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Trois jours de trouille (1)

 
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Sostène 101



Inscrit le: 02 Fév 2007
Messages: 308
Localisation: Var

MessagePosté le: 14-03-2007 00:11    Sujet du message: Trois jours de trouille (1) Répondre en citant

Bonjour,

Je souhaiterais maintenant commencer le récit d’un événement qui, à l’époque des faits, mais aussi dans l’après guerre, a été à l’origine de controverses. Je veux parler du débarquement Anglo-US en Afrique du Nord en 1942 (Opération « Torch », 8 novembre 1942).
En raison de sa longueur je suis obligé de scinder le récit en trois parties.

C’est un sujet délicat. On a souvent reproché à l'armée d'Afrique les combats qui l'opposèrent aux troupes de débarquement. Cet épisode ne peut faire oublier que cette même armée reprit le combat contre les Allemands et s'illustra en Tunisie, en Italie et en France.
Pour comprendre, autant que faire se peut, je crois qu'il faut remonter dans le temps, au mois de mai 1940.

A partir du 10 mai 1940, date du déclenchement de l'offensive allemande, la guerre jeta sur les routes des milliers de réfugiés venant de Belgique et du Nord de la France. Au fur et à mesure de l'avance allemande leur nombre s'accrut sans cesse, et atteignit environ huit millions dans la deuxième quinzaine de juin. Comme ils étaient mélangés à trois millions de soldats en déroute, ils étaient souvent, de ce fait, la cible des bombardements allemands. Ils étaient dépourvus de nourriture, de soins, de lieux d'hébergement. Ils ne pouvaient compter que sur les soldats et sur l'hospitalité des habitants des villages traversés. A condition que ceux-ci ne soient pas, eux aussi, sur le point de quitter leur maison.

Les militaires étaient, dans leur majorité, des appelés et des réservistes. Les Allemands avaient capturé 1,5 millions de soldats. Les combats avaient fait 100.000morts.
Durant les années d'avant guerre les Français avaient été convaincus, par leurs politiciens, de leur invulnérabilité. N'avaient-ils pas battu les Allemands en 1918 ? Ne possédaient-ils pas la plus forte armée de monde ? N'étaient-ils pas protégés par leur fameuse " Ligne Maginot" ? .
Et voilà qu'en 45 jours toutes ces belles certitudes s'étaient écroulées….. Les Français étaient en état de choc. Ils ne demandaient plus qu'un chose : l'arrêt des hostilités et le retour à la maison.

A l'ouest de la France les Allemands étaient parvenus jusqu'à Royan. Côté Est ils étaient à 20 km de Valence.
Dans ces conditions que pouvait-on faire ? sinon demander un armistice. C'est ce que fit Pétain le 17 juin. L'armistice entra en vigueur le 25 juin 1940.

Le 3 juillet Churchill, qui craignait la livraison de la flotte française à l'Allemagne donna, après des pourparlers infructueux, l'ordre à sa flotte de détruire les navires qui étaient au mouillage à Mers El Kébir, le port militaire d'Oran. L'attaque fit 1200 morts.

Le 10 juillet l'assemblée donna les pleins pouvoirs à Pétain par 569 voix contre 80.

Certains objecteront que De Gaulle avait lancé son appel du 18 juin. Bien sur, mais les millions de militaires et civils qui étaient sur les routes de la débâcle n'en avaient rien entendu. Et, même s'ils avaient eu les moyens matériels de l'entendre, cet appel n'aurait eu aucun écho parce que De Gaulle était inconnu de la population. Population qui, par ailleurs, sortant du conflit, n'avait aucun désir de le prolonger plus longtemps, ici ou ailleurs.
Dans les mois qui suivirent l'armistice quelques centaines de Français se rallièrent à De Gaulle. Certains par conviction, d'autres suite à leur présence fortuite en Angleterre (ex : troupes retour de l'expédition de Norvège). A la fin juillet 1940 De Gaulle disposait de 7000 hommes ( Mémoires de guerre. L’appel. Librairie Plon. Page 79)
Par la suite les troupes de De Gaulle devinrent beaucoup plus importantes et prirent le nom de Forces Françaises Libres (FFL).

Il faut reconnaître que De Gaulle a eu une prémonition des événements à venir dans les années qui allaient suivre. C'était un homme pétri de la grande Histoire et il avait tout de suite saisi qu'un jour les Américains interviendraient et que le rouleau compresseur de leur industrie et de leur armée balaierait, en collaboration avec L'URSS, les armées allemandes. D'où la certitude qu'il avait d'être le seul à aller dans la bonne direction.

