Retraite Active Ce forum s'adresse à tous les retraités et futurs retraités. Les membres de ce forum ont la possibilité de discuter de tous leurs centres d'intérêt que ceux-ci soient les voyages, les loisirs ou l'actualité, entre autres.
Posté le: 06-02-2007 13:25 Sujet du message: Poèmes et poètes......
J'ai choisi ce poème de Victor Hugo qui parle si bien de la "fonction de poète"
Peuples ! écoutez le poète !
Ecoutez le rêveur sacré !
Dans votre nuit, sans lui être complète,
Lui seul a le front éclairé.
Des temps futurs perçant les ombres,
Lui seul distingue en leurs flancs sombres
Le germe qui n'est pas éclos.
Homme, il est doux comme une femme.
Dieu parle à voix basse son âme
Comme aux for^ts et comme aux flots.
C'est lui qui, malgré les épines,
L'envie et la dérision,
Marche courbé dans vos ruines,
Ramassant la tradition.
De la tradition féconde
Sort tout ce qui couvre le monde,
Tout ce que le ciel peut bénir.
Toute idée, humaine ou divine,
Qui prend le passé pour racine
A pour feuillage l'avenir.
Il rayonne ! il jette sa flamme
Sur l'éternelle vérité !
Il la fait resplendir pour l'âme
D'une merveilleuse clarté.
Il inonde de sa lumière
Ville et désert, Louvre et chaumière,
Et les plaines et les hauteurs ;
A tous d'en haut il la dévoile ;
Car la poésie est l'ETOILE
Qui mène à Dieu rois et pasteurs.
Ce poème est inspiré par une rencontre dans la ville.
A une passante évoque l'apparition éblouissante et fugitive d'une femme qui correspond à l'idéal du poète
A une passante
La rue assourdissant autour de moi hulait.
Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse,
Une femme passa, d'une main fastueuse
Soulevant, balançant le feston de l'ourlet ;
Agile et noble, avec sa jambe de statue.
Moi, je buvais, crispé comme un extravagant,
Dans son oeil, ciel livide où germe l'ouragan,
La douceur qui fascine et le plaisir qui tue.
Un éclair.....puis la nuit ! Fugitive beauté
Dont le regard m'a fait soudainnement renaître,
Ne te verrai-je plus que dans l'éternité ?
Ailleurs, bien loin d'ici ! trop tard ! jamais peut être !
Car j'ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais,
ô toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais !
.
Le poète est un magicien des mots, il détient l'art de la composition musicale et des images.
Inventeur de formes nouvelles, il est aussi celui qui apprend aux hommes les infinis possibilités de langage.
Le poète est celui qui détient la maîtrise des mots, qu'il utilise tour à tour pour charmer ou pour combattre.
Victor Hugo, Beaudelaire....étaient des poètes remarquables.
Eux et leurs disciples pouvaient écrire : "Peuples, écoutez les poètes..."
L'époque s'y prêtait, mais maintenant avec tous les moyens de communication, d'information...quel poète contemporain pourrions-nous écouter ? _________________
" Le bonheur ne court pas le monde; il faut vivre où l'on est heureux "
Dernière édition par Annick le 06-02-2007 23:06; édité 1 fois
Des grands poètes contemporains, je ne sais pas...
Prévert, Aragon, Brel, Brassens, bon ils sont tous morts , Jean Goure mais il nous a quitté
franchement Annick, je ne sais pas.
Posté le: 07-02-2007 10:45 Sujet du message: POESIE
CLAUDE ESTERNAUD
L'ambition de certains courtisans nouveaux venus
[...] Pour amortir l'orgueil de mille vanités,
Considérons jadis quels nous avons été,
Et, faisant à nature une amende honorable,
Dis, superbe : J'étais vilain au préalable
Que d'être gentilhomme ; et, puisque de vilain
Je me suis anobli du jour au lendemain,
Du jour au lendemain je peux changer de titre
Et de petit seigneur devenir grand bélître,
Et en siècle d'airain changer le siècle d'or,
Et devenir soudain 'de consule rhetor'*.
J'ai vu des pins fort hauts élever leurs perruques
Par sus le front d'Iris, et tout d'un coup caduques,
Arrangés sur la terre, et ne servir qu'au deuil
D'un cadavre puant pour faire son cercueil ;
J'ai vu de Pharaon les pompeux exercites
Et contre Josué les fiers Amalécites
Gripper, triper, friper ; et après un combat
Je passe derechef, 'et ecce non erat'**.
Sur la flottante mer je voyais un navire
Qui menaçait la terre et les cieux de son ire ;
Mais, tout soudain rompant le cordage et le mât,
Je cherche mon navire, 'et ecce non erat'.
J'ai vu ce que j'ai vu, une rase campagne
Enceinte devenue ainsi qu'une montagne,
Qui pour mille géants n'enfanta qu'un seul rat ;
Où est-il ? je regarde, 'et ecce non erat'.
Bref que n'ai-je pas vu, que ne contemplé-je ores ?
Et avant que mourir que ne verrai-je encores ?
Le monde est un théâtre où sont représentés
Mille diversités de fous et d'éventés.
Ô constante inconstance ! ô légère fortune !
Qui donne à l'un un oeuf, et à l'autre une prune ;
Qui fait d'un charpentier un brave maréchal,
Et qui fait galoper les ânes à cheval ;
Qui fait que les palais deviennent des tavernes,
Qui, sans miracles, fait que vessies sont lanternes ;
Qui fait que d'un vieux gant, les dames de Paris
Font des godemichés, à défaut de maris ;
Que le sceptre d'un roi se fait d'un mercier l'aune,
Que le blanc devient noir et que le noir est jaune ;
Qui change quelquefois les bonnets d'arlequins
Aux couronnes des grands et les grands en coquins,
Les marottes en sceptre, en tripes les andouilles,
Les chaperons en houppe, en glaives les quenouilles,
Le rôti en bouilli, une fille en garçon,
La loutre en bon castor et la buse en faucon ! [...]
