlaine va peu à peu se laisser glisser dans les eaux noires de l’alcool et de la mélancolie.
Pourtant, d’un point de vue littéraire, il commence à obtenir de plus en plus de reconnaissance auprès de ses pairs et d’un public averti. Et c’est un Verlaine très respecté qui fera paraître en 1884 une étude consacrée aux poètes maudits, se comptant dans leur rang sous le surnom à peine déguisé de « Pauvre Lélian », qui n’est rien d’autre que l’anagramme de son nom. _________________ KERFON LE CELTE
Un homme à fables
http://www.kerfon-le-celte.net/
Posté le: 01-06-2010 08:21 Sujet du message: poésie du net--
Fils d'un commerçant, René Armand Prudhomme, qui souhaite devenir ingénieur, fait ses études au lycée Bonaparte,
Mais une crise d'ophtalmie le contraint à les interrompre.
Après avoir travaillé au Creusot dans les usines Schneider,
il se tourne vers le droit et travaille chez un notaire.
L'accueil favorable réservé à ses premiers poèmes au sein de la Conférence La Bruyère, société étudiante dont il est membre,
encourage ses débuts littéraires.
Son premier recueil, Stances et Poèmes (1865)
est loué par Sainte-Beuve et lance sa carrière.
Il renferme son poème le plus célèbre, Le Vase brisé, élégante métaphore du cœur brisé par un chagrin d'amour :
.....Le vase brisé
Le vase où meurt cette verveine
D'un coup d'éventail fut fêlé ;
Le coup dut l'effleurer à peine :
Aucun bruit ne l'a révélé.
Mais la légère meurtrissure,
Mordant le cristal chaque jour,
D'une marche invisible et sûre,
En a fait lentement le tour.
Son eau fraîche a fui goutte à goutte,
Le suc des fleurs s'est épuisé ;
Personne encore ne s'en doute,
N'y touchez pas, il est brisé.
Souvent aussi la main qu'on aime,
Effleurant le cœur, le meurtrit ;
Puis le cœur se fend de lui-même,
La fleur de son amour périt ;
Toujours intact aux yeux du monde,
Il sent croître et pleurer tout bas
Sa blessure fine et profonde ;
Il est brisé, n'y touchez pas.
(Sully Prudhomme, Stances et Poèmes, Le Vase brisé.)
L'extrême économie des moyens littéraires finit par y
gâcher la poésie sans que la profondeur philosophique y gagne.
Il est élu membre de l'Académie française en 1881.
Posté le: 03-06-2010 11:17 Sujet du message: poèsie
Albert SAMAIN (1858-1900)
Extrême-Orient
I
Le fleuve au vent du soir fait chanter ses roseaux.
Seul je m'en suis allé. - J'ai dénoué l'amarre,
Puis je me suis couché dans ma jonque bizarre,
Sans bruit, de peur de faire envoler les oiseaux.
Et nous sommes partis, tous deux, au fil de l'eau,
Sans savoir où, très lentement. - O charme rare,
Que donne un inconnu fluide où l'on s'égare !...
Par instants, j'arrêtais quelque frêle rameau.
Et je restais, bercé sur un flot d'indolence,
A respirer ton âme, ô beau soir de silence...
Car j'ai l'amour subtil du crépuscule fin ;
L'eau musicale et triste est la soeur de mon rêve
Ma tasse est diaphane, et je porte, sans fin,
Un coeur mélancolique où la lune se lève.
Posté le: 05-06-2010 20:36 Sujet du message: poéqsie du net
Par Arthur Rimbaud
A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu: voyelles,
Je dirai quelque jour vos naissances latentes:
A, noir corset velu des mouches éclatantes
Qui bombinent autour des puanteurs cruelles,
Golfes d'ombre; E, candeurs des vapeurs et des tentes,
Lances des glaciers fiers, rois blancs, frissons d'ombelles;
I, pourpres, sang craché, rire des lèvres belles
Dans la colère ou les ivresses pénitentes;
U, cycles, vibrement divins des mers virides,
Paix des pâtis semés d'animaux, paix des rides
Que l'alchimie imprime aux grands fronts studieux;
O, suprême Clairon plein des strideurs étranges,
Silences traversés des Mondes et des Anges:
O l'Oméga, rayon violet de Ses Yeux!
