Retraite Active

[titefée]

je vais recommencer là à vous mettre une poèsie-feuilleton comme tant j'aime à vous faire lire
je l'avais écrite il y a pas loin de deux années sur le site Notre Temps et je pense qu'elle a ici aussi sa place.. d'autant plus qu'elle fut presque prémonitoire...

Personne ne se serait retourné dans la rue
Sur sa silhouette replète et même ventrue
Elle avait dépassé l’âge où l’on rêve encore
De voir à deux blanchir les nuées de l’aurore

Elle serrait fort contre son sein son sac à main
Et marchait pressée sans songer au lendemain
Les courses le matin pour elles étaient sa sortie
Elle passait des heures inutiles avec parcimonie

Et lorsqu’elle rentrait le midi, elle rangeait très vite
Dans un grand tiroir ses achats avec les antimites
Elle conservait sur elle ce parfum têtu de naphtaline
Et de lavande d’été mêlé à la crème à la lanoline

A la caisse un jour, elle fut saisie du rouge de la honte
Car elle avait oublié son porte-monnaie et son compte
Tendu par la caissière la faisait d’émotion bredouiller
Quand, un vieux monsieur aimablement l’a abordée

Permettez madame que je paye pour vous cette note
Je vous connais bien, nous habitons le même quartier
Allez souriez, ce n’est pas grave vous êtes bien palôte
Permettez que je vous accompagne et vous offre un café

Le lendemain Francine sortit de l’armoire une robe rouge
Mis du rose sur ses joues et souligna de bleus ses yeux
Elle partit tôt humer l’air plus éthéré sans que ne bouge
Un seul des moineaux effrontés pépiant à qui mieux -mieux
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ETRE, tout simplement, sans vouloir AVOIR

[Annick]

Je sens venir une belle histoire d'amour...je vais aimer ça !

Bises Titefée.
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" Le bonheur ne court pas le monde; il faut vivre où l'on est heureux "

[campanule]

Bonsoir Titefée, Annick a raison, j'attends la suite....
Merci

[titefée]

Et face à elle sur le chemin inondé de lumière elle aperçut
La silhouette de l’homme qui avait l’air déjà de l’attendre
Il avait mis une écharpe de soie blanche et alors elle perçut
Sur son visage buriné un sourire qui lui parut infiniment tendre

Bonjour chère amie, je vous attendais, j’ai envie d’un café
Nous irons le boire dans le salon de thé où hier nous fîmes
Enfin connaissance, j’ai apprécié sans être totalement intimes
votre seule présence et pour moi qui suis seul cela fut un bienfait

Pendant toute une semaine ils se retrouvèrent dans la rue
A l’angle de l’allée Mozart et des Lys et la glace rompue
Ils devisaient tels de vieux amis. Un jour à brûle pourpoint
Marc invita Francine à l’accompagner au ciné le lendemain

le film quai des brumes se jouait à la salle d’art et d’essai
Et ils se souvenaient encore des deux acteurs étonnants
Jean Gabin et Michèle Morgan et leur réplique réputée
Qui il y a longtemps avait éveillé bien de doux sentiments

Dans la salle faiblement éclairée il y avait peu de monde
Les fauteuils en velours cramoisis étaient confortables
Des lumières bleutées soulignaient les marches rondes
Qui descendaient jusqu’à la scène peinte couleur sable

Marc la débarrassa de son manteau et il la découvrit
Vêtue d’un chemisier de soie sauvage au doux ton crème
Fermée par un bouton bijou que sur sa gorge elle ouvrit
Pour dégager son cou sans utiliser le moindre stratagème

Ils s’assirent et la lumière alors s’éteint, et l’on vit luire
Dans les rais lumineux de la projection les cheveux blancs
De Francine et de Marc sans la moindre pensée de séduire
Mais qui furent d’un coup émus par ce contact intimidant
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ETRE, tout simplement, sans vouloir AVOIR

[Annick]

Je surveille, Titefée, j'aime bien les histoires d'amour et c'est si bien conté.