(*) de consul orateur
(**) et il n'était plus _________________ !
Merci Epervier,
il y a un poème que j'ai retrouvé sur un bouquin de littérature, je vais essater de le retrouver :
Poésie et vérité :
voici le plus célèbre texte d'Eluard dont la lecture clandestine pendant la guerre, souleva partout l'enthousiasme et réveilla les énergies.
C'ést devenu un grand classique de la poésie engagée :
Liberté
Sur mes cahiers d'écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable sur la neige
J'écris ton nom
Sur toutes les pages lues
Sur toutes les pages blanches
Pierre sang papier ou cendre
J'écris ton nom
Sur les images dorées
Sur les armes des guerriers
Sur la couronne des rois
J'écris ton nom
Sur la jungle et le désert
Sur les nids sur les genêts
Sur l'écho de mon enfance
J'écris ton nom
Sur les merveilles des nuits
Sur le pain blanc des journées
Sur les saisons fiancées
J'écris ton nom
Sur tous mes chiffons d'azur
Sur l'étang soleil moisi
Sur le lac lune vivante
J'écris ton nom
Sur les champs sur l'horizon
Sur les ailes des oiseaux
Et sur le moulin des ombres
J'écris ton nom
Sur chaque bouffée d'aurore
Sur la mer sur les bateaux
Sur la montagne démente
J'écris ton nom
Sur la mousse des nuages
Sur les sueurs de l'orage
Sur la pluie épaisse et fade
J'écris ton nom
Sur les formes scintillantes
Sur les cloches des couleurs
Sur la vérité physique
J'écris ton nom
Sur les sentiers éveillés
Sur les routes déployées
Sur les places qui débordent
J'écris ton nom
Sur la lampe qui s'allume
Sur la lampe qui s'éteint
Sur mes maisons réunis
J'écris ton nom
Sur le fruit coupé en deux
Dur miroir et de ma chambre
Sur mon lit coquille vide
J'écris ton nom
Sur mon chien gourmand et tendre
Sur ses oreilles dressées
Sur sa patte maladroite
J'écris ton nom
Sur le tremplin de ma porte
Sur les objets familiers
Sur le flot du feu béni
J'écris ton nom
Sur toute chair accordée
Sur le front de mes amis
Sur chaque main qui se tend
J'écris ton nom
Sur la vitre des surprises
Sur les lèvres attentives
Bien au-dessus du silence
J'écris ton nom
Sur mes refuges détruits
Sur mes phares écroulés
Sur les murs de mon ennui
J'écris ton nom
Sur l'absence sans désir
Sur la solitude nue
Sur les marches de la mort
J'écris ton nom
Sur la santé revenue
Sur le risque disparu
Sur l'espoir sans souvenir
J'écris ton nom
Et par le pouvoir d'un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer
Une fourmi de dix-huit mètres
avec un chapeau sur la tête
ça n'existe pas, ça n'existe pas
Une fourmi traînant un char
plein de pingouins et de canards
ça n'existe pas, ça n'existe pas
Une fourmi parlant français
parlant latin et javanais
ça n'existe pas, ça n'existe pas
eh ! et pourquoi pas !
Robert Desnos
A l'enterrement d'une feuille morte
Deux escargots s'en vont
Ils ont la coquille noire
Du crêpe autour des cornes
Ils s'en vont dans le soir
Un très beau soir d'automne
Hélas quand ils arrivent
C'est déjà le printemps
Les feuilles qui étaient mortes
Sont toutes réssucitées
Et les deux escargots
Sont très désappointés
Jacques Prévert
Et l'enterrement d'une feuille morte, je l'avais appris à l'école et ensuite ce sont mes enfants qui ont pris la relève. _________________
" Le bonheur ne court pas le monde; il faut vivre où l'on est heureux "
coucou Annick
Mon fils ainé a appris la poésie de prévert en section de petits, il était marrant comme tout lorsqu'il nous la récitait.
Je n'ai mis que l'extrait qu'il avait appris.
Pour ne poser qu'un doigt dessus
Le chat est bien trop grosse bête.
Sa queue rejoint sa tête,
Il tourne dans ce cercle
Et se répond à la caresse.
Mais, la nuit l'homme voit ses yeux
Dont la pâleur est le seul don.
Ils sont trop gros pour qu'il les cache
Et trop lourds pour le vent perdu du rêve.
Quand le chat danse
C'est pour isoler sa prison
Et quand il pense
C'est jusqu'aux murs de ses yeux.
Les animaux et leurs hommes, Paul ELUARD.
PLAISIR D'AMOUR
Plaisir d’amour ne dure qu’un moment,
Chagrin d’amour dure toute la vie.
J’ai tout quitté pour l’ingrate Sylvie,
Elle me quitte et prend un autre amant.
Plaisir d’amour ne dure qu’un moment,
Chagrin d’amour dure toute la vie.
Tant que cette eau coulera doucement
Vers ce ruisseau qui borde la prairie,
Je t’aimerai, me répétait Sylvie…
L’eau coule encore, elle a changé pourtant !
Plaisir d’amour ne dure qu’un moment,
Chagrin d’amour dure toute la vie.
