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Les pêches de l'enclos que la grêle tavèle
Tombent dans l'herbe bleue avant d'avoir mûri.
Sur la table où tiédit un bol de lait suri
Le soleil fait bouger de fugaces ocelles.
Comme la grive prise aux fils de la tendelle,
Je me débats encor, parfois, mais sans un cri.
D'ailleurs qui m'entendrait ? Le jardin défleuri
Brûle silencieux. Quelque chose se fêle
En moi. Aurai-je un jour... Ah ! mais le temps qui reste
Et qui va, dur et sûr, sa course que déleste
Chaque moment perdu, mais le temps saurait-il
Me rendre, juste un peu des rêves sans défiance
Dont amoureusement j'entrelaçais les fils ?
M'en rendre, s'il se peut, au moins la souvenance...
Posté le: 18-12-2008 12:02 Sujet du message: poèsie du net
J'ai bâti la maison idéale
Je l'ai proférée en pierres sèches, ma maison,
pour que les petits chats y naissent dans ma maison,
pour que les souris s'y plaisent dans ma maison.
Pour que les pigeons s'y glissent, pour que la mi-heure y mitonne,
quand de gros soleils y clignent dans les réduits.
Pour que les enfants y jouent avec personne,
c'est-à-dire avec le vent chaud, les marronniers.
C'est pour cela qu'il n'y a pas de toit sur ma maison,
ni de toi ni de moi dans ma maison,
ni de captifs, ni de maîtres, ni de raisons,
ni de statues, ni de paupières, ni la peur,
ni des armes, ni des larmes, ni la religion,
ni d'arbres, ni de gros murs, ni rien que pour rire.
C'est pour cela qu'elle est si bien bâtie, ma maison
Inscrit le: 13 Jan 2008 Messages: 6634 Localisation: Normandie
Posté le: 19-12-2008 17:48 Sujet du message:
L'amour
Passer ses jours à désirer,
Sans trop savoir ce qu'on désire ;
Au même instant rire et pleurer,
Sans raison de pleurer et sans raison de rire ;
Redouter le matin et le soir souhaiter
D'avoir toujours droit de se plaindre,
Craindre quand on doit se flatter,
Et se flatter quand on doit craindre ;
Adorer, haïr son tourment ;
À la fois s'effrayer, se jouer des entraves ;
Glisser légèrement sur les affaires graves,
Pour traiter un rien gravement,
Se montrer tour à tour dissimulé, sincère,
Timide, audacieux, crédule, méfiant ;
Trembler en tout sacrifiant,
De n'en point encore assez faire ;
Soupçonner les amis qu'on devrait estimer ;
Être le jour, la nuit, en guerre avec soi-même ;
Voilà ce qu'on se plaint de sentir quand on aime,
Et de ne plus sentir quand on cesse d'aimer.
Posté le: 20-12-2008 12:16 Sujet du message: poèsie du net
Blotti comme un oiseau
Blotti comme un oiseau frileux au fond du nid,
Les yeux sur ton profil, je songe à l'infini...
Immobile sur les coussins brodés, j'évoque
L'enchantement ancien, la radieuse époque,
Et les rêves au ciel de tes yeux verts baignés !
Et je revis, parmi les objets imprégnés
De ton parfum intime et cher, l'ancienne année
Celle qui flotte encor dans ta robe fanée...
Je t'aime ingénument. Je t'aime pour te voir.
Ta voix me sonne au coeur comme un chant dans le soir.
Et penché sur ton cou, doux comme les calices,
J'épuise goutte à goutte, en amères délices,
Pendant que mon soleil décroît à l'horizon
Le charme douloureux de l'arrière-saison
Accrocher à tes poignets
Les anneaux de Saturne,
Pour enchaîner
Ton âme à la mienne...
Boire l'éternité
A la source enivrante
De tes lèvres ambrées,
Voler la lumière éternelle
De ton regard de mer,
Capturer ton sourire
Pour mes jours coeur brouillard...
Et dans la clarté rose d'une aurore,
T'offrir l'univers
Pour un baiser !
Posté le: 22-12-2008 12:19 Sujet du message: poèsie du net
RAPPELLE - TOI
Rappelle-toi, quand sous la froide terre
Mon cœur brisé pour toujours dormira ;
Rappelle-toi, quand la fleur solitaire
Sur mon tombeau doucement s'ouvrira.