Quel âge ont les héros de ton histoire ?
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" Le bonheur ne court pas le monde; il faut vivre où l'on est heureux "

[titefée]

l'âge d'avoir des cheveux blancs.
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ETRE, tout simplement, sans vouloir AVOIR

[campanule]

Titefée, là, tu triches......on peut avoir des cheveux blancs très tôt allez, j'attends la suite.
C'est super

[Annick]

[titefée]

disons alors mon âge....., cheveux blancs teints en roux ou en blonds ..hihi
j'ai soixante-huit ans depuis mai et aujourdh'ui c'est ma fête....
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ETRE, tout simplement, sans vouloir AVOIR

[campanule]

Bonne fête Claire

[Annick]

Bonne fête Titefée-Claire



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" Le bonheur ne court pas le monde; il faut vivre où l'on est heureux "

[titefée]

merci infiniment pour avoir souhaité la sainte Claire..
j'ai bien fait la fête car nous étions à deux anniversaire et BIbi m'a apporté une tisane le soir, au lit... on n'a plus l'habitude de manger autant

mais voilà la suite pour ceux qui l'aiment

Tous deux ne regardaient que l’écran sur lequel jouaient
Les deux acteurs et ils esquissaient un sourire complice,
Lorsqu’une réplique cent fois ressassée, soudain fusait
et qu’ils chuchotaient tout bas heureux avec grand délice

Parfois ils se rapprochaient et se cherchaient du regard
Leurs épaules se frôlant Marc posa ses doigts sur la main
De Francine qui la lui abandonna émue de tant d’égards
Et ils restèrent là, saisis entre amitié et amour à mi-chemin .

L’homme se disait « Marc ne va pas trop vite, attends »
Et Francine ne voulait en aucun cas prendre l’initiative.
Je me trompe sans doute sur ses intentions évidemment
Il est content seulement et veut me laisser une alternative

Alors elle essaya de lui soustraire très lentement sa main
Mais lui la retint et saisit ses doigts d’une manière tendre
Il la regarda et l’esquisse d’un baiser sur ses lèvres vint
« Es tu émue ? je sens que tu as du mal à te détendre !

et lorsque le héros du film attira vers lui la jeune première
en lui disant la célèbre phrase tu as de beaux yeux tu sais
Marc attira à lui sa compagne et lui dit alors sans manière
Embrasses moi, je te promets de t'aimer sans me lasser
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ETRE, tout simplement, sans vouloir AVOIR

[Annick]

C'est beauuuuu !

Merci, Titefée.
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" Le bonheur ne court pas le monde; il faut vivre où l'on est heureux "

[JEAN-ROGER]

bien qu'étant réfractaire au système des rimes (moi j'écris des poetextes non rimés) je reconnais que c'est très beau! bravo!
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Nous avons fait 68 pour ne pas devenir ce que nous sommes devenus (wolinski)

[campanule]

superbe, merci Titefée, c'est un plaisir de te lire, tu as du talent.

[titefée]

merci à tous et toutes

alors je continue le bout du bout du chemin

leurs lèvres se joignirent tout d’abord infiniment maladroites ;
Un baiser presque chaste et si peu appuyé qu’il ne dura
Que le temps de se serrer contre l’autre de façon étroite
Et seule l’intense émotion faisant battre leur coeur perdura

Le mot fin s’inscrit alors en toute lettre sur l’écran tout noir.
La lumière revint et enfin souriants ils se regardèrent intimidés.
La tête de Francine reposait encore contre Marc et l’accoudoir
soutenait leur bras et leurs mains aux doigts étroitement mêlés