Posté le: 08-06-2010 07:52 Sujet du message: poésies du net
On ne pense pas aux poétes contemporains en voici un
Crépuscule
« On ne voit pas les gens dont en entend la voix
Et ceux qu’on voit ont l’air d’illustrer le silence
Tandis que circulairement l’orage lance
De longs éclairs muets qui tremblent sur les toits.
On attendait un sourd roulement de tonnerre,
Mais rien. La dame, en face, arrose sans un bruit
Ses fleurs pâles déjà recloses pour la nuit
Et partout règne un silence extraordinaire.
Peut-être le moteur de la terre s’est-il
Arrêté brusquement malgré la loi physique
Et ne perçoit-on pas encore la musique
Des sphères à travers ce silence d’exil.
Eh bien qu’elle rugisse ou file son murmure
À l’infini sans nous qui sommes exilés
Entre l’aube stridente et les cieux constellés,
Dans le soir insonore avant la nuit obscure. »
Posté le: 09-06-2010 12:43 Sujet du message: poèsie
A ma mère
Après un si joyeux festin,
Zélés sectateurs de Grégoire,
Mes amis, si, le verre en main
Nous voulons chanter, rire et boire,
Pourquoi s’adresser à Bacchus ?
Dans une journée aussi belle
Mes amis, chantons en ” chorus “
A la tendresse maternelle. (Bis.)
Un don pour nous si précieux,
Ce doux protecteur de l’enfance,
Ah ! c’est une faveur des cieux
Que Dieu donna dans sa clémence.
D’un bien pour l’homme si charmant
Nous avons ici le modèle ;
Qui ne serait reconnaissant
A la tendresse maternelle ? (Bis.)
Arrive-t-il quelque bonheur ?
Vite, à sa mère on le raconte ;
C’est dans son sein consolateur
Qu’on cache ses pleurs ou sa honte.
A-t-on quelques faibles succès,
On ne triomphe que pour elle
Et que pour répondre aux bienfaits
De la tendresse maternelle. (Bis.)
Ô toi, dont les soins prévoyants,
Dans les sentiers de cette vie
Dirigent mes pas nonchalants,
Ma mère, à toi je me confie.
Des écueils d’un monde trompeur
Écarte ma faible nacelle.
Je veux devoir tout mon bonheur
A la tendresse maternelle. (Bis.)
Posté le: 11-06-2010 07:13 Sujet du message: poésie
Par Stéphane Mallarmé
La chair est triste, hélas ! et j'ai lu tous les livres.
Fuir ! là-bas fuir! Je sens que des oiseaux sont ivres
D'être parmi l'écume inconnue et les cieux !
Rien, ni les vieux jardins reflétés par les yeux
Ne retiendra ce coeur qui dans la mer se trempe
Ô nuits ! ni la clarté déserte de ma lampe
Sur le vide papier que la blancheur défend
Et ni la jeune femme allaitant son enfant.
Je partirai ! Steamer balançant ta mâture,
Lève l'ancre pour une exotique nature !
Un Ennui, désolé par les cruels espoirs,
Croit encore à l'adieu suprême des mouchoirs !
Et, peut-être, les mâts, invitant les orages,
Sont-ils de ceux qu'un vent penche sur les naufrages
Perdus, sans mâts, sans mâts, ni fertiles îlots ...
Mais, ô mon coeur, entends le chant des matelots !
Étienne Mallarmé, dit Stéphane Mallarmé, né à Paris le 18 mars 1842 et mort à Valvins
Posté le: 11-06-2010 11:53 Sujet du message: poèsie
un poème trouvé sur le net
Poème de Lilas
L'amitié
L'amitié pour moi
C'est ce que l'on dégage de soi.
Pour entretenir une amitié,
Il faut la fructifier.
L'amitié entre copains c'est juste « bien ».
L'amitié entre amis c'est tout de suite plus infini.
L'amitié entre meilleurs amis c'est je l'espère pour la vie.
Tant de choses peuvent unir une personne à une autre :
L'amour, l'amitié, la compassion, la solidarité.
Tous ces sentiments que l'on renferme au fond de soi,
Englobe un mirage de joie.
Comme partout il y a des hauts et des bas.
En ce moment même je me rends compte,
A quel point j'ai peur de perdre
La seule personne qui a fait de mon cour
Un rayon de soleil pour l'éternité.