Posté le: 17-02-2007 14:43 Sujet du message: JE T'AIME
PAUL ELUARD
Je t'aime
Je t'aime pour toutes les femmes
Que je n'ai pas connues
Je t'aime pour tout le temps
Où je n'ai pas vécu
Pour l'odeur du grand large
Et l'odeur du pain chaud
Pour la neige qui fond
Pour les premières fleurs
Pour les animaux purs
Que l'homme n'effraie pas
Je t'aime pour aimer
Je t'aime pour toutes les femmes
Que je n'aime pas
Qui me reflète sinon toi-même
Je me vois si peu
Sans toi je ne vois rien
Qu'une étendue déserte
Entre autrefois et aujourd'hui
Il y a eu toutes ces morts
Que j'ai franchies
Sur de la paille
Je n'ai pas pu percer
Le mur de mon miroir
Il m'a fallu apprendre
Mot par mot la vie
Comme on oublie
Je t'aime pour ta sagesse
Qui n'est pas la mienne
Pour la santé je t'aime
Contre tout ce qui n'est qu'illusion
Pour ce cœur immortel
Que je ne détiens pas
Que tu crois être le doute
Et tu n'es que raison
Tu es le grand soleil
Qui me monte à la tête
Quand je suis sûr de moi
Quand je suis sûr de moi
Tu es le grand soleil
Qui me monte à la tête
Quand je suis sûr de moi
Quand je suis sûr de moi
Il est magnifique ce poème d'Eluard, j'aime beaucoup, merci Marie.
Les poètes et les saisons
Le pré est vénéneux mais joli en automne
Les vaches y paissant
Lentement s'empoisonnent
Le colchique couleur de cerne et de lilas
Y fleurit tes yeux sont comme cette fleur-là
Violâtres comme leur cerne et comme cet automne
Et ma vie pour tes yeux lentement s'empoisonne
Les enfants de l'école viennent avec fracas
Vêtus de hoquetons et jouant de l'harmonica
Ils cueillent les colchiques qui sont comme des mères
Filles de leurs filles et sont couleur de tes paupières
Qui battent comme les fleurs battent au vent dément
Le gardien du troupeau chante tout doucement
Tandis que lentes et meuglant les vaches abandonnent
Pour toujours ce grand pré mal fleuri par l'automne.
APOLLINAIRE, Alcools (1913)
CHANSON D'AUTOMNE
Les sanglots longs
Des violons
De l'automne
Blessent mon coeur
D'une langueur
Monotone.
Tout suffocant
Et blême, quand
Sonne l'heure,
Je me souviens
Des jours anciens
Et je pleure ;
Et je m'en vais
Au vent mauvais
Qui m'emporte
Deçà, delà,
Pareil à la
Feuille morte.
Verlaine
Au printemps de Jacques Brel
Au printemps, au printemps ...
Et mon coeur et ton coeur sont repeints au vin blanc.
Au printemps, au printemps,
Les amants vont prier Notre Dame du bon temps.
Au printemps ...
Pour une fleur, un sourire, un serment, pour l'ombre d'un regard ;
En riant toutes les filles vous donneront leurs baisers et puis tous leurs espoirs.
Vois tous ces coeurs comme des artichauts
Qui s'effeuillent en battant pour s'offrir aux badauds ;
Vois tous ces coeurs comme de gentils mégots
Qui s'enflamment en riant pour les filles du métro.
Au printemps, au printemps,
Et mon coeur et ton coeur sont repeints au vin blanc.
Au printemps, au printemps,
Les amants vont prier Notre Dame du bon temps.
Au printemps...
Pour une fleur, un sourire, un serment, pour l'ombre d'un regard,
En riant tout Paris se changera en baisers parfois même en grand soir.
Vois tout Paris se change en pâturages
Pour troupeaux d'amoureux aux bergères peu sages ;
Vois tout Paris joue la fête au village
Pour bénir au soleil ces nouveaux mariages.
Au printemps, au printemps ...
Et mon coeur et ton coeur sont repeints au vin blanc.
Au printemps, au printemps,
Les amants vont prier Notre Dame du bon temps.
Au printemps ...
Pour une fleur, un sourire, un serment pour l'ombre d'un regard,
En riant toute la terre se changera en baisers qui parleront d'espoir ;
Vois ce miracle car c'est bien le dernier
Qui s'offre encor à nous sans avoir à l'appeler ;
Vois ce miracle qui devait arriver
C'est la première chance la seule de l'année.
Au printemps, au printemps,
Et mon coeur et ton coeur sont repeints au vin blanc.
Au printemps, au printemps,
Les amants vont prier Notre Dame du bon temps.
"Quand [le Diable] rencontre Dieu
il est très embêté
parce qu'il doit le saluer
c'est réglementaire […]
alors il se rend compte
qu'il est légèrement ridicule
et il s'en retourne chez lui en courant
il allume un grand feu en pleurant […]
et il se couche sur le brasier
avec une grande flamme blanche
comme oreiller
et il ronronne tout doucement
comme le feu
comme les chats quand ils sont heureux
et il rêve aux bons tours
qu'il va jouer au bon Dieu."
Jacques Prévert
Seigneur, faites de moi un instrument de votre paix.
Là où est la haine, que je mette l'amour.
Là où est l'offense, que je mette le pardon.
Là où est la discorde, que je mette l'union.
Là où est l'erreur, que je mette la vérité.
Là où est le doute, que je mette la foi.
Là où est le désespoir, que je mette l'espérance.
Là où sont les ténèbres, que je mette la lumière.
Là où est la tristesse, que je mette la joie.
Ô Seigneur, que je ne cherche pas tant
D'être consolé que de consoler,
D'être compris que de comprendre,
D'être aimé que d'aimer.
Parce que c'est en se donnant que l'on reçoit,
C'est en s'oubliant soi-même que l'on se retrouve soi-même,
C'est en pardonnant que l'on obtient soi-même le pardon,
C'est en mourant que l'on ressuscite à l'éternelle vie.
