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Inscrit le: 02 Fév 2007 Messages: 308 Localisation: Var
Posté le: 10-03-2007 15:28 Sujet du message: Une vilaine affaire.
Bonjour à tous,
J’espère que les lecteurs voudront bien me pardonner cette nouvelle intrusion dans le forum « Littérature » par le moyen d’une autre histoire se déroulant dans un cadre militaire. L’action se passe à la base aérienne d’Oran-la Sénia vers la fin novembre ou le début décembre 1942. Il s’agit de la dévastation, par ma faute, d’une ligne télégraphique. C'était une de ces lignes qui, autrefois, longeaient les voies de chemin de fer. Mais celle dont je parle passait, pour mon malheur, au dessus de l’entrée de la base.
Quelques semaines après le débarquement Anglo-US en Afrique du Nord (opération « Torch ») je reçus l'ordre d'aller récupérer une grue que nous avions abandonnée derrière les hangars de « Valmy" (1). Voici le récit de cette triste histoire :
Muni d'un laissez-passer délivré par les autorités américaines je suis entré dans la base au volant d'un camion. Aidé d'un camarade j'ai attelé la grue au camion, mais, faute impardonnable, j'ai oublié de la ramener à une hauteur convenable pour le remorquage.
Tout se passa bien jusqu'à la sortie de la base, mais, en arrivant à cet endroit, les événements se précipitèrent : à l'instant où je virais sur la route d'Oran je vis la sentinelle américaine qui levait les bras au ciel en criant des imprécations. J'ai alors constaté, avec stupeur, que je tirais un poteau télégraphique derrière moi…..La grue s'était prise dans les innombrables fils télégraphiques de la ligne des PTT ( Postes, Télégraphe, Téléphone ) ainsi que dans les lignes téléphoniques de l'US army…..j'avais tout arraché…..un poteau était cassé au ras du sol…..Un désastre !….
J'ai pensé que je venais de détruire des installations qui ne pourraient pas être réparées avant des semaines. Et j'avais fait cela en temps de guerre. On allait croire que c'était un sabotage. J'étais bon pour le "falot" ( conseil de guerre ).
De plus le camion et la grue étaient, par suite de l'enchevêtrement des câbles, arrêtés au milieu de la route, stoppant la noria des GMC montant jours et nuits du port d'Oran. Cependant j'étais le seul à paniquer. Les conducteurs, noirs et blancs, grignotaient des biscuits ou mastiquaient du chewing-gum en attendant que les services compétents viennent dégager les lieux.
Partiellement rasséréné j'ai décroché le camion et regagné la ferme qui nous servait de cantonnement. Plein d'appréhension je fis le récit de l'accident à l'officier de jour, un jeune sous lieutenant. Devant ce qui lui semblait, comme à moi, une affaire énorme, il ne savait pas quelle décision prendre. Dire qu'une pareille histoire survenait précisément le jour ou il était de service et au début de sa carrière. Son avenir allait être irrémédiablement compromis.
Devant tant d'indécision je suis retourné sur les lieux de l'accident, convaincu que la Military Police allait se saisir de ma personne.
Entre-temps un camion atelier US était arrivé et une équipe spécialisée s'affairait sur les lignes endommagées, que ce soit celles de l'armée américaine ou celles des PTT. Je me suis approché du responsable pour tenter, bêtement, de lui expliquer que j'étais l'auteur de la coupure des lignes. Dans mon esprit d'ancien arpète de Rochefort il était impossible que l'auteur d'un tel accident reste impuni. Avec une certaine naïveté je voulais éviter qu'une autre personne ne soit inquiétée à ma place. Mais, visiblement, ce n'était pas le souci du chef d'équipe. Il n'était pas concerné par ces futilités. Sans doute qu'au fond de son Texas natal il avait appris à réparer des lignes télégraphiques. Depuis des mois il attendait une occasion de pouvoir montrer ses talents. Je venais de la lui fournir. Mon rôle était terminé. En m'obstinant je devenais un fâcheux. Je l'empêchais de travailler efficacement….
Je n'ai pas insisté. Trois heures plus tard le chef d'équipe, avec ses gars qui, six mois auparavant, étaient encore plombiers, charcutiers, garçons de bureau ou cultivateurs, avait terminé le travail. Dorénavant les lignes des PTT et celles de l'US army passaient dans un conduit, sous la route d'accès à la base.
Je n'ai plus jamais entendu parler de cette affaire.
Inscrit le: 02 Fév 2007 Messages: 308 Localisation: Var
Posté le: 10-03-2007 18:10 Sujet du message:
Bonsoir Yannick,
Après l’armistice de 1940, lorsque j’ai rendu ma caisse à outils, le magasinier de mon unité m’a dit : « Il manque une clé de 10. Même si tu retournes à la vie civile tu recevras un jour une facture de l’armée à ce sujet ». Il y a eu l’occupation. De plus je suis parti en Algérie. Jusqu'à maintenant aucune facture ne m’est parvenue. Mais on ne sait jamais….
Compte tenu de l’importance qui avait été donnée à la perte de la clé de 10, l’arrachement de la ligne télégraphique était pour moi un tremblement de terre.
Bien amicalement.
J'ai aimé aussi ce récit qui démontre le souci et... les tracasseries administratives de notre armée qui déteignaient sur notre moral !
Tu as vu comme moi, combien les 'Ricains' étaient plus décontractés...
Chez eux ils étaient spécialisés sur une pièce ou un appareil, tout ce qui se passait à côté ne les concernait pas...
J'ai vu ça avec ceux qui sont venus donner des cours en EAB :
Un ne connaissait que les magnétos, l'autre les démarreurs, l'autre les cylindres en étoile, etc...etc...
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