Je ne te verrai plus ; mais mon âme immortelle
Reviendra près de toi comme une sœur fidèle
Écoute dans la nuit,
Une voix qui gémit :
Rappelle-toi...
Renferme-t-il une pensée ?
Ta fleur, hélas ! a la blancheur
De la désolante innocence ;
Mais de la craintive espérance
Ta feuille porte la couleur.
As-tu pour moi quelque message ?
Tu peux parler, je suis discret.
Ta verdure est-elle un secret ?
Ton parfum est-il un langage ?
S'il en est ainsi, parle bas,
Mystérieuse messagère ;
S'il n'en est rien, ne réponds pas ;
Dors sur mon cœur, fraîche et légère.
Je connais trop bien cette main,
Pleine de grâce et de caprice,
Qui d'un brin de fil souple et fin
A noué ton pâle calice.
Cette main-là, petite fleur,
Ni Phidias ni Praxitèle
N'en auraient pu trouver la sœur
Qu'en prenant Vénus pour modèle.
Elle est blanche, elle est douce et belle,
Franche, dit-on, et plus encor ;
A qui saurait s'emparer d'elle
Elle peut ouvrir un trésor.
Mais elle est sage, elle est sévère ;
Quelque mal pourrait m'arriver.
Fleurette, craignons sa colère.
Ne dis rien, laisse-moi rêver.
Inscrit le: 13 Jan 2008 Messages: 6634 Localisation: Normandie
Posté le: 22-12-2008 14:50 Sujet du message:
Ballade du dernier amour - (Charles Cros)
Amours heureux ou malheureux,
Lourds regrets, satiété pire,
Yeux noirs veloutés, clairs yeux bleus,
Aux regards qu'on ne peut pas dire,
Cheveux noyant le démêloir
Couleur d'or, d'ébène ou de cuivre,
J'ai voulu tout voir, tout avoir
Je me suis trop hâté de vivre.
Je suis las. Plus d'amour. Je veux
Vivre seul, pour moi seul d'écrire
Jusqu'à l'odeur de tes cheveux,
Jusqu'à l'éclair de ton sourire,
Dire ton royal nonchaloir,
T'évoquer entière en un livre
Pur et vrai comme ton miroir,
Je me suis trop hâté de vivre.
En tes bras j'espérais pouvoir
Attendre l'heure qui délivre ;
Tu m'as pris mon tour. Au revoir.
Je me suis trop hâté de vivre.
Posté le: 23-12-2008 05:52 Sujet du message: poésie du mardi
DRAPÉS DE LAQUES
pour Béatrice Mazzuri
C'est l'enveloppement d'un ciel du soir
autour des épaules de l'horizon
puis l'ombre se cristallise en braises
d'où germe un rosier de flammes
qui lèchent et carbonisent la forêt
C'est une agitation de bannières
devant les sillons qui se tordent
sous la fumée des feuilles mortes
roulement de vagues mouillées
dans le chuchotement de l'automne
C'est une rafale de neige
douce comme une caresse
au long des jambes du paysage
qui se blottit au creux du lac
entre les portes des glaciers
C'est une étole de cristaux
taillés en écailles si fines
qu'elles ruissellent sur les yeux
au moindre pas le long des falaises
dans le vertige des embruns
C'est une coulée de métaux
qui rejaillit sur les rocs
pour s'engouffrer dans les ravins
en grappes et lianes
entre les seins des cariatides
C'est un collier de lessive
sur le torse du torrent
entre les berges d'anthracite
aux noeuds d'acajou
dans la gifle de l'ail et du benjoin
Ce sont des bras qui se referment
autour du cou des choses
palpant leur fuite
et s'entrouvrant pour les lâcher
vers un siècle d'essor
Catalogue Mazzuri _________________ Le bonheur est dans le pré.
Posté le: 23-12-2008 13:58 Sujet du message: poèsie du net
Le Voyageur
Tu savais que mon cœur aurait soif de beauté
Et semas sur mes pas tes splendeurs naturelles ;
Aussi bien chaque fois, en me penchant sur elles,
N’ai-je point entendu l’infini chuchoter.
Je vous vis sur les eaux, étoiles, clignoter ;
Ô roses du jardin, comme vous étiez belles ;
Sur ces rives j’avais, ô mouettes, vos ailes ;
Vagues, parfums, sur vous ma peine a su flotter !