Dans la rue animée et ensoleillée ils se retrouvèrent, tout éblouis
par le soleil ardent qui les surprenaient après l’artificielle nuit
et ils marchèrent du même pas ,sans même séparer leurs mains ,
trouvant différent et beau ce qu’ils voyaient sur cet ancien chemin

tout naturellement, ils dépassèrent le porche d’entrée de Francine
et entrèrent dans le couloir de la maison de Marc où l’attendait
le vieux chien, qui se leva péniblement et les suivit dans la cuisine
où Marc déjà s’affairait préparant plateau et tasses pour le thé

la maison sentait une odeur de citron et de peau d’orange amère
et Francine aperçut pendues les spirales séchées de ces agrumes
elle sourit car elle-même faisait de même imitant en cela sa mère
et comprit que ce parfum était l’enfance qu’éternellement on hume
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ETRE, tout simplement, sans vouloir AVOIR

[titefée]

Marc tenant le plateau proposa à Francine de le suivre
Ce qu’elle fit en glissant derrière lui sur le parquet vitrifié
La pièce était couverte, sur un pan de mur, de vieux livres
Aux couvertures de différentes couleurs et finement reliés

Un canapé ancien au joli col de cygne recevait la lumière
D’une fenêtre ouvrant sur le jardin au charme pastoral
Marc déposa alors le plateau sur la table basse en verre
Et le visage de Francine s’éclaira d’un beau vert minéral

Le soleil entrait à flots par la fenêtre ornée d’émaux colorés
Et elle et lui sur le divan se teintaient de vert et d’incarnat
Il l’attira contre lui, et délicatement défit son col sans oser
Aller plus loin dans son geste amoureux et ce qui l’incarna

En une moue enfantine elle lui tendit gourmande sa bouche
et se serrant contre lui elle l’enlaça tendrement de son bras
si bien que l’homme l’a renversa doucement sur la couche
et plus rien en cet instant du passé ou du présent ne subsista
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ETRE, tout simplement, sans vouloir AVOIR

[Annick]

Ah, ah..les coquins.

C'est plein de tendresse et de délicatesse.

Bravo pour ton talent de conteuse, Titefée.
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" Le bonheur ne court pas le monde; il faut vivre où l'on est heureux "

[titefée]

merci Annick me voilà toute rose de plaisir

Marc sortit du placard une bouteille de champagne
Et la mit au frigo pendant qu’il s’affairait à ouvrir
Une boite de foie gras et un vin sucré d’Espagne
Pendant ce temps Francine voulait tout découvrir

Elle ouvrit le buffet pour y dénicher les couverts
Et choisit des assiettes blanches de violettes ornées
Et découvrit vite où se trouvaient rangés les verres
Choisit alors une nappe ronde de dentelle brodée

Marc chantonnait en battant des œufs en cadence
Et Francine se joignit à lui pour faire contre-chant
Et leurs deux voix mêlées rendant le chien en transe
il se mit à tourner autour d’eux aboyant joyeusement

La nuit qui suivit fut plus que remplie de promesse
Ils parlèrent et s’aimèrent jusqu’au petit matin bleu
Et ils s’endormirent saouls de paroles et de caresses
Emmêlés l’un à l’autre, candides repus et heureux

L’heure avançait et Francine voulu chez elle rentrer
Juste le temps de se changer pour partir avec Marc
manger ce midi Au restaurant chinois tout à côté
Et relever de sa fille les messages et ses remarques

Depuis qu’elle s’était retrouvée libre et esseulée
Sa fille l’avait annexée dans un rôle de petite-fille
Elle venait souvent pour voir si elle se débrouillait
Et même à l’avance lui enfilait de fil les aiguilles
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ETRE, tout simplement, sans vouloir AVOIR

[campanule]

C'est très agréable à lire, Titefée, merci et continue à nous charmer.

[titefée]

La nuit étoilée les enveloppait déjà et le clair de lune
Les baignait d’une lumière irréelle, diaphane et glacée
Tous deux s’étaient endormis sans que ne les importune
Le peu de place qu’ils occupaient tous deux sur le canapé

Chérie, es tu réveillée, n’as-tu donc pas froid, tu es glacée
Il y a un moment que je te regarde, guettant ton beau sourire
Tu sais je serai resté des heures ainsi sans même me lasser
et n ‘ai pas de mot pour dire le bonheur que j’ai de te chérir

Athos le chien, qui attendait patiemment vint tout près d’eux
frétillant de la queue et heureux de voir qu’enfin « ses » maîtres
Venaient de reprendre conscience et que l’on allumerait le feu
Ses rhumatismes exigeant d’avoir un petit peu plus de bien-être

Francine attrapa le grand carré de soie brodé d’oiseaux exotiques
Et s’en drapa laissant ses épaules nues et le reste tombant en tunique
Laissait deviner son corps dodu mais encore si tendrement pulpeux
Qu’elle vit le regard brillant de Marc se poser sur elle, amoureux.