L'an prochain on ne se verra plus
Lui et moi
Mais qu'importe au fond de moi
Demeurera son être
Comme le seul ange de cour
Graver en moi pour l'éternité.
Posté le: 14-06-2010 11:24 Sujet du message: poèsie du net
L'attente n'est pas toujours bien supportable
Elle permet de prendre du recul sur nous
De rêver, de penser à tes mots doux
D'immaginer une vie beaucoup plus stable
Elle fait grandir cette envie de se voir
Et de continuer, de se revoir...
La première fois s'est tellement bien passée
Que c'est à mon tour de venir chez toi
Nous nous promenerons dans les sous-bois
Il y a plein de fruits à ramasser
Et si ce n'est pas encore la saison
Nous nous trouverons bien d'autres raisons.
Posté le: 19-06-2010 13:06 Sujet du message: poèsie
Comme on voit sur la branche
Comme on voit sur la branche au mois de mai la rose,
En sa belle jeunesse, en sa première fleur,
Rendre le ciel jaloux de sa vive couleur,
Quand l'Aube de ses pleurs au point du jour l'arrose;
La grâce dans sa feuille, et l'amour se repose,
Embaumant les jardins et les arbres d'odeur;
Mais battue, ou de pluie, ou d'excessive ardeur,
Languissante elle meurt, feuille à feuille déclose.
Ainsi en ta première et jeune nouveauté,
Quand la terre et le ciel honoraient ta beauté,
La Parque t'a tuée, et cendres tu reposes.
Pour obsèques reçois mes larmes et mes pleurs,
Ce vase plein de lait, ce panier plein de fleurs,
Afin que vif et mort, ton corps ne soit que roses.
Posté le: 23-06-2010 11:46 Sujet du message: poèsie du net
ÂMES, MODES
Tu ne serais pas une femme
si tu ne savais pas si bien
te faire et te refaire une âme,
une âme neuve avec un rien.
À ce jeu ta science est telle
que, chaque fois que je te vois
tu fais semblant d’être nouvelle,
Et j’y suis pris toutes les fois.
Posté le: 25-06-2010 11:21 Sujet du message: poèsie
J' AIMERAIS TOUT SAVOIR
(Bernard Dimey / Jehan Cayrecastel)
J'aimerais tant savoir comment tu te réveilles,
J'aurais eu le plaisir de t'avoir vue dormir
La boucle de cheveux autour de ton oreille,
L'instant, l'instant précieux où tes yeux vont s'ouvrir.
On peut dormir ensemble à cent lieues l'un de l'autre,
On peut faire l'amour sans jamais se toucher,
L'enfer peut ressembler au Paradis des autres
Jusqu'au jardin désert qu'on n'avait pas cherché.
Quand je m'endors tout seul, comme un mort dans sa barque,
Comme un vieux pharaon je remonte le Nil.
Les années sur ma gueule ont dessiné leur marque,
Mes grands soleils éteints se réveilleront-ils?
On dit depuis toujours, "le soleil est un astre,
Il se lève à cinq heures ou sept heures du matin",
Mais chaque heure pour moi n'est qu'un nouveau désastre,
Il n'est pas sûr du tout qu'il fera jour demain.
Je ne suis jamais là lorsque tu te réveilles,
Alors je parle seul pour faire un peu de bruit,
Mes heures s'éternisent et sont toutes pareilles,
Je ne distingue plus ni le jour ni la nuit,
Je ne crois pas en Dieu mais j'aime les églises,
Et ce soir je repense au gisant vénitien
Qui me ressemblait tant… Mais la place était prise
Toi seule sait vraiment pourquoi je m'en souviens
Posté le: 28-06-2010 10:54 Sujet du message: poèsie du net
Je suis triste ; le sort est dur ; tout meurt, tout passe ;
Les êtres innocents marchent dans de la nuit ;
Tu n'en sais rien ; tu ris d'écouter dans l'espace
Ce qui chante et de voir ce qui s'épanouit ;
Toi, tu ne connais pas le destin ; tu chuchotes
On ne sait quoi devant l'Ignoré ; tu souris
Devant l'effarement des sombres don Quichottes
Et devant la sueur des pâles Jésus-Christs.
Tu ne sais pas pourquoi je songe, pourquoi tombe
Kesler à Guernesey, Ribeyrolle au Brésil ;
Jeanne, tu ne sais pas ce que c'est que la tombe,
Jeanne, tu ne sais pas ce que c'est que l'exil.