La vie aura passé comme un grand château triste que tous les vents traversent
Les courants d'air claquent les portes et pourtant aucune chambre n'est fermée
Il s'y assied des inconnus pauvres et las qui sait pourquoi certains armés
Les herbes ont poussé dans les fossés si bien qu'on n'en peut plus baisser la herse
Quand j'étais jeune on me racontait que bientôt viendrait la victoire des anges
Ah comme j'y ai cru comme j'y ai cru puis voilà que je suis devenu vieux
Le temps des jeunes gens leur est une mèche toujours retombant dans les yeux
Et ce qu'il en reste aux vieillards est trop lourd et trop court que pour eux le vent change
J'écrirai ces vers à bras grands ouverts qu'on sente mon cœur quatre fois y battre
Quitte à en mourir je dépasserai ma gorge et ma voix mon souffle et mon chant
Je suis le faucheur ivre de faucher qu'on voit dévaster sa vie et son champ
Et tout haletant du temps qu'il y perd qui bat et rebat sa faux comme plâtre
Je vois tout ce que vous avez devant vous de malheur de sang de lassitude
Vous n'aurez rien appris de nos illusions rien de nos faux pas compris
Nous ne vous aurons à rien servi vous devrez à votre tour payer le prix
Je vois se plier votre épaule A votre front je vois le pli des habitudes
Bien sûr bien sûr vous me direz que c'est toujours comme cela mais justement
Songez à tous ceux qui mirent leurs doigts vivants leurs mains de chair dans l'engrenage
Pour que cela change et songez à ceux qui ne discutaient même pas leur cage
Est-ce qu'on peut avoir le droit au désespoir le droit de s'arrêter un moment
J'écrirai ces vers à bras grands ouverts qu'on sente mon cœur quatre fois y battre
Quitte à en mourir je dépasserai ma gorge et ma voix mon souffle et mon chant
Je suis le faucheur ivre de faucher qu'on voit dévaster sa vie et son champ
Et tout haletant du temps qu'il y perd qui bat et rebat sa faux comme plâtre
Songez qu'on arrête jamais de se battre et qu'avoir vaincu n'est trois fois rien
Et que tout est remis en cause du moment que l'homme de l'homme est comptable
Nous avons vu faire de grandes choses mais il y en eut d'épouvantables
Car il n'est pas toujours facile de savoir où est le mal où est le bien
Et vienne un jour quand vous aurez sur vous le soleil insensé de la victoire
Rappelez-vous que nous avons aussi connu cela que d'autres sont montés
Arracher le drapeau de servitude à l'Acropole et qu'on les a jetés
Eux et leur gloire encore haletants dans la fosse commune de l'histoire
J'écrirai ces vers à bras grands ouverts qu'on sente mon cœur quatre fois y battre
Quitte à en mourir je dépasserai ma gorge et ma voix mon souffle et mon chant
Je suis le faucheur ivre de faucher qu'on voit dévaster sa vie et son champ
Et tout haletant du temps qu'il y perd qui bat et rebat sa faux comme plâtre
Je ne dis pas cela pour démoraliser Il faut regarder le néant
En face pour savoir en triompher Le chant n'est pas moins beau quand il décline
Il faut savoir ailleurs l'entendre qui renaît comme l'écho dans les collines
Nous ne sommes pas seuls au monde à chanter et le drame est l'ensemble des chants
Le drame il faut savoir y tenir sa partie et même qu'une voix se taise
Sachez-le toujours le chœur profond reprend la phrase interrompue
Du moment que jusqu'au bout de lui-même Le chanteur a fait ce qu'il a pu
Qu'importe si chemin faisant vous allez m'abandonner comme une hypothèse
J'écrirai ces vers à bras grands ouverts qu'on sente mon cœur quatre fois y battre
Quitte à en mourir je dépasserai ma gorge et ma voix mon souffle et mon chant
Je suis le faucheur ivre de faucher qu'on voit dévaster sa vie et son champ
Et tout haletant du temps qu'il y perd qui bat et rebat sa faux comme plâtre
Je ne le connaissais pas non plus Annick, c'est pour cela que je l'ai choisi.
Poètes et chansons
Louis Aragon - Nous dormirons ensemble
Que ce soit dimanche ou lundi
Soir ou matin, minuit, midi
Dans l'enfer ou le paradis
Les amours aux amours ressemblent
C'était hier que je t'ai dit
Nous dormirons ensemble
C'était hier et c'est demain
Je n'ai plus que toi de chemin
J'ai mis mon coeur entre tes mains
Avec le tien comme il va l'amble
Tout ce qu'il a de temps humain
Nous dormirons ensemble
Mon amour, ce qui fut sera
Le ciel est sur nous comme un drap
J'ai refermé sur toi mes bras
Et tant je t'aime que j'en tremble
Aussi longtemps que tu voudras
Nous dormirons ensemble
On ne peut s'empêcher de lire avec la voix de Ferrat dans la tête ! _________________
" Le bonheur ne court pas le monde; il faut vivre où l'on est heureux "
Ce sont des textes dont on ne se lasse pas et quelle belle interprétation de Jean Ferrat
Pour toi Annick
*
J'ai tout appris de toi sur les choses humaines
Et j'ai vu désormais le monde à ta façon
J'ai tout appris de toi comme on boit aux fontaines
Comme on lit dans le ciel les étoiles lointaines
Comme au passant qui chante on reprend sa chanson
J'ai tout appris de toi jusqu'au sens du frisson.
*
J'ai tout appris de toi pour ce qui me concerne
Qu'il fait jour à midi, qu'un ciel peut être bleu
Que le bonheur n'est pas un quinquet de taverne
Tu m'as pris par la main dans cet enfer moderne
Où l'homme ne sait plus ce que c'est qu'être deux
Tu m'as pris par la main comme un amant heureux.
*
Qui parle de bonheur a souvent les yeux tristes
N'est-ce pas un sanglot que la déconvenue
Une corde brisée aux doigts du guitariste
Et pourtant je vous dis que le bonheur existe
Ailleurs que dans le rêve, ailleurs que dans les nues.
Terre, terre, voici ses rades inconnues.
*
*Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre
*Que serais-je sans toi qu'un coeur au bois dormant
*Que cette heure arrêtée au cadran de la montre
*Que serais-je sans toi que ce balbutiement.
Pour citer les plus célèbres, Beaudelaire, Verlaine, Rimbaud, Cocteau et c..