Restes cette nuit près de moi, ma chérie,je vais ranimer la flamme
Et faire un feu de joie pour que tu nous n’ayons pas trop froid
Avec toi j’ai l’impression de retrouver la jeunesse de mon âme
Moi qui croyais finir solitaire mes jours jusqu’à mon trépas
_________________
ETRE, tout simplement, sans vouloir AVOIR

[campanule]

C'est une belle histoire, nos amants sont émouvants.
Je te remercie, c'est une grand plaisir de te lire.
Bonne journée

[Annick]

C'est plein de tendresse, Titefée.
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" Le bonheur ne court pas le monde; il faut vivre où l'on est heureux "

[titefée]

Marc accompagna alors jusqu’au porche Francine
Et la dépassa rapidement pour aller retenir leur table
Pendant ce temps elle déposa en paquet dans la cuisine
les lettres que lui avait tendu la concierge peu aimable

Elle mit en route aussitôt son répondeur qui affichait
Plus d’une dizaine de messages de façon inhabituelle
Et entendit la voix de sa fille qui peu à peu s’angoissait
Car depuis hier sa mère ne répondait plus à ses appels

Francine décrocha le téléphone et appela sa fille Marjorie
lui disant qu’elle avait rencontré un homme, avec euphorie
Et qu’elle était heureuse et voulait le lui faire connaître
Il était tendre, cultivé et saurait faire sa conquête peut-être

En fait elle savait que Marjorie allait vertement la tancer
Lui dire qu’on ne suit pas ainsi un homme sans rien en savoir
puis qu’elle était folle et ne voyait jamais le moindre danger
et que trop crédule elle serait poussée par lui au désespoir

Francine haussa les épaules et alla choisir une robe prune
Des escarpins aux talons un peu hauts qu’elle ne mettait plus
Pris une douche et enveloppa son corps du doux parfum Dune
remis en place ses cheveux gris et effaça le rouge en surplus
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ETRE, tout simplement, sans vouloir AVOIR

[campanule]

Je suis toujours là Titefée, je te lis et je te remercie.

[titefée]

alors pour toi Campanule qui toujours mets un petit mot gentil et encourageant, voici la suite


Il y avait dans l’air comme quelque chose de changé
Nos deux amoureux se regardaient constamment
le soleil au zénith sur le parasol le teintait d’orangé
Entre les taches d’ombres mauves bleutées de l’auvent

Sous cette lumière tendrement tamisée leurs visages
Devenaient dorés et leurs yeux tendrement brillaient
mains serrées, doigts enlacés, ils paraissaient sages
Mais leur regard amoureux pour eux bien sûr parlait

Après le repas, ils prirent le chemin du salon de thé
Et comme ils le faisaient tous les jours maintenant
Ils commandèrent à leur table comme depuis cet été
Ce café qui leur avait permis de devenir des amants

La patronne accorte , empressée et même attendrie
Avait vu peu à peu leur relation prendre ce ton tendre
Et ce jour-là, sans qu’ils soient surpris elle leur offrit
Deux bonbons en forme de cœur en pâte d’amande

Tous les jours qui suivirent Francine ne quitta pas Marc
Ils restaient souvent dans la maison où Athos s’habituait
À les voir enlacés dans l’étroit canapé ou alors au Parc
où ils l‘emmenaient dans les allées boisées, se promener
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ETRE, tout simplement, sans vouloir AVOIR

[campanule]

Merci Titefée, j'attends la suite, c'est superbe, tu as beaucoup de talent.