Certes, si je pensais que j'assombris ton âme,
Je ne te dirais point toutes ces choses-là ;
Mais, vois-tu, bien qu'avril dore à sa pure flamme
Ton front, que Dieu pour moi tout exprès étoila,
Quoique le ciel ait l'aube et mon cœur ton sourire,
Jeanne, la vie est morne, et l'on gémit parfois ;
Puisque tu n'as qu'un an, je puis bien tout te dire,
Tu comprends seulement la douceur de ma voix. »
Posté le: 17-07-2010 10:59 Sujet du message: poèsie du net
DÉJEUNER DU MATIN
Il a mis le café
Dans la tasse
Il a mis le lait
Dans la tasse de café
Il a mis le sucre
Dans le café au lait
Et il a reposé la tasse
Sans me parler
Il a allumé
Une cigarette
Il a fait des ronds
Avec la fumée
Il a mis les cendres
Dans le cendrier
Sans me parler
Sans me regarder
Il s'est levé
Il a mis
Son chapeau sur sa tête
Il a mis
Son manteau de pluie
Parce qu'il pleuvait
Et il est parti
Sous la pluie
Sans une parole
Sans me regarder
Et moi j'ai pris
Ma tête dans ma main
Et j'ai pleuré.
Posté le: 21-07-2010 12:44 Sujet du message: poèsie
ÉVEIL AU SEUIL D' UNE FONTAINE
Ô ! spacieux loisir
Fontaine intacte
Devant moi déroulée
À l’heure
Où quittant du sommeil
La pénétrante nuit
Dense forêt
Des songes inattendus
Je reprends mes yeux ouverts et lucides
Mes actes coutumiers et sans surprises
Premiers reflets en l’eau vierge du matin.
La nuit a tout effacé mes anciennes traces,
Sur l’eau égale
S’étend
La surface plane
À perte de vue.
D’une eau inconnue.
Et je sens dans mes doigts
À la racine de mon poignet
Dans tout le bras
Jusqu’à l’attache de l’épaule
Sourdre un geste
Qui se crée
Et dont j’ignore encore
L’enchantement profond.
Posté le: 25-07-2010 11:51 Sujet du message: poèsie du net
Albert SAMAIN (1858-1900)
Chanson violette
Et ce soir-là, je ne sais,
Ma douce, à quoi tu pensais,
Toute triste,
Et voilée en ta pâleur,
Au bord de l'étang couleur
D'améthyste.
Tes yeux ne me voyaient point ;
Ils étaient enfuis loin, loin
De la terre ;
Et je sentais, malgré toi,
Que tu marchais près de moi,
Solitaire.
Le bois était triste aussi,
Et du feuillage obscurci,
Goutte à goutte,
La tristesse de la nuit,
Dans nos coeurs noyés d'ennui,
Tombait toute...
Dans la brume un cor sonna ;
Ton âme alors frissonna,
Et, sans crise,
Ton coeur défaillit, mourant,
Comme un flacon odorant
Qui se brise.
Et, lentement, de tes yeux
De grands pleurs silencieux,
Taciturnes,
Tombèrent comme le flot
Qui tombe, éternel sanglot,
Dans les urnes.
Nous revînmes à pas lents.
Les crapauds chantaient, dolents,
Sous l'eau morte ;
Et j'avais le coeur en deuil
En t'embrassant sur le seuil
De ta porte.
Depuis, je n'ai point cherché
Le secret encor caché
De ta peine...
Il est des soirs de rancoeur
Où la fontaine du coeur
Est si pleine !
Fleur sauvage entre les fleurs,
Va, garde au fond de tes pleurs
Ton mystère ;
Il faut au lis de l'amour
L'eau des yeux pour vivre un jour
Sur la terre.
Posté le: 05-08-2010 10:29 Sujet du message: POeSIE DU NET
DEMAIN DÈS L'AUBE
Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,
Je partirai - Vois-tu, je sais que tu m'attends -
J'irai par la forêt, j'irai par la montagne -
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.
Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.
Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Honfleur,
Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.
(Les Contemplations) VICTOR HUGO _________________
Posté le: 11-08-2010 11:41 Sujet du message: poèsie du net
Albert SAMAIN (1858-1900)
Comme une grande fleur ...