Beaucoup de poètes que l'on appelle les poètes maudits ont écrits sous l'emprise de l'alcool et de la drogue.
Le poète maudit jette les valeurs de la société, se conduit de manière provocante, dangereuse, associale ou autodestructrice (en particulier avec la consommation d'alcool et de drogues)
Ces poètes sont souvent morts très jeunes
ORAISON DU SOIR de Rimbaud
Je vis assis, tel qu'un ange aux mains d'un barbier,
Empoignant une chope à fortes cannelures,
L'hypogastre et le col cambrés, une Gambier
Aux dents, sous l'air gonflé d'impalpables voilures.
Tels que les excréments chauds d'un vieux colombier,
Mille Rêves en moi font de douces brûlures :
Puis par instants mon coeur triste est comme un aubier
Qu'ensanglante l'or jeune et sombre des coulures.
Puis, quand j'ai ravalé mes rêves avec soin,
Je me tourne, ayant bu trente ou quarante chopes,
Et me recueille, pour lâcher l'âcre besoin :
Doux comme le Seigneur du cèdre et des hysopes,
Je pisse vers les cieux bruns, très haut et très loin,
Avec l'assentiment des grands héliotropes.
Mes chers amis, quand je mourrai
Plantez un saule au cimetière
J'aime son feuillage éploré
La pâleur m'en est douce et chère
Et son ombre sera légère
A la terre où je dormirai
Alfred de Musset
Nous aurons des lits pleins d'odeurs légères,
Des divans profonds comme des tombeaux,
Et d'étranges fleurs sur des étagères,
Écloses pour nous sous des cieux plus beaux.
Usant à l'envi leurs chaleurs dernières,
Nos deux cœurs seront deux vastes flambeaux,
Qui réfléchiront leurs doubles lumières
Dans nos deux esprits, ces miroirs jumeaux.
Un soir fait de rose et de bleu mystique,
Nous échangerons un éclair unique,
Comme un long sanglot, tout chargé d'adieux;
Et plus tard un ange, entr'ouvrant les portes,
Viendra ranimer, fidèle et joyeux,
Les miroirs ternis et les flammes mortes.
Baudelaire, Rimbaud sortaient tout ce qu'ils avaient dans leurs "tripes".
Merci aussi pour cette magnifique chanson de Ferrat.
J'aime Ferrat, il est le dernier grand qu'il nous reste après le départ de Brel, Brassens et Féré. _________________
" Le bonheur ne court pas le monde; il faut vivre où l'on est heureux "
Merci Annick, j'aime également Jean Ferrat.
C'est vrai qu'il ne reste plus beaucoup de chanteurs poètes à l'heure actuelle.
J'aime bien aussi Férré, j'ai un cd de lui avec pas mal de ses chansons et des poèmes qu'il a repris.
C'était un anarchiste comme beaucoup de poètes
LA POÉSIE FOUT LE CAMP VILLON!
Tu te balances compagnon
Comme une tringle dans le vent
Et le maroufle que l'on pend
Se fout pas mal de tes chansons
Tu peux toujours t'emmitoufler
Pour la saison chez Gallimard
Tu sais qu'avec ou sans guitare
On finit toujours sur les quais
La poésie fout le camp Villon!
Y'a que du néant sous du néon
Mais tes chansons même en argot
Ont quelques siècles sur le dos
Si je parle d'une ballade
A faire avec mon vieux hibou
On me demandera jusqu'où
Je pense aller en promenade
On ne sait pas dans mon quartier
Qu'une ballade en vers français
Ça se fait sur deux sous de papier
Et sans forcément promener
La poésie fout le camp Villon!
Y'a que des bêtas sous du béton
Mais tes chansons même en argot
Ont quelques siècles sur le dos
En mil neuf cent cinquante et plus
De tes juges on a les petits
Ça tient de famille à ce que l'on dit
Ça se fout une robe et t'es pendu
Tu vois rien n'a tellement changé
A part le fait que tu n'es plus
Pour rimer les coups de pieds au cul
Que nous ne savons plus donner
La poésie fout le camp Villon!
Y'a que du néant sous du néon
Mais tes chansons même en argot
Ont quelques siècles sur le dos
Emmène-moi dedans ta nuit
Qu'est pas frangine avec la loi
"J'ordonne qu'après mon trépas"
"Ce qui est écrit soit écrit"
Y'a des corbeaux qui traînent ici
Peut-être qu'ils n'ont plus de pain
Et je n'attendrai pas demain
Pour qu'ils aient un peu de ma vie
La poésie fout le camp François!
Emmène-moi emmène-moi
Nous irons boire à Montfaucon
A la santé de la chanson.
Léo Férré
Avec le temps...
avec le temps, va, tout s'en va
on oublie le visage et l'on oublie la voix
le cœur, quand ça bat plus, c'est pas la peine d'aller
chercher plus loin, faut laisser faire et c'est très bien _________________
" Le bonheur ne court pas le monde; il faut vivre où l'on est heureux "
Campanule, connais-tu Bernard Dimey, poète de Montmartre, décédé à l'âge de 43 ans.
Serge Reggiani a chanté ses textes.