Mais de tous les pays, un seul sans fin m’enivre ;
Ont-ils saisi le chant de la douceur de vivre
Ceux qui n’ont pas connu les lacs italiens !
À cette heure où je vois tomber le crépuscule
Je me sens attaché par de puissants liens
Aux seuls ciels où ton nom comme une étoile brûle.
Inscrit le: 13 Jan 2008 Messages: 6634 Localisation: Normandie
Posté le: 23-12-2008 19:29 Sujet du message:
Bonnes fêtes de fin d'année à tous et à toi aussi Bernard
Noël au pays
**
Noel avec deux étoiles sur le e
Deux petits points comme deux yeux
Sur le nez gelé
Des grandes cheminées
Mille pierres de lune scintillent
La robe de la nuit qui brille
Couvre de paillettes dorées
Tous les sapins étonnés
C’est Noël dans tout le pays
Sous le ciel du monde entier
Les enfants font des rêves de paix
Dehors le vieil homme tire un traîneau
- « Et pour toi, quel serait le plus beau cadeau ? »
- « Oh, deux étoiles et puis un vœu
Deux étoiles comme deux yeux
Qui me voient et me comprennent
Et me disent encore qu’ils m’aiment »
Il n'y aura plus rien à voir
Là-bas au nord, toujours plus loin,
Rien que la neige immaculée !
Mon regard soudain se figera
Parmi les brumes et la froidure.
Dans mon esprit trop douloureux
Viendront cogner des souvenirs,
Comme ceux du doux matin d'avril
Où tu m'apparus, tellement fière.
Tes longues mains que je prenais
Dans les miennes pour les serrer,
Et tes agiles jambes de fée
Avaient rendu mes jours plus gais.
A l'horizon trop vaste, si morne,
Bientôt je ne verrai plus rien,
Que le grand vide de ton absence ;
Mais j'attendrai un signe de toi
Pour consoler mon coeur en peine.
Posté le: 25-12-2008 13:43 Sujet du message: poèsie du net
BONNE ANNEE
Une année vient de se terminer
Une année pleine de souvenirs
D'inquiétudes
De plaisirs
D'incertitudes
Joies et tristesses
De l'amour, de la tendresse.
Une nouvelle année
Vient de commencer
Et déjà souhaitons
Une année d'un amour chaud
Comme le soleil d'été
D'une immense joie
D'une fraîcheur de Printemps
Une année de roses
Mais sans épines
Qui ne puissent pas blesser
Qu'on ne verse pas de sang.
Une année qui puisse nous unir
A tous, dans un amour fraternel
Passons-la
Comme nous avons passé Noël.
Une année de découvertes
Tous les jours, des jours de fête
Avec une excellente santé.
Une année est morte
Vive la nouvelle année.
La fille brune que tu croises
Le matin vers sept heures,
Sortant de l'autobus
Et s'éloignant, pressée
D'arriver à son bureau,
Tu ne connais rien d'elle,
Mais tu la trouves belle,
Avec ses longues jambes
Et son visage d'ange;
Son parfum capiteux
Exhale une effluve
Bizarre mais enivrante
Qui t'amène à rêver
Aux prochaines vacances
Et aux amours d'été.
Inscrit le: 13 Jan 2008 Messages: 6634 Localisation: Normandie
Posté le: 26-12-2008 17:51 Sujet du message:
LE PROGRAMME EN QUELQUES SIÈCLES
On supprimera la Foi
Au nom de la Lumière,
Puis on supprimera la lumière.
On supprimera l'âme
Au nom de la Raison,
Puis on supprimera la raison.
On supprimera la Charité
Au nom de la Justice
Puis on supprimera la justice.
On supprimera l'Amour
Au nom de la Fraternité,
Puis on supprimera la fraternité.
On supprimera l'Esprit de Vérité
Au nom de l'Esprit critique,
Puis on supprimera l'esprit critique.
On supprimera le Sens du Mot
Au nom du sens des mots,
Puis on supprimera le sens des mots
On supprimera le Sublime
Au nom de l'Art,
Puis on supprimera l'Art.
On supprimera les Écrits
Au nom des Commentaires,
Puis on supprimera les commentaires.
On supprimera le Saint
Au nom du Génie,
Puis on supprimera le génie.
On supprimera le Prophète
Au nom du poète,
Puis on supprimera le poète.
On supprimera l'Esprit,
Au nom de la Matière,
Puis on supprimera la matière.