Comme une grande fleur trop lourde qui défaille,
Parfois, toute en mes bras, tu renverses ta taille
Et plonges dans mes yeux tes beaux yeux verts ardents,
Avec un long sourire où miroitent tes dents...
Je t’enlace ; j’ai comme un peu de l’âpre joie
Du fauve frémissant et fier qui tient sa proie.
Tu souris... je te tiens pâle et l’âme perdue
De se sentir au bord du bonheur suspendue,
Et toujours le désir pareil au coeur me mord
De t’emporter ainsi, vivante, dans la mort.
Incliné sur tes yeux où palpite une flamme
Je descends, je descends, on dirait, dans ton âme...
De ta robe entr’ouverte aux larges plis flottants,
Où des éclairs de peau reluisent par instants,
Un arôme charnel où le désir s’allume
Monte à longs flots vers moi comme un parfum qui fume.
Et, lentement, les yeux clos, pour mieux m’en griser,
Je cueille sur tes dents la fleur de ton baiser !
Posté le: 17-08-2010 12:42 Sujet du message: poèsie du net
Ah, que nos longs regards se suivent, se prolongent
Comme deux purs rayons l'un dans l'autre se plongent,
Et portent tour à tour
Dans le coeur l'un de l'autre une tremblante flamme,
Ce jour intérieur que donne seul à l'âme
Le regard de l'amour...
Posté le: 07-09-2010 11:45 Sujet du message: poèsie du net
Albert SAMAIN (1858-1900)
Destins
O femme, chair tragique, exquisement amère,
Femme, notre mépris sublime et notre Dieu,
O monstre de douceur, et cavale de feu,
Qui galopes plus vite encor que la Chimère.
Femme, qui nous attends dans l'ombre au coin du bois,
Quand, chevaliers d'avril, en nos armures neuves
Nous allons vers la vie, et descendons les fleuves
En bateaux pavoisés, le rameau vert aux doigts.
L'oriflamme Espérance aux fraîcheurs matinales
Ondule, et nous ouvrons dans le matin sacré
Nos yeux brillants encor de n'avoir pas pleuré,
Nos yeux promis un jour à tes fêtes fatales.
Aux mirages de l'art, aux froissements du fer,
Le sang rouge à torrents en nous se précipite,
Et notre âme se gonfle, et s'élance, et palpite
Vers l'infini, comme aux approches de la mer !
Toi, debout au miroir et dominant la vie,
Tu peignes tes cheveux splendides lentement,
Et, pour nous voir passer, tu tournes un moment
Tes yeux d'enfant féroce, à qui tout fait envie.
Fleur chaude, fleur de chair balançant ton poison,
Tu te souris, tordant ta nudité hautaine,
Et déjà les parfums de ta robe lointaine
Nagent comme une haleine ardente à l'horizon,
A l'horizon d'espoir et de rêves sublimes,
D'obstacles à franchir d'un orgueil irrité,
Et de sommets divins, où se cabre, indompté,
Le grand cheval ailé, qui hennit aux abÎmes !
Ah! tu la connais bien, sphynx avide et moqueur,
Cette folle aux yeux d'or qu'à vingt ans l'on épouse,
La Gloire, femme aussi... Lève-toi donc, jalouse,
Debout, et plante-nous ta frénésie au coeur !
Rampe au long des buissons, darde tes yeux de flamme.
Un regard, et déjà la chair folle s'émeut ;
Un sourire, et l'alcool de nos sens a pris feu ;
Un baiser, et tes dents ont mordu dans notre âme !
A Toi, va, maintenant les sublimes, les fous,
Tous ceux qui s'en allaient aux fêtes inconnues.
Archanges déplumés, précipités des nues,
Oh ! comme les voilà rampants à tes genoux !
Tout leur coeur altéré râle vers ta peau rose,
D'où rayonne un désir électrique et brutal.
L'horizon lumineux sombre en un soir fatal,
Et voici s'effondrer la grande apothéose...
Toi cependant, trônant aux ténèbres du lit,
Tu berces leur vieux rêve éteint dans ta chair sourde,
Et tu caches le monde à leur paupière lourde
Avec tes longs cheveux de langueur et d'oubli.
Ta chair est leur soleil ; tes pieds nus sont leur gloire ;
Et ton sein tiède est une mer aux vagues d'or,
Où leur coeur de tendresse et d'infini s'endort
Sous tes yeux, où s'allume une sombre victoire.