A cette même époque que devint l'armée française ? Les appelés et réservistes furent démobilisés, sauf une partie de la classe 38. L'armée d'active, formée des militaires de carrière et des engagés, fut maintenue. La France avait été divisée en deux zones : zone occupée et zone libre, les unités de l'armée furent réparties entre la zone libre, l'Afrique du Nord (AFN), l'Afrique Occidentale Française (AOF), le Liban, la Syrie, l'Indochine.
Outre l'aviation il y avait en Afrique du Nord des régiments de tirailleurs algériens, tunisiens et marocains. Des Tabors marocains, des régiments de spahis et de chasseurs d'Afrique. Il y avait aussi la marine à Oran, Alger, Tunis et Casablanca. Le gros de la flotte était resté à Toulon . Les effectifs de l'armée d'Afrique atteignaient, je crois, mais sans aucune certitude, environ 100.000 hommes.

Les officiers durent prêter serment de fidélité à Pétain.
La France était, en principe, devenue un pays neutre. Cependant en AFN nous savions, implicitement, que l'armée d'Afrique devrait intervenir en cas de tentative de débarquement anglais ou allemand au Maghreb. Les deux belligérants pouvaient avoir des velléités d'occuper la région puisque leurs armées étaient déjà aux prises, plus à l'Est, dans le désert de Libye.
La population française et l'armée d'AFN étaient, comme en métropole, assez remontées contre les Anglais.

Que savait-on, au début de novembre 1942, des événements qui se préparaient ?.
D'après certains historiens les Allemands pensaient, depuis plusieurs mois, suite à des indices, que, peut-être, les Anglo-Saxons tenteraient un débarquement dans la région, mais ils n'avaient aucune certitude quant à la date et aux lieux ou se déroulerait l'opération.

En fait, fin octobre 42, deux convois étaient en route : l'un venant d'Angleterre et l'autre des Etats-Unis. Ils avaient quitté leurs ports d'embarquement respectifs vers le 23 octobre. Curieusement, ces convois, qui naviguèrent 15 jours avant d'atteindre leur destination, ne furent pas inquiétés par les meutes de sous-marins allemands qui, pourtant, infestaient l'Atlantique. Cela semble indiquer que les Allemands ignoraient la présence de ces convois ou bien qu'ils ont mal apprécié leur importance. Ou bien encore ces sous-marins étaient peut être occupés ailleurs ? Si les Allemands ignoraient la présence de ces navires que dire des Français ? Il semble que l'état major français d'AFN, n'ait détecté ces convois que vers le 5 novembre alors qu'ils se préparaient à franchir le détroit de Gibraltar.

Hormis l'état major, que savait la troupe au soir du 7 novembre : rien ! Je raconterai notre aventure du 8 novembre 1942. Je raconterai comment nous avions été envoyés, le 7 au soir, dans les tranchées de défense de la base et, comment, le 8 au matin, nous avons été attaqués par des chasseurs de fabrication anglaise frappés d'une étoile blanche (au lieu des habituelles cocardes). A cette époque nous ne savions pas ce que signifiait cette étoile. Nous ne l'avons
su que le lendemain lorsque nous avons été entourés par des chars portant la même étoile. C'est au cours du dialogue en espagnol entre un chef de char et un de nos collègues pieds-noirs que nous avons appris que nous avions affaire à des Américains.

Quelle ne fut pas notre stupéfaction ?. Parmi nous, personne, en 1942, n'avait envisagé l'hypothèse d'un débarquement américain en AFN. Nous savions que les Américains étaient venus en France en 1917 mais le temps avait passé…. et l'Amérique, en 1942, c'était si loin…
Autre chose achevait de brouiller les cartes. Les Américains utilisaient des avions de fabrication anglaise portant, comme nous l'avons vu, des étoiles blanches. De leur côté les Anglais utilisaient leurs propres avions mais, eux aussi, frappés d'une étoile blanche. Les Anglais, connaissant les sentiments des Français, à leur égard, depuis l'affaire de Mers El Kébir, avaient préféré se faire passer pour des Américains.

Nous savons maintenant que le 21 octobre 42, soit 18 jours avant les événements, un sous-marin avait débarqué, pour quelques heures, à Cherchel (100 km d'Alger), le général américain Clark accompagné d'autres officiers et de conseillers. Clark venait s'entretenir avec quelques officiers et civils algérois qui auraient la charge de faciliter le futur débarquement . Cette rencontre fut, bien entendu, gardée secrète. Clark n'avait pas donné à ses interlocuteurs de date précise quant au déclenchement de l'opération. Ceux-ci pensaient que celle-ci aurait lieu au printemps 43, alors que les troupes étaient déjà en train de monter à bord des navires.

Quoi qu'il en soit à Alger les choses se passèrent assez bien mais à Oran et Casablanca ce fut très différent.