AU NOM DE RIEN ON SUPPRIMERA L'HOMME,
ON SUPPRIMERA LE NOM DE L'HOMME,
IL N'Y AURA PLUS DE NOM,
NOUS Y SOMMES.
Armand ROBIN , 1945. copyright "l'Anthologie de la poésie française du XXeme siècle (Poésie Gallimard, 2000),
Ce texte n'est pas très réjouissant à l'aube de cette année nouvelle, mais pourtant ..................
Dans leur bleu délavé, ses yeux, une oasis,
Étaient si malicieux qu'ils en étaient lumière ;
Elle avait cette aura qui faisait d'Anaïs
Dans la cour du lycée la plus belle écolière.
D'ailleurs elle aimait tant jouer au "top model",
Déjà toute gamine, elle rêvait de scènes ;
Elle serait la star, l'étoile dans le ciel,
Ils viendraient l'encenser poètes ou mécènes.
Par une nuit d'orage elle a connu l'amour,
En corps de femmes nues, insensées, sensuelles,
Craquantes de désirs, sans pudeur, sans détour,
Feux et flammes mêlées, à jamais éternelles.
Quand elle s'enfermait, un livre entre ses mains,
Elle vivait l'histoire en ado romantique,
Là elle déchiffrait les âmes des humains,
Trouvait belle la vie, harmonieuse musique.
Mais elle a vu la mort, au détour d'un chemin
Que de lâches violeurs ont faite la plus laide ;
Elle avait 19 ans dans ce cruel destin,
Personne n'est venu, elle a crié "à l'aide".
Toi, à la peau si blanche, élancée fleur de lys,
Tes cheveux couleur or, de sang se sont faits rouges ;
Mais je sais que là-haut, tu es ange Anaïs,
Et ne t'en fais les rats auront à faire aux louves.
23.06.2005
À Anaïs "envolée" vers d'autres cieux, le 9 mai 2004,
lâchement assassinée dans les rues de Dijon.
Ce meurtre atroce et à ce jour impuni.
Posté le: 27-12-2008 14:18 Sujet du message: poèsie du net
DEMAIN DÈS L'AUBE
Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,
Je partirai - Vois-tu, je sais que tu m'attends -
J'irai par la forêt, j'irai par la montagne -
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.
Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.
Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Honfleur,
Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur
Inscrit le: 13 Jan 2008 Messages: 6634 Localisation: Normandie
Posté le: 27-12-2008 20:53 Sujet du message:
Transfiguration.
Par Bernard De l'Océan
I
Le soir qui vient de la rive,
Qui dans ta clarté s'avive,
Reflète dans tes yeux,
Une lumière où se lève
L'absence étrange qui rêve
La lueur pâle des feux,
II
Que le sombre apte à frémir,
Élève immense soupir,
Quand tes regards sont pareils,
Aux étoiles luminescentes,
Qui s' élancent éblouissantes,
Dans la blancheur des soleils. . .
III
Le vent mobile de l'ombre,
Dans la lumière qui s'ombre
Soulève dans tes cheveux
D'eau constellés de lointaines
Lueurs qui se font sirènes,
Et tes regards dangereux. _________________
Inscrit le: 13 Jan 2008 Messages: 6634 Localisation: Normandie
Posté le: 28-12-2008 11:28 Sujet du message:
Le ballet des heures
Gérard de Nerval
Les heures sont des fleurs l’une après l’autre écloses
Dans l’éternel hymen de la nuit et du jour ;
Il faut donc les cueillir comme on cueille les roses
Et ne les donner qu’à l’amour.
Ainsi que de l’éclair, rien ne reste de l’heure,
Qu’au néant destructeur le temps vient de donner ;
Dans son rapide vol embrassez la meilleure,
Toujours celle qui va sonner.
Et retenez-la bien au gré de votre envie,
Comme le seul instant que votre âme rêva ;
Comme si le bonheur de la plus longue vie
Était dans l’heure qui s’en va.
Vous trouverez toujours, depuis l’heure première
Jusqu’à l’heure de nuit qui parle douze fois,
Les vignes, sur les monts, inondés de lumière,
Les myrtes à l’ombre des bois.
Aimez, buvez, le reste est plein de choses vaines ;
Le vin, ce sang nouveau, sur la lèvre versé,
Rajeunit l’autre sang qui vieillit dans vos veines
Et donne l’oubli du passé.