Pour toi seule, à jamais, à jamais, sans remords,
Chante leur sang brûlé par le feu de ta bouche,
Et, souriant du haut de ton orgueil farouche,
Tu refermes sur eux, douce enfin à leur mort,
Tes bras, tes bras profonds et doux comme la mort.
Posté le: 14-09-2010 11:48 Sujet du message: poèsie du net
Charles BAUDELAIRE (1821-1867)
Chant d'automne
I
Bientôt nous plongerons dans les froides ténèbres ;
Adieu, vive clarté de nos étés trop courts !
J'entends déjà tomber avec des chocs funèbres
Le bois retentissant sur le pavé des cours.
Tout l'hiver va rentrer dans mon être : colère,
Haine, frissons, horreur, labeur dur et forcé,
Et, comme le soleil dans son enfer polaire,
Mon coeur ne sera plus qu'un bloc rouge et glacé.
J'écoute en frémissant chaque bûche qui tombe ;
L'échafaud qu'on bâtit n'a pas d'écho plus sourd.
Mon esprit est pareil à la tour qui succombe
Sous les coups du bélier infatigable et lourd.
Il me semble, bercé par ce choc monotone,
Qu'on cloue en grande hâte un cercueil quelque part.
Pour qui ? - C'était hier l'été ; voici l'automne !
Ce bruit mystérieux sonne comme un départ.
II
J'aime de vos longs yeux la lumière verdâtre,
Douce beauté, mais tout aujourd'hui m'est amer,
Et rien, ni votre amour, ni le boudoir, ni l'âtre,
Ne me vaut le soleil rayonnant sur la mer.
Et pourtant aimez-moi, tendre coeur ! soyez mère,
Même pour un ingrat, même pour un méchant ;
Amante ou soeur, soyez la douceur éphémère
D'un glorieux automne ou d'un soleil couchant.
Courte tâche ! La tombe attend ; elle est avide !
Ah ! laissez-moi, mon front posé sur vos genoux,
Goûter, en regrettant l'été blanc et torride,
De l'arrière-saison le rayon jaune et doux !
Posté le: 16-09-2010 12:43 Sujet du message: poèsie du net
J'ai trempé mon doigt dans la confiture
J'ai trempé mon doigt dans la confiture
Turelure
Ça sentait les abeilles,
Ça sentait les groseilles,
Ça sentait le soleil.
J'ai trempé mon doigt dans la confiture
Puis je l'ai sucé
Comme on suce les joues de bonne Grand-maman
Qui n'a plus mal aux dents
Et qui parle aux fées...
Puis je l'ai sucé
Sucé
Mais tellement sucé
Que je l'ai avalé.
Posté le: 24-09-2010 12:37 Sujet du message: poèsie
Le Voyage
Extrait Des Fleurs Du Mal.
Par Charles Baudelaire
Pour l'enfant, amoureux de cartes et d'estampes,
L'univers est égal à son vaste appétit.
Ah ! que le monde est grand à la clarté des lampes !
Aux yeux du souvenir que le monde est petit !
Un matin nous partons, le cerveau plein de flamme,
Le coeur gros de rancune et de désirs amers,
Et nous allons, suivant le rythme de la lame,
Berçant notre infini sur le fini des mers :
Les uns, joyeux de fuir une patrie infâme ;
D'autres, l'horreur de leurs berceaux, et quelques-uns,
Astrologues noyés dans les yeux d'une femme,
La Circé tyrannique aux dangereux parfums.
Pour n'être pas changés en bêtes, ils s'enivrent
D'espace et de lumière et de cieux embrasés ;
La glace qui les mord, les soleils qui les cuivrent,
Effacent lentement la marque des baisers.
Mais les vrais voyageurs sont ceux-là seuls qui partent
Pour partir, coeurs légers, semblables aux ballons,
De leur fatalité jamais ils ne s'écartent,
Et, sans savoir pourquoi, disent toujours : Allons !