SI TU ME PAYES UN VERRE
Si tu me payes un verre, je n'te demand'rai pas
Où tu vas, d'où tu viens, si tu sors de cabane
Si ta femme est jolie ou si tu n'en as pas
Si tu traînes tout seul avec un coeur en panne
Je ne te dirai rien, je te contemplerai
Nous dirons quelques mots en prenant nos distances
Nous viderons nos verres et je repartirai
Avec un peu de toi pour meubler mon silence
Si tu me payes un verre, tu pourras si tu veux
Me raconter ta vie, en faire une épopée
En faire un opéra... J'entrerai dans ton jeu
Je saurai sans effort me mettre à ta portée
Je réinventerai des sourir' de gamin
J'en ferai des bouquets, j'en ferai des guirlandes
Je te les offrirai en te serrant la main
Il ne te reste plus qu'à passer la commande
Si tu me payes un verre, que j'ai très soif ou pas
Je te regarderai comme on regarde un frère
Un peu comme le Christ à son dernier repas
Comme lui je dirai deux vérités premières
Il faut savoir s'aimer malgré la gueul' qu'on a
Et ne jamais juger le bon ni la canaille
Si tu me payes un verre, je ne t'en voudrai pas
De n'être rien du tout... Je ne suis rien qui vaille
Si tu me payes un verre, on ira jusqu'au bout
Tu seras mon ami au moins quelques secondes
Nous referons le monde, oscillants mais debout
Heureux de découvrir que si la terre est ronde
On est aussi ronds qu'elle et qu'on s'en porte bien
Tu cherchais dans la foule une voix qui réponde
Alors, paye ton verre et je t'aimerai bien
Nous serons les cocus les plus heureux du monde _________________
" Le bonheur ne court pas le monde; il faut vivre où l'on est heureux "
Jacques Prévert
Depuis lontemps Prévert écrit, participant à des créations collectives, mais de plus en plus, souvent avec son frère Pierre, il produit les scénarios de quelques-uns des sommets poétiques du cinéma français: "Le crime de Monsieur Lange" (1935) pour Jean Renoir, "Quai des brumes" (1935), "Drôle de drame" (1937), " Le jour se lève" (1939), "Les visiteurs du soir" (1941), "Les enfants du paradis" (1944), "Les portes de la nuit" (1946), tous pour Marcel Carné. Enfin, "La bergère et le ramoneur" (1953) sera repris par Paul Grimault pour donner naissance, en 1979, à un dessin animé absolument fantastique intitulé "Le roi et l'oiseau". Ses textes suscitent l'image et ses dialogues sont époustouflants de naturel, de justesse et d'humour.
Osiris ou la fuite en Égypte
C'est la guerre c'est l'été
Déjà l'été encore la guerre
Et la ville isolée désolée
Sourit sourit encore
Sourit sourit quand même
De son doux regard d'été
Sourit doucement à ceux qui s'aiment
C'est la guerre c'est l'été
Un homme avec une femme
Marchent dans un musée désert
Ce musée c'est le Louvre
Cette ville c'est Paris
Et la fraicheur du monde
Est là tout endormie
Un gardien se réveille en entendant les pas
Appuie sur un bouton et retombe dans son rêve
Cependant qu'apparaît dans sa niche de pierre
La merveille de l'Égypte debout dans sa lumière
La statue d'Osiris vivante dans le bois mort
Vivante à faire mourir une nouvelle fois de plus
Toutes les idoles mortes des églises de Paris
Et les amants s'embrassent
Osiris les marie
Et puis rentre dans l'ombre
De sa vivante nuit.
Cet amour
Si violent
Si fragile
Si tendre
Si désespéré
Cet amour
Beau comme le jour
Et mauvais comme le temps
Quand le temps est mauvais
Cet amour si vrai
Cet amour si beau
Si heureux
Si joyeux
Et si dérisoire
Tremblant de peur comme un enfant dans le noir
Et si sûr de lui
Comme un homme tranquille au milieu de la nuit
Cet amour qui faisait peur aux autres
Qui les faisait parler
Qui les faisait blémir
Cet amour guetté
Parce que nous le guettions
Traqué blessé piétiné achevé nié oublié
Parce que nous l'avons traqué blessé piétiné achevé nié oublié
Cet amour tout entier
Si vivant encore
Et tout ensoleillé
C'est le tien
C'est le mien
Celui qui a été
Cette chose toujours nouvelles
Et qui n'a pas changé
Aussi vraie qu'une plante
Aussi tremblante qu'un oiseau
Aussi chaude aussi vivante que l'été
Nous pouvons tous les deux
Aller et revenir
Nous pouvons oublier
Et puis nous rendormir
Nous réveiller souffrir vieillir
Nous endormir encore
Rêver à la mort
Nous éveiller sourire et rire
Et rajeunir
Notre amour reste là
Têtu comme une bourrique
Vivant comme le désir
Cruel comme la mémoire
Bête comme les regrets
Tendre comme le souvenir
Froid comme le marbre
Beau comme le jour
Fragile comme un enfant
Il nous regarde en souriant
Et il nous parle sans rien dire
Et moi j'écoute en tremblant
Et je crie
Je crie pour toi
Je crie pour moi
Je te supplie
Pour toi pour moi et pour tous ceux qui s'aiment
Et qui se sont aimés
Oui je lui crie
Pour toi pour moi et pour tous les autres
Que je ne connais pas
Reste là
Là où tu es
Là où tu étais autrefois
Reste là
Ne bouge pas
Ne t'en va pas
Nous qui sommes aimés
Nous t'avons oublié
Toi ne nous oublie pas
Nous n'avions que toi sur la terre
Ne nous laisse pas devenir froids
Beaucoup plus loin toujours
Et n'importe où
Donne-nous signe de vie
Beaucoup plus tard au coin d'un bois
Dans la forêt de la mémoire
Surgis soudain
Tends-nous la main
Et sauve-nous.
Posté le: 26-02-2007 15:11 Sujet du message: réponse
tu as raison campanule prévert a écrit de trés beaux poèmes,
avec " Les amoureux trahis", Prévert nous prouve que la longueur n'a pas d'importance pour ce qui est de l'efficacité d'un poème
Au grand jamais" en est un exemple :
" Bien sûr
si je te dis je t'aime
je t'aime à mourir
c'est un peu aussi pour en vivre
" Moi j'avais une lampe
et toi la lumière
Qui a vendu la mèche ? "
AS TU LU "paroles"?????
Jacques Prévert qui, comme on le sait, a en horreur la guerre, nous envoie en douce un message de paix avec Les Portes de la Nuit.
Bonjour Marie, merci pour ces beaux poèmes.