Que l’heure de l’amour d’une autre soit suivie,
Savourez le regard qui vient de la beauté ;
Être seul, c’est la mort ! Être deux, c’est la vie !
L’amour c’est l’immortalité ! _________________
Comme un courant d'eau douce à travers l'âcre mer,
Nos secrètes amours, tendrement enlacées,
Passent parmi ce siècle impie, à la pensée
Dure, et qui n'a pas mis son âme dans sa chair.
Nous avons le sourire ivre des blanches noces
Qui mêlent nos contours émouvants et lactés,
Et dans nos yeux survit la dernière beauté
Du monde, et dans nos coeurs le dernier sacerdoce.
Nous conduisons parmi les baumes et les fleurs
La lenteur de nos pas rythmés comme des strophes,
Portant seules le faix souverain des étoffes,
Les pierres et les fards, et l'orgueil des couleurs.
Nous sommes le miroir de nous-mêmes, l'aurore
Qui se répète au fond du lac silencieux,
Et notre passion est un vin précieux
Qui brûle, contenu dans une double amphore.
Mais parfois la lueur fauve de nos regards
Epouvante ceux-là qui nous nomment damnées,
Et l'horreur vit en nous ainsi qu'en nos aînées
Qui lamentaient les nuits dans leurs cheveux épars,
Car à travers la joie et la grâce indicible
Et le royal dédain de nos graves amours,
Nous sanglotons tout bas de rencontrer toujours
Devant nous le grand gouffre ouvert de l'Impossible...
Ni sa pensée, en vol vers moi par tant de lieues,
Ni le rayon qui court sur son front de lumière,
Ni sa beauté de jeune dieu qui la première
Me tenta, ni ses yeux - ces deux caresses bleues ;
Ni son cou ni ses bras, ni rien de ce qu'on touche,
Ni rien de ce qu'on voit de lui ne vaut sa bouche
Où l'on meurt de plaisir et qui s'acharne à mordre,
Sa bouche de fraîcheur, de délices, de flamme,
Fleur de volupté, de luxure et de désordre,
Qui vous vide le coeur et vous boit jusqu'à l'âme...
Posté le: 31-12-2008 13:22 Sujet du message: poèsie du net
je vais m'envoler
Ce soir je vais partir visiter les nuages,
Je n'y suis pas encore mais ça va pas tarder,
Je vois déjà des fleurs tout autour des visages,
Tous les gens qui sont là commenc'nt à m'regarder
Car si je réussis c'est extraordinaire.
Ils ont raison d'attendre, ils seront pas déçus,
Je sens que j'm'arrondis comme une Montgolfière,
Je vais quitter la terre, personn' me verra plus !
J'ai commencé c'matin aux petites aurores
Avec un muscadet de derrièr' les fagots
Qui glissait comm' du v'lours, d'ailleurs j'en rêve encore,
Et deux trois p'tits kirs qu'étaient bien rigolos,
Vers midi je marchais sur des pompes à bascule,
C'est là que j'ai compris que j'allais m'envoler.
C'est un travail très dur... Si t'avanc's pas tu r'cules,
L'ivresse est un pays où faut pas rigoler !
T'as des gens qui picol'nt sans aucun savoir-faire,
Eh bien, voilà des gars qui s'envol'ront jamais,
Qui cess'ront pas d'ramper, qui quitt'ront jamais terre
Alors que moi je sens que ça va pas tarder,
J'vais survoler Paris comme un ange véritable.
J'aim'rais pouvoir emm'ner tous mes potes avec moi
Mais comm'ils s'fout' de moi pasque j'mont' sur la table
J'vais m'envoler tout seul et j'1es emmèn'rai pas !
Il est huit heur's du soir, y a douze heur's que j'travaille,
Je me sens tout léger comme un petit zoizeau.
Me v'là sur le trottoir avec des gens qui braillent,
Je vais prendr' mon élan... Je serai tell'ment beau
Que tous ces connards-là en auront plein la vue.
Allez hop ! C'est parti !... Non, c'est pas pour ce soir.
Y a vingt ans que j'm'exerce... C'est toujours pein' perdue.
J'essaye encore demain... Après, j'arrête de boire.
Le soleil printanier darde son feu lustral
Sur la place où l’ennui envahit les terrasses,
Sous l’œil indifférent d’un flot d’oiseaux fugaces
Qui s’envolent en chœur vers le ciel matinal.