A l'annonce de l'opération alliée les Allemands envahirent la zone libre le 11 novembre et débarquèrent en Tunisie. A Toulon, le 27 novembre, la flotte française saborda ses navires. Environ 100 de ceux-ci furent coulés dans le port et la rade, leurs officiers et équipages refusant de les livrer aux Allemands ou aux Anglais.

( à suivre)

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Annick



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Messages: 14156
Localisation: Normandie et Bourgogne

MessagePosté le: 14-03-2007 23:04    Sujet du message: Répondre en citant

Bonjour Sostene,

Je te lis avec beaucoup d'intérêt car je suis une passionnée de la seconde guerre mondiale.

Je pars lire la suite.


Merci pour ce rappel de l'histoire.
_________________

" Le bonheur ne court pas le monde; il faut vivre où l'on est heureux "
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musika



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MessagePosté le: 16-03-2007 14:48    Sujet du message: Répondre en citant

oui, SOSTENE, merci pour ce rappel d histoire, je vais voir
le numéro deux.
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poete_musika..4 mains
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Marie



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MessagePosté le: 16-03-2007 14:59    Sujet du message: littérature Répondre en citant

merci sostène pour ton récit j'attend la suite amicalement
_________________


un sourire éclaire votre journée
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Jan Goure



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MessagePosté le: 16-03-2007 19:19    Sujet du message: Répondre en citant

Un rappel pour qui a vécu ces évènements et s'est
intéressé à leur générique : Un tour complet qui est
un rappel que l'armée d'Afrique aux ordres de Vichy
surtout après Mers el Kebir, était réticente à cette
arrivée des Alliés...
A Alger il y avait une grosse antenne de résistants
qui avaient reçu le général Clark venu en sous marin
quelques mois avant...
Jan
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Sostène 101



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Messages: 308
Localisation: Var

MessagePosté le: 16-03-2007 21:50    Sujet du message: Répondre en citant

Merci Jan pour ton récit. Celui-ci m'a beaucoup intéressé parce que je ne savais que peu de choses sur la façon dont les événements s'étaient déroulés à Alger.

Je pense pouvoir résumer la situation générale en AFN, après le débarquement, de la façon suivante :

Désormais trois factions se disputaient le pouvoir :

1- Le général Giraud qui, prisonnier en Allemagne, s'était évadé et qui, suite à de vagues promesses faites par les Américains, était arrivé avec l’idée qu’il prendrait le commandement des troupes de débarquement. Mais c’est Eisenhower qui en avait le commandement. De plus Giraud pensait s’assurer le pouvoir politique en Afrique du Nord.

2- Le Général de Gaulle qui, à Londres, n'avait pas été tenu au courant des opérations de débarquement.
Churchill s'accommodait de De Gaulle et parfois même venait à son aide. Par contre Roosevelt le détestait. Il voyait en lui un homme d'un orgueil insensé.

3- L'amiral Darlan. Celui-ci se trouvait, par le fait du hasard, à Alger le 8 novembre. Il était arrivé quelques jours avant pour voir son fils qui venait d'être hospitalisé. Darlan, chef d'état- major de la flotte, était un des adjoints de Pétain. Il prit l'initiative d'arrêter les combats entre Français et Anglo-US. Les combats cessèrent le 10 novembre Les Américains s'appuyèrent alors sur Darlan. Cependant sa position en AFN n'était pas du goût des gaullistes et des partisans du Comte de Paris, ce dernier nourrissant des projets de retour à un régime monarchique.
Darlan fut assassiné le 24 décembre 42 par un jeune étudiant algérois : Bonnier de la Chapelle. Il n’y eu pas de certitude quant à ceux qui avaient inspiré cet acte. Bonnier de la Chapelle fut immédiatement arrêté, puis jugé précipitamment et exécuté le26.

Le 30 mai 43 de Gaulle arriva à Alger et partagea la pouvoir avec Giraud dans un comité de libération. Mais en octobre Giraud fut éliminé du comité et se cantonna dans des fonctions militaires.
Durant le mois de juin 43 la mobilisation générale fut décrétée en AFN. L'armée d'Afrique rassembla environ 400.000 hommes (1) et fut réarmée par les Américains et les Anglais. Elle repris le combat, contre les Allemands et les Italiens, aux côtés des FFL. Numériquement celles-ci étaient en minorité par rapport à l'armée d'Afrique. Les relations n'étaient pas toujours amicales entre les deux armées. Cependant elles combattirent l'ennemi commun, d'abord en Tunisie, puis en Italie et enfin en France.

(1) Dont environ 200.000 tirailleurs Algériens, Marocains et Tunisiens, Tabors Marocains, etc.
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