Non je n'ai pas lu Paroles, peux tu nous en parler ?
Prévert et l'enfant
CHASSE À L'ENFANT
Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
Au-dessus de l'île on voit des oiseaux
Tout autour de l'île il y a de l'eau
Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
Qu'est-ce que c'est que ces hurlements
Bandit ! Voyou ! Voyou ! Chenapan !
C'est la meute des honnêtes gens
Qui fait la chasse à l'enfant
Il avait dit j'en ai assez de la maison de redressement
Et les gardiens à coup de clefs lui avaient brisé les dents
Et puis ils l'avaient laissé étendu sur le ciment
Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
Maintenant il s'est sauvé
Et comme une bête traquée
Il galope dans la nuit
Et tous galopent après lui
Les gendarmes les touristes les rentiers les artistes
Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
C'est la meute des honnêtes gens
Qui fait la chasse à l'enfant
Pourchasser l'enfant, pas besoin de permis
Tous le braves gens s'y sont mis
Qu'est-ce qui nage dans la nuit
Quels sont ces éclairs ces bruits
C'est un enfant qui s'enfuit
On tire sur lui à coups de fusil
Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
Tous ces messieurs sur le rivage
Sont bredouilles et verts de rage
Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
Rejoindras-tu le continent rejoindras-tu le continent !
Au-dessus de l'île on voit des oiseaux
Tout autour de l'île il y a de l'eau.
Posté le: 27-02-2007 14:37 Sujet du message: PREVERT
en 1946 JACQUES PREVERT ecrit "PAROLES" un recueille de poème qui est toujours en vente, de ce livre a été tire un dessin annimé"le soldat, la bergère et le petit ramoneur"puis avec grimault d'autres dessins annimés
voici quelques poèsies de ce livre
"Notre Père qui êtes aux cieux
Restez-y
Et nous nous resterons sur la terre
Qui est quelquefois si jolie
Avec ses mystères de New York
Et puis ses mystères de Paris
Qui valent bien celui de la Trinité
Avec son petit canal de l'Ourcq
Sa grande muraille de Chine
Sa rivière de Morlaix
Ses bêtises de Cambrai…"
(Jacques Prévert / 1900-1977 / Paroles - Pater noster)
"Le paon fait la roue
Le hasard fait le reste
Dieu s’assoit dedans
Et l’homme le pousse"
(Jacques Prévert / 1900-1977 / Paroles - La brouette ou les grandes inventions)
"Ils sont à table
Ils ne mangent pas
Ils ne sont pas dans leur assiette
Et leur assiette se tient toute droite
Verticalement derrière leur tête."
(Jacques Prévert / 1900-1977 / Paroles - La Cène)
"Quand [le Diable] rencontre Dieu
il est très embêté
parce qu'il doit le saluer
c'est réglementaire […]
alors il se rend compte
qu'il est légèrement ridicule
et il s'en retourne chez lui en courant
il allume un grand feu en pleurant […]
et il se couche sur le brasier
avec une grande flamme blanche
comme oreiller
et il ronronne tout doucement
comme le feu
comme les chats quand ils sont heureux
et il rêve aux bons tours
qu'il va jouer au bon Dieu."
(Jacques Prévert / 1900-1977 / Paroles - Ecritures saintes)
"Les paris stupides:
un certain Blaise Pascal
etc… etc..."
(Jacques Prévert / 1900-1977 / Paroles)
Vous verrez que Jacques Prévert ne triture pas la phrase ou la grammaire: il écrit comme il parle et c'est pourquoi ses histoires sont si belles et vraies. Je me suis permis de classer ses poèmes en petits groupes par soucis de présentation. Tous ces poèmes sont extraits de "Paroles", recueil qui fût réuni par son éditeur en 1945 et qui fût un succès immédiat en France et surtout à Paris. _________________
un sourire éclaire votre journée
Dernière édition par Marie le 27-02-2007 14:53; édité 1 fois
Posté le: 27-02-2007 14:39 Sujet du message: PREVERT
en 1946 JACQUES PREVERT ecrit "PAROLES" un recueille de poème qui est toujours en vente, de ce livre a été tire un dessin annimé"le soldat, la bergère et le petit ramoneur"puis avec grimaud d'autres dessins annimés
voici quelques poèsies de ce livre
"Notre Père qui êtes aux cieux
Restez-y
Et nous nous resterons sur la terre
Qui est quelquefois si jolie
Avec ses mystères de New York
Et puis ses mystères de Paris
Qui valent bien celui de la Trinité
Avec son petit canal de l'Ourcq
Sa grande muraille de Chine
Sa rivière de Morlaix
Ses bêtises de Cambrai…"
(Jacques Prévert / 1900-1977 / Paroles - Pater noster)
"Le paon fait la roue
Le hasard fait le reste
Dieu s’assoit dedans
Et l’homme le pousse"
(Jacques Prévert / 1900-1977 / Paroles - La brouette ou les grandes inventions)
"Ils sont à table
Ils ne mangent pas
Ils ne sont pas dans leur assiette
Et leur assiette se tient toute droite
Verticalement derrière leur tête."
(Jacques Prévert / 1900-1977 / Paroles - La Cène)
"Quand [le Diable] rencontre Dieu
il est très embêté
parce qu'il doit le saluer
c'est réglementaire […]
alors il se rend compte
qu'il est légèrement ridicule
et il s'en retourne chez lui en courant
il allume un grand feu en pleurant […]
et il se couche sur le brasier
avec une grande flamme blanche
comme oreiller
et il ronronne tout doucement
comme le feu
comme les chats quand ils sont heureux
et il rêve aux bons tours
qu'il va jouer au bon Dieu."
(Jacques Prévert / 1900-1977 / Paroles - Ecritures saintes)
"Les paris stupides:
un certain Blaise Pascal
etc… etc..."