Dans les rues imprégnées d’un calme minéral,
Où les rideaux tirés suggèrent des menaces,
Un rire torrentiel, subitement, fracasse
Le ténébreux silence au parfum hivernal.
Une fanfare entonne une chanson splendide
Qui répand prestement un espoir intrépide
Dans les cœurs endormis des sombres citadins.
Grisés par leurs désirs, deux amoureux fébriles,
Tendrement enlacés sur un banc d’un jardin,
Creusent un puits de joie au centre de la ville.
Inscrit le: 13 Jan 2008 Messages: 6634 Localisation: Normandie
Posté le: 01-01-2009 12:34 Sujet du message:
Le rêve d'un curieux
Connais-tu, comme moi, la douleur savoureuse,
Et de toi fais-tu dire : " Oh ! l'homme singulier ! "
- J'allais mourir. C'était dans mon âme amoureuse,
Désir mêlé d'horreur, un mal particulier ;
Angoisse et vif espoir, sans humeur factieuse.
Plus allait se vidant le fatal sablier,
Plus ma torture était âpre et délicieuse ;
Tout mon coeur s'arrachait au monde familier.
J'étais comme l'enfant avide du spectacle,
Haïssant le rideau comme on hait un obstacle...
Enfin la vérité froide se révéla :
J'étais mort sans surprise, et la terrible aurore
M'enveloppait. - Eh quoi ! n'est-ce donc que cela ?
La toile était levée et j'attendais encore.
Charles BAUDELAIRE (1821-1867)
(Recueil : Les fleurs du mal) _________________
Posté le: 02-01-2009 11:25 Sujet du message: poèsie du net
Hiver
Le ciel pleure ses larmes blanches
Sur les jours roses trépassés ;
Et les amours nus et gercés
Avec leurs ailerons cassés
Se sauvent, frileux, sous les branches.
Ils sont finis les soirs tombants,
Rêvés au bord des cascatelles.
Les Angéliques, où sont-elles !
Et leurs âmes de bagatelles,
Et leurs coeurs noués de rubans ?...
Le vent dépouille les bocages,
Les bocages où les amants
Sans trêve enroulaient leurs serments
Aux langoureux roucoulements
Des tourterelles dans les cages.
Les tourterelles ne sont plus,
Ni les flûtes, ni les violes
Qui soupiraient sous les corolles
Des sons plus doux que des paroles.
Le long des soirs irrésolus.
Cette chanson - là-bas - écoute,
Cette chanson au fond du bois...
C'est l'adieu du dernier hautbois,
C'est comme si tout l'autrefois
Tombait dans l'âme goutte à goutte.
Satins changeants, cheveux poudrés,
Mousselines et mandolines,
O Mirandas ! O Roselines !
Sous les étoiles cristallines,
O Songe des soirs bleu-cendrés !
Comme le vent brutal heurte en passant les portes !
Toutes, - va ! toutes les bergères sont bien mortes.
Morte la galante folie,
Morte la Belle-au-bois-jolie,
Mortes les fleurs aux chers parfums !
Et toi, soeur rêveuse et pâlie,
Monte, monte, ô Mélancolie,
Lune des ciels roses défunts.
Comme la religieuse ancienne
Qui trouvait en elle sa règle
Et, qui aidée par ses compagnes,
Etablissait une maison
Moitié ferme et moitié couvent,
J’ai fait ainsi ma Librairie.
Mais moi, je n’ai pas de Dieu !
Ce nom m’offense, me blesse
Jusqu’au cœur de mes racines,
Il m’ôte le goût de vivre,
Il arrache le bandeau
Qui recouvre cette plaie
Dont rien n’a pu nous guérir.
Quelques un de mes frères
Ont un pouvoir sur moi,
Leurs ordres me rassurent,
Je travaille pour eux,
J’oublie alors ma peine,
Je les console aussi.
Le voyageur perdu
C’est moi qui le ramène,
Je me réchauffe au feu
Que j’allume pour lui,
Je mêle à ses prières
Ma voix pleine de nuit.