Ceux-là dont les désirs ont la forme des nues,
Et qui rêvent, ainsi qu'un conscrit le canon,
De vastes voluptés, changeantes, inconnues,
Et dont l'esprit humain n'a jamais su le nom
Posté le: 30-09-2010 12:01 Sujet du message: POésie du net
ANTOINE POL
Je veux dédier ce poème
A toutes les femmes qu'on aime
Pendant quelques instants secrets
A celles qu'on connaît à peine
Qu'un destin différent entraîne
Et qu'on ne retrouve jamais
A celle qu'on voit apparaître
Une seconde à sa fenêtre
Et qui, preste, s'évanouit
Mais dont la svelte silhouette
Est si gracieuse et fluette
Qu'on en demeure épanoui
A la compagne de voyage
Dont les yeux, charmant paysage
Font paraître court le chemin
Qu'on est seul, peut-être, à comprendre
Et qu'on laisse pourtant descendre
Sans avoir effleuré sa main
A la fine et souple valseuse
Qui vous sembla triste et nerveuse
Par une nuit de carnaval
Qui voulut rester inconnue
Et qui n'est jamais revenue
Tournoyer dans un autre bal
A celles qui sont déjà prises
Et qui, vivant des heures grises
Près d'un être trop différent
Vous ont, inutile folie,
Laissé voir la mélancolie
D'un avenir désespérant
A ces timides amoureuses
Qui restèrent silencieuses
Et portent encor votre deuil
A celles qui s'en sont allées
Loin de vous, tristes esseulées
Victimes d'un stupide orgueil.
Chères images aperçues
Espérances d'un jour déçues
Vous serez dans l'oubli demain
Pour peu que le bonheur survienne
Il est rare qu'on se souvienne
Des épisodes du chemin
Mais si l'on a manqué sa vie
On songe avec un peu d'envie
A tous ces bonheurs entrevus
Aux baisers qu'on n'osa pas prendre
Aux coeurs qui doivent vous attendre
Aux yeux qu'on n'a jamais revus
Alors, aux soirs de lassitude
Tout en peuplant sa solitude
Des fantômes du souvenir
On pleure les lèvres absentes
De toutes ces belles passantes
Que l'on n'a pas su retenir
Posté le: 09-10-2010 12:35 Sujet du message: poèsie du net
j'adore ce poème de victor HUGO pour sa fille morte noyée avec son mari
DEMAIN DÈS L'AUBE
Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,
Je partirai - Vois-tu, je sais que tu m'attends -
J'irai par la forêt, j'irai par la montagne -
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.
Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.
Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Honfleur,
Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.
Posté le: 12-11-2010 13:52 Sujet du message: Poèsie
LE DORMEUR DU VAL
C'est un trou de verdure, où chante une rivière
Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent; où le soleil, de la montagne fière,
Luit: c'est un petit val qui mousse de rayons.
Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert ou la lumière pleut.
Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme:
Nature, berce-le chaudement: il a froid.
Les parfums ne font pas frissonner sa narine.
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.
Posté le: 19-11-2010 13:19 Sujet du message: poèsie du net
TRISTESSE DE LUNE
Ce soir, la lune rêve avec plus de paresse ;
Ainsi qu'une beauté, sur de nombreux coussins,
Qui d'une main distraite et légère caresse
Avant de s'endormir le contour de ses seins,
Sur le dos satiné des molles avalanches,
Mourante, elle se livre aux longues pâmoisons,
Et promène ses yeux sur les visions blanches
Qui montent dans l'azur comme des floraisons.
Quand parfois sur ce globe, en sa langueur oisive,
Elle laisse filer une larme furtive
Un poète pieux, ennemi du sommeil,
Dans le creux de sa main prend cette larme pâle,
Aux reflets irisés comme un fragment d'opale,
Et la met dans son cœur loin des yeux du soleil.
Posté le: 23-11-2010 13:58 Sujet du message: poèsie du net
Bonjour mon cœur Bonjour mon cœur, bonjour ma douce vie.
Bonjour mon œil, bonjour ma chère amie,
Hé ! bonjour ma toute belle,
Ma mignardise, bonjour,
Mes délices, mon amour,
Mon doux printemps, ma douce fleur nouvelle,
Mon doux plaisir, ma douce colombelle,
Mon passereau, ma gente tourterelle,
Bonjour, ma douce rebelle.
Hé ! faudra-t-il que quelqu'un me reproche
Que j'aie vers toi le cœur plus dur que roche
De t'avoir laissée, maîtresse,
Pour aller suivre le Roi,
Mendiant je ne sais quoi
Que le vulgaire appelle une largesse ?
Plutôt périsse honneur, court, et richesse,
Que pour les biens jamais je te relaisse,
Ma douce et belle déesse.
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