(Jacques Prévert / 1900-1977 / Paroles)
Jacques Prévert ne triture pas la phrase ou la grammaire: il écrit comme il parle et c'est pourquoi ses histoires sont si belles et vraies. Je me suis permis de classer ses poèmes en petits groupes par soucis de présentation. Tous ces poèmes sont extraits de "Paroles", recueil qui fût réuni par son éditeur en 1945 et qui fût un succès immédiat en France et surtout à Paris. _________________
Les enfants qui s'aiment s'embrassent debout
Contre les portes de la nuit
Et les passants qui passent les désignent du doigt
Mais les enfants qui s'aiment
Ne sont là pour personne
Et c'est seulement leur ombre
Qui tremble dans la nuit
Excitant la rage des passants
Leur rage, leur mépris, leurs rires et leur envie
Les enfants qui s'aiment ne sont là pour personne
Ils sont ailleurs bien plus loin que la nuit
Bien plus haut que le jour
Dans l'éblouissante clarté de leur premier amour
Posté le: 28-02-2007 15:21 Sujet du message: l'amor et la folie
L'Amour et la Folie
Tout est mystère dans l'Amour,
Ses flèches, son carquois, son flambeau, son enfance :
Ce n'est pas l'ouvrage d'un jour
Que d'épuiser cette science.
Je ne prétends donc point tout expliquer ici :
Mon but est seulement de dire, à ma manière,
Comment l'aveugle que voici
(C'est un dieu), comment, dis-je, il perdit la lumière ;
Quelle suite eut ce mal, qui peut-être est un bien
J'en fais juge un amant, et ne décide rien.
La Folie et l'Amour jouaient un jour ensemble :
Celui-ci n'était pas encor privé des yeux.
Une dispute vint : l'Amour veut qu'on assemble
Là-dessus le conseil des Dieux ;
L'autre n'eut pas la patience;
Elle lui donne un coup si furieux,
Qu'il en perd la clarté des cieux.
Vénus en demande vengeance.
Femme et mère, il suffit pour juger de ses cris :
Les Dieux en furent étourdis,
Et Jupiter, et Némésis,
Et les Juges d'Enfer, enfin toute la bande.
Elle représenta l'énormité du cas ;
Son fils, sans un bâton, ne pouvait faire un pas :
Nulle peine n'était pour ce crime assez grande :
Le dommage devait être aussi réparé.
Quand on eut bien considéré
L'intérêt du public, celui de la partie,
Le résultat enfin de la suprême cour
Fut de condamner la Folie
A servir de guide à l'Amour.
Merci Musika, cette maman a bien de la chance d'avoir cette petite fille qui lui garde précieusement son amour, alors que cette maman est certainement en difficulté et ne peut donner ce que l'enfant serait en droit de recevoir ?
Marie avec cette poésie de La Fontaine que je ne connaissasis pas, tu l'expliques aussi remarquablement
Citation:
L'Amour et la Folie
Tout est mystère dans l'Amour,
Ses flèches, son carquois, son flambeau, son enfance :
Ce n'est pas l'ouvrage d'un jour
Que d'épuiser cette science.
Une chanson de Prévert que nous connaissons tous certainement
Chanson pour les enfants l’hiver
Dans la nuit de l’hiver galope un grand homme blanc.
C’est un bonhomme de neige avec une pipe en bois,
un grand bonhomme de neige poursuivi par le froid.
Il arrive au village.
Voyant de la lumière,
le voilà rassuré.
Dans une petite maison, il entre sans frapper
et pour se réchauffer
s’assoit sur le poêle rouge
et d’un coup disparaît,
ne laissant que sa pipe au milieu d’une flaque d’eau,
ne laissant que sa pipe et puis son vieux chapeau.
En lisant le bonhomme de neige, j'ai eu une impression de déjà vu.
Mais je ne me souviens pas si c'est un souvenir de mon enfance ou une récitation apprise par mes enfants. _________________
" Le bonheur ne court pas le monde; il faut vivre où l'on est heureux "
Bonjour Annick et Musika, oui c'est un poème que l'on apprend encore en classe.
Je l'apprenais à mes petits élèves, il n'y a pas si longtemps
Toujours de Prévert
Parole de chanson En sortant de l'ecole
En sortant de l'école
nous avons rencontré
un grand chemin de fer
qui nous a emmenés
tout autour de la terre
dans un wagon doré.
Tout autour de la terre
nous avons rencontré
la mer qui se promenait
avec tous ses coquillages
ses îles parfumées
et puis ses beaux naufrages
et ses saumons fumés.
Au-dessus de la mer
nous avons rencontré
la lune et les étoiles
sur un bateau à voiles
partant pour le Japon
et les trois mousquetaires des cinq doigts de la main
tournant la manivelle d'un petit sous-marin
plongeant au fond des mers
pour chercher des oursins.
Revenant sur la terre
nous avons rencontré
sur la voie de chemin de fer
une maison qui fuyait
fuyait tout autour de la terre
fuyait tout autour de la mer
fuyait devant l'hiver
qui voulait l'attraper.
Mais nous sur notre chemin de fer
on s'est mis à rouler
rouler derrière l'hiver
et on l'a écrasé
et la maison s'est arrêtée
et le printemps nous a salués.
C'était lui le garde-barrière
et il nous a bien remerciés
et toutes les fleurs de toute la terre
soudain se sont mises à pousser
pousser à tort et à travers
sur la voie de chemin de fer
qui ne voulait plus avancer
de peur de les abîmer.
Alors on est revenu à pied
à pied tout autour de la terre
à pied tout autour de la mer
tout autour du soleil
de la lune et des étoiles
A pied à cheval en voiture et en bateau à voiles.
Toutes les heures sont au format GMT + 1 Heure Aller à la page 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8Suivante
Page 1 sur 8
Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets dans ce forum Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum Vous ne pouvez pas éditer vos messages dans ce forum Vous ne pouvez pas supprimer vos messages dans ce forum Vous ne pouvez pas voter dans les sondages de ce forum