Inscrit le: 13 Jan 2008 Messages: 6634 Localisation: Normandie
Posté le: 03-01-2009 18:01 Sujet du message:
Bravo Bernard pour cette poésie sur les trolls
Tu comprendras surement pourquoi cela me fait sourire
Mais d'une certaine façon, j'aime les trolls _________________
Leurs âmes sont allées sous une onde traîtresse
dans son sillage une infinie détresse
le vent sombre des heurs a arraché les voiles
d’une vie qui devait les mener aux étoiles
le malheur a noué sa faveur vengeresse
autour de l’insouciance et de leur tendresse
ils savouraient la vie en peignant sur sa toile
la fraîcheur des trésors qu'à la fin elle dévoile
le sort leur fut contraire un hasard de la mer
entraînant au tréfonds d'un tourbillon amer
deux destins prometteurs éperdus de jeunesse.
La nature a rompu les haubans pavoisés
de sourire au futur bientôt apprivoisé
et pour qui les attend il faudra qu'ils renaissent _________________ Le bonheur est dans le pré.
Tendre décolleté, remarquables rondeurs
Sérénité, malice ?
Qu’importe, quel délice !
Dévoilées, ô grands dieux, avec ou sans pudeur.
Le chemisier de lin, en grâce les révèle
Ne fait que souligner
Les deux frissons guignés,
Quiétude, candeur, elle sourit la belle.
Je cause à ses présents, bien jolis, quel entrain !
Ils me font la réplique,
Tétons sans polémique
Se dressent conquérants, subtils et boute-en-train.
Qu'entends-je ? Oui, plaît-il ? Son cristallin, dents blanches,
Voilà jeune minois,
Adorable ma foi,
Avenante indomptée, dans les yeux point de clenche.
Ces cils ne cillent pas, Cécile n’a pas froid.
Comment son nom saurais-je ?
Griffonné en arpège
Sur son corsage d'or, j’ânonne de mon doigt.
Ah, je vous vois venir ! Minaude ma déesse,
Mettez donc vos lunettes,
œuvrez sans pirouette,
On dirait un bambin en complète détresse.
C'est cela chère amie,
Ne suis pas endormi.
À gorge glorieuse
La vie m'est précieuse.
Posté le: 04-01-2009 12:47 Sujet du message: poèsie du net
SOUS BOIS
à travers le bois fauve et radieux,
récitant des vers sans qu' on les en prie,
vont, couverts de pourpre et d' orfèvrerie,
les comédiens, rois et demi-dieux.
Hérode brandit son glaive odieux ;
dans les oripeaux de la broderie,
Cléopâtre brille en jupe fleurie
comme resplendit un paon couvert d' yeux.
Puis, tout flamboyants sous les chrysolithes,
les bruns Adonis et les Hippolytes
montrent leurs arcs d' or et leurs peaux de loups.
Pierrot s' est chargé de la dame-jeanne.
Puis après eux tous, d' un air triste et doux
viennent en rêvant le poëte et l' âne
Hier soir il m’a quitté,
Bien sûr ce n’est pas grave, le monde ne va pas s’arrêter
Mais j’ai le cœur brisé, il m’a quitté
Ça fait si mal, c’est pourtant banal
On dit que seul le temps, au chagrin, met un point final
C’est ainsi que les heures s’égrènent
D’une nuit blanche à un matin gris
Je traîne ma première soirée mélancolie
Je compte mes larmes, la pluie aussi
Je tourne les pages, j’écoute le vent
Je titube au son de cet air désespérant
Je hurle en silence de cet amour avorté
Je compte mes larmes, le temps aussi
Hier soir il m’a quitté, j’ai le cœur brisé
Bien sûr ce n’est pas grave, le monde ne va pas s’arrêter
Mais il m’a quitté.
Posté le: 05-01-2009 17:46 Sujet du message: a médité
L’INDIFFERENCE.
C’est comme une illusion,
qui n’en finit pas,
un orage qui gronde,
que l’on ne voit pas,
une idée d’avoir tout perdu,
mais vouloir trouver la force,
comme la morsure d’une bête féroce !
Elle s’installe parmi nous,
sans crier garde,
nous enlève les mots doux,
elle peut nous blesser,
comme l’oiseau sur la branche,
qui vient de se briser,
l’indifférence devient réelle,
par une simple parole,
que l’on a dit ou un geste mal compris.
Le temps devient une éternité,
comme un ruisseau qui devient océan,
plonger et y mourir noyé,
revivre un court instant, les ravages de la passion,
ce n’est pas comme dans un livre,
où l’on trouve la solution.
_________________ Ce n'est ni l'amitié ni la bonté qui nous manque, mais nous manquons à l'amitié et à la bonté.
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